Édition
Société nationale
de protection
de la nature
9, rue Cels, 75014 Paris
Tél. : +33 (0)1 43 20 15 39
ISSN 1165-452X (imprimé)
ISSN 2271-4464 (en ligne)
ZONES HUMIDES
Infos
Publication
du groupe dexperts
« Zones humides »
N° 80-81
3e-4e trimestres 2013
Sommaire :
Dossier :
2. Généralités
3. Aspects juridiques
4. Recherche, inventaire et
cartographie
10. Restauration, création
et usage
16. Deux types de mare
17. Contrepoints
20. Brèves
22. Ramsar
23. Publications
24. Vie de la revue
Un million de mares en France ! Ce nombre explique déjà à lui seul limportance
de ces écosystèmes, dispersés dans tout type de paysage… Chaque commune
du territoire en héberge potentiellement plusieurs. Importance locale, qui
vient s’ajouter à celle collective et régionale des réseaux ou semis de mares.
Mais ces milieux sont loin d’être des réplicats ou des clones : chaque
mare est unique, avec ses spécificités physiques et biologiques. Une diversité
étonnante, liée notamment à lhistoire, aux usages, et au hasard.
La taille des mares, petite comparativement à celle des lacs, leur joue quand
même un mauvais tour : elles sont souvent ignorées ou négligées. Le comblement
d’une mare passe si facilement inaperçu… C’est ainsi que de nombreux pays
industrialisés ont perdu de 50 à 90 % de leurs mares, directement en relation
avec laménagement du territoire. De plus, leur atterrissement naturel et
leur évolution vers le stade terrestre sont inéluctables et très rapides : pour
beaucoup de mares de plaine, il est de l’ordre de quelques dizaines d’années.
L’origine des mares peut être naturelle, liée à la dynamique fluviale (aujourd’hui
réduite à une peau de chagrin), aux dépressions topographiques (dernière
déglaciation, glissements de terrain, dolines) et à lactivité de la faune (cf. sangliers,
castors). Aujourdhui, les processus les plus fréquents de création de mares sont
toutefois reliés aux multiples services qu’elles nous rendent, comme le stockage de
l’eau, les loisirs, la production de poissons, la beauté paysagère et l’accueil d’une
biodiversité riche et en partie singulière. Les activités anthropiques ont ainsi généré de
multiples mares dans le paysage agricole, qui doivent être conservées et maintenues.
Lhomme joue une importance déterminante dans l’origine de ces milieux, mais
aussi dans leur gestion et leur maintien dans le paysage. L’engagement des collectivités
locales et des ONG est pour cela incontournable. L’avenir des mares passe par leurs
relations durables avec les activités humaines et avec celles caractérisant le XXIe siècle.
Il convient alors de tirer profit des nouvelles activités génératrices de ces milieux.
Des plans d’eau artificiels, s’ils sont bien conçus et aménagés, peuvent
constituer de précieux habitats ou relais. C’est par exemple le cas des « biotopes
naturels » restaurés, mais aussi des gravières aménagées, de certains
bassins de stockage de l’eau et même de zones humides urbaines…
La conservation des mares dans notre paysage du XXIe siècle doit, évidement,
aussi viser la promotion de la qualité de ces biotopes, ainsi que la restauration
de leur densité et de leur connectivi. À propos des mares, les connaissances
techniques et scientifiques concernant lécologie et la gestion des milieux naturels
et du paysage, bien qu’encore lacunaires, ont considérablement progressé ces
dernières années. Elles doivent aujourdhui être appliquées pour promouvoir
des réseaux de mares de qualité, intégrées dans le paysage et la société.
Prof. Beat Oertli,
Haute école du paysage, d’ingénierie et darchitecture de Genève, HES-SO
Participe à la communication de
sur les zones humides
Mares et réseaux de mares
Zones Humides Infos – n° 80-81 – 3e-4e trimestres 2013
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ZH
Infos MARES ET RÉSEAUX DE MARES
Il existe une multitude de façon de définir une
mare. Le programme national de recherche sur les
zones humides a établi la définition suivante : « La
mare est une étendue d’eau à renouvellement -
ralement limité, de taille variable et de 5 000 tres
carrés au maximum. Sa faible profondeur, qui peut
atteindre environ deux mètres, permet à toutes les cou-
ches deau dêtre sous laction du rayonnement solaire,
ainsi qu’aux plantes de senraciner sur tout le fond.
