COMMUNICATION DE MONSIEUR Christian MAGNAGNA MINISTRE DU BUDGET ET DES COMPTES PUBLICS AU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Monsieur le Président du Conseil Economique et Social, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Mesdames et Messieurs, Depuis 2002, notre pays est engagé'dans un vasle processus de réforme des finances publiques qui s'est kaduit, en 2010, par I'adoption de la loi organique n"31/2010 du 21 octobre 2010 relative aux lois de iinances et à I'exécution du budget (LOLFEB). Cette nouvelle constitution financière fait de la budgétisation par objectifs de programmes (BOP) le nouveau mode de gestion de nos finances publiques. La budgétisation par objectifs de programmes est une classification des dépenses publiques à partir d'objectifs précis, définis en fonction des finalités d'intérêt général et orientés vers des résultats attendus. Cette démarche nouvelle vise à faire passer I'Etat de la logique de moyens à une culture de résultats afin que chaque franc CFA dépensé soit plus utile et plus efficace. Autrement dit, le nouveau cadre budgétaire place la recherche de la performance, c'est-à-dire la capacité à atteindre des objectifs préalablement définis, au centre de la gestion publique. Cette logique qui s'inscrit dans un mouvement global a démarré dans les pays développés et se répand progressivement à I'ensemble des pays, dont ceux en développement. Elle se justifle, entre aukes, par la raréfaction des ressources pour alimenter les politiques budgétaires et par le nécessaire désendettement des collectivités publiques. Dans cet élan, la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) a adopté un ensemble de directives visant à harmoniser le cadre de la gestion des finances publiques des Etats membres. ll s'agit des directives relatives au Tableau des OpératTons Financières de I'Etat (TOFE), au Plan Comptable de I'Etat (PCE), à la Nomenclatuie budgétaire, au Règlement Général de la Comptabilité Publique (RGCP), aux tois de finances et à la transparence et à la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques. L'ensemble de ces textes a été transposé en droit national et adoptées par le Gouvernement. Les projets de lois ont été déjà soumis au Parlement, à l'ouverture de la présente session, pour examen et vote en procédure d'urgence. Au regard de Ia volontê des plus hautes autorités du pays de s'engager résolument dans la recherche de I'efficacité de I'action publique, le Gabon est donc en phase avec les évolutions en cours tant au niveau international oue sous-réoional. Mesdames et Messieurs, La budgétisation par objeciifs de programme structure le budget par politiques publiques, recentre le débat sur la performance de ces politiques et impose une nouvelle méthode de justification des crédits au oremier franc. A ce titre, elle nécessite la refonte de la procédure budgétaire dans son ensemble, aussi bien au niveau de la préparation et de la présentation, que du vote, de I'exécution et du contrôle du budget. Avec la budgétisation par objectifs de programmes, le budget est désormais structuré en politiquês publiques déclinées dans la trilogie Missions-Programmes-Actions. Le budget ne se présentera plus par destination administrative; c'est-à-dire en sections représentant une institution ou un ministère, et en chapitres incarnant I'unité administrative destingtaire des crédits. La mission regroupe deb programmes. Elle peut être ministérielle ou interministérielle. Elle est créée à I'initiative du Gouvernement. Le Parlement vote le budget par mission. ll peut modifier la répartition des dépenses entre les programmes au sein d'une même mission. Le programme, unité d'autorisation parlementaire, devient l'unité de spécialité des crédits. ll constitue une enveloppe globale et limitative de crédits destinés à mettre en æuvre une action ou un ensemble cohérent d'actions relevant d'un seul ministère. L'action est un découpage indicatif du programme. L'action apporte des précisions sur l'utilisation prévue des crédits. Elle est I'unité de gestion du programme. Avec cette réforme, le Parlement intervient dès Ia préparation du projet de loi de finances à travers le débat d'orientation budgétaire (DOB). En effet, ce débat interne au Parlement, a lieu au mois de luin de chaque année, après envoi par le Gouvernement d'un rapport sur l'évolution de l'économie nationale et sur les orientations des finances publiques. ll s'agit pour le Gouvernement d'informer le Parlement sur ses priorités avant I'examen du projet de loi de règlement de l'année précédente et du projet de loi de finances de l'année suivante. Mesdames et Messieurs, Avec Ia nouvelle nomer:ilature budgétaire en mission-programmes-actions qui vise à améliorer la transparence et la lisibilité des politiques publiques, le Parlement votera désormais le budget par grandes politiques publiques à kavers les missions et la discussion portera sur la destination des crédits (le programme) et non plus sur le chapike et la nature économique de la dépense. De plus, la loi met fin à la distinction services votés - mesures nouvelles puisque chaque année, les crédits sont remis à plat et justifiés dès le premier franc CFA. Avec ce nouveau cadre budgétaire, la possibilité de mouvementer les crédits à travers des amendements demeure, mais elle s'appréciera dorénavant au niveau de la mission. Ainsi, un parlementaire pourra prendre l'initiative de majorer les crédits d'un programme, à la condition de ne pas augmenter le total de ceux de la mission dont il relève. ll pourra également créer, supprimer ou modifier un orooramme à I'intérieur d'une même mission. - En outre, la BOP met en place, au sein des administrations, une nouvelle chaÎne managériale constituée des Responsables de programme, des Responsables de budget opérationnel de programme et des Responsables d'unité opérationnelle. Ces acteurs sont choisis pour leur position hiérarchique et pour leurs qualités de managers parmi les secrétaires