Bernard Paranque1
Le 14 juin 2000
BESOINS DE FINANCEMENT ET ACCES AU CREDIT
FACILITER LE RECOURS AU FINANCEMENT EXTERNE........................................................................................ 2
LE BESOIN DE FLEXIBILITÉ FINANCIÈRE. ......................................................................................................... 2
DES LIQUIDITÉS IMPORTANTES EN FRANCE - DES CRÉDITS BANCAIRES COURANTS ÉLEVÉS EN ALLEMAGNE ET EN
ITALIE........................................................................................................................................................... 4
DEUX MODES DE RELATION BANQUE - ENTREPRISE ......................................................................................... 8
UNE COMPARAISON FRANCE-ALLEMAGNE ..................................................................................................... 9
LA NÉCESSITÉ D'UNE INTERMÉDIATION INFORMATIONNELLE ......................................................................... 12
UN SYSTÈME MODERNE DE GARANTIES: L'AIDE À LA GESTION DE LA FLEXIBILITÉ FINANCIÈRE ........................ 14
BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................................... 18
Depuis 15 ans, les entreprises françaises ont fortement amélioré leurs performances
face à leurs concurrentes étrangères.
Les travaux du Groupe d'études sur les fonds propres des entreprises européennes au
sein du Comité Européen des Centrales de Bilans ou une étude conjointe menée par la Banque
de France et la Deutsche Bundesbank sur la période 1986-1998 soulignent la bonne santé
financière des sociétés françaises, en particulier des PME, par rapport à leurs homologues
européennes
Pour autant, l'appréciation de la situation des PME dans l’économie suscite toujours un
large débat : obstacles à l’obtention des prêts, coût du crédit, niveau des fonds propres,
dépendance à l’égard des clients ou des fournisseurs les plus importants, mais aussi
dynamisme, flexibilité, potentiel de croissance. Elles occupent en effet, une place spécifique
dans le système productif, avec une position économique, et donc financière, souvent
contrainte par la nature des relations avec les clients, les fournisseurs, les donneurs d’ordres.
Elles sont généralement considérées comme plus risquées par les prêteurs sans que
pour autant on sache très bien distinguer ce qui est lié au projet en tant que tel, de ce qui
résulte d'une faiblesse de l'information disponible sur cette catégorie d'entreprises.
Ce constat souligne que, comme toute activité humaine, l’acte d’entreprendre est, par
définition, une prise de risques. Ces risques ne doivent pas être pris comme des handicaps à
éviter car ils sont constitutifs de l’activité économique. La question est de savoir comment ils
sont gérés par l’entreprise, comment ils sont ou non identifiés, anticipés par les acteurs
impliqués dans la relation de financement.
Divers travaux ont pu montrer qu’il n’existait pas de relation positive entre importance
des fonds propres et niveau de performances des entreprises. En fait, les firmes les plus
dynamiques en matière d’investissement et/ou d’emploi sont souvent celles qui sont les plus
1 Economiste détaché par la Banque de France à la DECAS.
2
endettées, et donc celles qui ont besoin des banques pour se développer. Toutefois, cette
appréciation en dynamique bute sur le diagnostic statique : en cas de disparition d’un client
important ou de récession des marchés, ces mêmes entreprises sont celles qui sont alors les
moins capables de pouvoir absorber ce retournement de conjoncture.
Faciliter le recours au financement externe
Face à ce constat, il est important de disposer d'un système qui permette à l'entreprise
de faire face à ses engagements sans remettre en cause sa pérennité. Pour cela il y a deux
voies.
D'une part il faut qu'elle puisse disposer d'une garantie d'accès au financement, en
particulier de court terme, pour pouvoir faire face aux aléas et aux retournements d'activité.
D'autre part, il est nécessaire qu'elle offre des garanties qui, au-delà des sûretés réelles
et autres cautions, facilitent la gestion du risque et expriment sa capacité à assurer sa
pérennité: tableaux de bord, organisation de la succession, suivi du marché, justification
objectives ( enquêtes, études, statistiques…) des décisions d'investissement, recours à des
conseils etc.
La difficulté d’évaluer la qualité des entreprises et, en conséquence, de leur accorder
des capitaux vient de ce que la diversité croissante, génératrice de coûts et donc d'exclusions,
des produits, des actifs industriels, des marchés et, par voie de conséquence, des situations
économiques auxquelles sont confrontées les PME, et donc les banques, bute sur l’unicité des
méthodes, sur leur caractère trop statique et immédiatement financier.
Il est nécessaire, a contrario, de développer le caractère pluriel et dynamique de
l’évaluation financière. Celle-ci devrait être capable de saisir les contraintes « réelles » que
doivent gérer les acteurs : attentes des clients, nature prévisible ou incertaine du marché,
technologie standard ou spécialisée, importance des savoir-faire….
Le besoin de flexibilité financière2.
