Soirées Mise en scène 1er temps Six auteurs, Sept mises en scène Soirées Dramaturgie française 24 novembre / 1er décembre 2007 à l’ENSATT / Contact Réservation par mail uniquement à : [email protected] / Voyage au pays d’Anatoli Vassiliev par Bruno Tackels C’est l’histoire d’une école qui voulait tenter l’aventure. Frayer un terrain que personne n’avait osé auparavant. Dire cette chose simple : la mise en scène doit pouvoir s’enseigner. 1500 personnes décident du jour au lendemain qu’elles « sont » metteurs en scène, elles disent qu’elles peuvent conduire une compagnie, une histoire théâtrale. Mais comment s’organisent les procédures d’une telle mise en réseau ? Très vite on se rend compte que l’enseignement de la mise en scène lève un tabou que personne n’a voulu lever : mettre en scène n’est pas une activité simplement auto-proclamée. Elle doit pouvoir obéir à des règles, et se transmettre à ceux qui viennent. L’enjeu est de taille, et le chantier en friche. Tout est à inventer. Tel est le défi relevé par l’Ensatt, en confiant la responsabilité pédagogique de cette section de mise en scène à Anatoli Vassiliev. / Pendant trois ans, Anatoli Vassiliev a accompagné une quinzaine d’élèves pour les former à la « mise en scène ». Ils ne sont d’ailleurs pas si jeunes, du moins parfaitement mélangés, de toutes provenances, de plusieurs générations, avec de véritables parcours antérieurs. Et pendant trois ans, Vassiliev les a emmenés en haute mer, en leur proposant une méthode de travail exigeante et sans concession. Mais en même temps très simple. Trois ans pour tenir ce pari : vous allez partir en chemin avec moi, trois ans où nous allons poser quelques questions ensemble. Sans relâche, jour et nuit. Nous allons tirer un fil. Et (p)oser une méthode. Repartir de l’acteur. Dire que le metteur en scène ne peut découvrir son métier qu’en s’immergeant dans la réalité du plateau. Pendant deux ans, les metteurs en scène formés par Vassiliev vont jouer, chercher, se chercher, construire leur propre réalité vivante. Deux ans, c’est long et c’est le minimum pour engager une telle quête. Car les travaux qui s’engagent sont tout sauf des recettes, mais plutôt une plongée, une immersion, une traversée, qui sollicite chaque être pour le révéler à lui-même. La méthode de « l’étude » est une façon d’accoucher les élèves, un biais pour qu’ils affirment leur rapport à la vie. Et qu’ils le signent, singulièrement. Pendant plus de trois ans, Vassiliev les a plongés dans des textes qu’ils devaient signer de leur propre corps, avec leur voix, leur intelligence, leur regard. Platon, Tchekhov, Molière, autant de figures décisives qui ont accompagné les élèves pendant ces trois ans. Des figures qu’ils ont « étudiées », en s’éloignant du texte « dur » (le texte écrit), pour le restituer à travers leur propre regard, leur propre lecture, mais une lecture qui passe par les jambes et le jeu. Des figures qui parlent d’ailleurs toujours de l’art du théâtre, de près ou de loin. Plutôt de près, en fait. Toujours des études. Après deux ans d’ « études », Vassiliev lance les élèves à la rencontre de leur propre travail. Chacun commence à arpenter les dramaturgies contemporaines, pour en faire surgir une écriture scénique personnelle, avec des acteurs provenant du département interprétation de l’école, ou en dehors de l’école. Peu à peu, l’univers de chacun se construit, la méthode de Vassiliev n’est plus une règle, mais le levier qui permet de révéler chacun d’entre eux. Et il est frappant de voir comme chacun engage une voie singulière, intime, personnelle et revendiquée — au plus loin de tout formatage idéologique ou esthétique. Il faut le dire haut et fort : ces trois années vécues sous haute tension artistique libèrent des êtres d’une grande force, elles ne les ont en rien uniformisés, elles les ont même incroyablement libérés. Et il faut le dire et le redire encore, d’autant plus haut et fort que la rumeur fait sa basse besogne : aucun mimétisme, aucun tic d’école comme on en repère si souvent dans les formations. Simplement des parcours et des personnalités fortes, fortement impressionnées par l’expérience de ces trois années, sans aucun doute, mais forts d’une très grande liberté. Celle de la vie, celle de la pensée. Libres. Et paradoxalement très forts pour affronter la haute mer du réel. Librement. A suivre… / Le mot du directeur Tout a commencé par un simple constat : l’absence, en France, de formation à la mise en scène. Dans une école comme l’ENSATT, formant aux métiers de la scène, il semblait inévitable et essentiel à Patrick Bourgeois alors directeur, d’élaborer une approche pédagogique de cette discipline. D’un premier rapprochement entre l’ENSATT et le Conservatoire d’état d’Art dramatique Lounatcharski de Moscou (Gitis), était né une volonté commune d’ouvrir cette voie, l’école russe étant une des rares écoles abordant de façon naturelle l’accès à la mise en scène, par un long apprentissage de cinq années. A cette époque, j’étais responsable des études et à ce titre j’eus l’occasion de participer à la mise en forme de ce partenariat, symbolisée par les échanges entre Patrick Bourgeois et Serguei Isaev. L’assassinat de Serguei Isaev vint avorter ce bel