De formation naturelle ou anthropique, elle se trouve
dans des pressions imperables, en contexte rural,
riurbain voire urbain. Alimentée par les eaux pluvia-
les et parfois phatiques, elle peut être assoce à un
système de fossés qui y pénètrent et en ressortent ; elle
exerce alors unle tampon au ruissellement. Elle peut
être sensible aux variations téorologiques et clima-
tiques, et ainsi être temporaire. La mare constitue un
écosystème au fonctionnement complexe, ouvert sur
les écosystèmes voisins, qui présente à la fois une forte
variabili biologique et hydrologique interannuelle. Elle
possède un fort potentiel biologique et une forte pro-
ductivité potentielle » 1.
Ces petites zones humides sont consirées comme
des servoirs de biodiversi. De multiples espè-
ces d’amphibiens, d’insectes et autres invertébrés ou
encore de bactéries colonisent les mares. Les carac-
téristiques de chaque mare (temrature, pH, dure,
exposition, profondeur, durée de vie en eau, volume,
milieu environnant, présence de prédateurs, d’engrais,
de pesticides ou autres polluants, etc.) déterminent les
esces qui sy installent.
Dans la plupart des pays d’Europe occidentale, le
nombre de mares a fortement dimin au cours des
dernrescennies. Entre 30 et 40 % des mares
ont disparu depuis 1950 en France et leur effectif est
dix fois moins éle quau but du siècle dernier 2.
De plus, l’immense majorité des mares restantes est
abandonnée.
Les mares sont d’autant plus inressantes quelles
sont en grand nombre sur un territoire, et reles entre
elles par des éléments du paysage, comme les haies,
formant un réseau ou des corridors biologiques, essen-
tiels pour la circulation et la renni des espèces.
Une mare isolée dans le paysage a beaucoup moins
de chance d’être colonisée par des individus provenant
d’autres mares, ce qui renforce le risque d’extinction
des populations locales.
Au-de de représenter un trésor de biodiversi,
les mares moignent à la fois des usages passés (par
exemple la lutte contre les incendies, l’arrosage du
potager) et contemporains (l’abreuvement du tail,
l’agrément). Elles constituent un élément du paysage
rural traditionnel, et donc de notre patrimoine.
Ainsi, la conservation ou la restauration d’un seau
de mares dense est essentiel au maintien des
métapopulations * de nombreuses espèces anima-
les et tales même si, dans certains cas, des mares
isolées peuvent aussi jouer un rôle important en
constituant des zones refuges face à la propagation
de pathogènes ou la prolifération d’espèces invasives 3
ou, plus simplement, dans un environnement écologi-
quement pauvre, comme une mare de village sur une
commune à l’agriculture intensive.
De plus en plus, la conservation des mares à travers
l’approche « seau fonctionnel » est privilége, ce qui
permet la mise en place de projets à l’échelle dun ter-
ritoire et non uniquement localement.
F. inzilal
1. B. Sajaloli et C. Dutilleul, 2001. Les mares, des potentialités envi-
ronnementales à revaloriser – Programme national de recherche
sur les zones humides. Rapport final. Centre de biogéographie-
écologie (FRE 2545 CNRS - ENS LSH). 142 p.
2. B. Sajaloli et A. Teissier-Ensminger, 1996. Les mares de la France
des plaines : eaux domestiques, lieux dévalués mais zones humides
à réhabiliter. Actes du colloque d’Orléans, 10 juin 1995. LHarmat-
tan, coll. Environnement, Paris.
3. B. Oertli et P.-A. Frossard, 2013. Mares et étangs, écologie,
gestion, aménagement et valorisation. Presses polytechniques et
universitaires romandes, Coll. Gérer l’environnement.
La mare, de l’unité au réseau fonctionnel
* Métapopulation :
ensemble de
populations
d’une même
espèce séparées
spatialement mais
entre lesquelles il
existe des échanges.
Contact :
Florence inzilal
Pôle-relais Mares,
zones humides
intérieures et
vallées alluviales
Courriel : florence.
thinzilal [at]
eptb.asso.fr
Tél. :     
/     
Site :
www.pole-zhi.org
Grenouille verte
dans une mare.
