tion initiale du méthylphénidate, l’étu-
de des effets cardiovasculaires reposait
essentiellement sur une étude de phar-
macologie clinique comparative sur
40 enfants (1). Cette étude avait mis
en évidence, sous méthylphénidate,
l’apparition d’une tachycardie, une élé-
vation de la pression artérielle diasto-
lique et systolique, d’amplitude limi-
tée (en moyenne respectivement
8 battements par minute, 62 mmHg et
4,4 mmHg) mais statistiquement signi-
ficative versus placebo.
Une synthèse méthodique récem-
ment publiée a recensé 14 essais ayant
évalué les effets cardiovasculaires du
méthylphénidate (8). Sept essais ont mis
en évidence une augmentation du
rythme cardiaque versus placebo ou
dose-dépendante. Un autre essai n’a
trouvé qu’une différence en début de
traitement, transitoire.
Cinq des 10 essais ayant comporté
une mesure de la pression artérielle
ont mis en évidence une élévation de
la pression systolique comparée à celle
du placebo (4 essais) ou par rapport
au début du traitement (1 essai) (8).
Six de ces 10 essais ont mis en éviden-
ce une élévation de la pression diasto-
lique comparée au placebo (5 essais)
ou par rapport au début du traitement.
En pratique, la surveillance régulière
de la pression artérielle est préférable
par prudence chez les enfants traités
par méthylphénidate. Nous n’avons pas
trouvé de cas publiés ni d’études systé-
matiques des événements plus graves
tels que les atteintes valvulaires
décrites sous anorexigènes amphéta-
miniques au long cours (9,10).
Suivi de pharmacovigilance en
France. Les données de la Banque
française de pharmacovigilance re-
cueillies jusqu’au 30 novembre 2001
et concernant le méthylphénidate ont
été publiées (11). 21 notifications
spontanées ont été répertoriées, et le
méthylphénidate a été considéré comme
suspect dans 16 observations. Les effets
indésirables les plus fréquemment rap-
portés ont concerné 14 enfants âgés de
5 ans à 13 ans. Il s’agit principalement
de troubles neuropsychiques, ayant
motivé une hospitalisation dans la
moitié des cas : convulsions (2 cas),
irritabilité/agitation (2 cas), insomnie
(1 cas), tics (1 cas), asthénie (1 cas),
céphalées (1). Quatre cas de troubles
cutanés ont été rapportés : 3 cas
d’éruption, 1 cas d’alopécie. Un cas de
myosite a été rapporté.
Une tentative de suicide a eu lieu par
ingestion de 10 comprimés chez une
enfant de 13 ans, mais n’a pas été sui-
vie de symptômes cliniques.
Le centre régional de pharmacovigi-
lance de Reims a rapporté 64 observa-
tions d’effets indésirables, entre la mise
sur le marché en 1995 et octobre 2000
auprès des centres régionaux de phar-
macovigilance et de la firme. Les effets
indésirables les plus fréquents ont été
neuropsychiatriques (27 cas) et cuta-
nés (11 cas). 7 surdosages ou abus ont
été recensés. Le nombre des patients
exposés a été évalué entre 1 300 et
4 400. Cette imprécision dans un rap-
port de 1 à 3,4 est pour le moins éton-
nante, compte tenu du statut de stu-
péfiant à prescription restreinte du
méthylphénidate (12).
En pratique, prudence en raison
des inconnues persistantes
Certaines questions importantes
concernant le méthylphénidate restent
sans réponse. On ne connaît pas la
durée optimale du traitement. On sait
peu de choses sur le devenir compor-
temental et social à l’âge adulte après
traitement par méthylphénidate dans
l’enfance. On n’est pas complètement
rassuré sur l’absence de risques cardio-
vasculaires à long terme.
Dans ces conditions, le traitement
par méthylphénidate est seulement un
recours, chez des enfants dont le com-
portement reste excessivement pertur-
bé avec des conséquences sociales, sco-
laires et familiales préoccupantes
malgré les prises en charge non médi-
camenteuses, et après exclusion d’un
trouble psychiatrique individualisé
nécessitant un autre traitement spéci-
fique. La prescription initiale n’est jus-
tifiée que pour un mois, afin d’évaluer
la réponse au traitement. S’il est effica-
ce, il peut être poursuivi avec inter-
ruption lors des vacances scolaires,
d’une part pour réévaluer l’intérêt de
la poursuite du traitement et d’autre
part pour minimiser les risques de
répercussion du traitement sur la crois-
sance staturo-pondérale.
