HYPERACTIVITÉ AVEC DÉFICIT DE L’ATTENTION : GARE AU DÉRAPAGE (suite) Le méthylphénidate n’est qu’un recours pho ©Ra Résumé ● Chez l’enfant, le diagnostic de syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention repose sur des symptômes non spécifiques (agitation motrice, déficit de l’attention, impulsivité). Ses limites sont floues, ainsi qu’en témoigne la discordance des diverses classifications. La prévalence est mal connue et semble souvent surévaluée. ● La thérapie comportementale est efficace chez la majorité des enfants (75 % des cas, dans un essai sur 14 mois). ● Le méthylphénidate, un amphétaminique, est un traitement symptomatique. Il est inutile de le poursuivre plus d’un mois en l’absence d’amélioration. Il est inefficace chez environ 25 % des enfants. ● Les effets du méthylphénidate à long terme sont mal connus. On sait peu de choses sur le devenir comportemental et social à l’âge adulte après traitement dans l’enfance par méthylphénidate. Il ralentit la croissance staturale et pondérale, avec compensation lors des arrêts de traitement. ● La surveillance régulière de la pression artérielle est préférable, par prudence, sous méthylphénidate. ● Le méthylphénidate est un recours de dernière ligne, chez les enfants dont le comportement reste perturbé avec des conséquences sociales, scolaires et fami- liales préoccupantes malgré les prises en charge non médicamenteuses. Le dérapage de la prescription vers des enfants simplement turbulents expose à des risques disproportionnés. Rev Prescrire 2004 ; 24 (249) : 289-291. L e syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention constitue probablement un des diagnostics les plus délicats à établir en psychiatrie de l’enfant. Les premiers concepts ont émergé au début du vingtième siècle, puis, à partir du début des années 1950, deux grandes classifications des maladies ont conduit à préciser peu à peu les limites du syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention : classification internationale des maladies (CIM) sous l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé, et Diagnostic and Statistical Manual (DSM) de l’Association psychiatrique américaine. Le diagnostic repose sur trois types de symptômes non spécifiques : une agitation motrice, un déficit de l’attention et une impulsivité (1). Des limites floues L’existence d’un syndrome d’hyperkinésie avec troubles de l’attention primaire (c’est-à-dire ne s’intégrant pas dans le tableau clinique d’une autre maladie psychiatrique) est mentionnée dans la dernière version de la classification française des troubles men- taux de l’enfant et de l’adolescent, élaborée sous l’égide de la Fédération française de psychiatrie (2). Cependant, une synthèse réalisée par des auteurs français insiste sur la nécessité d’une observation rigoureuse des contextes sociaux, familiaux et psychologiques dans le but d’éliminer les autres diagnostics (3). Grande part des conséquences sociales dans le DSM IV américain. La classification américaine DSM IV fait du syndrome hyperactivité avec déficit de l’attention une entité clinique à part entière. La grille pour le diagnostic comporte une liste de symptômes et d’autres éléments tels que perturbation existant depuis au moins 6 mois, apparition avant l’âge de sept ans, survenue des troubles dans au moins deux endroits différents (par exemple à l’école et à la maison), preuves nettes de troubles significatifs cliniques dans la vie sociale et scolaire (1). 6 symptômes de déficit de l’attention ou d’hyperactivité-impulsivité suffisent au diagnostic, selon le DSM IV. OMS : encore une autre définition. L’Organisation mondiale de la santé donne au syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention (CIM.10), des critères diagnostiques plus précis avec la présence nécessaire d’au moins 10 symptômes (1,4). Une prévalence inconnue. Les études épidémiologiques aboutissent à des prévalences de la maladie très variables : environ 3 % aux États- LA REVUE PRESCRIRE AVRIL 2004/TOME 24 N° 249 Téléchargé sur prescrire.org le 04/05/2011 par MILOSLAV BILIK (CH LE MAS CAREIRON) Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement • PAGE 289 Stratégies HYPERACTIVITÉ AVEC DÉFICIT DE L’ATTENTION Unis d’Amérique (et même plus selon certaines études) ; 1 % en Grande-Bretagne ; 0,03 % en France (1,3,4). Une prise en charge pluridisciplinaire La prise en charge des enfants atteints de ce syndrome associe suivis psychologique, éducatif et éventuellement social (3). La thérapie comportementale seule est efficace. Un essai non aveugle a inclus 579 enfants traités durant 14 mois par un des 4 schémas suivants : méthylphénidate (le seul médicament muni d’une AMM en France), thérapie comportementale, association thérapie comportementale + méthylphénidate, soins ambulatoires habituels (5). Les symptômes se sont améliorés dans tous les groupes. La thérapie comportementale à elle seule, sans adjonction de médicament, a été d’efficacité suffisante pour plus des trois-quarts des patients. Le méthylphénidate a été statistiquement supérieur à la thérapie comportementale sur 3 symptômes (inattention cotée par les parents et par les enseignants, comportement hyperactif-impulsif coté par les enseignants, comportement en classe par un observateur neutre). Il n’y a pas eu de différence entre les groupes sur la relation parent-enfant évaluée par les parents. Les mêmes résultats statistiques sont obtenus quand on compare thérapie comportementale + méthylphénidate versus thérapie comportementale ; thérapie comportementale + méthylphénidate versus méthylphénidate. Les auteurs font remarquer que le groupe traité par thérapie comportementale était défavorisé : cette thérapie était intensive au début de l’essai puis peu à peu allégée, ce qui n’était pas le cas pour le médicament. Méthylphénidate : un effet symptomatique à court terme. Le méthylphénidate a d’abord été disponible sous une forme à libération simple, puis sous deux formes à libération prolongée, qui simplifient un peu le traitement quand la dose quotidienne est stabilisée (lire dans ce numéro page 256-260). En 1997, notre analyse du dossier d’évaluation initial du méthylphénidate regroupait de nomPAGE 290 breux essais (36 essais versus placebo) ; mais il s’agissait surtout d’essais à court terme (minimum 1 jour, maximum 11 mois) (1). Globalement, ces essais ont mis en évidence un effet symptomatique, chez 75% des enfants, se traduisant par une amélioration des relations mère-enfant et enseignantenfant apparaissant dès le premier mois de traitement (1). Environ 25 % des enfants ne tirent aucun bénéfice du méthylphénidate et le traitement doit être arrêté s’il n’est pas efficace au bout d’un mois. Par ailleurs, ces essais n’ont pas démontré que le méthyphénidate ait un effet bénéfique sur les troubles fréquemment associés : dépression, conduite antisociale, tics, etc. Dans une synthèse du National Institute for Clinical Excellence (NICE) britannique, parue en 2000, les essais recensés étaient pour la plupart d’une durée inférieure à 1 an et les conclusions ont été voisines des nôtres (4). Quels effets à long terme du méthylphénidate ? Nous avons recherché des essais portant sur plusieurs années de suivi et permettant de répondre aux questions demeurées en suspens quant aux conséquences à l’âge adulte et aux effets indésirables à long terme. Peut-être moins d’usage de drogue ? Une synthèse méthodique, avec méta-analyse, a inclus 6 études ayant comparé des enfants traités par psychostimulants versus des enfants n’en ayant pas reçu : 5 suivis prospectifs (2 chez des enfants suivis au moins 4 ans, 3 chez des enfants suivis jusqu’à l’âge adulte) et une étude rétrospective chez des adultes (6). Au total, 674 enfants traités (dont 97 % par méthylphénidate ou amphétamine) et 360 non traités par médicament ont été inclus. Cette synthèse conclut à une diminution du risque d’usage de drogue divisé par 1,9 (intervalle de confiance à 95 % : 1,1 à 3,6). Mais en l‘absence de randomisation, on ne peut pas être sûr de la comparabilité des groupes et le niveau de preuves est peu élevé. Un suivi prospectif d’une durée de 13 ans, publié en même temps que la synthèse, ayant inclus 147 enfants, conclut que l’emploi de psychostimulant dans l’enfance pour syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention n’est pas associé à un risque accru d’usage de drogue chez l’adulte jeune (7). On ne peut exclure que des enfants de cette étude aient été inclus dans la synthèse (6). Ces études laissent au total encore beaucoup d’incertitudes. Surveiller la croissance Le dossier d’évaluation initial du méthylphénidate montrait un risque de retard de croissance, surtout la première année de traitement, lié à la dose, avec parfois rattrapage à l’arrêt du traitement (1). Or, le méthylphénidate est un amphétaminique et les amphétaminiques sont souvent utilisés avec succès comme anorexigènes. La diminution de l’appétit est un effet indésirable fréquent du méthylphénidate. Frein à la prise de poids ? Une synthèse méthodique publiée en 2002 a recensé 11 essais concernant le méthylphénidate avec évaluation de la croissance staturo-pondérale (8). Huit de ces essais ont mis en évidence un gain de poids inférieur à celui prévu, les trois autres essais