
Journée d’échange et de réflexion ConsoFrance du 18 novembre 2010 Page 3/10
« Pouvoir d’achat et développement durable »
Emmanuelle LAMBERT, AFOC Lille, indique qu’il existe encore des articles pour bébés garantis à vie, ce qui
dénote de la part du fabricant une volonté de mener une politique de qualité avec des produits durables.
Philippe MOATI, intervenant, fait part de son inquiétude face au développement des pays émergents, lorsque la
priorité stratégique se déplace sur ce terrain. Dans le monde marketing, on sent la montée de l’aspiration à
consommer autrement. L’avenir c’est l’orientation client. La qualité devient stratégique. Le fabricant d’automobiles
KIA garantit ses modèles 7 ans.
Julien ADDA, Fédération nationale de l’agriculture biologique, s’interroge : comment consommer autrement ?
Le bio est souvent regardé comme une économie nutritionnelle inabordable. La transformation du modèle agricole
ne s’effectue que difficilement, à tel point que celui-ci s’efforce de façonner le bio pour le spécifier et le massifier.
On force le bio à une économie de la quantité pour rentrer dans le rang. Ce serait la jungle que de vouloir définir un
coût d’usage pour les produits alimentaires. Est-ce que le consommateur a conscience de payer deux, trois fois, le
coût de l’agriculture traditionnelle, si on intègre le coût de l’eau, le coût de la dépollution ? La fiscalité inversée
donne le chiffre de 900 euros à l’hectare.
Philippe MOATI, intervenant, confirme cette vue : il y a en effet un coût d’usage collectif.
Marc LAGAE, ALLDC, indique que, concernant le secteur de la recherche et du développement, les
infrastructures et les changements de produits sont incessants. Il cite l’exemple de la TNT. Si nous suivons
l’orientation de la commercialisation du service et non plus du produit, nous dépendons du travail des chercheurs
et de la technologie sans autre choix.
Philippe MOATI, intervenant, considère que l’on ne peut multiplier à l’infini les infrastructures. Il est vrai que les
nouveaux produits chassent les autres. Mais en appliquant le principe de « l’effet utile », on chasse les pseudo-
innovations, on les démasque.
Jean-Michel ROTHMANN, INC, fait remarquer que la notion de qualité est difficilement palpable, elle est liée au
temps. Sur la durabilité des produits, par le comparatif des produits, les ingénieurs s’essaient à la mesurer mais la
tâche est ardue. Quid enfin de l’obsolescence des produits ? Souvent le marketing ne fait que changer l’apparence
des produits. Il n’est pas certain que la notion de service remplace l’automobile.
Philippe MOATI, intervenant, suggère de comparer les évolutions qui affectent les « boxes ADSL », où les
renouvellements s’effectuent assez lentement parce que les fournisseurs d’accès restent propriétaires des boxes,
avec celles concernant les téléphones portables, où les progrès apparaissent sans commune mesure. Il nous faut
alors retenir les qualités du produit, tirées des usages du produit. La qualité aussi par la durabilité, on dépasse le
problème de la mesure par les tests comparatifs, si les fabricants garantissent leurs produits 10 ans.
Emilie SPIESSER, ADEME, observe que le coût induit une meilleure production, plus on avance dans la
technique. Lorsqu’un produit obtient l’éco-label NF, la qualité environnementale de ces produits s’en trouve
améliorée. Parfois, ces produits peuvent présenter un coût à l’achat, mais il peut aussi être en deçà d’un produit de
marque. Certes la gestion des déchets à un coût et le meilleur déchet reste celui qui n’est pas produit.
Pour empêcher la consommation de masse, peut-être que les associations de consommateurs doivent mener des
actions de sensibilisation sur l’interrogation, avant même d’acheter, portée sur le besoin réel ou non de l’achat. De
la même manière que le CNC a rendu un avis sur les allégations environnementales, en s’attachant à définir le
durable, le naturel, il conviendrait de sensibiliser les consommateurs à l’éco-label.
S’agissant de créer de l’emploi, les SAV présentent des pénuries. Il conviendrait d’explorer cette piste de création
d’emplois.
Quant au prix dans l’agriculture, qu’est-ce que le prix juste ? Ne faudrait-il pas sensibiliser les consommateurs à la
qualité dans leurs assiettes ?
Le Grenelle de l’environnement a réussi à imposer l’affichage environnemental a minima d’un produit, depuis sa
fabrication jusqu’à sa fin de vie.
Corine RINALDO, CNL, explique que beaucoup de familles en difficulté n’ont pas le choix. A leurs yeux, la
question cruciale demeure le coût. Comment aider ces familles à aller vers la sensibilisation que vous prônez ?
Léonard COX, MEDEF, mentionne que les produits venant des pays émergents doivent intégrer la dimension
européenne de mise sur le marché communautaire. Il réclame une compétitivité équitable dans un marché
européen au service des consommateurs.
Philippe MOATI, intervenant, note que c’est là l’un des rares domaines où la Commission travaille dans un
espace assez libéral d’emblée à l’échelle communautaire des 27.
Patrice BOUILLON, Indécosa-CGT, cite Socrate pour les notions de juste prix et de valeur d’usage. Il nous faut
en revenir à la source plus qu’à l’apparence. Il cite aussi le sociologue Weber, auteur de la théorie de la projection