Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 6, novembre/décembre 2005
L’existence d’au moins un déficit
antéhypophysaire est quasi constante.
✓
Dans notre expérience, 90 % des
patients présentent un déficit corti-
cotrope (cortisol plasmatique à 8 h
abaissé ou dans les valeurs basses
de la normale dans un contexte de
stress,ACTH plasmatique à 8 h nor-
male ou basse).
✓
Le déficit thyréotrope est fréquent
(75 % des cas). Le diagnostic repose
sur le dosage plasmatique de FT4
réalisé après correction du déficit
corticotrope (diminution de FT4 alors
que le taux de TSH us est normal,
diminué ou très discrètement aug-
menté).
✓
95 % des patients dont l’axe gona-
dotrope est évaluable ont un déficit
gonadotrope.
✓
Une hyperprolactinémie modérée
(< 100 ng/ml) est retrouvée dans un
quart des cas. Elle traduit le plus
souvent une hyperprolactinémie de
déconnexion. Une concentration
plasmatique de PRL supérieure à
250 ng/ml est en faveur d’un macro-
prolactinome remanié.
✓
L’existence d’un diabète insipide
est tout à fait exceptionnelle.
Les données
morphologiques
Un scanner, demandé en urgence
devant les céphalées, montre le plus
souvent l’existence d’une hyper-
densité spontanée au sein de la loge
sellaire et de la citerne optochias-
matique.
Le diagnostic repose sur l’IRM qui
confirme l’existence d’un processus
expansif de la loge sellaire, envahis-
sant la citerne optochiasmatique,
beaucoup plus rarement le sinus
sphénoïdal, avec extension latéro-
sellaire variable.
L’existence d’un hypersignal T1,
prédominant parfois à la périphérie
de la lésion, et/ou d’un hyposignal
T2 est en faveur d’un remaniement
de type hémorragique. Chez certains
patients, un aspect dit “de niveau
liquide” peut être mis en évidence
sur les clichés sagittaux ou axiaux
par visualisation d’une portion supé-
rieure en hypersignal en pondéra-
tion T1 et T2 (surnageant xantho-
chromique) et d’une portion inférieure
en isosignal T1 et en hyposignal T2
franc (sédiment riche en hémosi-
dérine, produit de dégradation de
l’hémoglobine).
La mise en évidence d’un hypo-
signal en T1 et d’un hypersignal T2
est en faveur d’un remaniement de
type nécrotique.
L’association de remaniements de
type nécrotique et hémorragique est
décrite chez certains patients. Les
remaniements peuvent être uni- ou
plurifocaux.
Après injection de gadolinium, il
existe un rehaussement périphé-
rique “en couronne” dans les adé-
nomes remaniés de manière glo-
bale. En cas de remaniement partiel,
une prise de contraste est observée
au niveau des portions charnues de
l’adénome. Un rehaussement de la
dure-mère du jugum et de l’étage
antérieur peut parfois être observé.
Enfin, l’existence au niveau de la
paroi du sinus sphénoïdal d’un
hyposignal T1, d’un hypersignal
T2, régulier, en cadre, rehaussé
après injection de gadolinium, est
fréquente (37 % des patients de
notre série) et correspond à l’exis-
tence de remaniements inflamma-
toires contemporains de la phase
aiguë. Dans les formes les plus
sévères, l’existence d’hématomes
frontaux est rapportée.
Conduite thérapeutique
L’apoplexie est une urgence endo-
crinienne.
Le traitement médical repose sur :
✓
La mise en route, en urgence,
d’un traitement par hémisuccinate
d’hydrocortisone en continu par
voie veineuse à la pompe (posologie
moyenne initiale chez l’adulte de
200 mg/24 h), sans attendre les
résultats d’un dosage de cortiso-
lémie compte tenu de la grande fré-
quence du déficit corticotrope à la
phase aiguë.
✓
L’association de ce traitement
aux antalgiques intraveineux et à la
réanimation hydroélectrolytique peut
permettre d’observer une évolution
clinique rapidement favorable.
✓
La compensation du déficit thy-
réotrope éventuel fait appel à la T4
per os.
L’existence de troubles sévères de
la conscience ou d’une diminution
de l’acuité visuelle conduit à une
intervention chirurgicale en urgence
(décompression par abord transphé-
noïdal).
L’absence d’amélioration rapide
des troubles de conscience ou des
céphalées sous l’effet du traitement
médical, la persistance d’une atteinte
d’un ou de plusieurs nerfs crâniens,
sans aucun élément clinique en faveur
d’une récupération lors de la sur-
veillance réalisée les premiers jours
suivant l’épisode aigu, conduisent
également à réaliser une interven-
tion chirurgicale.
Celle-ci peut enfin être retenue s’il
existe un doute diagnostique (abcès,
métastase nécrosée dans un contexte
néoplasique).
Si un traitement par agoniste dopami-
nergique peut être proposé dans les
macroprolactinomes massivement
remaniés, la décompression chirur-
gicale reste indiquée en l’absence
d’efficacité rapide de ce traitement
sur les troubles cliniques.
Évolution
Une amélioration de la fonction
antéhypophysaire peut être obser-
vée sans que la stratégie thérapeu-
tique choisie (chirurgie ou surveil-
lance) semble jouer un rôle sur
l’évolution. Cependant, la persis-
tance de déficits antéhypophysaires
est fréquente. Dans notre expé-
rience, 55 % des patients gardent un
déficit corticotrope, 61 % un déficit
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Troisième partie : Hypophyse-Surrénales