élan. Cependant, Natacha Isaeva, son épouse, qui avait , du côté russ e accompagné les échanges , s’attacha à renouer les liens brisés par ce drame. C’est ai nsi qu’elle mit en contact l’ENSATT et Anatoli Vassiliev, lui même formé à la Faculté de mise en scène du GITIS, Lauréat du Prix du Fonds Stanislavs ki pour la contribut ion au développement de la pédagogie théâtrale. La suite est connue : il y a trois ans, l’ENSATT ouvr ait son département mise en scène, concr étisant le rêve de Serguei Isaev, porté par delà sa mort par ceux qui avaient voulu qu’ il reste par là même, bien vivant, parmi nous. C’est donc à lui que tout nat urellement je pense lors de ces « Soirées Mise en scène », lui qui avait su voir dans ce proj et, la richesse des échanges que génère le questionnement et l’importance du part age du savoir. Gérard Schembri / Le cycle des Soirées Mise en scène Ces soirées présentent le travail de la formation collective à la mise en scène, issue de l’atelier d’Anatoli Vassiliev. Après trois années de laboratoire, elles constituent la première expérience de présentation publique. Les Soirées Mise en scène se déclinent en trois temps : Soirées dramaturgie française Six auteurs français contemporains pour sept mises en scène singulières Du samedi 24 novembre au samedi 1er décembre Soirées Platon / Magritte Onze rencontres entre dialogues philosophiques et peintures surréalistes Du lundi 10 au samedi 15 décembre / 17h Les projets présentés sont l’aboutissement d’une recherche théâtrale sur une action verbale distincte d’une action physique : la peinture de Magritte leur a inspiré une histoire sans paroles, tandis que le dialogue de Platon est exprimé verbalement. Chaque mise en scène a été travaillée de l’intérieur, le metteur en scène étant également comédien dans son propre travail. L’Impromptu de Versailles de Molière Improvisation de mise en scène sous la direction d’Anatoli Vassiliev Jeudi 20 et vendredi 21 décembre / 19h Impromptu veut dire improvisation, non préparé, improviste. Est-on jamais prêt ? Les comédiens de Molière ne le seraient pas pour une pièce qu’ils doivent jouer devant le Roi ? Il s’agit d’une réponse aux attaques qu’on a portées contre eux et contre Molière en particulier. A moins que pour ces acteurs l’improvisation ne soit une méthode consciente, celle de la spontanéité et du jeu personnel, loin de la déclamation tragique des acteurs de l’Hôtel de Bourgogne. Pièce dans la pièce, théâtre dans le théâtre, comédie des comédiens, manifeste esthétique sur les sources du théâtre de Molière, L’Impromptu de Versailles ouvre bien des aspects et des conflits du théâtre : le temps pressé, le spectateur avide et amoureux du théâtre, l’identité du personnage, la source de l’invention, la cabale théâtrale, le code moral et esthétique du créateur. Théâtre de comédie et dialogue sur la comédie, écrite par un acteur qui est aussi un auteur, pour des acteurs, auteurs de leur présence scénique, la pièce est une répétition en marche, la mise en action d’une troupe unie autour de la présence personnelle de l’acteur et d’un idéal artistique. Stéphane Poliakov Programme / 1er temps Soirées Dramaturgie française Six auteurs, Sept mises en scène 24 novembre / 1er décembre 2007 24 novembre 19h30 / version courte / 3h environ Vers les Démons, A.Camus/F.Dostoïevski, Giampaolo GOTTI 26 novembre 17h / version longue / 5h environ Vers les Démons, A.Camus/F.Dostoïevski, Giampaolo GOTTI 27 novembre 18h / 1h30 / Combat de nègre et de chiens – extraits dialogues Horn et Cal, B-M.Koltès, Hugues BADET 19h45 / 2h30 / Les Déserts de l’amour, M.Duras/S.Lupo, Stéphanie LUPO 28 novembre 17h / 1h30 / Combat de nègre et de chiens – extraits dialogues Horn et Cal, B-M.Koltès, Hugues BADET 19h / 2h30 / Les Déserts de l’amour, M.Duras/S.Lupo, Stéphanie LUPO 29 novembre 18h / 40-50 min / Les Bonnes – extrait 1ère cérémonie, J.Genet, Cédric JONCHIERE 19h30 / 1h45 environ / Chimère, D-G.Gabily, Agnès ADAM 21h45 / 2h environ / Le Déserteur (récit), J.Giono, Philippe COTTEN 30 novembre 18h / 40-50 min / Les Bonnes – extrait 1ère cérémonie, J.Genet, Cédric JONCHIERE 19h30 / 1h / Les Bonnes, extrait Madame et ses bonnes, J.Genet, Pierre HEITZ 21h / 1h45 environ / Chimère, D-G.Gabily, Agnès ADAM 1er décembre 19h / 1h / Les Bonnes, extrait Madame et ses bonnes, J.Genet, Pierre HEITZ 21h / 2h environ / Le Déserteur (récit), J.Giono, Philippe COTTEN Dès le 10 décembre, les Soirées Mise en scène se poursuivent ! VERS LES DEMONS d’après Les Possédés d’Albert Camus et Les Démons de Fédor Dostoievski mise en scène de Giampaolo GOTTI avec Aymeric Lecerf, David Jauzion-Gaverolles, Hugues Badet, Marion Delplancke, Vincent Farasse, Laure Giappiconi, Clémentine Verdier, Eve Gollac version courte 3h environ / version longue 5h environ Giampaolo Gotti Giampaolo Gotti est comédien, élève de Jurij Alschitz. Metteur en scène (Sisters, février 2006, Akt-Zent, Berlin, soutenue par le Theatre Education and Training Comitte ITI/Unesco et par le programme Culture 2000). Pédagogue, fondateur de Koïnè (membre du réseau international European Association for Theatre Culture). A l’ENSATT, stagiaire invité au département mise en scène dirigé par Anatoli Vassiliev, et intervenant au département