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LE FIL DENTAIRE
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Les volumes de la région péri-buccale :
la graisse et les reliefs osseux
La région centrofaciale est la zone mobile du visage,
entre deux zones fixes : d’un coté la région péri-
orificielle médiane, et de l’autre la région latérale
de la face, riche en adhérences entre les structures
aponévrotiques superficielles et profondes (fascia
auriculo-temporal, ligaments cutanéo-zygomatiques,
cutanéo-massétérins, cutanéo-parotidiens et cutanéo-
mandibulaires). Elle va présenter un vieillissement
différent : elle ptose, alors que la région péri-buccale
conserve un maintien relatif (Fig. 9).
D’une manière générale, la graisse s’atrophie au ni-
veau du visage, aboutissant à une squelettisation. Au
niveau de la région péri-buccale, les conséquences
du vieillissement vont être, du fait de la ptose de la
graisse des zones malaire (malar fat pad) et jugale
sous l’effet de la pesanteur et des contractions mus-
culaires (5), l’accentuation du sillon nasogénien,
infranchissable, par le drapage du tissu en excès puis
la création de la bajoue.
Au niveau sous-commissural, la graisse est chassée
par l’action des puissants muscles abaisseurs de la
lèvre inférieure (DAO, carré et platysma). Cette atro-
phie va participer à la formation du sillon labiogé-
nien inférieur ou pli d’amertume, prolongement du
sillon nasogénien (Fig. 10).
Les os du visage se modifient aussi. Le vieillisse-
ment osseux va toucher de façon plus précoce les
femmes que les hommes (40 ans versus 65 ans) (6).
Il consiste en une déminéralisation diffuse. Au niveau
péri- buccal, il faut tenir compte aussi de la résorp-
tion alvéolo-dentaire : lorsqu'une dent est perdue, l'os
alvéolaire de support subit une résorption ostéoclas-
tique. Cela se traduit par une diminution de la hau-
teur de la mandibule et du maxillaire et un enroule-
ment de la face. La résorption est plus importante au
niveau du maxillaire. Au niveau de l’épine nasale, la
résorption va donner une impression d’allongement
et de chute de la pointe du nez (« de sorcière ») (7),
et de recul de la lèvre supérieure. Les changements
atrophiques qui ont lieu dans le menton produisent
quant à eux, un effet « chausson aux pommes ». La
perte des dents, notamment en secteur incisif, accen-
tue ce phénomène par perte de soutien postérieur
de la lèvre et diminution de la dimension verticale
d’occlusion qui devra être corrigée avant toute chose
par le chirurgien-dentiste et son travail prothétique.
Au niveau jugal, cela va être responsable d’une
impression de rétrusion. Au niveau mandibulaire, la
fosse mandibulaire limitée par la ligne oblique est
approfondie, creusant encore plus le pli d’amertume.
L’ensemble de ces modifications et de la pesanteur
entraînent l'affaissement de la commissure des lèvres
sur le côté et vers le bas, ce qui donne un air fati-
gué et triste au visage. Le principe est identique au
niveau de la fosse canine pour le sillon nasogénien.
dibulaire alvéolaire de vivre et de se régénérer. Ainsi
dans les sites d’extraction étendue ou chez le vieil-
lard édenté, on retrouve un aspect rétrus, invaginé,
de la lèvre inférieure. Ce phénomène s’aggrave avec
le temps du fait de la résorption de l’os alvéolaire et
de l’affaissement de la sangle péri-buccale.
Vieillissement de la région
péri-buccale
Le vieillissement péri-buccal concerne toutes les
couches de la région : la peau, la graisse, le système
musculaire et les bases osseuses et dentaires. Il a
lieu de façon plus ou moins synchrone, mais est à
considérer dans son ensemble lors de l’analyse d’un
visage.
On peut parler de vieillissement local, par la modi-
fication de l’aspect des différents tissus et de vieil-
lissement global, par le mouvement de ces tissus les
uns par rapport aux autres, irrémédiablement vic-
times de la gravité (3).
La peau et la muqueuse
Avec le temps, des facteurs endogènes et exogènes
(photo-exposition, pollution, tabac, nutrition, méno-
pause) vont contribuer au vieillissement cutané et
sous-cutané. La coloration et l’aspect de la peau vont
changer. Les altérations cutanées sont dues à une
perte d’élasticité et d’hydratation et à la contraction
répétée des muscles peauciers (Fig. 8).
La raréfaction des mélanocytes et des cellules de
Langerhans dans la peau favorise le développe-
ment de taches pigmentaires et/ou achromiques et
de tumeurs cutanées… Les lésions photo-induites
peuvent être classées en 4 stades (4) :
Au niveau dermique la diminution des fibroblastes
est responsable d’une détérioration et d’une raréfac-
tion des fibres de collagène. La chute des taux de
collagène et d’élastine entraîne une perte de l’hydra-
tation, du volume, du tonus et de l’élasticité.
De fines ridules, dynamiques puis statiques révèlent
la sensibilité accrue aux contractions musculaires
répétées.
Stade 1 20-30 ans Pas de rides Fines ridules, modification de la
pigmentation
Stade 2 35-50 ans Rides en
mouvement
Rides d'expression au coin de
la bouche et des yeux, kératose
palpable mais non visible
Stade 3 50-65 ans Rides au repos
Rides de repos, taches
pigmentaires et télangiectasies,
kératose visible
Stade 4 60-75 ans Peau ridée
Rides profondes, décoloration
de la peau, fréquence des
tumeurs cutanées
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