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détectées avant la découverte du néoplasme primitif [4]. Il s’agit,
souvent d’un patient de la septième décade présentant brutalement
une exophtalmie, une diplopie, une baisse de l'acuité visuelle et des
céphalées [1, 2, 4].
La tomodensitométrie et la résonance magnétique nucléaire
orientent vers le diagnostic de métastases [1, 2, 4]. Certains
caractères radiologiques orientent vers l’origine prostatique de
la métastase orbitaire [2, 4]. Ainsi l’aspect à l’échographie orbi-
taire est celui d’une lésion à centre hyperéchogène du fait de son
infiltration par les cellules tumorales et à périphérie mixte entre
le tissu orbitaire normal et la haute réflexibilité acoustique des
spicules tumoraux [2, 4]. La TDM retrouve une lésion hyper-
dense avec des spicules orbitaires dues à l'augmentation du volu-
me osseux en rapport avec l'activité ostéoblastique très évocatri-
ce de la MOCP (70% des cas) [2, 5, 9]. Les lésions ostéolytiques
sont plus rares et sont surtout rencontrées au stade terminal de la
maladie [5, 9]. Toutefois, malgré le développement de l'image-
rie, la nature histologique de la lésion ne peut être identifiée sur
la radiologie.
La certitude diagnostique de MOCP est obtenue par la ponction
aspiration cytologique de la lésion orbitaire à l’aide d’une aiguille
fine avec étude Immuno-Histo-Chimique utilisant l’Immunomar-
quage du PSA à la péroxydase [8, 10].
Le traitement doit être considéré comme une urgence, compte tenu
du retentissement sur l’œil. Il est palliatif et ne modifie pas l’évolu-
tion de la maladie [1, 4, 9]. Le traitement de choix pour la plupart
des auteurs est l’irradiation focalisée sur l'orbite associée aux anti-
androgénes et aux corticoïdes pour atténuer l'oedème péritumoral
[1, 4, 9, 10]. Ultérieurement on préconisera le traitement hormonal
classique du cancer prostatique métastatique [1, 4].
La radiothérapie locale est très efficace puisqu’elle permet la
régression de l’exophtalmie et la restauration de la vision. Dans
une série de 37 malades qui ont reçu la radiothérapie locale,
89,9% ont répondu à la dose de 30 à 56 Gray avec régression de
l’exophtalmie et amélioration des symptômes [4, 6].
Chez les malades avec métastases ostéo-condensantes, les
lésions sont hormonosensibles, et la rémission prolongée est
possible. Le changement ostéolytique reflète l'hormonorésistan-
ce et l’étape terminale de la maladie [4].
Le pronostic du cancer de la prostate va dépendre essentielle-
ment du degré de différenciation du cancer, de l'existence ou non
d'un traitement spécifique antérieur et de l’existence ou non
d’une autre localisation métastatique secondaire. Pour le premier
paramètre, il est maintenant établi qu'une tumeur bien différen-
ciée sera mieux contrôlée par le traitement hormonal qu'une
tumeur peu différencié voire indifférenciée. Pour le second, le
pronostic est plus sombre quand la métastase apparaît chez un
malade déjà traité puisque cela prouve l'échappement hormonal
[1, 4].
Le pronostic de MOCP est mauvais, la survie moyenne se situe
entre 7,4 et 26 mois et n’est pas statistiquement différent de la sur-
vie moyenne de tous les malades avec les métastases prostatiques à
distance [2, 4, 9].
CONCLUSION
La survenue de métastases orbitaires au cours de l’évolution du
cancer de la prostate est exceptionnelle. Le contexte clinique et l’i-
magerie permettent souvent d’évoquer le diagnostic de MOCP
,le
recours à la ponction cytologie n’est pas systématique. Le traite-
ment repose sur la radiothérapie locale et l’hormonothérapie à base
d’antiandrogène.
L’évolution souvent favorable des signes cliniques ne doit pas faire
oublier le mauvais pronostic du cancer de la prostate au stade
métastatique, d’où l’intérêt du dépistage.
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Figure 4. Contrôle scanographique : Disparition des lésions sphénoï-
dales avec régression de la protrusion oculaire et temporo-pariétal
remplacé par une hypodensité temporale gauche non rehaussée par
l'injection du produit de contraste.