Les Bonnes
Jean Genet / Pierre Heitz
Création le 23 mai 2008. Festival Brut de fabrique du Théâtre de l’Iris
Coproduction : ENSATT, Cie Perceval.
Contact metteur en scène : 06 08 89 58 84
Les Bonnes
de Jean Genet
Adaptation et mise en scène : Pierre Heitz
Création lumière : Cécile Boudeaux
Scénographie et costumes : Pierre Heitz
Mixage musique : David Geffard
Contact diffusion :
Compagnie Perceval
Tel : 06 08 89 58 84
compagnie.perceva[email protected]
Distribution :
Claire : Jennifer Testard
Solange : Anaïs Jouishomme
Madame : Hélène Pierre
Fiche administrative
Numéro de Siret : 439 570 151 00027
Code A.P.E. : 9001 Z
Licence d’entrepreneur de spectacles : 2 – 1014062
Siège social : 33 rue Sœur Janin 69005 Lyon
Brève d’intention
Imaginez que cette pièce célèbre ait été volée comme on parfois La Joconde pour la fascination qu’elle exerce et
qu’elle soit recréée chaque soir tel un rituel ludique dans des catacombes, une église ou dans une église par trois
comédiennes afin qu’advienne sur elles un peu du Feu Sacré, de la Grâce, de l’Amour de Madame et Monsieur…
Vous serez alors loin des sœurs Papin et de la lecture classique de cette œuvre.
Dialogue d’intention
Le journaliste — Pourquoi tous les comédiens de la terre s’acharnent sur cette œuvre ?
Le metteur en scène — C’est peut être pour eux que Genet en a été engrossé par une nuit de délire bachique.
Le journaliste — Ah bon …
Le metteur en scèneEt Dionysos jubile encore de la bonne blague qu’il lui a fait et aussi de voir ces milliers
de comédiens s’évertuer à traverser ce labyrinthe que tout le monde aime tant.
Le journaliste — D’accord. Mais c’est quand même inspiré des sœurs Papins et du crime de leur maîtresse.
Le metteur en scène Je ne crois pas. Genet dit que « ces dames les Bonnes et Madame déconnent ?
Que Sacrées ou non, ces bonnes sont des monstres », des monstres sacrés pour rétablir le jeu de mots.
Le journaliste — Pas tout à fait des bonnes alors, mais quoi ?
Le metteur en scène — Des Actrices, des Bacchantes, des Bonnes Sœurs, peut-être les trois à la fois…
Le journaliste — Tout ça est un peu nébuleux. En quoi consiste leur jeu, leur Cérémonie ?
Le metteur en scène Pardonnez-moi. Bon, imaginons que cette pièce célèbre de la culture française ait été
volée comme on vole parfois La Joconde pour la fascination qu’elle exerce.
Le journaliste — Mais par qui ?
Le metteur en scène — Par trois comédiennes.
Le journaliste — Mais pourquoi ?
Le metteur en scène Pour la transformer en un rituel ludique comme les enfants en inventent ou comme
certaines femmes de l’antiquité grecque avec le Mystère d’Eleusis.
Le journaliste — Mais dans quel but ?
Le metteur en scène Pour attirer sur elles le Feu Sacré, la Grâce qui descendent parfois sur un plateau, sur
un acteur et dont tout le monde rêve.
Le journaliste — Mais comment en ont-elles eu l’idée, le désir ?
Le metteur en scène — Par instinct d’artiste, par réminiscence, par besoin vital.
Le journaliste — Mais pourquoi avec cette œuvre ?
Le metteur en scène Parce qu’elles y ont vu qu’une Madame très belle, très bonne, très douce donnait à ses
bonnes des belles robes et tout le théâtre qui va avec. Parce qu’elles y ont vu un Monsieur merveilleux qui les
faisait rêver et que Madame aimait beaucoup. Parce qu’elles ont vu qu’on y jouait des Cérémonies. Parce qu’elles
ont lu que l’auteur écrivait que c’était un conte bourré de symboles. Alors elles ont tourné le sens classique,
bourgeois des sœurs Papins qui assassinent leur despote maîtresse jusqu’à ce que la pièce devienne un rituel, un
jeu, un mystère, une action afin qu’adviennent sur elles un peu du Feu Sacré, un peu de la Grâce, un peu de
l’Amour de Madame et Monsieur…
Le journaliste — Mais en quoi c’est un rituel ?