Photo : J. Boisard
Le Pôle-relais Mares, zones humides intérieures
et vallées alluviales
Cé en 2001, dans le cadre du 1er Plan national en faveur des zones humides,
les Pôles-relais zones humides ont pour objectif de mutualiser et de diffuser des
connaissances et des bonnes pratiques de gestion et de restauration des zones
humides. Ces pôles travaillent sur l’ensemble des types de zones humides. Leurs
actions sont coordonnées au niveau national par l’Office national de l’eau et des
milieux aquatiques depuis 2008. Aujourd’hui, il existe cinq Pôles-relais, dont le
Pôle-relais « mares, zones humides intérieures et vallées alluviales » qui, depuis
début 2013, est ani par l’Association fraaise des établissements publics ter-
ritoriaux de bassin.
Il a pour rôle de capitaliser et diffuser des connaissances fiables et des ex-
riences probantes en matière de préservation, de gestion et de restauration sur
les mares, entre autres, par le biais de son site Internet, de sa newsletter À fleur
d’eau et de sa base de dones documentaires.
3
Zones Humides Infos – n° 80-81 – 3e-4e trimestres 2013
ZH
Infos
Aspects juridiques
Identification
La finition nationale des zones humides englobe
les mares, mais un doute subsiste en matière de police
de leau, qui les assimilerait plutôt à des plans deau. Les
mares sont géralement pries ou, plus rarement,
communales.
Elles peuvent faire l’objet d’inventaires dans le cadre
de différents outils (SDAGE * et SAGE, PLU **).
L’identification des mares par des documents carto-
graphiques a son importance puisque, pour les docu-
ments danagement, les cartes ont la me valeur
juridique que le document auquel elles sont annexées.
Création
La création de mares peut être soumise à une décla-
ration ou autorisation au titre de la police de l’eau si elle
dépasse une taille limite, si elle provoque la submersion
dune zone humide ou si elle cessite un pvement
deau. Un permis ou une déclaration daménager au
maire est aussi nécessaire en fonction de la surface des
travaux avec affouillements/exhaussements 3* de plus
de 2 tres.
Enfin, le règlement sanitaire partemental (RSD)
soumet la création de mares à autorisation du maire.
Celle-ci est interdite à moins de 50 tres des habita-
tions et de 35 mètres des points d’eau. Lautorisation de
créer une mare peut être subordonnée au respect de
diverses prescriptions (alimentation, fossés, stabilité des
berges).
Protection
Les mares peuvent faire l’objet dune protection par
un nombre conquent d’outils : certains sont plus
adaptés à leur modeste superficie (arrêté pfectoral
de protection de biotope, acquisition par les conserva-
toires d’espaces naturels…), mais d’autres peuvent leur
être indirectement béfiques (parcs naturels régio-
naux, serves de chasse). De nombreuses esces (et
leurs habitats) sont en outre protégées.
Leur préservation peut être assurée par le plan
d’anagement et le règlement des PLU (zonage
N 4* inconstructible incluant des secteurs « humides »
vali par le juge, espace boi classé, éléments de pay-
sage) ou des SAGE (avec des limitations de certains
usages).
Elles peuvent aussi être ingrées au réseau
Natura 2000, car elles abritent certains habitats ou
esces dintérêt communautaire. Enfin, leur signa-
tion au titre de la convention de Ramsar est possible 1,
mais demeure exceptionnelle compte tenu du choix
de la France de désigner des surfaces étendues.
La mare et la loi :
quelques remarques sur un binôme méconnu
Gestion
En dehors des mesures de gestion propres aux espa-
ces progés, la mare constitue un milieu où des mesu-
res dentretien sont nécessaires. Le RSD type précise que
les mares et foss à eau stagnante doivent être cus
aussi souvent qu’il est nécessaire. Il convient toutefois
dêtre parcimonieux dans ces travaux, qui peuvent
être préjudiciables à la faune aquatique en particulier.
Dans la mesure où les mares peuvent générer des
risques (noyade), il est fortement recommandé aux
maires d’apposer des panneaux de signalisation. La mise
en place de grillage ne doit être envisae quen
dernier recours. Si la responsabilité civile et nale des
maires peut être engagée dans certains cas, il faut rap-
peler que les parents et instituteurs sont juridiquement
responsables des enfants placés sous leur garde.
Suppression
Alors que la création dune mare est soumise à décla-
ration ou autorisation, la gislation ne prévoit pas un tel
mécanisme préalable en cas de remblaiement, sauf à la
consirer en tout ou partie comme une zone humide.