comédiens. Doctorant à Paris-X-Nanterre (dir.Jean-Louis Besson), a récemment dirigé le n°182 de Théâtre/Public Anatoli Vassiliev : Tradition,Pédagogie, Utopie. Vers les Démons " Il y a dans tout homme, à tout heure, deux postulations, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan " (Baudelaire, Mon cœur mis à nu, XLI) Nous sommes partis, il y a un an, de la pièce Les possédés d’Albert Camus, adaptation du roman Les démons de Fiodor Dostoïevski. Cette période de travail a été pour nous une phase de laboratoire : sans distribution, chaque acteur travaillait librement en choisissant les rôles, les scènes et les partenaires qu’il désirait. Dans un deuxième temps, le travail se basant sur les études, nous avons éprouvé le besoin d’interroger un territoire plus vaste que les simples répliques de la pièce : nous nous sommes alors plongés naturellement dans le roman, en donnant naissance à une sorte de dramaturgie mixte. Mais nous avons constaté, au fur et à mesure des répétitions, que le texte de Dostoïevski refusait de se fondre dans la scène de Camus, il appartenait à une structure différente de celle-ci, comme une tragédie antique plongée dans un drame moderne. Un choix s’imposait donc, le dialogue devait appartenir dans son intégralité à l’une ou à l’autre référence, il fallait opter soit pour le « tableau » de la pièce, soit pour le chapitre du roman. De cette manière la plupart des scènes sont passées de Camus à Dostoïevski. A la rentrée, le renouvellement d’une partie de l’ensemble et le temps de répétition limité ont contraint les acteurs à se concentrer sur un seul rôle (à une exception près). Notre approche des Démons nous a instinctivement poussés à rechercher sous le drapé du roman sa conception tragique, simplement parce que la vision du monde de Dostoïevski nous est apparue directement liée aux idées de réalité et liberté, et donc à une vision de l’existence face à l’absolu. Dans les analyses des dialogues effectuées à la table et dans les études qui ont eu lieu sur scène, nous avons constamment cherché à déterminer quels étaient les moteurs de l’action dramatique : sur le plan de la situation (c'est-à-dire sur celui des éléments objectifs de l’histoire), sur le plan psychologique, et pour finir sur le plan philosophique et métaphysique. Nous avons constamment été surpris lorsqu’il nous est apparu que les solutions satisfaisantes pour chacun des dialogues ne se trouvaient que lorsque nous arrivions à les placer sur le troisième plan, au niveau le plus haut, celui de la décision de la volonté humaine face à la réalité. Les dialogues pouvaient devenir incandescents et s’ouvrir au sens seulement lorsque nous arrivions à y trouver l’homme, agissant en pleine liberté et décidant quel rôle jouer entre deux forces absolues et irréductibles, celle de Dieu et celle des démons. Là où les dialogues devenaient plus mystérieux, seul le recours au mythe (sous une forme antique ou moderne, biblique ou païenne, correcte ou inversée, explicite et claire, ou implicite et énigmatique) nous a permis de voler parfois certains de leur secrets. Par cette approche Dostoïevski nous a semblé rencontrer Dante : comme le héros de la Divine comédie, Stavroguine (le héros des Démons) arrive, à travers un long voyage initiatique, à une certaine purification et à un certain salut ou, comme dans la tragédie, à une catharsis. Puisque ceci est un travail vers les démons, on rêverait que ce parcours puisse aussi, un jour, être celui des acteurs et des témoins de cette action. La méthode En suivant la méthode des études, j’ai accompagné mes acteurs (dont trois sont aussi mes collègues metteurs en scène) dans l’exploration des Possédés de Camus et des Démons de Dostoïevski en considérant la compréhension et l’acquisition du sens de ces œuvres comme l’axe fondamental du jeu. Le travail s’est articulé en plusieurs phases, à travers l’analyse textuelle, le training, l’improvisation, l’analyse scénique… afin de forger les instruments nécessaires à l’accueil et à l’interprétation de dix dialogues tirés de la pièce et du roman. Pendant la première étape, que l’on peut définir comme « introvertie », les scènes/chapitres ont été démontés et analysés dans leur structure et composition. Le sens qui s’est révélé au fur et à mesure a permis d’accéder à une phase de recomposition et à la mise en jeu des dialogues. A travers les études les acteurs ont été amenés à jouer sur la base du rapport établi avec le contenu du texte, en s’entraî nant à l’intégrer sans effort de concentration rationnelle : une fois sur scène, ils agissent librement en se référant à leur intuition et à leur mémoire émotionnelle. Nous avons essayé, pendant nos répétitions, de nous constituer en ensemble, près à réaliser en scène ce qu’on avait pu comprendre, mais aussi à y chercher des réponses aux questions restées sans solution. Cette aventure a permis, dans certaines heureuses occasions, la concrétisation de véritables évènements. Giampaolo Gotti COMBAT DE NEGRE ET DE CHIENS de Bernard-Marie Koltès Extrait – Dialogues Horn et Cal mise en scène de Hugues BADET participation à la mise en scène Cyril Cotinaut avec Pierre Heitz, Hugues Badet 1h30 environ Photo R.Mappelthorpe Hugues Badet Hugues Badet commence le