Le metteur en scène — Il y a des épreuves. C’est une expérience réelle. Il arrive quelque chose à la fin…
Le journaliste — La mort.
Le metteur en scène — La vie.
Le journaliste — Comment ça ? Une des sœurs se suicide à la fin.
Le metteur en scène — Non, elle boit le tilleul, c’est tout.
Le journaliste — Le tilleul empoisonné ?
Le metteur en scèneElle dit seulement qu’elle va y mettre du Gardénal mais dans la cuisine hors plateau en
coulisse donc qui peut dire qu’elle le fait vraiment, et à la fin, l’auteur dit-il qu’elle meurt ? Non …
Le journaliste — Hum … Et le rituel, ça marche ?
Le metteur en scène — Et quand vous prenez l’Ostie le dimanche à la messe, ça marche ?
Le journaliste — Hum… Et où et quand font-elles ça ?
Le metteur en scène — Certains soirs, dans des lieux spéciaux comme des catacombes, des usines désaffectées,
des forêts, des églises ou des théâtres… Mais des Bonnes Soeurs pourraient faire la même chose pour
qu’advienne sur elles un peu du Feu Sacré, de l’Amour, de la Grâce de Marie et de Jésus… Un tableau qui aurait
plut beaucoup à Genet.
Le journaliste — Hum… je comprends maintenant pourquoi on a l’impression qu’elles ont fabriqué leur décor
elles-mêmes. Au fait pourquoi vous jouez Madame ? Tous les metteurs en scène tombent là-dedans.
Le metteur en scène Vous avez raison. Je ne le voulais pas. J’ai remplacer une comédienne. Mais
heureusement la première comédienne à qui je l’avais proposé en tout premier, indisponible à l’époque, m’a
appelé après avoir vu la première au Théâtre de l’Iris pour me dire qu’elle voulait jouer dedans. Et bientôt je
pourrais effacer ces deux répliques de notre dialogue.
Pierre Heitz
Lettre d’intention Mai 2008
Pourquoi tous les comédiens de la terre se décharnent sur cette œuvre ? MystèreEt si c’était pour
eux que Genet en avait accouché, après une nuit de délire bachique, sans savoir qui l’en avait engrossé. Et
Dionysos jubile encore à la vue de ces mille comédiennes s’initiant à traverser ce labyrinthe mystère de
Saint Genet. « Ces dames les Bonnes et Madame déconnent ? (…) Sacrées ou non, ces bonnes sont des
monstres (…) » dit-il. Pas tout à fait des bonnes alors, mais quoi ? Des Actrices, des Bacchantes, des Bonnes
Sœurs, les trois à la fois ? Au service de qui ? En quoi consiste leur jeu, leur Cérémonie ?
Un rituel initiatique, peut-être. Par le genre dramatique, alors ? Un mystère donc, tel celui d’Eleusis.
Trop de fascination de la part du disciple pour son maître peut empêcher tout épanouissement.
Comment éclore ? Mourir et renaître. Aimer beaucoup, beaucoup son maître jusqu’à la gation de soi-
même. Puis le tuer, transgresser la loi qu’il impose pour renaître et créer à son tour. Et ce par l’art même
qu’il a transmis. Le bon maître aime son disciple et désire son élévation autonome mais le mauvais maître
pêche par égoïsme, il retient son disciple par tous les moyens y compris par sa destruction pour qu’il reste
près de lui, sous lui, comme Cronos qui vorait ses enfants après leur avoir donner vie. S’il veut vivre et
créer à son tour, le disciple doit transgresser, tuer son maître, c’est son épreuve, son initiation. Comme
Jupiter qui émascula Cronos son père.
