Mise en contexte
Depuis le développement du commerce de l’agriculture et de l’élevage, l’homme
est devenu le principal vecteur du déplacement des espèces végétales et animales.
Après quelques siècles, ce développement prend de l’amplitude avec les échanges
commerciaux entre pays. Ce phénomène grandissant depuis quelques décennies a
amené plusieurs espèces exotiques, qui s’établissent dans notre région où elles y
trouvent toutes les conditions favorables à son expansion, voire même meilleures que
leur lieu d’origine. L’entrer de ces nouveaux occupants peut n’avoir aucun impact
néfaste sur l’environnement, mais certains d’entre eux échappent au contrôle humain et
deviennent invasifs. La propagation de ces espèces nommées « espèces exotiques
envahissantes » (EEE) constitue une menace pour l’environnement, l’économie ou la
société.
Les espèces végétales venues d’ailleurs sont agressives et colonisent les lieux
facilement. Les plantes qui s’incrustent sont souvent très résistantes aux insectes et aux
maladies, elles ont des mécanismes de propagation très efficaces en plus d’avoir peu de
prédateurs. Ces avantages leur permettent de proliférer jusqu’à nuire et prendre la place
de nos plantes indigènes. Il y a 44 espèces en péril pour lesquelles les plantes
envahissantes semblent être en partie responsables de leur statut. C’est inquiétant
puisque la venue de ces nouvelles espèces invasives modifie la dynamique et dégrade
l’écosystème en diminuant la biodiversité.
Le présent ouvrage consiste en une série de fiches, qui serviront de guide et de
soutien dans le but d’identifier les différentes espèces végétales envahissantes que l’on
peut trouver sur le territoire du Lac-Saint-Jean. Un réseau d’observateur potentiel sera
proposé afin de signaler la présence et intervenir au besoin. Ces plantes peuvent avoir
un impact gatif sur la santé de nos cours d’eau et les écosystèmes dont ils font partie.
C’est la raison première pour laquelle l’organisme du bassin versant Lac-Saint-Jean a
décidé de se pencher sur la question. Les cours d’eau sont au cœur de nos vies, surtout
dans notre région notre histoire et notre développement découlent de leur présence,
il est donc primordial et impératif de les conserver dans un état de santé optimal.
Myriophylle à épi (Myriophyllum spicatum)
Présente sur le territoire de l’OBV Lac Saint-Jean
Photos : 1. John Hardy, Université du Wisconsin, 2. OFAH, 3. Chris Evans River to River CWMA 4. Dave Britton
Description Le myriophylle à épi est une plante submergée qui croît dans les herbiers
aquatiques. Le printemps venu, cette plante attend que l’eau ait atteint une température de 15 °C
avant de croître. Elle peut atteindre la surface en 3 semaines et une fois atteinte, elle se ramifie
abondamment en formant des touffes, ce qui nuit aux autres plantes. Les feuilles, qui ont
l’apparence d’une plume, entourent la tige en groupe de 4 ou 5. La plante se distingue du
myriophylle blanchissant (Myriophyllum sibiricum) par sa feuille divisée en 12 fins segments
chaque côté de la feuille, contrairement au myriophylle indigène, qui a moins de 11 segments. Le
myriophylle à épi a des fleurs minuscules et rouges qui émergent au-dessus de l’eau à la fin
juillet ou au début août.
Problématique Le Myriophylle à épi se développe en grande colonie, remplace les espèces
indigènes et accélère l’eutrophisation des plans d’eau. Il nuit aux usages comme la baignade et
la promenade en embarcation motorisée. Les hélices des embarcations à moteur s'entortillent
autour des plantes et transportent les racines dans d'autres régions. Même en petits fragments,
les tiges coupées peuvent produire une nouvelle plante. En modifiant la structure de
l’écosystème et par conséquent, les sites de fraie, le myriophylle à épi a des impacts gatifs sur
les populations de truites grises ou de touladis.
Observé où? Elle pousse dans les lacs, les rivières, les mares, les étangs, les fossés et les
autres milieux aquatiques. Elle peut vivre dans une profondeur de 0.5 à 10 mètres, mais préfère
une profondeur se situant entre 0.5 à 3.5 m.