théâtre à Nîmes avec la compagnie Conduite Intérieure, dirigée par C. Chessa, alors qu’il est étudiant à la faculté de sciences de Montpellier. Il entre, pour trois ans, dans la classe professionnelle de comédien du CNR de Montpellier sous la direction de M. Touraille. A la sortie de cette formation, il participe, avec ses anciens camarades d’école, à la création d’une compagnie: le Groupe Idée. Il y joue plusieurs spectacles dont Le Bouc de Fassbinder, La Demande en Mariage de Tchekhov. Il réalise également sa première mise en scène : L’Affaire de la rue de Lourcine de Labiche. Parallèlement, il travaille comme comédien avec différents metteurs en scène : A. Gintzburger, Renaud Marie Leblanc, Hervé Petit… Combat de nègre et de chiens L’action se situe sur un chantier français de travaux publics en Afrique. L’ingénieur, Cal, a fait disparaître le corps d’un ouvrier qu’il a tué. Le chef de chantier, Horn, revient de l’aéroport avec Léone sa nouvelle compagne qui arrive de Paris. Il a préparé un feu d’artifice pour célébrer la fin de sa carrière en Afrique et son futur mariage. Alboury, le frère de l’ouvrier disparu, entre dans la cité et réclame le corps. Nous avons orienté notre travail sur le dialogue de Horn et Cal (scènes 3,8,10). Ces hommes évoquent leur vie dans des choses très simples. Un chien qui ne revient pas, une femme qui accepte de venir pour un feu d’artifice dans leur chantier, les hommes qui ne tiennent pas l’alcool, les ouvriers noirs qui veulent partir sans autorisation, les qualités innées d’un bon chef de chantier, les différentes variantes du jeu de dés, les microbes africains… Petits mensonges et grandes espérances entre une bouteille de whisky et un jeu de gamelle. Hugues Badet LES DESERTS DE L’AMOUR d’après Marguerite Duras et Stéphanie Lupo mise en scène de Stéphanie LUPO texte de Stéphanie Lupo, d’après Ecrire de Marguerite Duras, avec un extrait de Hiroshima mon amour de Marguerite Duras avec Madalina Constantin, Stéphanie Lupo, Florent Masse intervention au piano d’Olivier Pilloni 2h30 environ Stéphanie Lupo Formée à la danse à Nice, elle suit sa première formation d’acteurs à Londres. Elle voyage ensuite en Europe et aux Etats-Unis notamment avec l’artiste Fiorenza Menini pour qui elle interprète de nombreuses performances. Elle séjourne un temps à Berlin où elle collabore à des projets de films expérimentaux. Parallèlement à ses activités à l’étranger, elle reçoit plusieurs mentions d’écriture dans des festivals de scénario. Elle joue comme actrice, danse et collabore à des projets d’art contemporain. Son goût pour les expériences artistiques hors normes la conduit à s’intéresser au travail pédagogique du metteur en scène russe Anatoli Vassiliev et à ses activités de laboratoire dans son Théâtre à Moscou où elle se rend deux fois. En 2004 elle intègre la formation d’Acteurs-Metteurs en scène qu’il dirige à l’ENSATT à Lyon. Elle est titulaire d’un Doctorat en Théâtre et Arts du spectacles et d’un DEA en Esthétique et Sciences de l’art de l’Université de la Sorbonne. En 2006 elle a publié un livre intitulé Anatoli Vassiliev, Au Coeur de la pédagogie théâtrale, rigueur et anarchie qui lui a valu le prix littéraire Georges Jamati. Lors de sa dernière année de formation à la mise en scène à l’ENSATT, elle a mis en chantier plusieurs projets. Après des esquisses sur des textes notamment d’Oscar Wilde et de Marguerite Duras elle se lance dans la création d’une pièce dont elle signe le texte. Ce travail intitulé Les déserts de l’amour sera présenté à l’ENSATT le 27 et le 28 novembre 2007 dans le cadre des Soirées Mise en scène qui regrouperont tous les travaux de la promotion sortante. Marquée par l’œuvre de Pina Bausch, de Kasuo Ohno, de Marina Abramovic ou encore de Maya Deren, elle se sent proche des artistes de la marge. Les projets sur lesquels elle travaille depuis plusieurs mois ont en commun le cadre des grandes capitales. Il questionne le décalage en une réalité aliénante et abrutissante et un univers imaginaire et intime brillant et foisonnant. Portraits de jeunes et moins jeunes, elle questionne souvent la génération qui est la sienne. Entre espoir et perte inéluctable, mirage et effacement. Les déserts de l’amour Je ne sais pas encore s’il est possible de dire quand ça commence à se passer. Quand on commence à s’approcher de la limite et quand on est certain de l’avoir dépassée. Je n’en mesure pas encore les conséquences. Mais je sais ce que c’est de se réveiller un matin et de se trouver « de l’autre côté ». De décider alors que désormais tout doit changer. Plus de questions sur socialement comment progresser, mais plutôt la nécessité de se retourner. On se regarde et c’est là qu’on sait qu’on y est. Se défaire de ce qui est inutile, juger soi-même ce qui fait ou non avancer, et accepter même qu’il reste très peu de choses à garder. Peu, au point qu’il n’y en ait plus qu’une et qu’il faille la formuler. Peu au point qu’il ne reste rien d’autre à faire : l’écrire. C’est quand cette conclusion sur sa propre vie arrive qu’on commence à taper. Contre la machine. Contre le papier. Dans l’état de folie où l’on est. Contre tout ce qui manque à la vie qu’on mène et à celle dont on ne peut encore se résoudre à ne