Il est à plorer que notre droit comporte encore
des dispositions obsolètes et inutiles qui vont à len-
contre du caractère dintérêt général de la préservation
des zones humides. Ainsi, les dispositions de la vieille loi
de 1898 sur la police rurale, qui prévoit la suppression
possible des mares communales ou privées pour cause
dinsalubrité publique,riteraient d’être abrogées. Ce
sera bientôt chose faite, car le projet de loi sur la biodi-
versité prévoit une telle mesure.
O. Cizel
O. Cizel, B. Oertli, 2013. Protection des mares et étangs en France in
B. Oertli, P.-A. Frossard, Mares et étangs. Écologie, conservation, gestion,
valorisation. PPUR, coll. Gérer l’environnement, 512 p.
1. Les mares temporaires corses parées d’un label international, cf. ZHI
n°47-48, 2005, P. 25., cf. ZHI 47-48, 2005.
Contact :
Olivier Cizel
Juriste
Courriel : olivier.
cizel [at] free.fr
* S(D)AGE :
schéma (directeur)
d’aménagement et
de gestion des eaux.
** PLU : plan local
d’urbanisme.
3* Affouillements/
exhaussements :
creusement ou
surélévation du sol.
4* Zone N : zone
naturelle et forestière
à protéger en
raison de la qualité
des sites, des
milieux naturels,
des paysages.
Une mare
d’agrément dans
le Limousin.
Photo : O. Cizel
Zones Humides Infos – n° 80-81 – 3e-4e trimestres 2013
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ZH
Infos MARES ET RÉSEAUX DE MARES
Les mares sont de petits écosys-
mes, considérés généralement à une
échelle locale. Pourtant, ces petits
éments ne passent pas à travers les
mailles des lets des conservatoires
despaces naturels (CEN) qui insuf-
ent une dynamique importante
sur le territoire tropolitain en
faveur de ces milieux remarquables.
Un enjeu pour
la biodiversi
Milieux à forts enjeux écolo-
giques et paysagers reconnus à
l’échelle euroenne, les mares sont
devenues des zones refuges pour
de nombreuses esces menacées,
et ce, malgré leur faible surface : ce
sont de véritables réservoirs de
biodiversité.
Toutefois, elles subissent de nom-
breuses atteintes et menaces et
selon les régions, ce sont 30 à 50 %
des mares qui ont disparu depuis
1950 1.
Cest donc à l’issue dun tel
constat que les conservatoires d’es-
paces naturels ont pris en compte
les écosystèmes de mares dans leurs
missions.
Les CEN sengagent
Les CEN s’investissent dans qua-
tre missions principales que sont
la connaissance, la protection, la
gestion et la valorisation. Ils inter-
viennent aujourd’hui sur trois axes
majeurs :
la préservation d’un réseau d’es-
paces naturels remarquables ;
l’animation de territoire et
l’accompagnement de politiques
publiques ;
la mise en réseau d’acteurs sur
des thématiques spécifiques : tour-
bres, mares, esces à plan de
conservation, esces invasives...
Ainsi, les actions qu’ils ont déve-
loppées pour la préservation des
mares prennent plusieurs formes
et différents niveaux de prise en
compte, adaptés aux objectifs
qu’ils se sont fixés et aux sou-
tiens des partenaires financiers
(cf. tableau 1).
Plus le niveau daction est éle,
plus les opérations conduites
rayonnent sur un territoire donné.
Cette multiplication est éga-
lement un moyen de sensibilisa-
tion efficient pour une prise de
conscience plus grande de l’intérêt
des mares.
Cela permet parfois de retrou-
ver un usage à la mare, élément
essentiel pour sa pérenni et son
bon état de conservation.
La connaissance :
opération à double volet
Outre la connaissance écologique
dune mare, il est imratif de savoir
localiser cette dernière. Or, les mares
étant des milieux de petite taille, la
connaissance de leur répartition
nest pas chose aisée.
Aussi, les démarches d’inventai-
res menées par les CEN sont une
premre approche indispensa-
ble, mais laborieuse. D’une manière
générale, il est possible de dresser
une cartographie des mares d’un
territoire selon deux méthodo-
logies de recensement, souvent
conjointes :
une analyse croie sur
orthophotographies * et cartes
IGN, mais qui ne permet d’identi-
er que des éments de milieux
ouverts (les mares forestières ne
sont pas visibles) ;
une enquête auprès des
acteurs locaux ; des formulaires
dinventaires en ligne ; etc.