Le dérapage de la prescription vers
des enfants simplement turbulents
expose à des risques disproportionnés.
Synthèse élaborée collectivement
par la Rédaction ©La revue Prescrire
LAREVUE PRESCRIRE AVRIL 2004/TOME 24 N° 249 •PAGE 291
DCI France Belgique Suisse
méthylphénidate RITALINE° RITALINE° RITALINE°
à libération simple
méthylphénidate CONCERTA LP°, CONCERTA° RITALINE LA°
à libération RITALINE LP°
prolongée
Notre recherche documentaire a reposé sur :
le suivi prospectif et continu des sommaires
des principales revues internationales, des
Current Contents-Clinical Medicine et des
bulletins de l’International Society of Drug
Bulletins (ISDB) mis en œuvre au sein du
centre de documentation Prescrire, sur la
consultation systématique d’ouvrages de base
en pharmacologie clinique (Martindale The
Complete Drug Reference, etc.) ; sur la
consultation systématique des sites internet
de l’Agence européenne du médicament
(EMEA) et de la Food and Drug Administra-
tion (FDA) américaine.
Nous avons par ailleurs interrogé les bases de
données Cochrane (2004, issue 1), Embase/
Excerpta Medica Drugs and Pharmacology
(1991-1st quarter 2004), Medline (1966-Februa-
ry week 2, 2004) et Reactions (1983-Decem-
ber 2003) ; ainsi que les sites internet des
organismes suivants : MRI-Product Index,
NICE, SIGN, pour la dernière fois le 24 février
2004.
1- Prescrire Rédaction “Le syndrome d’hyperacti-
vité avec déficit de l’attention chez l’enfant existe-t-
il ? Attention aux dérapages” Rev Prescrire 1997 ;
17 (174) : 392.
2- Misès R et coll. “Une nouvelle édition de la clas-
sification française des troubles mentaux de l’enfant
et de l’adolescent” Neuropsychiatry Enfance Adolesc
2002 ; 50 : 233-261.
3- Fourneret P et coll. “Procédure décisionnelle
devant un tableau d’instabilité psychomotrice chez
l’enfant d’âge scolaire” Arch Pediatr 2000 ; 7: 554-
562.
4- National Institute for Clinical Excellence “The
clinical effectiveness and cost effectiveness of
methylphenidate for hyperactivity in childhood”
July 2000 : 64 pages.
5- The MTA cooperative groupe “ A 14-month ran-
domized clinical trial of treatment strategies for
attention-deficit/hyperactivity disorder” Arch Gen
Psychiatry 1999 ; 56 : 1073-1086.
6- Wilens TE et coll. “Does stimulant therapy of
attention-deficit/hyperactivity disorder beget later
substance abuse ? A meta-analytic review of the
literature” Pediatrics 2003 ; 111 (1): 179-185.
7- Barkley RA et coll. “Does the treatment of atten-
tion-deficit/hyperacticity disorder with stimulants
contribute to drug use/abuse ? A 13-year prospec-
tive study” Pediatrics 2003 ; 111 : 97-109.
8- Rapport MD et Moffitt C “Attention
deficit/hyperactivity disorder and methylphenidate.
A review of height, weight, cardiovascular and
somatic complaint side effects” Clin Psycho Rev 2002 ;
22 : 1107-1131.
9- Prescrire Rédaction “Valvulopathies et hyperten-
sion artérielle pulmonaire dues aux anorexigènes
(suite)” Rev Prescrire 1999 ; 19 (199) : 680-681.
10- Prescrire Rédaction “La saga des anorexigènes
amphétaminiques” Rev Prescrire 2003 ; 23 (24) :
672-676.
11- Frances C et coll. “L’utilisation de méthylphé-
nidate (Ritaline°) en France” Thérapie 2002 ; 57 (2) :
189-193.
12- Prescrire Rédaction “Suivi des effets indésirables
du méthylphénidate en France” Rev Prescrire 2001 ;
21 (222) : 757.
Recherche documentaire
Lire aussi pages 256-260 Rayon
Téléchargé sur prescrire.org le 04/05/2011 par MILOSLAV BILIK (CH LE MAS CAREIRON)
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