n’ont pas mis en évidence d’effet du méthylphénidate sur le poids. Un des huit essais ayant mis en évidence une réduction de la prise de poids en début de traitement n’a plus retrouvé cet effet après un suivi de 2 ans. Il n’y a pas eu de méta-analyse de ces essais. Ralentissement de la croissance staturale, compensation lors des arrêts de traitement. L’effet du méthylphénidate sur la croissance a été évalué lors de 10 essais (8). Quatre de ces essais rapportent des effets du méthylphénidate sur la croissance. Trois essais ont conclu à une diminution de la croissance sous traitement. Dans deux de ces essais, le ralentissement initial n’a pas persisté : pour un des essais, ce rattrapage peut être attribué à l’arrêt du traitement durant l’été. En pratique, la courbe de croissance staturo-pondérale doit être régulièrement surveillée chez l’enfant traité par méthylphénidate et comparée à la courbe déterminée sur la population générale. L’interruption du traitement est à envisager dès que possible. Effets cardiovasculaires amphétaminiques. Dans le dossier d’évalua- • LA REVUE PRESCRIRE AVRIL 2004/TOME 24 N° 249 Téléchargé sur prescrire.org le 04/05/2011 par MILOSLAV BILIK (CH LE MAS CAREIRON) Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement Rayon Lire aussi pages 256-260 tion initiale du méthylphénidate, l’étude des effets cardiovasculaires reposait essentiellement sur une étude de pharmacologie clinique comparative sur 40 enfants (1). Cette étude avait mis en évidence, sous méthylphénidate, l’apparition d’une tachycardie, une élévation de la pression artérielle diastolique et systolique, d’amplitude limitée (en moyenne respectivement 8 battements par minute, 62 mmHg et 4,4 mmHg) mais statistiquement significative versus placebo. Une synthèse méthodique récemment publiée a recensé 14 essais ayant évalué les effets cardiovasculaires du méthylphénidate (8). Sept essais ont mis en évidence une augmentation du rythme cardiaque versus placebo ou dose-dépendante. Un autre essai n’a trouvé qu’une différence en début de traitement, transitoire. Cinq des 10 essais ayant comporté une mesure de la pression artérielle ont mis en évidence une élévation de la pression systolique comparée à celle du placebo (4 essais) ou par rapport au début du traitement (1 essai) (8). Six de ces 10 essais ont mis en évidence une élévation de la pression diastolique comparée au placebo (5 essais) ou par rapport au début du traitement. En pratique, la surveillance régulière de la pression artérielle est préférable par prudence chez les enfants traités par méthylphénidate. Nous n’avons pas trouvé de cas publiés ni d’études systématiques des événements plus graves tels que les atteintes valvulaires décrites sous anorexigènes amphétaminiques au long cours (9,10). Suivi de pharmacovigilance en France. Les données de la Banque française de pharmacovigilance recueillies jusqu’au 30 novembre 2001 et concernant le méthylphénidate ont été publiées (11). 21 notifications spontanées ont été répertoriées, et le méthylphénidate a été considéré comme suspect dans 16 observations. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés ont concerné 14 enfants âgés de 5 ans à 13 ans. Il s’agit principalement de troubles neuropsychiques, ayant motivé une hospitalisation dans la moitié des cas : convulsions (2 cas), irritabilité/agitation (2 cas), insomnie (1 cas), tics (1 cas), asthénie (1 cas), céphalées (1). Quatre cas de troubles cutanés ont été rapportés : 3 cas d’éruption, 1 cas d’alopécie. Un cas de myosite a été rapporté. Une tentative de suicide a eu lieu par ingestion de 10 comprimés chez une enfant de 13 ans, mais n’a pas été suivie de symptômes cliniques. Le centre régional de pharmacovigilance de Reims a rapporté 64 observations d’effets indésirables, entre la mise sur le marché en 1995 et octobre 2000 auprès des centres régionaux de pharmacovigilance et de la firme. Les effets indésirables les plus fréquents ont été neuropsychiatriques (27 cas) et cutanés (11 cas). 