Quoi faire ? L’arrachage de masse n’est pas la bonne solution, car le problème en serait
amplifié à cause de la multiplication par fragments de la plante. Il est conseillé d’employer des
barrières empêchant la dispersion des fragments dans les cas mineurs de présence de l’espèce.
Hydrocharide grenouillette (Hydrocharis morsus-ranae)
Présente sur le territoire de l’OBV Lac Saint-Jean
Photos : 1. Michigan Sea Grant, 2.Wasyl Bakowsky, MNR, 3. OFAH
Description L’hydrocharide grenouillette est une petite plante flottante ressemblant à un petit
nénuphar. Elle croît rapidement et forme des tapis denses à la surface de l’eau. Les feuilles
mesurent de 2,5 à 5 cm de largeur et sont de forment rondes ou en cœur. Elles sont disposées
en rosette pouvant atteindre 6 cm de largeur. Ce qui la distingue des autres plantes
ressemblantes, c’est le dessous de ses feuilles rouge violacée qui est recouvert d’une couche
spongieuse. De juin à août, l’inflorescence femelle produit une seule fleur blanc-rosâtre à trois
pétales avec un centre jaune, alors que l’inflorescence du mâle contient 1 à 5 fleurs.
Problématique Son mécanisme de propagation est très efficace grâce à ses stolons et ses
turions qui peuvent se détacher de ceux-ci. Elle peut diminuer localement la diversité des plantes
submergées sous-jacentes par compétition pour les ressources, dont la lumière. En grande
masse, elle nuit aux activités récréatives et elle peut boucher les canaux de drainage. Lorsqu’elle
meurt et se décompose, cette plante peut diminuer le taux d’oxygène dissous dans l’eau, ce qui
nuit aux poissons et à la vie aquatique.
Observé où? On retrouve l’espèce dans les eaux stagnantes ou à débit lent, entremêlée à
des plantes émergentes. Elle croît souvent dans des mares calmes, dans des marécages, dans
des canaux aménagés ou dans un marais épars. Elle aime les eaux riches en calcium et en
matières organiques.
Quoi faire? Il faut larracher à la main en éliminant l’ensemble des turions qui auraient pu se
détacher des stolons et tomber au fond du bassin de votre jardin. La zone colonisée doit être
surveillée et l’opération doit être tée si nécessaire. Lorsque vous naviguez près d’une
colonie, il faut l’éviter ou réduire votre vitesse.
Butome à ombelle (Butomus umbellatus)
Présente sur le territoire de l’OBV Lac Saint-Jean
Photos : 1 et 3. Pierre Goujon, 2.P-A Bourgeois, CARA, 4. Le-valenciennois-environnement.fr
Description Le Butome à ombelle possède de longues feuilles raides, étroites, fixées à la
base du plant. Elles sont de forme triangulaire avec un côté concave et les extrémités ont
tendance à former une vrille. La longue tige simple se termine par des faisceaux. Les fleurs rose
pâle veinées de rose foncé sont regroupées en ombelle. La floraison de cette plante se situe
entre juin et août selon le niveau de l’eau. À noter que les plantes immergées ne fleurissent pas.
Problématique La présence répandue est probablement due à la culture massive de cette
plante ornementale dans les jardins aquatiques. Le Butome à ombelle peut tolérer de grandes
variations de température. Il est avantagé dans sa compétition grâce à ses graines qui ont une
longue durée de vie et qui sont emportées par le cours d’eau. En grande colonie, cette esce
forme un réseau dense de rhizomes qui s’avère être inhospitalier pour les autres plantes. Or,
cette espèce se répand partout, et elle pose un problème le long des berges, parce qu'elle déloge
les espèces indigènes.
Observé ? Cette plante émergente se retrouve dans les milieux humides, dont les bords
de cours d’eau, des lacs, des marais et des étangs. On peut la retrouver aussi sur les plages,
dans les fossés ou dans les canaux.
Quoi faire ? Couper la plante sous la surface de l'eau, et ce avant la floraison de préférence.
Ceci n'élimine pas la plante, elle en réduit l'abondance. Il faut prendre soin de ne pas perturber le
système radiculaire et d'éliminer tous les fragments de racines afin d'empêcher la formation de
nouvelles plantes par le transport des morceaux de racines dans d’autres secteurs.
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