MAT231, Chapitre 1 MAT231 – Chapitre 1 : Notions fondamentales Université Joseph Fourier – 2008-2009 Pierre Bérard Les transparents et les feuilles d’exercices sont disponibles sur http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~pberard 1/24 MAT231, Chapitre 1 Plan du chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Relations d’ordre Propriété fondamentale de l’ensemble N Groupes, Anneaux, Corps Espaces vectoriels 2/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Nous supposerons connus les ensembles de nombres usuels, I N, l’ensemble des entiers naturels, I Z, l’ensemble des entiers (ou des entiers relatifs), I Q, l’ensemble des nombres rationnels, I R, l’ensemble des nombres réels, I C, l’ensemble des nombres complexes. Nous préciserons, si nécessaire, leurs propriétés au fur et à mesure des besoins. 3/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Relations d’ordre Relations d’ordre Définition Une relation binaire ≺ sur un ensemble non vide A est une relation d’ordre si elle est 1. Réflexive : pour tout a ∈ A, a ≺ a ; 2. Anti-symétrique : pour tous a, b ∈ A, si (a ≺ b et b ≺ a) alors a = b; 3. Transitive : pour tous a, b, c ∈ A, si (a ≺ b et b ≺ c) alors a ≺ c. On dit alors que l’ensemble (A, ≺) est un ensemble ordonné. 4/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Relations d’ordre Exemples 1. Les ensembles (N, ≤) et (Z, ≤) sont ordonnés. 2. Soit A un ensemble. Soit P(A) l’ensemble des parties de A. L’ensemble (P(A), ⊂) est un ensemble ordonné (⊂ désigne la relation d’inclusion). 5/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Relations d’ordre Définition Soit (A, ≺) un ensemble ordonné et soit B ⊂ A une partie non vide de A. On dit que a ∈ A est un majorant de B si, pour tout x ∈ B, on a x ≺ a. On dit que a ∈ A est le plus grand élément de B si a est un majorant de B et si a ∈ B. De même, on dit que a ∈ A est un minorant de B si, pour tout x ∈ B, on a a ≺ x . On dit que a ∈ A est le plus petit élément de B si a est un minorant de B et si a ∈ B. Définition Un ensemble ordonné (A, ≺) est dit totalement ordonné si, pour tous a, b ∈ A, on a a ≺ b ou b ≺ a. 6/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Propriété fondamentale de l’ensemble N Propriété fondamentale de l’ensemble N Théorème [admis] L’ensemble des entiers naturels possède les propriétés suivantes. 1. Toute partie non vide de (N, ≤) admet un plus petit élément. 2. Toute partie non vide majorée de (N, ≤) admet un plus grand élément. 3. L’ensemble (N, ≤) n’admet pas de plus grand élément. Notations. On note s l’application de N dans N définie par s(n) := n + 1 pour tout n ∈ N. 7/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Propriété fondamentale de l’ensemble N Théorème Soit A une partie non vide de N et soit a := min(A) son plus petit élément. Si s(A) ⊂ A alors A = {n ∈ N | n ≥ a}. En particulier, si 0 ∈ A et s(A) ⊂ A alors A = N. Raisonnement par récurrence Soit P une propriété définie sur l’ensemble {n ∈ N | n ≥ a}. Si P(a) est vraie et si, pour tout n ≥ a, P(n) vraie implique P(s(n)), c’est-à-dire P(n + 1), vraie , alors P(n) est vraie pour tout n ≥ a. 8/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Groupes, Anneaux, Corps Groupes, Anneaux, Corps Soit (G, ?) un ensemble non vide, muni d’une loi de composition interne notée ?. Définition On dit que (G, ?) est un groupe si la loi ? possède les propriétés suivantes. I Associativité : pour tous x , y , z ∈ G, on a x ? (y ? z) = (x ? y ) ? z. I Élément neutre : il existe un élément eG ∈ G tel que, pour tout x ∈ G, on a x ? eG = eG ? x = x . I Inverse : pour tout x ∈ G, il existe un élément y ∈ G, appelé inverse de x , tel que x ? y = y ? x = eG . 