Madame aime beaucoup ses bonnes. Solange aime Madame avec réalisme et indépendance. Claire
adore Madame avec fascination. Madame est une grande Dame de théâtre, elle détient Grâce et Feu sacré. «
Car Madame est bonne. Madame est belle. Madame est douce. ». Solange et Claire sont actrices de chambre,
elles jouent des Cérémonies. Claire invente les Cérémonies, le théâtre secret, le théâtre sacrificiel,
propitiatoire. Elles jouent Madame tour à tour, mais ce soir Claire joue Madame, Solange joue Claire. Ainsi
Claire se parle à elle-même avec tout l’Amour de Madame et Solange lui répond en la jouant pour la libérer
de son amour étouffant pour Madame.
Par le crime dans le théâtre ou par le théâtre dans le crime, il faut sacrifier Madame pour se libérer de
leur amour étouffant pour Elle et pour que leur échoit son Feu sacré, sa Grâce. Paradoxe : pour vivre et
créer, devoir s’arracher l’amour pour l’être aimé qui nous aime d’Amour saint.
Elles font arrêter Monsieur, la bonté même, pour isoler la victime, Madame, qui revient bredouille de
sa quête de Monsieur. Elle laisse le théâtre et la ville pour la purgation, l'ascèse et la campagne... Mais Ô
surprise, elle donne ses robes et le théâtre, elle offre le moyen de la métamorphose, elle donne Fascination sa
plus belle robe. Elle ouvre le théâtre et encourage Claire et Solange à être belles, à rire, à vivre. Alors celles-
ci libèrent Monsieur, et Madame s’échappe pour rejoindre son Monsieur merveilleux et idéal.
Seules avec le Théâtre, il faut accomplir la métamorphose. Tuer Madame dans le théâtre. Solange s'en
charge, revêtissant elle-même Madame, devenant elle-même un ange rouge, pour emmener Madame, les
Cérémonies et elle-même sur l'échafaud libérateur.
Claire-Madame est morte étranglée par Solange, Solange-Madame est morte sur l’échafaud.
Mourir. Renaître. Ressusciter. Solange en ange. Claire en Madame. Et toutes les trois, recevoir le Feu
Sacré, la Grâce que les Dieux, les Muses, le Rituel envoient parfois aux hommes.
« Car il faut qu’elle dorme et que je veille. »
« Sauf qu’il ne reste d’elles, pour flotter autour du cadavre léger de Madame, que le délicat parfum des
saintes filles qu’elles furent en secret. Nous sommes belles, libres, ivres et joyeuses ! »
Imaginez maintenant que cette célèbre pièce ait été volée comme un tableau de musée et qu’elle soit
réinventée et rejouée chaque jour comme un rituel ludique par trois comédiennes dans les lieux les plus
insolites tels que catacombes, usines, forêts, lieux saffectés, comme le voulait Genet, pour que
consciencieusement chaque jour advienne sur elles un peu de la Grâce, un peu de l’Amour, un peu du Feu
Sacré de Madame et Monsieur...
Et imaginez encore que cette pièce soit rejouée chaque jour par trois nonnes au service de Marie,
puisque Genet en a caché le symbole un peu partout dans sa pièce, pour que consciencieusement chaque jour
échoient sur elles un peu de sa Grâce, de son Amour, de son Feu sacré.
Vous comprendrez alors que ces trois actrices arrivent devant leur public avec tout leur matériel et
qu’elles repartent avec après leur Action ainsi que Grotowski l’a nommé.
Vous comprendrez également que leur décor, leur lumière soient modestes et issus de leurs mains...
Enfin, s’il est de tradition que dans cette œuvre le metteur en scène joue Madame, sachez que dans
mon cas, il s’agit d’un choix de secours pour remplacer pendant un temps une comédienne envolée, et que je
ne projette pas l’image du metteur en scène dans celle de Madame. Pierre Heitz
Scénographie et lumière
La scénographie est simplissime. On pourrait définir son style comme issu du théâtre pauvre.
L’espace de jeu est nu, peut-être seulement deux chaises noires. Les comédiennes arrivent de l’extérieur, public
ou couloir, du dehors. Elles arrivent avec leur matériel pour leur action. Chacune porte une chaise et un élément,
un quinquet, un pied de lampe, un sac d’accessoires. Elles disposent ce matériel, accomplissent leur action, et
repartent avec leur affaires. Seules quelques fleurs subsistent après leur départ.
Le spectacle peut se jouer dans n’importe quelle salle autorisée à accueillir du public.
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