généraux des ministères, les directeurs généraux, les commandants en chef des forces de défense et de sécurité, les directeurs et les chefs de service A ces acteurs sous hiérarchie administrative se greffe un autre type d'acteurs appelé Opérateur de I'Etat chargé de mettre en ceuvre toute ou partie d'une politique publique pour le compte de I'Etat' Dans cette catégorie, I'on retrouve les agences, les offices, les fonds et tout autre organisme public assimilé. Tous ces acteurs, sous la supervision des Présidents d'lnstitutions et des Ministres, mettent en ceuvre les actions et'réalisent les objectifs sur lesquets-ils se sont engagés dans le cadre d'un document budgétaire appelé prolet annuel de perfornance (PAP), accompagnant le projet de loi de finances. Ces managers bénéficient pour cela de nouvelles souplesses de gestion. En contrepartie, ils doivent rendre compte des résultats obtenus et de la qualité de leur gestion, à la hiérarchie, au Ministre, au Parlement et aux différents organes de contrôle, notamment la Cour des Comptes et Contrôle Général d'Etat. Ces résultats sont conaignés dans un document appelé rapport annuel de performance (RAP), accompagnant le projet de loi de règlement. Monsieur le Président du Conseil Economique et Social, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Mesdames et Messieurs, Près de quatre (4) ans après I'adoption de notre constitution financière, le moment me paraît opportun de vous donner un aperçu des travaux réalisés à ce jour en dépit des difficultés rencontrées. En effet, au regard du cahier des charges du projet, six chantiers essentiels avaient été identifiés pour parvenir à la b.-udgétisation par objectiis de piogramme; les rêsultats obtenus les concernent tous' Ainsi, l'on peut observer notamment que: - I'architecture budgétaire est finalisée - tous les 119 programmes de I'architecture budgétaire travaillent sur l'élaboration des proiets annuels de performance qui vous seront transmis en même temps que le proiet de loi de finances 2015 : le nouveau système d'information de gestion budgétaire et comptable est en cours - d'expérimentation ; ; la modernisation de la gestion des ressources humaines et la réforme des contrÔles sont également en cours ; par les responsables des programmes sont identifiés et leur désignation restent à désigner leurs ministres respectifs est en cours - ; I'organisation et les normes comptables ont déjà évoluées pour s'adapter à la BoP ; certains textes réglementaires encadrant la nouvelle gestion budgétaire et comptable ont été la adoptés (dêcret n"01229/pR/MBCPFPRE du 13 octobre 2011 poftant rêorganisation de Direction Gênérale du Budget, dêcret n"012I/PR/MBCPFPRE poftant crêatiotl et organisatiotl de la Direction Gênérale du Contrôle des Ressources el des Charges Publiques du 28 fêvrier 2012, décret n"2\1/PNMBCP du 22 août 2014 poftant création et organisation de la Direction Gênérale de la Comptabilité Publique et du Trêsor, dêcret n"065UPR/MBCPFPRE relatif au rêgime de responsabilitê des ordonnateurs et des comptables publics du 13 avril 2011, décret n'0193/PR/MBCPFPRE du 22 mai 2012 poftant crêation et organisation des fonctions de responsable de programme, de responsable de budget opêrationnel de programme et de responsab/e d'unité opêrationnelle etc.),les autres nécessitant la prise de lois ont déjà reçu le visa du Conseil d'Etat. L'année 2014 en cours, permet d'effectuer les derniers rêglages et de préparer les différents acteurs de la chaine managériale à exercer leurs nouvelles missions et responsabilités. eifpréparé et sera préSenté, voté puis mis en æufrè exclusivement sur la base des missions-programmes et des Projets Annuels de Performance. Le Gouvemement, les Départements du Budget et de I'Economie, l'ensemble des administrations sectorielles sont aujourd'hui pleinement mobilisés pour ètre au rendez-vous de l'échéance du lerjanvier 2015. En revanche, le budget 2015 Cette vaste réforme ne peut aboutir sans l'implication de tous les acteurs participant au processus budgétaire, notamment le Conseil Economique et Social (CES). Aussi importe-t-il, au regard des enjeux de la réforme, que vous vous appropriez dès lors, non seulement la vision, mais également la méthode et les outils de cette réforme qui vient révolutionner la gestion de nos finances publiques. Le CES étant dans la mission < Conseil et Contrôle d'Etat r qui n'a pas fait I'objet des havaux ' menés, dans un premiers temps exclusivement avec les ministères, rentrera dans la deuxième phase de la réforme, appelée poslbascule, à partir de janvier 2015. Les kavaux consisteront à vous accompagner principalement dans la démarche de performance, la gouvernance des programmes, la budgétisation et I'exécution en mode BOP. Dans ce peloton, I'on enregislre également la Cour des Comptes, la Commission Nationale de Lutte conke I'Enrichissement lllicite, Conseil d'Etat, etc. Au regard de sa complexité, car touchant non seulement les structures administratives, mais également les processus, les procédures, les instruments et surtout les méthodes de management et les mentalités, nous pouvons reconnaître que la budgétisation par objectifs de programme ne sera pas achevée en 2015. Des travaux complémentaires devront se poursuivre. C'est à juste titre que la commission de la CEMAC inscrit sa mise en æuvre dans I'ensemble des pays de la zone dans la durée. I d'Etat bénéficieront des Pour I'exercice 2015, les acteurs de la mission < conseil et contrôle Présidence de la République' la dotations, comme les Institutions Constitutionnelles, notamment la la loi n'astreint pas à la cour constitutionnelle, le senat, i'nisemolée Nationale pour lesquelles démarche de performance. Mesdames et Messieurs les Telle est, Monsieur le Président du conseil Economique et social, lrr..si.urt, l'économie de la reforme budgétaire et comptable dans conseillers, Mesdames de la zone CEMAC' laquelle notie pays s'est engagé pour en devenir le "premier champion" .t JE VOUS REMERCIE