imaginez immédiatement les effets potentiels vu la qualité des constructions et la
densité de populations dans le nord de l’Inde. Il faut donc s’attendre à un nombre de
victimes de plusieurs centaines de milliers, probablement supérieur à ce qui s’est passé
au Sichuan l’année dernière.
Si on effectue un petit zoom sur ce qui s’est passé lors du séisme du Cachemire de
2005, cette image (Diapo 13) a été obtenue par une technique qu’on a développé il y a
quelques années dans mon laboratoire au CEA. Cette technique consiste à corréler des
images optiques prises par le satellite SPOT, avant et après un séisme, pour mesurer les
déplacements du sol liés au séisme. Le code de couleur correspond à l’amplitude du
déplacement, ci-joint, un déplacement nord-sud. Ce que vous voyez dans l’image jointe,
c’est la zone de faille. Le séisme a rompu la surface du sol et a accompagné un
chevauchement de la zone montagneuse sur l’avant-pays, de l’ordre de 4 à 5 mètres. La
taille maximum était 7 mètres. Il s’agit d’un séisme relativement modeste, car il est de
7,6. La longueur de la rupture fait 70 – 75 kilomètres. Donc, lorsqu’il y a un grand
séisme en Himalaya, vous avez un incrément de déplacement sur une faille qui va
séparer les reliefs et qui contribue au soulèvement des reliefs. On voit donc déjà deux
éléments se mettre en place. D’abord, des déformations lentes sur des dizaines d’années
ou des centaines d’années qui préparent ces grands séismes. On voit par une règle de
trois très simple, que si le déplacement est de l’ordre de 5 mètres lors d’un séisme, vu
que le raccourcissement mesuré par la géodésie est de l’ordre de 2 centimètres par an, il
faut environ 250 ans pour préparer un séisme comme celui-ci. Ensuite la question qu’on
va se poser est de savoir comment ces séismes contribuent à former la chaîne et quelles
sont les failles sur lesquelles ils se produisent. Ensuite, il faut se demander si on peut
prédire, anticiper, et essayer de savoir si ces séismes se produisent de manière arbitraire
partout dans le prisme himalayen, où s’ils ont lieu sur des failles identifiables. On voit
tout de suite que ce n’est pas la géodésie qui va nous aider à répondre à cette question,
parce qu’on regarde une période qui est trop courte pour être représentative de ce qui se
passe à long terme. Il faut trouver une façon de quantifier les déformations sur une
échelle de temps qui va couvrir plusieurs cycles sismiques. La bonne approche, pour
cela, consiste à regarder des marqueurs géomorphologiques, typiquement des terrasses
fluviales. Ci-joint (Diapo 15), vous avez un exemple le long de la Trisuli. La rivière se
trouve ci-joint et quand vous regardez dans le paysage, vous voyez à flanc de vallée des
terrasses, qui sont des paléo-lits de rivières. Elles ont été abandonnées alors que la
rivière incisait en réponse au soulèvement des reliefs. Une fois que ces lits de rivières