plus rêver. Peu importe de plaire. On oublie même de se demander si ça a quelque intérêt ce qu’on fait. Plus question non plus de douter. On part du principe qu’on a rien et qu’on est personne. On ne sait pas où ça peut mener. Mais ça vient et donc on ne peut plus refuser d’y aller. On ne peut « plus » parce que maintenant justement ce qui a changé, c’est qu’on est « de l’autre côté ». Ecrire et se sauver c’est le début, d’un sujet, d’un projet. Ce texte appartient aux grandes villes, aux capitales, aux périphéries aussi et à toutes les villes désolées. A Berlin il est pour tous ceux qui pour la dix-septième fois à 17h iront voir Les ailes du désir. A Paris, à New York, A Londres, à Rome, à Madrid, à Stockholm, à Zurich, à Moscou, la jeunesse est partout la même, « One big Euro city » : prise au piège. Ce texte des années qu’il attendait, lorsque j’ai commencé à prendre des cours de théâtre. Lorsque déjà j’ai pensé que ce que j’attendais c’était une prise de parole à la première personne de la part de l’auteur, de l’acteur et du metteur en scène. Lorsque pour la première fois j’ai voulu mettre en scène des gens de mon entourage. Je parlerais de l’errance dans la ville, d’une génération désolée. Ce serait une série de portraits. Stéphanie Lupo Les déserts de l’amour Extraits du texte littéraire, droits réservés, à publier Longtemps j’ai habité des petites chambres. Longtemps j’ai rendu visite à des amis qui habitaient la même chambre. Voir le ciel était un luxe. Une étoile. Dehors je voyais les rues grises et étroites. Toujours le soleil me semblait une option, un miracle. La nuit, je rêvais de l’océan, de la mer. Le sommeil était plein d’hallucinations. Je faisais et refaisais le même voyage. Je découvrais une porte que je n’avais encore jamais vue, parfois c’était une fenêtre. Derrière la première il y avait l’embouchure d’un fleuve, départ pour plusieurs chemins qui donnaient sur sept différents lacs, derrière l’autre le soleil se levait sur une mer à perte de vue agitée et brillante. J’ouvrais la porte ou la fenêtre. Je quittais la pièce sombre et étroite, j’oubliais ce non-lieu. Ce non-sens. Je disais adieu. LES BONNES de Jean Genet Extrait – 1ère cérémonie mise en scène de Cédric JONCHIERE avec Olivia Galindo, Frédérique Lanaure 40-50 min Cédric Jonchière Cédric Jonchière commence le théâtre vers 18 ans, par le biais de l’écriture. Dès cette première expérience il reçoit l’aide de Jean-Pierre Jourdain, alors directeur de la Comédie de Clermont-Ferrand. Puis il rencontre Jean-Claude Gal, nouveau directeur artistique du Théâtre du Pélican, et travaille avec lui comme assistant. Suite à cette aventure, il entre en Art dramatique au Conservatoire National de Région de Clermont-Ferrand, et suit en parallèle des études de Lettres modernes. Même si la formation du CNR est à priori une formation d’acteur, il souhaite se tourner vers la mise en scène. Par ailleurs, son mémoire de maîtrise sur l’œuvre dramatique de Maurice Maeterlinck ne peut prendre sens que s’il s’accompagne d’un passage au plateau. Il concrétise ces envies en 2003, dernière année de conservatoire et année de DEA, avec la mise en scène de La Mort de Tintagiles de Maeterlinck. Il entre l'année suivante au département Mise en scène de l'ENSATT sous la direction d'Anatoli Vassiliev. Il travaille durant ces trois années sur des auteurs classiques : Platon, Tchékhov, Molière, et s’essaie à des écritures plus contemporaines comme Claudel ou Genet (Haute Surveillance, Les Bonnes). Les Bonnes Les Bonnes, c’est un chant d’amour, une dialectique du désir teinté de tout l’humour de Genet. Deux bonnes, deux sœurs, jouent à prendre la place de leur maîtresse dans une petite cérémonie qui se finit invariablement par le meurtre de Madame. Mais les deux sœurs n’ont-elles que ces deux possibilités pour exister : adopter la beauté de Madame comme idéal, ou la détruire au risque de se consumer entières dans cette destruction ? Ou bien y a-t-il dans le jeu même que pratique les deux sœurs l’essence d’une autre vie ? A travers tous les dangers que traversent les bonnes, celui d’être prises sur le fait, celui de devenir à force de le jouer le tyran que l’on veut détruire, celui d’oublier qu’on joue, deux visions de la beauté et de l’amour s’affrontent dans cette première partie de la pièce. On peut résumer cette lutte en opposant deux des espaces propres à Madame et aux bonnes : l’amour se fait-il dans la chambre blanche… ou bien dans la cuisine ? Cédric Jonchière Tableau Léonor Fini CHIMERE de Didier-Georges Gabily mise en scène de Agnès ADAM avec Marion Delplancke, Laura De Lagillardaie 1h45 environ Agnès Adam Après une maîtrise d’italien à l’Université de Rennes, elle part à Milan al Teatro Studio dirigé par Giorgio Strehler. Puis elle intègre la formation de comédien à l’école de l’ENSATT, rue Blanche à Paris. Elle travaille en tant que comédienne pendant dix ans en France et à l’étranger : Italie, Japon. En 1995, 2000 et 2001 elle participe à plusieurs stages dirigés par Anatoli Vassiliev sur les structures du « jeu ludique » dans la dramaturgie russe : Tchekhov et Dostoïevski. En 2004 elle suit sa formation à la mise en scène à l’ENSATT à Lyon. Chimère Quelle histoire raconter autour de l’émergence