Il existe différents niveaux de
connaissance pour le recensement
dune mare (cf. tableau 2).
C’est donc l’inventaire des
mares qui représente la principale
difficulté dans la mise en œuvre
d’un programme d’actions. De plus,
La démarche des CEN et le projet de carte nationale
Une préservation locale à l’échelle nationale
Tableau 1 :
F : Foncière (CEN
propriétaire) ;
U :Usage (gestion
confiée au CEN
par le propriétaire
en convention) ;
P : Partenariat
entre le CEN et/ou
le propriétaire
et/ou l’exploitant
à travers une
convention d’usage.
* Ortho-
photographie : pho-
tographie obtenue
par redressement,
mise à l’échelle et
assemblage des
surfaces élémen-
taires d’une photo-
graphie aérienne.
Moyen d’action et
prise en compte de
la mare
Type de
maîtrise Efficience
Protec-
tion Gestion Cohérence et
fonctionnalité
1 : Mare intége au
réseau de sites du CEN F ou U oui Plan de gestion Elément ou réseau
isolé à l’échelle du site
2 : Gestion d’un réseau
de mares à l’échelle
communale
U et/ou P oui Plan de gestion quinquennal
à l’échelle du réseau Prise en compte des
continuités
3 : Animation d’un
réseau d’acteurs
gestionnaires
- - Mutualisation des moyens et
des expériences, partenariats Cohérence territoriale
4 : Cellule d’assistance
technique - oui Conseils, expertises et noti-
ces de gestion Cohérence territoriale
5 : Programmes d’actions
en faveur des mares U et/ou P oui Plans de gestion quinquen-
naux à léchelle de réseaux,
expertises et notices de ges-
tion, partenariats
Prise en compte des
continuités, cohé-
rence territoriale
Statut Niveau de
connaissance de
l’existence de la
mare
Potentielle Identifiée sur
1 support : ortho-
photo, carte IGN
ou cadastre
Repérée Identifiée sur au
moins 2 supports
Certifiée Vue sur le terrain
Caractérisée Bénéficiant d’une
fiche descriptive
ou d’un état des
lieux
Disparue Identifiée mais
non retrouvée sur
le terrain
Tableau 2 :
Niveau de
connaissance
des mares.
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Zones Humides Infos – n° 80-81 – 3e-4e trimestres 2013
ZH
Infos
Recherche, inventaire et cartographie
afin davoir une information homo-
gène et un cadre opérationnel
cohérent, il est primordial d’arrêter
une définition claire de lélément
« mare ».
ralement, la finition d’une
mare, pour l’ensemble des CEN, est
entendue comme :
« une étendue d’eau stagnante,
pouvant être temporaire, norma-
lement sans système artificiel de
régulation du niveau deau, de taille
variable, pouvant mesurer de 5 à
5 000 mètres carrés, d’une profon-
deur nexcédant pas 2 mètres » 2.
Une fois ce recensement ali,
l’inventaire du vivant et le diagnos-
tic naturaliste peuvent être entre-
pris. Ils permettent de mettre en
exergue les enjeux écologiques
et ainsi d’orienter les actions de pro-
tection, de gestion et de sensibilisa-
tion à mener.
Lapproche réseau pour
le long terme
Les interventions sur une mare
seule permettent de préser-
ver cette dernière à court, voire
moyen, terme. Néanmoins, en
termes de fonctionnali et dans
une réflexion de biologie de la
conservation, notamment via les
tapopulations, il est primordial
d’avoir une réflexion permettant
une pérennité des actions. Pour ce
faire, il est indispensable de consi-
rer les écosystèmes de mares
au travers de réseaux de mares,
assurant une connectivi entre
ces dernières.
Les CEN concentrent donc
majoritairement leurs actions sur
des réseaux de mares, prenant
en compte les distances de dis-
persion, la résistance des habi-
tats, la densité de mares sur une
surface donnée, etc. Cela néces-
site d’adopter une marche de
type « trame verte et bleue »,
considérant la perméabilité de la
matrice inter-mares et des possibi-
lis de connexion entre celles-ci.
C’est ainsi que les mesures de
gestion inrentes à un réseau de
mares se diversifient. En effet, les
opérations de restauration et den-
tretien restent d’actualité, mais
sont amendées par des actions
visant à améliorer le fonctionne-
ment du réseau :
– création de nouvelles mares
pour densifier le réseau ;
– alioration de la matrice
pour faciliter la dispersion des
espèces : plantation de haies,
reconversion de cultures en prai-
ries, etc. ;
– réalisation de plan de gestion
à léchelle du réseau.
