La poésie Le théâtre Convaincre… Le roman L`autobiographie Les

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LA CONNAISSANCE DU CŒUR HUMAINQUESTIONSUJET 25
La poésie
Le théâtre
Convaincre… Le roman
L’autobiographie
Les réécritures
L’amour est au centre de la plupart des romans et le couple homme-
femme leur garantit presque toujours le succès, pour ses relations com-
plexes et parfois conflictuelles ou tendues.
Balzac au XIXe siècle et deux romanciers du XXe siècle, Proust et Cohen, pré-
sentent une vision négative et assez pessimiste de l’amour, bien qu’il
repose, dans chacun de leurs romans, sur des relations et des sentiments
différents.
• Dans La Duchesse de Langeais, Balzac présente le couple comme le champ
d’une lutte d’influence, d’une relation de pouvoir dans laquelle chacun sou-
haite imposer sa volonté et assouvir son orgueil, comme en témoigne le
lexique de la volonté et du conflit. La première escarmouche entre les deux
personnages tourne autour du verbe « je veux », répété comme un leitmotiv
dans toute la scène – repris plus loin par le verbe « exiger » ou le nom
« exigences ». La notion de conflit et de domination apparaît plusieurs fois
dans le texte : il est question de « céder » et la duchesse veut rester
« maîtresse » du jeu ; elle « repouss[e] » son soupirant « avec force », elle
s’oppose fermement et catégoriquement à lui par un autoritaire « point » ; il
est question de « conquête » ; le général « voulut s’élancer ». Balzac sou-
ligne cette rivalité par la métaphore saisissante de la « partie d’échecs ». Il
semble ici que ce soit la femme qui sorte victorieuse de l’affrontement. Par
ailleurs, chaque partenaire entend être « libre », « tranquille » (la duchesse
parle de « libre disposition » de soi-même).
Enfin, les rapports sont froids : le ton, tout en restant apparemment très
courtois et poli, est en fait souvent ironique ou moqueur (Montriveau
« ri[t] »), voire méprisant (« mépris ») et plein de « hauteur ». En somme
volonté de puissance, rapports de force, indépendance et distance sont les
bases de cette relation, malgré tout assez tonique. Le narrateur laisse le
lecteur imaginer qui, de la duchesse ou du général, gagnera cette « partie
d’échecs ».
Marcel Proust et Albert Cohen présentent, eux, une vision totalement sub-
jective de la relation amoureuse : en effet, c’est, dans les deux cas,
uniquement à travers le personnage masculin qu’ils font « voir » les rapports
dans le couple.
Proust, à travers le regard de son narrateur, peint une relation usée et per-
vertie que la durée a rendue « ennuyeu[se] », complexe, qui manque de
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fraîcheur et ne présente que des aspects négatifs : le narrateur porte un
regard sans pitié sur sa compagne qui ne sait plus le charmer. Il ne l’aime
pas pour elle-même, son attirance pour elle ne renaît que par un détour,
lorsqu’il doit la disputer à d’autres hommes. Elle n’est alors qu’un enjeu
dont il ne veut pas perdre la maîtrise. Cette relation ne procure aucune
émotion positive (comme la « joie »), mais suscite la « souffrance » née
d’une jalousie exacerbée (« moi, si jaloux ») qui obsède le narrateur. Or la
jalousie est aussi désir de posséder, de dominer et, en ce sens, cette rela-
tion a quelque rapport avec celle que propose Balzac.
Le texte de Cohen présente une « passion » totalement éteinte, du moins du
point de vue de l’homme. L’insouciance et la naïveté de la jeune femme,
Ariane, amènent Solal à jouer la comédie, à « camoufler leur solitude ». La
relation amoureuse est vécue comme une chaîne (les deux amants sont des
« bannis », Solal est un « hors caste ») et il faut en meubler le vide, elle est
monotone et profondément ennuyeuse, comme le traduit l’expression
« rabâcher éternellement ». Leur liaison exclut les amants du monde, les
coupe de toute vie sociale intéressante : c’est une prison où ne restent que
les « tristes passe-temps des solitaires ». La métaphore de la « tragédie »
révèle l’échec, dont la jeune femme n’est même pas consciente.
Tous ces textes présentent une vision pessimiste de la relation
amoureuse ; cependant l’impression produite n’est pas la même : l’extrait
de Balzac en donne une image tonique et vigoureuse ; celui de Proust met
l’accent sur la jalousie, dernier aiguillon de l’amour ; celui de Cohen pré-
sente un couple à la dérive, englué dans les faux-semblants d’une passion
qui n’existe plus.
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