de cet animal, monstre composé d’éléments disparates ? Un condensé de sauvagerie à la fois lionne, chèvre, serpent. Monstre qui naît du regard désirant d’un Maître, Don Juan dont le désir, l’action de vivre cherche encore à …ne pas mourir. Nous sommes en temps de guerre, quelque part dans les Balkans. Deux hommes – Don Juan et Sganarelle – devisent sur l’exténuation du désir, ou pour accompagner la mort qui vient. Trois femmes invoquées, convoquées, viennent, prennent littéralement corps jusqu’à continuer, incarner cette part manquante au désir de l’Autre. Cet espace institué par le corps de deux actrices est celui de la répétition, du lieu à défaire plutôt qu’à faire, du jeu ludique autour de ces figures du désir. Celui du piège tendu par elles pour se défendre de la violence qui leur est faite. Le désir lié à la violence ? Chimère met en scène ce qui préside au déchaînement de la violence dans l’histoire. La pièce se termine par un sacrifice : celui du Maître et de son servant et / ou celui de l’enfant à naître dans le ventre de la femme. Elle se termine avec l’arrivée du soldat : (Bellérophon qui dans la mythologie tua Chimère), celui qui cherche l’ordre ou la paix du monde. « Le monstre représente les forces irrationnelles : informes, proches du chaos primitif, il possède en lui quelque chose de cette puissance initiale précédant toute création. Il annonce la résurrection, il symbolise la mort nécessaire pour une nouvelle vie, la destruction avant le paradis, la nuit avant le jour. Il est l’énergie informe, douloureuse, anarchique qui précède et produit la création, l’ordre. » De quel sacrifice parlons-nous ? Un sacrifice anthropophagique qui marque un passage, un voyage, un changement ? Donner la mort pour entretenir la vie ? Quel sens lui donner ? Fin d’un mythe incorporation d’un mythe par l’émergence d’un autre mythe ? Agnès Adam LE DESERTEUR (récit) de Jean Giono mise en scène de Philippe COTTEN adaptation dialoguée pour la scène avec Vincent Farasse, Philippe Cotten avec la participation artistique de Sébastien Davis 2h environ Philippe Cotten Après avoir fréquenté plusieurs écoles d’art dramatique en Bretagne et à Paris, il rencontre en 1989 Eric Vignier qui crée sa compagnie en 1990 et signe son premier spectacle en 1991 : La Maison d’os de Roland Dubillard. Ce spectacle-événement est le point de départ d’aventures sur les scènes du théâtre subventionné, et de rencontres importantes. Au sein de l’Académie Expérimentale des Théâtres il rencontre Anatoli Vassiliev, Jerzi Grotowski, etc. En 1992, il effectue son premier séjour en Russie et entre véritablement en contact avec l’enseignement d’Anatoli Vassiliev. Dès lors, sa vie théâtrale est partagée entre une carrière de comédien professionnel (notamment dans Le Régiment … en 1992, Brancusi contre Etats-Unis, un procès historique 1928 en 1996, Créanciers en 2003) et des stages sous la direction d’Anatoli Vassiliev. En 2004, il intègre la formation à la mise en scène coordonnée par Anatoli Vassiliev à l’ENSATT, dans laquelle il collabore au travail de mise en scène effectué sur les pièces de Tchékhov, L’Impromptu de Versailles de Molière. A travers l’apprentissage de la méthode d’Anatoli Vassiliev il travaille les dialogues de Platon, des traités sur l’art, le Théâtre de marionnettes de Kleist. Il présente cette année une partie du Phèdre de Platon en regard d’une peinture de Magritte. Le Déserteur Charles-Frédéric Brun est un peintre connu pour ses ex-voto naifs. Il a vécu et peint pendant les vingt dernières années de sa vie dans le Valais suisse du 19ème siècle. C’est tout ce que l’on sait de lui, et c’est tout ce que sait de lui Jean Giono lorsque René Creux lui demande d’imaginer ce qu’a pu être la vie de cet artiste, avant son arrivée dans le canton suisse. A partir de ce personnage énigmatique, des histoires légendaires et contradictoires que l’on raconte sur lui, Giono enquête sur l’identité de cet homme. Dans le Déserteur, l’écrivain nous livre ses interrogations brutes. C’est cette dialectique qui est représentée par l’utilisation du dialogue alors que le récit de Giono est à une seule voix. Car, cette voix s’interroge et se dédouble justement parce qu’elle se questionne. Deux comédiens prennent en charge les branches d’une alternative : l’artiste est-il un saint ou un salaud ? LES BONNES de Jean Genet Extrait – Madame et ses bonnes mise en scène de Pierre HEITZ avec Stéphane Guillaumon, Anaïs Jouishomme, Jennifer Testard 1h environ Pierre Heitz Moi, ma vie dans l’art, n’est-ce pas…, je l’ai commencé à Lyon par un énorme désir de crier ma vérité au monde sous le couvert des rôles que j’aimais. Après avoir lu Stanislavski qui me brûlait les yeux et les mains, je me suis présenté une première fois au conservatoire de Lyon, seul, sans avoir jamais pris le moindre cours de théâtre, avec Don Juan, Caligula, Tête d’or et Goetz, pas moins… Alors Janine Berdin m’a dit « intéressant mais revenez l’année prochaine ». A Paris, j’ai fait à peu près tout ce qu’un comédien peut faire pour sortir de sa cage, le beau comme le laid, le Théâtre Ecole du Passage, l’enseignement de l’acrobatie et du cirque, le Kabaret minimal, la troupe, l’artthérapie, des films, des pièces, des stages, des