Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIII - n° 6 - novembre-décembre 2009
243
Traumatisme crânien et fonction anté-hypophysaire
glucidique ou lipidique chez les patients avec TC
sont rares. M. Klose et al. (17) ont montré chez les
patients présentant un décit hypophysaire (16 % des
104 patients étudiés, la plupart présentant un décit
somatotrope) une augmentation signicative de la
masse grasse, du tour de taille et du LDL cholestérol
lorsqu’ils étaient comparés aux patients non décitaires
ou aux patients contrôles.
Prise en charge thérapeutique des patients
présentant un déficit hypophysaire
post-traumatique
La substitution des décits corticotrope, thyréotrope
ou gonadotrope est recommandée. L’intérêt dans cette
population du traitement par hormone de croissance
peut susciter des interrogations.
Les conséquences du décit somatotrope dans la popu-
lation générale sont bien connues (diminution de la
masse maigre avec réduction de la force mus culaire,
diminution de l’activité et des performances physiques,
augmentation de la masse grasse abdominale, en
particulier viscérale, hyperinsulinisme secondaire à
l’accumulation viscérale de tissu adipeux, modica-
tion du prol lipidique, augmentation de l’épaisseur
intima-média, augmentation de la morbidité et de la
mortalité cardio- et cérébrovasculaire, diminution du
contenu minéral osseux et augmentation du risque
fracturaire, altération de la qualité de vie (asthénie,
fatigabilité, tendance dépressive, anxiété, irritabilité,
émotivité inadaptée, diminution de la conance en
soi, de la motivation et de la prise d’initiative, troubles
de la mémoire, de la concentration, isolement social).
Certains de ces symptômes sont fréquents chez les
patients avec antécédent de TC, mais peuvent être
d’origine multifactorielle. Ainsi, les modications de
la composition corporelle peuvent être secondaires
au décit hypophysaire mais également à un handicap
physique limitant l’activité, à des lésions hypothala-
miques entraînant des troubles du comportement
alimentaire et de la dépense énergétique, à un syn-
drome dépressif réactionnel. Il en est de même pour
les séquelles neuropsychologiques qui peuvent être
secondaires à l’hypopituitarisme mais également aux
lésions cérébrales associées, aux conséquences pro-
fessionnelles et familiales du TC.
Quelques observations de patients présentant au
décours d’un TC des troubles neuropsychiques diagnos-
tiqués comme étant des séquelles post-traumatiques,
et s’améliorant après traitement substitutif de décits
hypophysaires ont été rapportées (18). Cependant,
aucune étude contrôlée évaluant l’ecacité dans cette
population particulière du traitement par hormone de
croissance sur les séquelles physiques et neuropsy-
chologiques des patients traumatisés crâniens n’est
publiée à ce jour.
Conclusion
En pratique, la prise en charge des patients présentant
un TC modéré à sévère est assurée par l’intervention
successive de médecins de diérentes spécialités (anes-
thésiste-réanimateur, neurochirurgien, neurologue,
rééducateur fonctionnel, médecin généraliste, etc.), à
laquelle il semble important d’associer les endocrino-
logues. Une collaboration étroite entre tous les inter-
venants médicaux et paramédicaux est indispensable
pour une meilleure prise en charge diagnostique et
thérapeutique de l’hypopituitarisme post-traumatique.
Actuellement, un bilan hypophysaire est recommandé
3 mois puis un an après un TC modéré ou sévère,
l’état actuel des connaissances ne permettant pas de
conclure pour les traumatismes légers (19). La réalisa-
tion d’études prospectives chez des patients trauma-
tisés crâniens pendant la phase aiguë et les mois qui
suivent le traumatisme est sans doute encore néces-
saire pour dénir au mieux la période de réalisation
du ou des bilans hypophysaires et la durée du suivi.
Les modalités pratiques (choix des tests dynamiques),
très variables dans les études de la littérature, restent
également à préciser. L’évaluation rétrospective des
patients ayant subi quelques années plus tôt un TC,
surtout lorsqu’ils présentent des séquelles neuropsy-
chologiques persistantes, quelle que soit la sévérité du
traumatisme, permet également d’identier les patients
potentiellement atteints d’un hypopituitarisme post-
traumatique.
Selon les recommandations internationales, les décits
gonadotrope, corticotrope, thyréotrope ou somatotrope
doivent être substitués. L’ecacité du traitement par
hormone de croissance dans cette population parti-
culière reste cependant à démontrer.
■