Les apoplexies hypophysaires - Pituitary apoplexia

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diabétologie
Urgences en endocrinologie,
et maladies métaboliques
Les apoplexies hypophysaires
Pituitary apoplexia
C. Cortet-Rudelli*
Définition
L’apoplexie hypophysaire est définie
par la survenue d’un remaniement
nécrotico-hémorragique massif au
sein d’un adénome hypophysaire.
Considérée comme une urgence, sa
fréquence reste rare (0,6 à 5 % des
patients opérés pour une pathologie
hypophysaire). Le plus souvent,
l’apoplexie constitue la manifestation inaugurale d’un adénome
méconnu, mais elle peut également
compliquer un adénome connu.
Tous les adénomes peuvent être
concernés par la survenue d’une
apoplexie, avec un risque équivalent, qu’ils soient sécrétants
ou non et quel que soit le type de
sécrétion.
Étiologies
De nombreux facteurs favorisants
sont décrits dans la littérature. Il
s’agit :
✓ De l’existence d’une HTA non
traitée ou mal équilibrée. Elle est
retrouvée dans 13 à 25 % des cas.
✓ Du rôle des tests de stimulation
hypophysaire (TRH, GnRH, CRH).
Il a été bien identifié ces dernières
années, et la réalisation des tests de
stimulation hypophysaire est contreindiquée dans les macroadénomes
invasifs proches des voies optiques.
✓ Des traitements par analogues de
GnRH ou par citrate de clomiphène,
qui ont également été incriminés.
* Service d’endocrinologie et maladies métaboliques, CHRU de Lille.
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Du collapsus hémorragique, de
l’utilisation d’anticoagulants ou
d’antiagrégants plaquettaires, de
thrombolytiques ou l’existence de
troubles de la coagulation qui sont
parfois associés à une hémorragie
intra-adénomateuse.
✓ De l’hypertension intracrânienne,
des traumatismes crâniens, de l’injection de gadolinium ou de produits
de contraste, de la grossesse. Le rôle
potentiel des agonistes dopaminergiques est controversé.
Cependant, le plus souvent, l’enquête étiologique ne permet pas
d’identifier de facteurs favorisants.
✓
Présentation clinique
Le plus souvent, le tableau est aigu :
✓ Les céphalées retrouvées dans
plus de 90 % des cas sont d’installation brutale, sévères, peu ou non
calmées par les antalgiques usuels.
✓ Des altérations de la conscience de
sévérité variable (de l’obnubilation
au coma profond) sont associées
dans 10 à 30 % des cas.
✓ Les troubles visuels sont fréquents.
Les altérations du champ visuel,
conséquences d’une compression
du chiasma et/ou des nerfs optiques
par la masse hypophysaire, sont
présentes dans 60 à 70 % des cas.
L’existence d’une diminution de
l’acuité visuelle, présente dans 55
à 65 % des cas, est une urgence
chirurgicale.
✓ Les paralysies oculomotrices,
conséquences d’une compression ou
d’un envahissement d’un ou – plus
rarement – des deux sinus caverneux, sont retrouvées dans 30 à
70 % des cas. L’atteinte du IIIe nerf
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 6, novembre/décembre 2005
crânien est la plus fréquente, mais
sont également décrites des atteintes
du IVe, du VIe, plus rarement du
Ve nerf crânien.
✓ L’existence d’une fièvre (20 % des
cas), de nausées, voire de vomissements, d’une photophobie, d’une raideur méningée peut faire évoquer le
diagnostic de méningite ou d’hémorragie cérébroméningée.
✓ Des troubles généraux (vasoplégie,
troubles du rythme cardiaque, troubles
respiratoires) correspondant à des
lésions hypothalamiques sont décrits
dans les formes les plus sévères.
Plus rarement, le remaniement,
même massif, peut être peu ou non
symptomatique et la lésion révélée
par des troubles visuels d’installation progressive, par des céphalées
modérées, intermittentes ou d’allure
migraineuse, par des manifestations
cliniques d’une éventuelle sécrétion
par la lésion adénomateuse ou d’un
hypopituitarisme.
Les données biologiques
Examens biologiques standard :
✓ L’existence d’une hyponatrémie
est fréquente au cours de l’apoplexie (un tiers des observations
dans notre expérience).
✓ La mise en évidence d’une élévation du taux de CRP ne doit pas
égarer vers un processus infectieux.
✓ L’examen du liquide céphalo-rachidien, lorsqu’un syndrome méningé
clinique conduit à la réalisation d’une
ponction lombaire, peut montrer
l’existence d’une hyperprotéinorachie et d’anomalies de la cytologie
sans hypoglycorachie.
Troisième partie : Hypophyse-Surrénales
L’existence d’au moins un déficit
antéhypophysaire est quasi constante.
✓ Dans notre expérience, 90 % des
patients présentent un déficit corticotrope (cortisol plasmatique à 8 h
abaissé ou dans les valeurs basses
de la normale dans un contexte de
stress, ACTH plasmatique à 8 h normale ou basse).
✓ Le déficit thyréotrope est fréquent
(75 % des cas). Le diagnostic repose
sur le dosage plasmatique de FT4
réalisé après correction du déficit
corticotrope (diminution de FT4 alors
que le taux de TSH us est normal,
diminué ou très discrètement augmenté).
✓ 95 % des patients dont l’axe gonadotrope est évaluable ont un déficit
gonadotrope.
