bêtabloquants, digitaliques), en rythme sinusal (≥55 bpm)
avec un QRS large (≥150 ms) et un PR ≥150 ms.
La valeur de la FEVG ne faisait pas partie des critères
d’inclusion, mais sa valeur moyenne dans la population
était de 21±7%.
Il s’agissait d’une étude multicentrique, européenne, ran-
domisée en simple aveugle avec activation de la stimulation
en cross-over
. Les patients étaient dans un premier temps
appareillés de 2 stimulateurs double chambre : un premier
stimulateur endocardique stimulant les cavités droites
(oreillette droite et apex du ventricule droit), un deuxième
relié à une sonde endocardique auriculaire droite et à une
sonde épicardique ventriculaire gauche mise en place par
mini-thoracotomie. L’évaluation hémodynamique était
pratiquée avant l’implantation de manière à déterminer le
site optimal d’implantation de la sonde ventriculaire gau-
che, ainsi que le réglage du délai auriculo-ventriculaire
(DAV). Ensuite, avait lieu la randomisation en 1 pour 1
entre stimulation uni- et biventriculaire.
Le protocole de traitement en cross-over se déroulait
de la façon suivante : une première période de stimulation
uni- ou biventriculaire de 4 semaines, 4 semaines sans
stimulation, puis une deuxième période de 4 semaines de
stimulation en inversant uni- et biventriculaire. Au terme
de cette dernière période, le type de stimulation était laissé
à l’appréciation du clinicien pour la fin du suivi en fonc-
tion de la meilleure amélioration constatée.
Les résultats ne montraient pas de différence entre la
réponse aiguë et chronique que les patients soient stimulés
en uni- ou en biventriculaire. Le mode de stimulation opti-
mal après l’étude hémodynamique était ventriculaire droit
pour 4 patients, et ventriculaire gauche pour 36 patients.
Au décours des 4 premières semaines de stimulation, les
investigateurs notaient une amélioration de tous les critères
d’évaluation fonctionnels (test de marche de 6 minutes, pic
de VO
2
max, seuil anaérobie, qualité de vie, classe NYHA),
amélioration qui régressait au terme de la période de non
stimulation. Les bénéfices observés à 12 mois étaient com-
parables à ceux des 3 premiers mois. A un an, la VO
2
max
augmentait de 12,6 à 15,6 mL/kg/min, le seuil anaérobie de
9,9 à 11,4 mL/kg/min, la distance du test de marche de 357
à 466 m, et le score de qualité de vie diminuait de 48,6 à 20.
Vingt-et-un patients des 29 suivis jusqu’à 12 mois étaient
passés du stade III ou IV de la NYHA au stade I ou II, et les
hospitalisations pour insuffisance cardiaque ont diminué de
72 à 31 % dans l’année précédant l’implantation.
Les auteurs concluaient à une équivalence de la stimu-
lation uni- et biventriculaire, optimisée par l’étude hémo-
dynamique, quant à l’amélioration fonctionnelle des pa-
tients. Il faut souligner le faible effectif de l’étude et
l’absence de puissance statistique nécessaire pour monter
une différence entre les deux modes de stimulation.
Ce premier PATH CHF a ouvert la voix à PATH CHF II.
L’essai incluait des patients en stades II à IV de la NYHA,
porteurs de cardiopathie dilatée, une FEVG ≤30 %, une
VO
2
max < 18 mL/kg/min, en rythme sinusal, sous traite-
ment médical optimal, avec 50 % de patients à QRS
« larges » (> 150 ms) et 50 % à QRS « fins » (120 à
150 ms). L’étude était randomisée selon le même schéma
en cross-over alternant 3 mois de stimulation univentricu-
laire gauche avec 3 mois de non-stimulation. Là encore,
les patients avaient une évaluation hémodynamique ini-
tiale permettant de définir le meilleur site de stimulation
gauche ou droit en cas de bloc de branche droit, ainsi que
le DAV. Quatre-vingt-neufs patients ont été suivis sur
6 mois, sur des critères cliniques (test de marche de 6
minutes, pic de VO
2
max, seuil anaérobie, qualité de vie
sur le questionnaire du Minnesota de l’insuffisance cardia-
que, classe NYHA) et divisés pour l’analyse en deux
groupes de QRS « larges » ou « fins ».
A l’implantation, le meilleur site de stimulation gauche
se trouvait être une veine latérale ou postérieure, le meilleur
DAV était de 119 ± 32 ms. Dans cet essai, les patients
candidats à un DAI n’étaient pas exclus, on dénombrait
34 DAI pour 52 systèmes de resynchronisation. Malheureu-
sement, 69 patients n’ont pas achevé le suivi du protocole,
seuls 35 patients ont mené à terme les évaluations. Les
résultats sont une amélioration de la VO
2
max de
1,37 mL/kg/min, du seuil anaérobie de 0,87 mL/kg/min, du
test de marche de 26 m, du score de qualité de vie de
4,7 points et de la classe NYHA de 0,25 en moyenne lors de
la période de stimulation. Les bénéfices sont plus marqués
dans le groupe QRS « larges » avec respectivement
+ 2,42 mL/kg/min pour la VO
2
max, + 1,55 mL/kg/min pour
le seuil anaérobie, + 47 m pour le test de marche et
- 8,1 points pour le score de qualité de vie. Les investiga-
teurs ne constataient aucune de ces améliorations fonction-
nelles pour le groupe QRS « fins ».
L’apport de PATH CHF II est d’avoir établi pour la
première fois l’importance de la durée du QRS pour
prédire la réponse à la RC.
The Multicenter InSync Randomized Clinical
Evaluation (MIRACLE
)
MIRACLE [6] est le seul essai nord-américain, rando-
misé en double aveugle, d’évaluation de la RC chez
l’insuffisant cardiaque à n’avoir utilisé que des stimula-
teurs biventriculaires sans DAI. Cette étude regroupait le
plus important effectif de patients dans une étude de RC
jusqu’à CARE HF.
L’inclusion des patients entre novembre 1998 et dé-
cembre 2000 en a retenu 571, répartis sur 45 centres, sur
les critères suivants : stade NYHA III-IV, FEVG ≤35 %,
diamètre télédiastolique du ventricule gauche ≥55 mm,
QRS ≥130 ms, test de marche de 6 minutes ≤450 m,
traitement médical optimal, patient stable depuis 1 mois.
Quarante-sept patients étaient exclus, dont 43 suite à
un échec de mise en place endocavitaire de la sonde
gauche, 2 devant une indication à la stimulation cardia-
Resynchronisation cardiaque : les grands essais
mt cardio, vol. 4, n° 1, janvier-février 2008
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Resynchronisation cardiaque
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