9/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Groupes, Anneaux, Corps Définition On dit que le groupe est commutatif, si la loi ? vérifie également l’axiome de Commutativité : pour tous x , y ∈ G, on a x ? y = y ? x . Exemples I L’ensemble (Z, +) est un groupe commutatif. I L’ensemble Z4 := {0̂, 1̂, 2̂, 3̂} muni de l’opération +̂ définie dans le tableau ci-après est un groupe commutatif. +̂ 0̂ 1̂ 2̂ 3̂ 0̂ 0̂ 1̂ 2̂ 3̂ 1̂ 1̂ 2̂ 3̂ 0̂ 2̂ 2̂ 3̂ 0̂ 1̂ 3̂ 3̂ 0̂ 1̂ 2̂ 10/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Groupes, Anneaux, Corps Définition Un anneau est un ensemble non vide (A, +, ×) muni de deux lois de composition interne vérifiant, I (A, +) est un groupe commutatif (d’élément neutre 0A ), I la multiplication × est associative et elle admet un élément neutre 1A , I la multiplication est distributive par rapport à l’addition, c’est-à-dire, pour tous a, y , z ∈ A, on a a × (y + z) = a × y + a × z et (y + z) × a = y × a + z × a. On dit que l’anneau (A, +, ×) est commutatif si la multiplication est commutative. 11/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Groupes, Anneaux, Corps Définition On dit que l’anneau (A, +, ×) est intègre s’il est commutatif et si a, b ∈ A et a × b = 0 impliquent a = 0 ou b = 0. Si les éléments a, b ∈ A vérifient a 6= 0, b 6= 0, et a × b = 0, on dit que ce sont des diviseurs de zéro. Exemples, I I Les ensembles (Z, +, ·) et (Q, +, ·) sont des anneaux commutatifs intègres. I L’ensemble M2 (R) des matrices 2 × 2 à coefficients réels, muni de l’addition et de la multiplication usuelles des matrices, est un anneau. Cet anneau n’est pas commutatif. 12/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Groupes, Anneaux, Corps Exemples, II I ˆ muni des opérations +̂ et × ˆ définies L’ensemble (Z4 , +̂, ×), dans les tableaux suivants, est un anneau commutatif qui admet des diviseurs de zéro. +̂ 0̂ 1̂ 2̂ 3̂ 0̂ 0̂ 1̂ 2̂ 3̂ 1̂ 1̂ 2̂ 3̂ 0̂ 2̂ 2̂ 3̂ 0̂ 1̂ 3̂ 3̂ 0̂ 1̂ 2̂ ˆ × 0̂ 1̂ 2̂ 3̂ 0̂ 0̂ 0̂ 0̂ 0̂ 1̂ 0̂ 1̂ 2̂ 3̂ 2̂ 0̂ 2̂ 0̂ 2̂ 3̂ 0̂ 3̂ 2̂ 1̂ 13/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Groupes, Anneaux, Corps Corps Définition Un corps est un anneau (K , +, ×) non réduit à {0} (l’élément neutre de +) et tel que tout élément de K \ {0} soit inversible pour la multiplication. On dit que le corps (K , +, ×) est commutatif si la multiplication est commutative. Exemples, I I L’ensemble (Z, +, ×) des entiers est un anneau commutatif intègre. Ce n’est pas un corps (ses seuls éléments inversibles pour la multiplication sont 1 et −1). I Les ensembles Q, R et C – des nombres rationnels, réels, complexes, munis des opérations usuelles – sont des corps commutatifs. 14/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Groupes, Anneaux, Corps Exemples, II L’ensemble Z3 := {0̂, 1̂, 2̂}, muni des opérations définies dans les tableaux suivants, est un corps commutatif. +̂ 0̂ 1̂ 2̂ 0̂ 0̂ 1̂ 2̂ 1̂ 1̂ 2̂ 0̂ 2̂ 2̂ 0̂ 1̂ ˆ × 0̂ 1̂ 2̂ 0̂ 0̂ 0̂ 0̂ 1̂ 0̂ 1̂ 2̂ 2̂ 0̂ 2̂ 1̂ 15/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Groupes, Anneaux, Corps Notations Dans la suite du cours, A désignera un anneau commutatif (A, +, ·) et K un corps commutatif (K, +, ·). On notera 0 l’élément neutre de l’addition et 1 celui de la multiplication. 