Fiche à détacher et à archiver
N°11
La Lettre du Neurologue - n° 4 - vol. II - août 1998
Fiche
médicament
Méthylphénidate : la Ritaline®
L. Vallée, services des maladies infectieuses et de neurologie infantile, hôpital Roger-Salengro, Lille
Déficit constitutionnel de la fonction d’attention avec ou sans hyperkinésie. Les critères définis par le DSM-
IV différenciant, d’une part, le déficit attentionnel et, d’autre part, l’hyperkinésie et l’impulsivité (1). Les études
en double aveugle versus placebo ont démontré une action du méthylphénidate dans 60 à 85 % des cas.
Il a été observé (2) (3) :
- une augmentation des capacités d’attention et de concentration,
- une augmentation des facultés d’apprentissage,
- une diminution de l’impulsivité,
- une réduction de l’hyperkinésie,
- une augmentation du contrôle de la motricité fine et des signes neurologiques mineurs,
- une diminution de l’anxiété et de l’agressivité.
- pic plasmatique : 2 - 3 heures après la prise du médicament
- demi-vie plasmatique : 2 - 4 heures
- liaison protéique : 15 %
- élimination urinaire : 80 à 97 %, complète entre 48 et 72 heures
- métabolisme : par conversion en acide ritalique qui n’a pas d’activité amphétaminique-like
Après administration orale, en raison d’un important effet de premier passage, la biodisponibilité du méthyl-
phénidate se situe autour de 30 % de la dose administrée. L’absorption est accélérée en cas de prise conco-
mitante de nourriture mais sans conséquence sur la quantité absorbée.
Indications
Propriétés
pharmacocinétiques
du méthylphénidate
Absorption
I
e syndrome “trouble hyperkinétique avec déficit de l'attention”
(THADA) associe hyperactivité motrice, impulsivité et déficit de l'at-
tention. Les critères opératoires minimaux ont été définis dans le
manuel statistique des maladies mentales (DSM IV). Environ 3 % des
enfants scolarisés en école primaire présenteraient ce syndrome ; il existe
une prédominance chez le garçon.
Cette entité pose un problème d’ordre conceptuel : s’agit-il d’une affection
symptomatique, d’un trouble psychogène sous-jacent ou bien d’une entité
syndromique ayant ses spécificités propres. Si l’on considère que le déficit
d’attention avec hyperkinésie est réactionnel à un trouble psychogène, une
approche psychothérapique sera le plus souvent proposée par les défen-
seurs d’une telle théorie. Si l’on considère en revanche que pareil syndro-
me a des bases neurobiologiques, un traitement pharmacologique pourra
alors être envisagé, associé ou non à une prise en charge psychothéra-
peutique. En pratique clinique, une telle dichotomie entre le tout “psy” et le
tout “bio” est trop réductionniste, voire simpliste. Elle alimente cependant
des débats souvent passionnés, qui ne débouchent sur aucune avancée
conceptuelle et nuisent à l’amélioration de la prise en charge des enfants
atteints de ce syndrome.
Du point de vue neuropsychologique, on distingue deux modalités dans le
traitement attentionnel de l'information : un traitement simultané et un trai-
tement séquentiel. Il a été mis en évidence, chez les sujets THADA, un
déficit dans les modalités séquentielles, d'où les difficultés prédominantes
en arithmétique et dans les applications syntaxiques.
La mesure de l'attention, outre son évaluation, nécessite de préciser les
domaines cognitifs affectés par le dysfonctionnement de l'attention, et donc
de rechercher les déficits associés. Le bilan neuropsychologique doit com-
porter une échelle d'intelligence de Weschler (WISC-R) avec en particulier
une étude des stratégies visuo-constructives de la copie de Rey, une étude
de l'apprentissage verbal des 15 mots de Rey, et de l'empan des chiffres.
La première étude, faisant état de l’effet paradoxal et bénéfique d’un psy-
chostimulant chez des enfants présentant un déficit de l’attention et une
hyperactivité sans déficit de l’intelligence, date de 1937. Le traitement pro-
posé de type amphétaminique avait amélioré rapidement le comportement
à l’école et l’efficience intellectuelle tout en diminuant la labilité émotion-
nelle. Dans cette même étude, était signalé l’effet paradoxal d’une autre
classe de médicaments : les sédatifs barbituriques. Ils aggravent le déficit
attentionnel, l’hyperkinésie et la labilité émotionnelle.
La bensédrine et la dextro-amphétamine ont été les deux types d’amphé-
tamines prescrites jusque dans les années cinquante aux enfants hyperkiné-
tiques avec déficit de l’attention. C’est vers 1944 que le méthylphénidate
(Ritaline®) a été synthétisé. Il a été proposé dans le THADA à partir des
années soixante. L’avantage de ce produit, par rapport aux autres amphé-
tamines, est la faible incidence de ses effets secondaires.
L
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Méthylphénidate : la Ritaline®