4Autour de la r´eduction de Jordan
On peut r´ealiser une telle construction par dualit´e : soit ϕ∈E∗telle que le crochet
huk−1(x), ϕisoit non-nul. On introduit Γ comme suit
Γ = Vectϕ, u
>
(ϕ), u
>
2(ϕ), . . . , u
>
k−1(ϕ).
Le sous-espace Γ est de dimension k: soit α0ϕ+α1u
>
(ϕ) + · · · +αk−1u
>
k−1(ϕ) = 0 une
combinaison lin´eaire nulle. Si les scalaires α`ne sont pas tous nuls, on note, comme plus
haut, i= min{`;α`6= 0}. Alors, pour tout y∈E,
0 =
k−1
X
`=i
α`hy, u
>
`(ϕ)i=
k−1
X
`=i
α`hu`(y), ϕi.
Pour y=uk−1−i(x), on obtient αihuk−1(x), ϕi= 0, qui fournit la contradiction.
Ainsi, l’ensemble polaire G= Γ⊥={y∈E;∀ψ∈Γ,hy, ψi= 0}est de dimension
n−k. De plus, comme Γ est stable par u
>
, le sous-espace Gest stable par u. Pour achever
de prouver que Gest suppl´ementaire de F, il suffit de montrer que l’intersection F∩
Gest nulle : il s’agit de montrer que toute combinaison lin´eaire α0x+α1u(x) + · · · +
αk−1uk−1(x) orthogonale `a chaque u
>
`(ϕ) a tous ses coefficients nuls. La d´emonstration,
utilisant rigoureusement la mˆeme technique que celles concernant les dimensions de Fet
Γ, est laiss´ee au lecteur.
R´esumons-nous : on a trouv´e deux sous-espaces Fet G, tous-deux stables par u,
recouvrant Een somme directe, et tels que la restriction de u`a Fsoit semblable `a
un bloc de Jordan. Pour obtenir une ´ecriture matricielle, fixons une base (ek+1, . . . , en)
de G; si Qd´esigne la matrice de passage entre la base canonique de Knet la base
((uk−1(x), . . . , u(x), x, ek+1, . . . , en) alors
N=QJ10
0N0Q−1o`u J1est un bloc de Jordan.
On peut appliquer l’hypoth`ese de r´ecurrence `a N0, clairement nilpotente : il existe une
matrice de passage P0∈ Gln−k(K) telle que N0=P0J0P0−1, o`u J0est compos´ee de blocs
de Jordan. L’identit´e suivante permet de conclure :
N=QIk0
0P0
| {z }
P
J10
0J0
| {z }
J
Ik0
0P0−1Q−1
| {z }
P−1
.
Remarque. On peut faire le lien entre la forme de Jordan d’un endomorphisme nilpotent
et le lemme des noyaux emboˆıt´es. En effet, si u∈ L(E) est nilpotent, alors
Ker u⊂Ker u2⊂ · · · ⊂ Ker un=E,
la suite de sous-espaces ´etant strictement croissante, puis constante. Il est facile de relier
la dimension du noyau Ker uien fonction de la taille des blocs de Jordan :
dim Ker uest ´egal au nombre de blocs de Jordan ;
dim Ker ui= dim Ker ui−1+di,(i≥2)
o`u diest le nombre de blocs de Jordan de taille ≥i.
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