7 surdosages ou abus ont été recensés. Le nombre des patients exposés a été évalué entre 1 300 et 4 400. Cette imprécision dans un rapport de 1 à 3,4 est pour le moins étonnante, compte tenu du statut de stupéfiant à prescription restreinte du méthylphénidate (12). En pratique, prudence en raison des inconnues persistantes Certaines questions importantes concernant le méthylphénidate restent sans réponse. On ne connaît pas la durée optimale du traitement. On sait peu de choses sur le devenir comportemental et social à l’âge adulte après traitement par méthylphénidate dans l’enfance. On n’est pas complètement rassuré sur l’absence de risques cardiovasculaires à long terme. Dans ces conditions, le traitement par méthylphénidate est seulement un recours, chez des enfants dont le comportement reste excessivement perturbé avec des conséquences sociales, scolaires et familiales préoccupantes malgré les prises en charge non médicamenteuses, et après exclusion d’un trouble psychiatrique individualisé nécessitant un autre traitement spécifique. La prescription initiale n’est justifiée que pour un mois, afin d’évaluer la réponse au traitement. S’il est efficace, il peut être poursuivi avec interruption lors des vacances scolaires, d’une part pour réévaluer l’intérêt de la poursuite du traitement et d’autre part pour minimiser les risques de répercussion du traitement sur la croissance staturo-pondérale. Le dérapage de la prescription vers des enfants simplement turbulents expose à des risques disproportionnés. Synthèse élaborée collectivement par la Rédaction ©La revue Prescrire Recherche documentaire Notre recherche documentaire a reposé sur : le suivi prospectif et continu des sommaires des principales revues internationales, des Current Contents-Clinical Medicine et des bulletins de l’International Society of Drug Bulletins (ISDB) mis en œuvre au sein du centre de documentation Prescrire, sur la consultation systématique d’ouvrages de base en pharmacologie clinique (Martindale The Complete Drug Reference, etc.) ; sur la consultation systématique des sites internet de l’Agence européenne du médicament (EMEA) et de la Food and Drug Administration (FDA) américaine. Nous avons par ailleurs interrogé les bases de données Cochrane (2004, issue 1), Embase/ Excerpta Medica Drugs and Pharmacology (1991-1st quarter 2004), Medline (1966-February week 2, 2004) et Reactions (1983-December 2003) ; ainsi que les sites internet des organismes suivants : MRI-Product Index, NICE, SIGN, pour la dernière fois le 24 février 2004. 1- Prescrire Rédaction “Le syndrome d’hyperactivité avec déficit de l’attention chez l’enfant existe-til ? Attention aux dérapages” Rev Prescrire 1997 ; 17 (174) : 392. 2- Misès R et coll. “Une nouvelle édition de la classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent” Neuropsychiatry Enfance Adolesc 2002 ; 50 : 233-261. 3- Fourneret P et coll. “Procédure décisionnelle devant un tableau d’instabilité psychomotrice chez l’enfant d’âge scolaire” Arch Pediatr 2000 ; 7 : 554562. 4- National Institute for Clinical Excellence “The clinical effectiveness and cost effectiveness of methylphenidate for hyperactivity in childhood” July 2000 : 64 pages. 5- The MTA cooperative groupe “ A 14-month randomized clinical trial of treatment strategies for attention-deficit/hyperactivity disorder” Arch Gen Psychiatry 1999 ; 56 : 1073-1086. 6- Wilens TE et coll. “Does stimulant therapy of attention-deficit/hyperactivity disorder beget later substance abuse ? A meta-analytic review of the literature” Pediatrics 2003 ; 111 (1): 179-185. 7- Barkley RA et coll. “Does the treatment of attention-deficit/hyperacticity disorder with stimulants contribute to drug use/abuse ? A 13-year prospective study” Pediatrics 2003 ; 111 : 97-109. 8- Rapport MD et Moffitt C “Attention deficit/hyperactivity disorder and methylphenidate. A review of height, weight, cardiovascular and somatic complaint side effects” Clin Psycho Rev 2002 ; 22 : 1107-1131. 9- Prescrire Rédaction “Valvulopathies et hypertension artérielle pulmonaire dues aux anorexigènes (suite)” Rev Prescrire 1999 ; 19 (199) : 680-681. 10- Prescrire Rédaction “La saga des anorexigènes amphétaminiques” Rev Prescrire 2003 ; 23 (24) : 672-676. 11- Frances C et coll. “L’utilisation de méthylphénidate (Ritaline°) en France” Thérapie 2002 ; 57 (2) : 189-193. 12- Prescrire Rédaction “Suivi des effets indésirables du méthylphénidate en France” Rev Prescrire 2001 ; 21 (222) : 757. DCI France méthylphénidate RITALINE° à libération simple Belgique Suisse RITALINE° RITALINE° méthylphénidate CONCERTA LP°, CONCERTA° à libération RITALINE LP° prolongée LA REVUE PRESCRIRE AVRIL 2004/TOME 24 N° 249 Téléchargé sur prescrire.org le 04/05/2011 par MILOSLAV BILIK (CH LE MAS CAREIRON) Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement RITALINE LA° • PAGE 291 PRÉCISIONS ET CORRECTIONS N° 249 – p. 291 – méthylphénidate L’élévation moyenne de la pression artérielle diastolique observée dans l’étude rapportée était de 6,2 mm Hg, et non bien sûr de 62 mm Hg. C’est déjà beaucoup. LA REVUE PRESCRIRE AVRIL 2004/TOME 24 N°249 Téléchargé sur prescrire.org le 04/05/2011 par MILOSLAV BILIK (CH LE MAS CAREIRON) Copyright(c)Prescrire. Usage personnel exclusivement