MAIS LES RUSSES ONT-ILS LES MOYENS DE LEUR POLITIQUE ?
N’oublions pas que personne n’avait appréhendé la chute de l’Empire tsariste
en 1917, ni la défaite soviétique en Afghanistan, ni la chute du mur de
Berlin…
Depuis près de trois ans, l’économie russe est en récession. La conjugaison
des sanctions internationales, de la crise ukrainienne, et surtout de la
baisse des prix des hydrocarbures ont entrainé une baisse des recettes
d’exportations, une dépréciation du rouble, une diminution des recettes
budgétaires…et au total, une baisse du PIB de plus de 1 % en 2016, après une
baisse de 3,7 % en 2015.
Le niveau de vie russe a été fortement touché par la crise, et on peut se
demander combien de temps peut tenir l’exceptionnelle capacité de résilience
des Russes. Par manque de manœuvre budgétaire, les autorités russes ne
peuvent mener de politique de relance. Les dépenses publiques baisseraient de
19,8 % en 2016 à 16,2 % en 2019. Le gouvernement a été obligé de geler les
salaires et les retraites, de surseoir de nombreux projets emblématiques
comme la modernisation des lignes de chemin de fer entre l’Europe et
l’extrême Orient. Pire, elles ont été obligées de réduire les dépenses
militaires.
Toutes les lignes budgétaires, à l’exception de celle relative aux dépenses
sociales, sont touchées par le gel, mais celles concernant la défense sont
les plus touchées. Sur un budget militaire de plus de 40 Md€ pour 2017, les
économies portent sur plus de 14 Md€, soit près d’un tiers du budget.
Alors que les événements syriens démontrent que l’armée russe a retrouvé
toutes ses capacités de projection et d’action, l’ensemble des dépenses
consacrées à la défense passerait de 3,3 % du PIB en 2017, à 3 % en 2018, et
2,9 % en 2019. Cela va avoir des effets négatifs sur le complexe militaro-
industriel, ce qui va accentuer la récession économique.
Les autorités russes essaient de limiter le déficit budgétaire à 3 % du PIB
pour éviter d’avoir à se présenter sur les marchés financiers car le fonds de
réserve qui a engrangé les excédents pétroliers des années précédentes serait
totalement utilisé ou sur le point de l’être.