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rationalisé de dévolution du pouvoir, poussent à se demander si les révisions
constitutionnelles se limitent à un simple perfectionnement du texte constitutionnel
.
Dès lors la question fondamentale est de savoir si les révisions constitutionnelles sont
suffisamment encadrées dans les Etats africains francophones. Cette question sera appréciée
au regard du droit et de la pratique constitutionnels de quelques africains tels le Sénégal, le
Mali, le Burkina Faso, le Benin et la côte d’ivoire.
En effet, l’Etat de droit est devenu, en Afrique, une référence majeure du discours de
légitimation politique et juridique
. Né en Afrique, dans un contexte marqué par des régimes
autoritaires caractérisés par une centralisation croissante du pouvoir et une ineffectivité de la
garantie des libertés individuelles et collectives
, l’Etat de droit est revendiqué comme étant
la finalité des régimes issus des Constitutions adoptées souvent à la suite de larges
concertations dénommées « conférences nationales ».
. Il se présente alors comme celui
dans lequel la toute puissance du pouvoir se trouve, en théorie, limitée dans la règle de droit
qu’il est tenu de respecter
. La finalité est alors de protéger le citoyen contre l’arbitraire
.
L’Etat de droit en Afrique est d’abord qualifié en considération du processus d’évolution de la
modernité démocratique
. Attachés à leur conception rationnelle de la Constitution et
soucieux de lui garantir une stabilité, les Etats africains, du moins ceux d’expression
française, ont hérité de la tradition de Constitution écrite
. Ils l’ont par ailleurs conservée
probablement à cause des nombreux avantages qu’elle offre, à savoir une précision, une
D. KOKOROKO, « L’apport de la jurisprudence constitutionnelle africaine à la consolidation des acquis
démocratiques. Les cas du Bénin, du Mali, du Sénégal et du Togo », RBSJA, 2007, n°18, pp. 87-108.
B.GUEYE« La démocratie en Afrique : succès et résistances », Pouvoirs n° 129, 2009, p. 5
G.CONAC, « Le juge dans la construction de l’Etat de droit en Afrique francophone », L’Etat de droit,
Mélanges en l’honneur de Guy Braibant, RFDA, 1996, pp. 16 et ss. ; A.SALAMI, La protection de l’Etat de
droit par les cours constitutionnelles africaines. Analyse comparative des cas béninois, ivoirien, sénégalais et
togolais, Thèse de droit public, Université de Tours, 2005 ; D. KOKOROKO, « L’apport de la jurisprudence
constitutionnelle africaine à la consolidation des acquis démocratiques. Les cas du Bénin, du Mali, du Sénégal et
du Togo », RBSJA, n° 18, juin 2007, pp. 87-128
B.KANTE, « La démocratie dans les régimes politiques ouest-africains. Essai de réflexion théorique »,
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A.NDIAYE, La nouvelle juridiction constitutionnelle en Afrique noire francophone et la construction de l’Etat
de droit : exemple du Gabon et du Sénégal, Thèse Droit public, Montpellier, 2003.
G.CONAC., « Le juge et la construction de l’Etat de droit en Afrique francophone », in L’Etat de droit.
Mélanges en l’honneur de G. Braibant, Dalloz, 1996, p.105
Ainsi, il s’est généralement construit sur la base d’un compromis, d’une synthèse tant recherchée entre
certaines valeurs essentielles, voire « préférentielles » parce que fondamentales, telles la liberté, l’égalité, la
sécurité et les procédés, pour réaliser ces valeurs incarnées par la Constitution qui, pour cette raison, a consacré
un juge chargé de garantir sa suprématie.
F. MELEDJE DJEDJRO, « La révision des constitutions dans les Etats africains francophones : Esquisse de
bilan », RDP, 1999, n°1, p. 112.