
Depuis l’Antiquité et au delà, les interprétations sur la nature de l’esprit et de la pensée furent
spiritualistes.
Au XVIIe siècle, le dualisme de Descartes distinguait le corps de l’esprit niant au premier la
capacité d’abriter le second (Fottorino 1998). Consacré siège de la pensée et des émotions, le
cerveau est une entité immatérielle d’une nature autre que celle du corps. Ce siècle, fut
également l’époque du déterminisme religieux (qui persiste jusqu’à nos jours) : toute notre vie
était écrite dans le programme de Dieu ou dans la conjonction astrale, dans la ligne de nos
mains ou même dans la morphologie de notre visage (Clément 2007).
Au XVIIIe siècle et grâce au progrès scientifique, le matérialisme scientifique commença à
rompre avec le spiritualisme jusqu’alors dominant. La Mettrie (1709-1751) dans « l’Homme-
machine » (1734) assume une rupture avec le spiritualisme et le dualisme de Descartes et
attribue au cerveau un rôle essentiel et actif qui lui permet de contrôler le corps entier (Le
cerveau a ses muscles pour penser comme les jambes pour marcher). A cette époque là et ça
continue jusqu’à nos jours Il y a l’astrologie, la chiromancie (caractère ou destinée d’une
personne sont connaissables d’après les lignes de la main), la physiognomonie relayée par la
morphopsychologie (l’apparence physique d’une personne et principalement les traits de son
visage, peut donner un aperçu de son caractère ou de sa personnalité et plus récemment le
déterminisme génétique.
Au XIXe siècle, vers 1802, Gall, médecin et chef de file d’un courant de pensée, la
phrénologie, postulait que le développement des aptitudes mentales correspondait à des
bosses détectable par palpation de la boîte crânienne (ex. la bosse des maths).
Pour Lombroso, c’est la constitution physique du personnage qui le pousse à devenir criminel
ou non.
Avec la craniologie de Broca, c’est le poids et le volume du cerveau qui prédestineraient
chacun à être plus ou moins intelligent (le cerveau des femmes étant nettement moins lourd
que celui des hommes, Broca mit en relation cette infériorité physique avec ce qui était admis
à cette époque : « l’infériorité intellectuelle » des femmes ; tout comme il était convaincu que
le cerveau des Blancs était plus gros que celui des Noirs.). Cent vingt ans après, Stephen J.
Gould (1983) a ré analysé les données originales de Broca, et montré que les différences de
poids de ces cerveaux étaient liées à la taille des individus, à leurs âges, puis à la présence ou
absence de méninges (puisqu’il s’agissait de cadavres), etc. : le paramètre sexe n’intervient
pas ! Dans l’espèce humaine, il n’existe aucune relation entre le poids du cerveau et
l’intelligence (synthèse dans Vidal 2001).
Plus récemment, et selon les héréditaristes, ce sont nos gènes qui contrôlent nos pensées et
notre intelligence. Cette réduction du biologique au génétique est fortement liée au débat
inné/acquis en associant la biologie principalement à l’inné. Comme si toute l’identité d’un
être humain était programmée dans son génome.
A la fin du XXe siècle, les biologistes savent que tout génome ne peut s’exprimer qu’en
interaction avec son environnement. Ils savent aussi que nos comportements et pensées sont
appris et ont un support biologique. L’affrontement entre inné et acquis est dépassé à cause de
cette interaction inné/acquis où les caractères génétiques et environnementaux interagissent
tout au long de la construction de l’organisme.
Or à l’aube de ce XXIe siècle, la complexité du vivant, avec le progrès des sciences et des
découvertes scientifiques, ne peut plus être réduit au déterminisme génétique. D’autres
mécanismes épigénétiques s’imposent pour analyser l’auto-construction du vivant (Varela
1989) grâce à l’épigenèse cérébrale.