expériences, et les concours, les castings, les figu, les bêtises. Et puis j’ai entendu dire qu’il y avait peut-être autre chose à raconter que moi et même que moi pouvait servir à parler du monde à l’extérieur de moi. Ça m’a fait un drôle d’effet, comme si j’étais arrivé sur un petit plateau en haut d’une colline escarpée. Je m’y suis détendu un petit peu, j’ai regardé un peu le ciel et la vue. Après cette pause, je suis reparti à gravir la nouvelle colline dont je venais d’entendre parler. Cette nouvelle colline, voilà une bonne douzaine d’années que je la grimpe. Et après ces trois années acharnées de formation à Lyon, de nouveau je peux regarder le paysage et le ciel plutôt que mes pieds qui marchent. Alors maintenant, je cherche un abri pour m’installer. Et Dieu que j’aimerais transmettre, pratiquer, expérimenter tout ce que j’ai appris et avancer encore. Les Bonnes Mais pourquoi, pourquoi Les Bonnes de Genet sont montées 36000 fois par an dans tous les coins du monde ? Pourquoi tous les comédiens de la terre, à un moment de leur vie, s’arrêtent sur cette œuvre ? Mystère… Et si jamais c’était pour eux que Genet en avait accouché sans même trop savoir par qui il en avait été engrossé. Comme si un beau matin, après une nuit de délire bachique avec son bâton de lierre dans la forêt il s’était réveillé grosse de cette œuvre… Et Dionysos de bien se marrer, et jubiler de joie de voir mille comédiens, mille bacchantes s’arracher les cheveux pour traverser ce labyrinthe que sont Les Bonnes de Saint Genet. Et un labyrinthe on le traverse ou on s’y paume, c’est une initiation. Et puis Genet, il parle très bien lui-même, avant moi, de mon intention, dans une lettre à Jean Jacques Pauvert à propos de ses Bonnes. Mon intention qui d’ailleurs n’est finalement pas si mienne puisqu’elle me précède, puisqu’elle précède Genet lui-même qui l’exhume de la nuit des temps, des origines, qui l’extorque à la modernité mondaine. Il dit entre autres : « On ne peut que rêver d’un art qui serait un enchevêtrement profond de symboles actifs, capables de parler au public un langage où rien ne serait dit mais tout pressenti.» « Un théâtre clandestin, où l’on viendrait en secret, la nuit et masqué, un théâtre dans les catacombes serait encore possible. » « Sans doute, une des fonctions de l’art est-elle de substituer à la foi religieuse l’efficace de la beauté. Au moins, cette beauté doit-elle avoir la puissance d’un crime. Passons. » Ah, Monsieur Genet, cher Maître, vous passiez dans mes lectures d’été, vous m’avez intrigué, je vous ai appelé, et voilà j’ai trouvé en vous, dans votre verve, l’expression d’un rêve peutêtre universel puisque tant de gens sont amoureux de Claire, Solange et Madame. Puissé-je maintenant lui rendre le style et l’action qui conviennent. Pour dire quelques mots de la scénographie et de la lumière, je cite encore l’auteur et son dernier paragraphe de Comment jouer « Les Bonnes » : « Si l’on devait représenter cette pièce à Epidaure ? Il suffirait qu’avant le début de la pièce les trois actrices viennent sur la scène et se mettent d’accord, sous les yeux des spectateurs, sur les recoins auxquels elles donneront les noms de : lit, fenêtre, penderie, porte, coiffeuse, etc. Puis qu’elles disparaissent, pour réapparaître ensuite selon l’ordre assigné par l’auteur. » Les actrices ne font pas absolument ce que propose l’auteur. Mais, certes il n’y a pas de décor, plutôt un espace vide qu’elles créent et donc pour citer Madame :« les gens ne savent assez ce qu’est la prison. Ils n’ont pas d’imagination. Moi j’en ai trop. »… Quant à la lumière, si elle pouvait être celle d’Epidaure, l’été, vers quatre heure du matin… Je dois préciser que le travail que vous verrez est en pleine croissance. Il a débuté dans la recherche de janvier à mai 2007 avec des élèves acteurs de l’ENSATT sur la partie Claire et Solange avant Madame et a repris par une trentaine de répétitions éparses avec trois comédiennes professionnelles de Lyon entre septembre et novembre sur la partie Madame et ses bonnes. Les actrices pourront encore utiliser leur texte libre improvisé avec celui de l’auteur qui d’ailleurs nous y invite. Il est en vérité prématuré de montrer ce jeune travail à un public gourmand de performance mais c’est aussi une joie de partager le processus avec vous. Pierre Heitz / L’ENSATT, Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, autrefois école de la rue blanche à Paris, forme depuis près de soixante ans aux métiers du spectacle : comédien, réalisateur sonore, réalisateur lumière, administrateur, directeur technique, costumier, scénographe, écrivain. Il y a trois ans, elle met en place avec le metteur en scène Anatoli Vassiliev une première formation à la mise en scène. Formation et Recherche à la Mise en scène La formation est coordonnée et pensée par Anatoli Vassiliev, sous la forme d’un cycle de 3 ans + 1. La particularité de cette formation tient à la personnalité du metteur en scène. Son enseignement issu de la tradition russe, et fondé sur une pratique de vingt années en Russie et en Europe, est en effet très différent de l’enseignement français. Le maître transmet à ses élèves des outils, une grammaire du théâtre. La formation est un atelier, un