La dysfonction érectile en 2011
crochets cornés (cobayes) ou d’épines cartilagineuses
(requins) lors de l’érection du gland permet de compren-
dre cette fonction qui, pour s’être émoussée au cours de
l’évolution phylogénétique, n’en reste pas moins présente
chez l’homme sous la forme d’une saillie conoïde de tissu
spongieux taillée en biseau aux dépens de sa face infé-
rieure.
Les corps caverneux pairs et symétriques, de forme
cylindrique, sont fixés aux branches ischiopubiennes et
entourés par les muscles ischiocaverneux au niveau de
leur racine. Au niveau du corps du pénis les corps caver-
neux sont accolés en canon de fusil et communiquent
entre eux au niveau du septum médian. Ils sont entourés
d’une membrane peu extensible de2à4mmd’épaisseur :
l’albuginée. Les corps caverneux et les muscles ischioca-
verneux sont les acteurs principaux de la rigidité pénienne.
Dans certaines espèces, un os pénien situé au sein du tissu
érectile des corps caverneux complète l’action de ces deux
éléments.
Le corps spongieux qui fait suite au bulbe et entoure
l’urètre pénien jusqu’au gland occupant ainsi la gouttière
située à la face inférieure des corps caverneux. D’un point
de vue phylogénétique son apparition est plus récente et
permet de prolonger le sinus urogénital jusqu’à l’extrémité
du pénis. Cette acquisition fait disparaître le cloaque et
donne au pénis des mammifères cette dualité morpholo-
gique et fonctionnelle : flaccidité et miction - érection et
copulation.
Le tissu des corps érectiles du pénis est constitué d’un
enchevêtrement de fibres musculaires lisses, de fibres
élastiques et de fibres collagènes délimitant des lacunes
vasculaires bordées de cellules endothéliales : les espaces
sinusoïdes. Ces espaces sont vascularisés par les artères
hélicines, branches terminales des artères péniennes. Clas-
siquement, l’origine de ces artères est l’artère pudendale
interne ; branche terminale antérieure de l’artère iliaque
interne, elle naît dans le pelvis et en sort par la grande
incisure ischiatique pour pénétrer dans le périnée où elle
chemine dans le canal honteux, à la face interne de
la branche ischiopubienne, sous le muscle élévateur de
l’anus, et donne ses branches collatérales : des rameaux
musculaires, l’artère rectale inférieure, les artères péri-
néales, des branches collatérales intrapelviennes (vésicale
antérieure et rétrosymphysaire), l’artère bulbo-urétrale,
les artères caverneuses, puis traverse le faisceau latéral
du ligament fundiforme (suspenseur) du pénis et devient
l’artère dorsale du pénis.
L’innervation végétative des corps érectiles est assurée
par les nerfs caverneux qui cheminent, recouverts par le
fascia pelvien, en dehors et en arrière de la prostate puis
s’enroulent progressivement autour du sphincter strié et de
l’urètre membraneux pour devenir antérieurs et traverser le
plancher périnéal. Ils sont issus du plexus pelvien (plexus
hypogastrique inférieur), situé dans les lames sacro-recto-
génito-pubiennes, qui rec¸oit les fibres parasympathiques
pré ganglionnaires efférentes (pro-érectiles) des centres
sacrés (S2 à S4) ainsi que les fibres sympathiques (anti-
érectiles) des centres thoracolombaires (T11 à L2) et des
ganglions sacrés (S3 et S4).
L’innervation sensitive du gland et des enveloppes du
pénis est assurée par le nerf dorsal du pénis branche du
nerf pudendal. Ce nerf, satellite de l’artère et formé par
la réunion des racines antérieures de S2 à S4, assure éga-
lement, par ses motoneurones, l’innervation des muscles
striés ischiocaverneux et bulbospongieux situés à la racine
des corps érectiles.
Physiologie de l’érection
À l’état flaccide, le tonus sympathique maintient les
espaces sinusoïdes fermés par contraction des fibres mus-
culaires lisses caverneuses. Le déclenchement d’une érec-
tion est le résultat d’une cascade d’événements initiés au
niveau local par la libération de neuromédiateurs du sys-
tème parasympathique (acétylcholine, monoxyde d’azote,
neuromédiateurs nonadrénergiques-noncholinergiques).
Le relâchement des fibres musculaires lisses caverneuses
et de la paroi des artères caverneuses permet le rem-
plissage des espaces sinusoïdes par du sang artériel.
L’augmentation de volume des corps caverneux met en
tension l’albuginée bloquant par compression le retour
veineux. La pression intracaverneuse atteint ainsi des
valeurs proches de la pression artérielle systolique. La
rigidité est obtenue grâce à la contraction des muscles
ischiocaverneux qui chasse le sang de la racine des corps
caverneux vers leur partie libre où la pression atteint alors
des valeurs suprasystoliques (1 500 à 2 000 mmHg chez
l’animal).
Le fonctionnement des corps érectiles peut être assi-
milé à celui d’une éponge active [6, 7]. Les corps
caverneux et spongieux sont formés de fibres musculaires
lisses organisées en aréoles (ou alvéoles) capables de se
contracter ou de se relaxer (figure 1).
Lors de la relaxation, les aréoles se remplissent de sang,
la verge augmente de volume (tumescence) puis durcit
(rigidité).
Lors de la contraction, le sang quitte les tissus érectiles,
la verge perd sa rigidité, diminue de volume (détumes-
cence) puis redevient complètement flasque (flaccidité).
L’érection : phénomène
neuro-vasculo-tissulaire
Les artères péniennes (dorsales et caverneuses) se
relaxent ou se contractent de fac¸on synchrone avec les
fibres musculaires lisses aréolaires. Il s’agit d’un phéno-
mène actif, secondaire à l’action de neuromédiateurs des
terminaisons nerveuses intrapéniennes.
6mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 13, suppl´
ement 1, décembre 2011
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