Une cartographie
nationale
Depuis 2006, des correspondants
mares au sein des conservatoires
échangent sur les actions menées.
À l’heure actuelle, une dizaine de
conservatoires régionaux ou dépar-
tementaux mettent en œuvre un
plan daction sur tout ou partie de
leur territoire.
Des inventaires de mares ont donc
été menés en diverses régions par les
conservatoires ou par dautres struc-
tures (associations, PNR *, ONF 3*...).
Ces inventaires permettent de com-
pter peu à peu une cartographie
des mares à léchelle nationale.
Une étude de 2009 3 indique que
le nombre de mares en France est
esti à 600 000, soit une par kilo-
mètre carré. Actuellement, la cou-
che géographique nationale des
mares regroupe 95 083 mares.
Cette couche 4 ne demande
qu’à se compter afin de pouvoir
démontrer l’enjeu de préserva-
tion de ce réseau de micro-zones
humides à l’échelle nationale et
euroenne !
R. Vauthier et B. Allard
1. Cf. note 2 p. 2
2. Cf. note 1 p. 2
3. V. Laffitte et al., 2009. Guide technique de la
mare. PNR des Caps et Marais d’Opale.
4. www.cen-centre.org/plan-mares-eure-et-
loir/liens-mares
Contacts :
Raphaël Vauthier
Chargé de missions
Conservatoire
d’espaces naturels
de Franche-Comté
MEFC
, rue Voirin
 Besançon
Courriel : raphael.
vauthier [at] cen-
franchecomte.org
Benoît Allard
Chargé de missions
Conservatoire
d’espaces naturels
de la région Centre
Mission Eure-et-Loir
, rue de Loigny
la Bataille
 Chartres
Courriel : benoit.
allard [at] cen-
centre.org
Le Programme régional d’actions en faveur des mares de
Franche-Com (PRAM)
Le conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté et l’Office
national des forêts ont initié et por le PRAM s 2005, avec une
complémentari des comtences (milieux ouverts et forestiers).
Jusquen 2008, les efforts ont été consacrés à l’inventaire des mares
au niveau gional, à la définition de réseaux pilotes corents de
mares (échelle intercommunale) et à la réalisation de plans de gestion
sur ces réseaux.
Depuis 2009, les actions de restauration et de création de mares
ainsi que d’amélioration du fonctionnement de la matrice inter-mares
sont mises en œuvre en lien étroit avec la profession agricole : mise en
place de systèmes d’abreuvement du tail, plantation de haies, etc.
Afin de partager les connaissances acquises avec le plus grand nom-
bre d’acteurs, un vaste programme de communication a également
vu le jour. Ce dernier saccompagne d’un inventaire permanent des
mares qui comptabilise aujourd’hui près de 3 700 mares.
Dans un souci d’exemplarité, l’exrience est mise à profit au travers
de missions d’assistance technique pour les collectivis et particuliers.
Le Plan d’action en faveur des mares d’Eure-et-Loir
Depuis 2008, le conservatoire d’espaces naturels de la région
Centre anime, avec le conseil néral d’Eure-et-Loir, un plan d’ac-
tion visant à préserver le réseau de mares existant. Principalement
orienté vers l’accompagnement des communes dans leur projet de
habilitation ou de gestion des mares communales, ce plan se tra-
duit par des actions de connaissance, protection, gestion et valorisa-
tion. Le bilan du premier plan (2008-2012) a confirmé l’importance
de préserver ce réseau d’une très grande richesse écologique avec
la découverte de nombreuses stations d’espèces floristiques et fau-
nistiques patrimoniales. Le deuxième plan (2013-2017) apermis
de consolider la connaissance du réseau en portant le nombre de
mares repérées de 750 à plus de 4 700.
Les prochaines actions s’orientent vers des plans de gestion des
mares domaniales ou de réseau de mares à l’échelle de quelques
communes. Les projets pédagogiques se poursuivent avec les éco-
les des communes accompagnées dans leur projet de restauration.
Plus d’informations : www.mares-franche-comte.org et www.cen-centre.org
Zoom sur
** PNR : Parc na-
turel régional.
3* ONF : Office
national des forêts.
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