✓ Une hyperprolactinémie modérée
(< 100 ng/ml) est retrouvée dans un
quart des cas. Elle traduit le plus
souvent une hyperprolactinémie de
déconnexion. Une concentration
plasmatique de PRL supérieure à
250 ng/ml est en faveur d’un macroprolactinome remanié.
✓ L’existence d’un diabète insipide
est tout à fait exceptionnelle.
Les données
morphologiques
Un scanner, demandé en urgence
devant les céphalées, montre le plus
souvent l’existence d’une hyperdensité spontanée au sein de la loge
sellaire et de la citerne optochiasmatique.
Le diagnostic repose sur l’IRM qui
confirme l’existence d’un processus
expansif de la loge sellaire, envahissant la citerne optochiasmatique,
beaucoup plus rarement le sinus
sphénoïdal, avec extension latérosellaire variable.
L’existence d’un hypersignal T1,
prédominant parfois à la périphérie
de la lésion, et/ou d’un hyposignal
T2 est en faveur d’un remaniement
de type hémorragique. Chez certains
patients, un aspect dit “de niveau
liquide” peut être mis en évidence
sur les clichés sagittaux ou axiaux
par visualisation d’une portion supérieure en hypersignal en pondération T1 et T2 (surnageant xanthochromique) et d’une portion inférieure
en isosignal T1 et en hyposignal T2
franc (sédiment riche en hémosidérine, produit de dégradation de
l’hémoglobine).
La mise en évidence d’un hyposignal en T1 et d’un hypersignal T2
est en faveur d’un remaniement de
type nécrotique.
L’association de remaniements de
type nécrotique et hémorragique est
décrite chez certains patients. Les
remaniements peuvent être uni- ou
plurifocaux.
Après injection de gadolinium, il
existe un rehaussement périphérique “en couronne” dans les adénomes remaniés de manière globale. En cas de remaniement partiel,
une prise de contraste est observée
au niveau des portions charnues de
l’adénome. Un rehaussement de la
dure-mère du jugum et de l’étage
antérieur peut parfois être observé.
Enfin, l’existence au niveau de la
paroi du sinus sphénoïdal d’un
hyposignal T1, d’un hypersignal
T2, régulier, en cadre, rehaussé
après injection de gadolinium, est
fréquente (37 % des patients de
notre série) et correspond à l’existence de remaniements inflammatoires contemporains de la phase
aiguë. Dans les formes les plus
sévères, l’existence d’hématomes
frontaux est rapportée.
résultats d’un dosage de cortisolémie compte tenu de la grande fréquence du déficit corticotrope à la
phase aiguë.
✓ L’association de ce traitement
aux antalgiques intraveineux et à la
réanimation hydroélectrolytique peut
permettre d’observer une évolution
clinique rapidement favorable.
✓ La compensation du déficit thyréotrope éventuel fait appel à la T4
per os.
Conduite thérapeutique
Évolution
L’apoplexie est une urgence endocrinienne.
Une amélioration de la fonction
antéhypophysaire peut être observée sans que la stratégie thérapeutique choisie (chirurgie ou surveillance) semble jouer un rôle sur
l’évolution. Cependant, la persistance de déficits antéhypophysaires
est fréquente. Dans notre expérience, 55 % des patients gardent un
déficit corticotrope, 61 % un déficit
Le traitement médical repose sur :
✓ La mise en route, en urgence,
d’un traitement par hémisuccinate
d’hydrocortisone en continu par
voie veineuse à la pompe (posologie
moyenne initiale chez l’adulte de
200 mg/24 h), sans attendre les
L’existence de troubles sévères de
la conscience ou d’une diminution
de l’acuité visuelle conduit à une
intervention chirurgicale en urgence
(décompression par abord transphénoïdal).
L’absence d’amélioration rapide
des troubles de conscience ou des
céphalées sous l’effet du traitement
médical, la persistance d’une atteinte
d’un ou de plusieurs nerfs crâniens,
sans aucun élément clinique en faveur
d’une récupération lors de la surveillance réalisée les premiers jours
suivant l’épisode aigu, conduisent
également à réaliser une intervention chirurgicale.
Celle-ci peut enfin être retenue s’il
existe un doute diagnostique (abcès,
métastase nécrosée dans un contexte
néoplasique).
Si un traitement par agoniste dopaminergique peut être proposé dans les
macroprolactinomes massivement
remaniés, la décompression chirurgicale reste indiquée en l’absence
d’efficacité rapide de ce traitement
sur les troubles cliniques.
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 6, novembre/décembre 2005
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diabétologie
Urgences en endocrinologie,
et maladies métaboliques
thyréotrope et 73 % une atteinte de
l’axe gonadotrope.
Une diminution de la taille, voire
une quasi-disparition de la lésion,
objectivée par une surveillance
morphologique régulière, peut être
observée dans certains cas où l’absence initiale de signes de gravité
Références
■ Onesti S, Wisniewski T, Post K. Clinical versus
subclinical pituitary apoplexy: presentation, surgical management and outcome in 21 patients.
Neurosurgery 1990;26:980-7.
■ Randeva H, Schoebel J, Byrne J et al. Classical
pituitary apoplexy: clinical features, management
and outcome. Clinical Endocrinology 1999;51:
181-8.
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Elle a une activité libérale et hospitalière.
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MHDN Vol. IX - n° 6
Les éditions
a permis d’éviter l’intervention chirurgicale.
Une récidive de la survenue de
remaniements nécrotico-hémorragiques massifs au sein du tissu adénomateux est possible, même si elle
est peu fréquente. Le patient doit
être prévenu de cette éventualité.
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