Newsletter N°93 : LA RUSSIE AU CENTRENewsletter N°93 : LA RUSSIE AU CENTRE
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LA RUSSIE AU CENTRE DU JEU ?
BONJOUR
Je vous invite à me retrouver le mardi matin à 7h05 sur Radio J 94.8 FM pour ma
chronique économique et financière. Deplus toute personne interessée par
l’information économique sur l’Afrique, je vous invite à aller consulter le site
MERCI
DOV ZERAH
MARDI 13 DECEMBRE 2016
Au prix d’effroyables bombardements, le régime d’Assad, avec l’aide de la
Russie est en train de reprendre la ville d’Alep. A plus ou moins brève
échéance, il est en mesure de gagner la guerre civile qui a déjà fait 350 à
400 000 morts, autant voire plus de blessés et détruit une bonne partie du
pays.
Impuissants face aux souffrances des populations civiles, tous les
Occidentaux devront faire avec la victoire d’Assad dont ils avaient réclamé
le départ à corps et à cris. Les autres vainqueurs seront le Hezbollah,
l’Iran et surtout la Russie.
Tout a basculé il y a près de deux ans. Les troupes d’Assad étaient
bousculées, acculées. Les opposants, toutes tendances confondues, étaient sur
le point de gagner. Pour gagner du temps, Damas avait envisagé d’utiliser des
armes chimiques contre les civils. Barak OBAMA avait alors indiqué qu’en cas
de franchissement de cette ligne rouge, les Etats-Unis interviendraient. Les
bombardements chimiques ont eu lieu. Tout était prêt pour l’intervention. Au
dernier moment, les Russes ont obtenu que les Syriens neutralisent leur
arsenal chimique.
Les Russes ont profité de la brèche pour revenir en force en Syrie, et au
Proche Orient. Donald TRUMP a laissé entendre que, par realpolitik, il
accepterait cette situation russe en Syrie. Mais pourrait-il se désintéresser
du Proche Orient, le laisserait-t-il aux Russes, Syriens, Iraniens et leurs
alliés du Hezbollah ?
LA RUSSIE EST INDISCUTABLEMENT AU CENTRE DU JEU !
Les Russes sont tellement convaincus de cette perspective américaine que même
la Bourse de Tokyo a salué, le 9 novembre dernier, la victoire de Donald
TRUMP.
Au début des années soixante-dix, en pleine guerre froide, les Américains,
avec Richard NIXON et Henry KISSINGER se sont rapprochés des Chinois pour
essayer de contrebalancer l’Union soviétique. Allons-nous voir se développer
une stratégie inverse, une alliance objective entre les Russes et les
Américains pour contenir la puissance chinoise ?
EN TOUT ÉTAT DE CAUSE, LA RUSSIE EST AU CENTRE DU JEU !
MAIS LES RUSSES ONT-ILS LES MOYENS DE LEUR POLITIQUE ?
N’oublions pas que personne n’avait appréhendé la chute de l’Empire tsariste
en 1917, ni la défaite soviétique en Afghanistan, ni la chute du mur de
Berlin…
Depuis près de trois ans, l’économie russe est en récession. La conjugaison
des sanctions internationales, de la crise ukrainienne, et surtout de la
baisse des prix des hydrocarbures ont entrainé une baisse des recettes
d’exportations, une dépréciation du rouble, une diminution des recettes
budgétaires…et au total, une baisse du PIB de plus de 1 % en 2016, après une
baisse de 3,7 % en 2015.
Le niveau de vie russe a été fortement touché par la crise, et on peut se
demander combien de temps peut tenir l’exceptionnelle capacité de résilience
des Russes. Par manque de manœuvre budgétaire, les autorités russes ne
peuvent mener de politique de relance. Les dépenses publiques baisseraient de
19,8 % en 2016 à 16,2 % en 2019. Le gouvernement a été obligé de geler les
salaires et les retraites, de surseoir de nombreux projets emblématiques
comme la modernisation des lignes de chemin de fer entre l’Europe et
l’extrême Orient. Pire, elles ont été obligées de réduire les dépenses
militaires.
Toutes les lignes budgétaires, à l’exception de celle relative aux dépenses
sociales, sont touchées par le gel, mais celles concernant la défense sont
les plus touchées. Sur un budget militaire de plus de 40 Md€ pour 2017, les
économies portent sur plus de 14 Md€, soit près d’un tiers du budget.
Alors que les événements syriens démontrent que l’armée russe a retrouvé
toutes ses capacités de projection et d’action, l’ensemble des dépenses
consacrées à la défense passerait de 3,3 % du PIB en 2017, à 3 % en 2018, et
2,9 % en 2019. Cela va avoir des effets négatifs sur le complexe militaro-
industriel, ce qui va accentuer la récession économique.
Les autorités russes essaient de limiter le déficit budgétaire à 3 % du PIB
pour éviter d’avoir à se présenter sur les marchés financiers car le fonds de
réserve qui a engrangé les excédents pétroliers des années précédentes serait
totalement utilisé ou sur le point de l’être.
Cette situation explique que les Russes aient fait des efforts pour faciliter
l’accord récent de diminution de la production d’hydrocarbures. La Russie a
accepté de diminuer sa production de 300 000 barils/jour. Cela a fait
remonter les cours du pétrole, et a entrainé une appréciation du rouble. La
Russie a ainsi une formidable bouffée d’oxygène arrivée à point nommé.
JUSQU’OÙ LES COURS DES HYDROCARBURES VONT-ILS REMONTER ? La réponse à cette
question dépend de la réaction américaine. Avec la remontée des cours, le
nombre de forages a augmenté de 464 en août à 544 en octobre, mais on est
encore loin des 791 en octobre 2015. Si la production américaine redémarre,
les cours risquent de plafonner, voire de rechuter. A suivre ! Cela signifie
que l’embellie risque d’être de courte durée pour l’économie russe.
Et je vous donne rendez-vous au mardi 10 janvier. Dans l’attente, je vous
adresse mes meilleurs vœux de bonne et heureuse année.
DOV ZERAH
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