Le 1er juillet 2014, un responsable de la santé de
Moadamiya a déclaré à Amnesty International : « Nous
n'avons pas d'oxygène. Nous manquons de
médicaments et beaucoup seront bientôt périmés.
Parfois nous réussissons à nous procurer des doses
d'anesthésiants, mais pas plus de cinq et à un prix
10 fois supérieur au tarif habituel. Nous n'avons plus
d'électricité depuis 18 mois. Pour les opérations, nous
dépendons donc d'un générateur qui fonctionne au
diesel, mais le prix du diésel est astronomique. Quant
à l'eau, elle est actuellement coupée. La ville a donc
un problème d'eau potable, car elle est contaminée par
les eaux usées à cause des bombardements. À cause
de cela, nous avons 25 cas d'empoisonnement à
l'hôpital. Le principal problème de santé est la pénurie
de vaccins pour les 6 000 enfants. Nous n'avons plus
de vaccins depuis un an et demi. Cette pénurie de
vaccins aura des effets à long terme. Elle détruira une
génération entière.
« Nous avons aussi plus de 6 000 cas de diabète et
d'hypertension. Ces gens souffrent de la pénurie de
médicaments, notamment d'insuline. Certaines
personnes âgées meurent d'un blocage du muscle
cardiaque, d'hypertension artérielle et de diabète.
« Les lésions à la poitrine et les problèmes
respiratoires ont plus que doublé après l'utilisation des
armes chimiques sur la ville le 21 août 2013. C'est
pour cette raison que les anesthésiants ne sont pas
aussi efficaces pendant les opérations et qu'il faut
administrer des doses triples aux personnes exposées
aux gaz chimiques. De plus, leurs corps ne réagissent
plus aux analgésiques, aux somnifères ou aux relaxants
musculaires. Nous en sommes aussi réduits à utiliser
des anesthésiants périmés. Récemment, nous avons
observé une recrudescence de cas potentiels de
méningite, que nous ne pouvons pas confirmer
d'emblée parce qu'il n'y a pas de laboratoires. Les
rayons X sont importants pour diagnostiquer la
tuberculose, mais on ne peut pas toujours les utiliser.
Toute une génération aura besoin d'un soutien
psychologique à cause des effets de la guerre et des
multiples massacres. »
Les forces gouvernementales continuent à assiéger des
villes et des villages dans la Ghouta orientale, à l'est
de Damas, où selon les estimations, il resterait
150 000 personnes, pour la plupart des civils. La
majeure partie de la Ghouta orientale est assiégée
depuis novembre 2012.
Le 10 juillet 2014, un professionnel de la santé a
déclaré à Amnesty International à Duma (Ghouta
orientale) : « De temps en temps, nous devons
déplacer les centres
Immeuble détruit à Zamalka (Ghouta orientale), © Mohammed Abdullah.
médicaux pour éviter les obus et les frappes aériennes.
Des médecins ont indiqué qu'ils avaient demandé du
matériel médical pour les opérations et des
médicaments mais ils ont ajouté que le gouvernement
syrien ne permettrait pas aux Nations unies de le leur
apporter. Au début, quand les routes menant à la
Ghouta orientale étaient encore ouvertes, les médecins
arrivaient à entreposer beaucoup de médicaments et
de matériel, mais maintenant leurs stocks sont
presque épuisés. Toute aide médicale était interdite
avant la troisième distribution d'aide à laquelle les
Nations unies ont procédé le 27 mars 2014. Or celle-
ci a été minime. Elles avaient inclus quelques produits
pour pallier les problèmes de malnutrition, notamment
un beurre d'arachides spécial et des biscuits à haute
teneur en calories. Mais ces produits étaient très vieux
et la date de péremption approchait : le beurre
d'arachide serait périmé trois jours plus tard.
« À part le manque de nourriture, l'un de nos grands
problèmes, c'est la pénurie d'eau propre et
d'électricité. La pénurie d'électricité empêche les
centres médicaux d'aider les gens à certains moments.
Cela veut dire aussi que les gens n'ont aucun moyen
de conserver la nourriture qu'ils se procurent. L'eau
contaminée que boivent les gens contribue également
à l'affaiblissement général du système immunitaire.
Un rapport de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) affirme qu'au Moyen-Orient 30 % des gens sont
porteurs de la tuberculose, mais que seules les
personnes dont le système est affaibli attrapent la
maladie et présentent ses symptômes. C'est pourquoi
il y a une recrudescence de cas en Syrie :
l'insuffisance de nourriture et de sa variété, l'eau
affaiblissent le système. Les médecins ont du mal à
dépister la tuberculose à un stade précoce parce qu'ils
manquent du matériel et des équipements médicaux
indispensables au fonctionnement des appareils ou
pour effectuer les examens nécessaires.