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Présentation 
Jour de supermarché dans  un quartier ouvrier. Un groupe de femmes,  dont fait partie Antonia, se 
révolte contre la hausse des prix et décide de partir du magasin sans payer. L’acte est légitime, elles 
sont  presque  dans  leur  droit  :  «  C’est  la  même  chose  qu’une  grève,  c’est  même  mieux  !  »  Mais 
Giovanni, le mari d’Antonia, est profondément légaliste et ne voit pas les choses de cette façon. La 
police non plus, qui commence à fouiller tout le secteur pour retrouver les coupables... 
Une pièce en mouvement  
Dario Fo a écrit et créé une première version de On ne paie pas, on ne paie pas ! en 1974. L’action 
s’inspirait  alors  directement  des  luttes  de  quartiers  qui  avaient  commencé  en  Italie  à  la  fin  des 
années  1960.  De  quelles  luttes  s’agissait-il  ?  Tout  d’abord  d’une  révolte  contre  une  crise  du 
logement. Les mal-logés occupèrent des logements libres. Puis vint  la  «  désobéissance civile  » elle 
consista en l’autoréduction des loyers dans un quartier de Turin en 1970, se propagea dans d’autres 
villes  et  porta  aussi  sur  le  chauffage,  les  transports  urbains,  l’électricité.  En  revanche,  lorsque  Fo 
écrivit On ne paie pas, on ne paie pas ! cette auto-réduction des tarifs ne s’était pas encore appliquée 
aux supermarchés... Voici d’ailleurs ce que Fo a dit en prologue aux représentations de la Palazzina 
en 2008 :  
« Le spectacle que nous allons jouer fut porté à la scène pour la première fois en 1974. Lorsque nous 
avons  débuté,  l’histoire  semblait  presque  impossible,  totalement  surréaliste  ;  en  effet,  nous 
racontions des événements qui ne s’étaient pas encore produits. Nous parlions de femmes qui, dans 
la banlieue de Milan, allaient faire leurs achats au supermarché et se retrouvaient tout à coup face à 
une augmentation excessive des prix ; furieuses, elles décidèrent dans un premier temps de ne payer 
que la moitié du prix affiché, et par la suite de ne pas payer du tout. Notre récit était une pure fiction. 
Je  me  rappelle  de  ce  détail  particulier  :  au  début,  lorsque  nous  jouions  cette  comédie,  ici,  à  la 
Palazzina,  nous  avions  baptisé  cette  appropriation  illégitime  :  «  achats  prolétariens  », 
« désobéissance civile ». Certains critiques nous accusèrent de faire du théâtre de politique-fiction, 
d’imaginer des histoires exagérément paradoxales et improbables. De toute évidence il s’agissait de 
journalistes désinformés par rapport à la réalité des choses, des gens qui n’écoutent pas et ne lisent 
même pas  le journal dans  lequel  ils écrivent. Quelques  mois  plus tard  explosa exactement  ce  que 
nous racontions sur la scène. Exactement ! Les clients qui avaient appliqué l’achat prolétarien furent 
arrêtés et traînés en justice. Au cours du procès, Il Giornale dirigé par Indro Montanelli conseilla au 
juge de nous inculper, au motif que notre comédie avait inspiré et incité les ouvriers à commettre le 
délit d’appropriation illégitime. »  
L’auto-réduction des tarifs dans les supermarchés est-elle advenue parce que Dario Fo avait écrit et 
joué On ne paie pas ! comme Il Giornale l’en accusait ou parce cette auto-réduction des produits de 
première  nécessité  était  l’étape  suivante  et  logique  du  mouvement  de  «  désobéissance  civile  », 
étape dont l’auteur aurait eu le pressentiment ? De cette histoire de superposition entre réalité et 
fiction, il faut peut-être moins chercher à dénouer un principe de causalité qu’une ligne d’écriture 
propre à la pièce : On ne paie pas ! trouve sa raison d’être dans une situation économique et sociale 
concrète, au plus près, comme l’écrit son auteur, « de la réalité des choses ».