théâtre - laboratoire. L’enseignement proposé a suivi un double schéma : théorique et pratique. Ainsi, les metteurs en scène ont pu suivre un certain nombre de cours théoriques : sur les arts et civilisations orientales, grecque, sur l’histoire des religions, l’histoire des courants de pensée. Quant à la formation pratique, elle a consisté en un training physique (tai chi chuan, kung fu), un training verbal (travail sur l’intonation affirmative avec Valérie Dréville), et une maî trise du jeu de l’acteur (improvisation) par un travail quotidien sur la méthode de répétition de l’étude. Les élèves – metteurs en scène ont suivi des parcours différents : certains sont universitaires, d’autres comédiens, ou ont fait un travail de mise en scène avant d’intégrer cette formation. Certains avaient auparavant suivi plusieurs stages avec Anatoli Vassiliev. Ils sont diplômés depuis la fin de l’année universitaire 2006-2007. Certains élèves ont choisi de suivre une quatrième année complémentaire, leur permettant de présenter des travaux au public lors des Soirées mise en scène. Le moment du passage à la scène, à la présentation publique, est une étape essentielle et fait partie de l’apprentissage du metteur en scène. Ils entrent ensuite dans une période d’assistanat à la mise en scène. Fiona Sanmartin, Vincent Rivard, Sébastien Davis et Kami Manns ont suivi l’Atelier de Vassiliev jusqu’en juin 2007 et poursuivent actuellement des projets hors de l’école. / La méthode de « l’étude » Héritée de Stanislavski, à travers l’enseignement de Maria Knebel et de Igor Popov, la méthode transmise par Anatoli Vassiliev est avant tout une méthode de jeu de l’acteur : il s’agit de l’étude de Stanislavski ou « analyse par l’action ». Après avoir décomposée la pièce en scènes précises les acteurs improvisent dans le cadre ainsi défini. Il faut d’abord repérer l’événement originel et l’événement principal, afin de savoir ce qui pousse les personnages à agir. « Le minimum de discussions à la table et le maximum de « discussions » sur le plateau. Sur le plateau uniquement l’action, puis l’analyse qui en découle, la correction, une nouvelle étude et ainsi de suite. Graduellement les images profondes contenues dans le texte, les motivations intérieures des personnages, le sens souterrain des mots du texte deviennent intimement (plutôt que rationnellement) compréhensibles pour l’acteur. Le chemin de la pensée du personnage devient le sien, se traduit dans son comportement et dans ses paroles. Etude après étude, l’acteur utilise graduellement des mots du texte littéraire comme s’il les avait inventé lui-même. » Stéphanie Lupo, « Anatoli Vassiliev, la vie vivante sur scène », in ThéâtreS, n°24, PUR, 2006 La pratique des acteurs et metteurs en scène est donc avant tout une approche par l’improvisation, et une lecture du texte « avec les jambes ». « En résumé : vous avez la mémoire des actes, c’est-à-dire de votre comportement, de l’action, des situations, des atmosphères. C’est la mémoire principe. La mémoire du texte devra être apprise elle aussi, mais il faudra le faire seulement après avoir vérifié plusieurs fois que la mémoire des comportements est solide, stable. En d’autres termes, vous ne pouvez essayer d’apprendre par cœur le texte littéraire, qu’une fois que celui-ci aura commencé à revenir à vous. Le processus consiste justement à apprendre le texte littéraire comme à travers une réminiscence. Alessio Bergamo, Testo scenico e testo letterario nel lavoro e le teorie di Anatoli Vassiliev, Rome, Université la Sapienza, 1996 Pour les travaux présentés cet automne, les metteurs en scène ont répété selon la méthode appliquée aux structures psychologiques et ludiques. Ils ont étudié en particulier l’art de construire le monologue et le dialogue dramatique, ainsi que l’art de la composition du texte visuel. Cette pratique est basée sur le matériau des dialogues philosophiques de Platon, des traités esthétiques sur le théâtre et les autres arts, sur les pièces de Tchékhov et Molière, ainsi que la dramaturgie française du XXème siècle. / Informations pratiques www.ensatt.fr Entrée gratuite sur réservation, par mail uniquement : [email protected] Jauge limitée à 60 places / Bar et restauration légère prévus sur place pendant les entractes. ENSATT - 4, rue Sœur Bouvier, Lyon 5ème Bus 46 et 49 depuis Gare Perrache / Bus 30 depuis Place Bellecour / Funiculaire St Just Equipe des Soirées Mise en scène Le collectif metteurs en scène - acteurs Agnès Adam Hugues Badet Yves Beauget Cyril Cotinaut Philippe Cotten Marion Delplancke Giampaolo Gotti Pierre Heitz David Jauzion-Graverolles Cédric Jonchière Stéphanie Lupo Stéphane Poliakov Judith von Radetzky sous la direction de Anatoli Vassiliev assisté de Natacha Isaeva Scénographie Anne-Gaë lle Champagne Claire Davy Adeline Maillet Costumes Emilie Baillot Norma Garnier Technique Lumière : Dorothée Tournour Son : David Geffard Régie : Pierre Hoezelle Le bureau de la diffusion Chloé Bensimon - Liatard François Clamart Irène Joatton Sarah Mazurelle Faïka M’hamdi Mélanie Rebouillat Caroline Tigeot Graphisme Xavier Bonillo Remerciement à Bruno Torres - Théâtre des Célestins, Sophie Bouillot - TNP, et à leurs équipes, pour le prêt de costumes.