La conférence de Pierre Roubertoux questionne l’implication du génome dans le
phénotype et, indirectement, l’implication du génome dans l’origine des différences
individuelles. Au terme d’une revue très éclairante, l’auteur, auquel s’est associée
Michèle Carlier pour la rédaction du chapitre, rappelle d’abord que le séquençage
du génome a permis de rompre avec l’hypothèse classique selon laquelle « à un gène
correspond un comportement » et de discerner la polyvalence des gènes (à un gène,
plusieurs comportements et à plusieurs gènes, un comportement…). Il est égale-
ment avancé que les travaux conjoints sur le criblage exhaustif du génome et sur
l’identification de gènes candidats à un comportement remettent en question les
liens postulés entre plusieurs formes d’une même pathologie ainsi que la véracité
du facteur général de fonctionnement cognitif, confortant ainsi l’intérêt dune approche
syndromique. Ce faisant, les auteurs interrogent les pratiques du psychologue et
invitent à prendre des distances avec les catégories nosographiques traditionnelles
et les construits psychologiques trop génériques.
S’agissant des communications, nous ferons trois constats. Le premier a trait à
la forte présence de la psychologie différentielle francophone sur le terrain de l’étude
des processus de contrôle. Bien qu’affiliables à une même (large) catégorie, les tra-
vaux relatifs à la Mémoire de Travail, au vieillissement cognitif, aux fonctions exé-
cutives, ont constitué lors de ce colloque une matière suffisamment consistante pour
qu’il soit consenti à chacun d’entre eux un chapitre propre. On notera également que
l’investissement récent des différentialistes sur l’étude des processus exécutifs, bien
visible au niveau international (par ex. Salthouse, Miyake), n’est pas sans rappeler
la contribution importante de notre discipline à l’étude la MDT, au cours de la décen-
nie 1980-1990.
Le second constat porte sur la plus grande « contextualisation thématique » de
la recherche en psychométrie. Alors que celle-ci est restée assez longtemps l’apa-
nage de généralistes de haut niveau qui diffusaient leur expertise dans des domaines
extrêmement variés, on voit de plus en plus émerger aujourd’hui, dans de nombreux
domaines, des propositions novatrices (et susceptibles de généralisation) en matière
de méthodologie de la mesure. C’est pourquoi dans la présentation de cet ouvrage,
bon nombre de propos méthodologiques et psychométriques ont été rattachés aux
thématiques qui les ont suscités.
La troisième observation concerne le peu d’écho rencontré par nos Journées
auprès des spécialistes de psychologie sociale et de psychologie du travail. Ce fait
est paradoxal aussi bien pour la psychologie sociale, dont on perçoit pourtant au
niveau international (cf. les sommaires de l’excellent Journal of Personality and Social
Psychology) le vif intérêt pour l’approche différentielle, que pour la psychologie du
travail (et ergonomique), dont l’objet même est très sensible aux différences indivi-
duelles. Parmi les différentes raisons susceptibles d’être invoquées pour expliquer
cette désaffection, comment ne pas voir l’effet propre de notre appel à communica-
tions : le thème de la conation et celui de la relation conation-cognition sont-ils suf-
fisamment explicites pour induire une représentation pertinente de nos attentes?
Faut-il aller plus loin encore dans l’amorçage en proposant, à l’image de ce qu’avait
fait M. Reuchlin dans L’Année Psychologique en 1984, une tribune sur le thème de la
relation entre psychologie différentielle et psychologie sociale (expérimentale)?
C’est donc dans le contexte que nous venons d’esquisser, en quelques lignes, que
se sont inscrites les communications proposées dans cet ouvrage. Leur contribu-
Alain Vom Hofe, Heidi Charvin, Jean-Luc Bernaud et Dominique Guédon
II