La structure du capital d'une entreprise dépend notamment de son activité et en
particulier du besoin de liquidité lié au financement des fluctuations de court terme du cycle
d’exploitation afin de s’adapter aux événements non anticipés. Dès lors, la diversité observée
2 J'ai utilisé largement les éléments présentés dans l'étude Deutsche Bundesbank - Banque de France (1999): "
Modes de financement des entreprises en Allemagne et en France", Sauvé A. et Scheuer M. Editeur, mais je reste
seul responsable des analyses émises dans ce papier.
3
des structures de passif ( Paranque, Rivaud-Danset, Salais, 1997; Rivaud-Danset, 1998)
reflète la diversité des modes de gestion du besoin de flexibilité financière résultant de celle
des organisations des entreprises et de leur insertion dans le tissu économique. Selon Hicks
(1975), les firmes qui n’ont pas accès au crédit permanent seraient contraintes de maintenir un
stock de liquidités relativement important pour conserver la flexibilité financière nécessaire.
Cette flexibilité est à rapprocher du besoin de flexibilité dans la gestion de l’activité,
que ce soit de la force de travail ou du cycle d’exploitation. On peut ainsi distinguer des
secteurs de financement au sein de l’économie selon la nature des ressources mobilisées par
les entreprises pour répondre à ce besoin. Cette distinction est celle proposée par Hicks (1975)
entre secteur d’autonomie (auto-economy) et de découvert (overdraft), traduit en France par
endettement ce qui en réduit la portée. En effet, l'endettement est généralement appréhendé
dans sa seule composant moyen et long terme, ce qui renvoit à la problématique du seul
financement de l'investissement matériel. Selon cet auteur, une garantie implicite ou explicite
d’accès au crédit courant fournit à une entreprise en « secteur de découvert » une flexibilité
financière équivalente à celle conférée par la détention d’actifs financiers pour une firme du
« secteur d’autonomie ». Les entreprises peuvent relever de l’un ou l’autre de ces secteurs,
mais elles peuvent aussi combiner les différentes ressources selon la spécificité de leurs
besoins de gestion de la flexibilité financière. Plus précisément, la structure financière d’une
société est le produit du mode de gestion de cette flexibilité, en particulier, de sa capacité à
obtenir une garantie d’accès au crédit et, par conséquent, exprime le degré d’exposition au
risque de crédit et donc à un rationnement par les quantités et/ou les taux. Il apparaît alors que
la structure financière d’une entreprise ne dépend pas seulement des opportunités
d’investissement au sens néoclassique3 mais aussi des caractéristiques de la firme liée au type
d’incertitude dans laquelle elle évolue et de la nature de la flexibilité financière requise
(capital fixe versus capital circulant). Ce constat oblige alors à accorder une importance toute
particulière aux problèmes de coordination entre les acteurs économiques.
3 Si l’on suit Schumpeter (1935) cité par Goux (1995), « La théorie régnante est d’accord avec
nous ; comme nous, elle voit dans les financements ordinaires qui portent sur des marchandises rien
d’essentiel pour la compréhension du crédit. (...) Ce crédit d’exploitation, nous pouvons donc
l’éliminer de notre examen (...) ». À l’opposé, selon une approche plus keynésienne, c’est le
financement de l’exploitation qui est déterminant
4
Des liquidités importantes en France - des crédits bancaires courants élevés
en Allemagne et en Italie.
Si l’on mesure les liquidités (valeurs mobilières et disponibilités) par rapport au total
du bilan, on constate une différence non négligeable, dans les structures de financement des
entreprises manufacturières françaises, italiennes et allemandes ou entre PME et grandes
entreprises françaises.
Liquidités / total du bilan
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
France Germany Italy
Médiane
%
Source: Comité Européen des Centrales de Bilans, Groupe d’étude sur les fonds propres des entreprises
manufacturières en Allemagne, Autriche, Espagne, France et Italie Financement des entreprises en Europe de
1985 à 1996 ( en cours)
Rien ne permet de penser que ce paramètre de la stratégie financière des entreprises
ait joué un rôle important pour les sociétés manufacturières allemandes ou italiennes qui ont
affiché un ratio de liquidités deux fois moins important que celui relevé pour leurs
homologues françaises .
5
Liquidités / total du bilan
0,0
1,0
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
7,0
8,0
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
< 5m. ECU 5 - 20 m. ECU 20 - 50 m. ECU
50 - 100 m. ECU > 100 m. ECU
Médiane par taille - France
%
Source: Comité Européen des Centrales de Bilans, Groupe d’étude sur les fonds propres des entreprises
manufacturières en Allemagne, Autriche, Espagne, France et Italie Financement des entreprises en Europe de
1985 à 1996 ( en cours)
A ces résultats spécifiques à chaque pays en matière de liquidités correspond une
symétrie sur la structure du passif dans laquelle le crédit bancaire courant (de court terme) est
plus élevée en Italie et en Allemagne qu'en France.
Crédits bancaires courants / total du bilan
0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
10,0
12,0
14,0
16,0
18,0
20,0
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
France Germany Italy
Médiane
%
Source: Comité Européen des Centrales de Bilans, Groupe d’étude sur les fonds propres des entreprises
manufacturières en Allemagne, Autriche, Espagne, France et Italie Financement des entreprises en Europe de
1985 à 1996 ( en cours)
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