
Si la place parisienne court le risque de marginalisation – 5ème place financière en 2010,
8ème en 2013 –, elle ne manque pourtant pas d’arguments. Le succès des grandes
entreprises françaises, la forte communauté d’investisseurs, la qualité de la formation et
son leadership sur les dérivés action ou les financements structurés sont autant
d’opportunités d’inverser la tendance.
De même, le développement des monnaies émergentes, des nouveaux produits de
financement de marché pour les ETI et les évolutions règlementaires sur les
marchés monétaires peuvent permettre à Paris de s’affirmer comme une place
financière de premier plan.
Le change dans la conquête des marchés émergents
Tout d’abord, l’émergence de nouvelles puissances dans les régions Asie, EMEA ou
Amérique du Sud a provoqué un certain nombre d’ajustements sur les marchés du
change. Les récents événements ont permis de comprendre que le terme « émergents »
regroupe des pays de natures très différentes. D’où l’intérêt d’une classification selon
plusieurs critères.
Dans un premier niveau d’analyse, les pays sont jugés selon leur vulnérabilité
financière. La performance économique du pays – taux de croissance, PIB, inflation –, les
comptes extérieurs – balance courante, dette externe, niveau de réserve –, et la stabilité
financière interne – solidité des banques locales, croissance du crédit à l’économie – sont
des indicateurs pertinents qui permettent de mieux évaluer la santé économique du pays
considéré. Dans un second niveau d’analyse, l’étude de la politique monétaire du pays
offre une vision claire de sa marge de manœuvre réelle. Ainsi, en se basant sur des
indicateurs tels que le taux d’intérêt réel fixé par la politique monétaire et le niveau de
déficit ou d’excédent budgétaire, les données obtenues permettent de compléter la
classification et de ranger les émergents selon la robustesse de leur économie et de leur
devise.
Cette analyse est particulièrement pertinente aujourd’hui : l’annonce par la FED du « QE
tapering » a en effet provoqué une évolution brutale des marchés du change. Cette crise
de correction, caractérisée par des capital outflows massifs chez les pays émergents, a
sévèrement affaibli leurs devises. Les fonds spéculatifs ont pris de fortes positions courtes
et contribué à déprécier les monnaies émergentes. Mais pour autant, il semble que ces
récents mouvements témoignent d’un ajustement mécanique plutôt que d’une réelle
remise en cause structurelle. En effet, au regard des critères énoncés plus haut, la
majorité des pays émergents dispose de fondamentaux solides et semble en relative
bonne santé. Pour cette raison, les analystes n’anticipent plus de mouvement baissier ;
par ailleurs, de nombreux fonds de long terme souhaiteraient à nouveau investir
massivement dans les émergents, profitant ainsi d’un retour intéressant. Cela démontre là
encore la crédibilité et l’efficacité des Banques centrales locales qui, pourtant largement
malmenées par les Hedge funds à l’origine, semblent finalement avoir repris le dessus.
Face à de telles transformations sur le marché des devises, les entreprises corporate
s’exposent à un risque de change. En effet, lorsque les achats et la vente de marchandises
ou services s’effectuent dans des devises différentes, une gestion du risque s’impose. Pour
cela, les entreprises optent pour des solutions financières ou opérationnelles. D’une
part, les instruments optionnels et produits bancaires – par un raccourcissement des