16/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Espaces vectoriels Espaces vectoriels Définition Soit K un corps commutatif. Un espace vectoriel sur le corps K est la donnée d’un groupe commutatif (E , +), dont l’élément neutre est noté 0E , et d’une action de K sur E , K × E 3 (λ, x ) → E , (λ, x ) 7→ λ · x (ou plus simplement λx ) telle que I pour tous α, β ∈ K et x ∈ E , (α + β) · x = α · x + β · x , I pour tous α ∈ K et x , y ∈ E , α · (x + y ) = α · x + α · y , I pour tous α, β ∈ K et x ∈ E , (αβ) · x = α · (β · x ), I pour tout x ∈ E , 1K · x = x . 17/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Espaces vectoriels Exemples I L’ensemble Rn , muni des opérations usuelles, l’addition des vecteurs et la multiplication des vecteurs par un scalaire, est un espace vectoriel sur R. I L’ensemble Cn , muni des opérations usuelles, l’addition des vecteurs et la multiplication des vecteurs par un scalaire, est un espace vectoriel sur C. I L’ensemble Mm,n (R) des matrices à m lignes et n colonnes, muni des opérations usuelles, addition des matrices et multiplication d’une matrice par un scalaire, est un espace vectoriel sur R. 18/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Espaces vectoriels Définition On appelle combinaison linéaire de vecteurs de E toute somme (finie) de la forme α1 u1 + · · · + αk uk où les αj sont des éléments de K et où les uj sont des éléments de E . Définition On dit qu’une famille {uj }j∈I de vecteurs de E est une famille génératrice si tout élément de E peut s’écrire comme combinaison linéaire (finie) d’éléments de la famille {uj }j∈I . 19/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Espaces vectoriels Définition On dit qu’une famille {uj }j∈I de vecteurs de E est une famille libre P si, pour tout sous-ensemble fini J ⊂ I, l’égalité j∈J αj uj = 0 implique que αj = 0 pour tout j ∈ J . Définition On dit qu’une famille de vecteurs de E est une base de E si elle est libre et génératrice. 20/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Espaces vectoriels Exemples I La famille e1 := (1, 0, . . . , 0), . . . , en := (0, . . . , 0, 1) est une famille libre et génératrice de Rn . C’est une base de Rn . I La famille {1, X , X 2 , . . .} est une base de l’espace vectoriel sur C[X ] des polynômes à coefficients complexes. I La famille {e ikx }k∈Z est une famille libre dans l’espace vectoriel sur C des fonctions continues de R dans C. Elle n’est pas génératrice. 21/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Espaces vectoriels Définition Soient E , F deux espaces vectoriels sur le corps K. Une application linéaire u de E dans F est une application u : E → F qui vérifie 1. Pour tous x , y ∈ E , on a u(x + y ) = u(x ) + u(y ). 2. Pour tout α ∈ K et pour tout x ∈ E , on a u(αx ) = αu(x ). Notation On note L(E , F ) l’ensemble des applications linéaires de E dans F , muni des opérations suivantes, 1. Addition. Pour tous u, v ∈ L(E , F ), l’application u + v est définie par, [pour tout x ∈ E , (u + v )(x ) := u(x ) + v (x ).] 2. Action de K. Pour tout α ∈ K et pour tout u ∈ L(E , F ), l’application αu est définie par, [pour tout x ∈ E , (αu)(x ) := αu(x ).] On note LK (E , F ) quand on veut spécifier le corps. 22/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Espaces vectoriels Proposition Soient E , F deux espaces vectoriels sur K. Alors, l’ensemble L(E , F ) est un espace vectoriel sur K. Notations et Définitions L’ensemble L(E , E ), noté L(E ), est l’ensemble des endomorphismes de E . L’ensemble L(E , K), noté E ∗ , est l’ensemble des formes linéaires sur E . On l’appelle l’espace dual de l’espace E . 23/24 MAT231, Chapitre 1 Chapitre 1, Notions fondamentales Espaces vectoriels Version Septembre 2008 mat231-chap1-fondamentaux-080902.tex (2 septembre 2008) 24/24