Il est désormais impensable de ne pas avoir
conscience de son e-reputation. Toute
entreprise sait qu’un client mécontent
d’un produit peut en parler sur Internet
à plusieurs milliers de personnes. Sites d’ac-
tualité, wiki, blogs, forums en tous genres,
permettent à l’internaute de donner son avis
sur tout, quand il le souhaite, tout en lui ga-
rantissant une audience Web inespérée dans
la vie réelle. Et le médicament n’échappe pas
à la règle : le patient a le droit d’écrire sur In-
ternet ses commentaires sur un médicament,
une marque, un laboratoire. Conséquence :
faire jouer les réseaux d’infl uence devient la
nouvelle obsession des industriels.
Veiller durablement
Avec l’arrivée massive des supports Web 2.0,
il est donc temps de mettre en place des stra-
tégies de veille. Alain Assouline, président de l’agence Les Argo-
nautes, parle d’observatoires des marques : « Compte tenu de
la multitude de données échangées sur les réseaux sociaux, les
entreprises ont intérêt à avoir une certaine visibilité sur ce qui
se dit à propos de leurs marques. Avec les outils de sémantique
que nous utilisons, il est possible de créer des
observatoires très performants. Une table de
mots-clés est défi nie, puis l’outil scanne l’en-
semble du Web et identifi e toutes les infor-
mations en circulation autour de la marque. »
Puis, un traitement humain permet d’affi ner
ces données pour un résultat très pertinent.
L’étape suivante consiste à réagir aux infor-
mations récoltées : « Il faut savoir répondre à
ce qui se dit sur sa marque, en réajustant sa
communication au bon moment », poursuit
Alain Assouline. Mais encore faut-il s’y être
préparé... Pour David Réguer, président de
Substance Active (Agence Conseil Interacti-
ve Santé 2.0), cette réactivité des entreprises
n’est possible qu’à condition qu’elles soient
bien implantées sur le Web 2.0 et qu’elles
simplifi ent les circuits de décision de leurs
services de communication. « Les entreprises
sont-elles capables de réagir vite ? Cela n’est possible que si
elles ont su asseoir leur présence sur le Web 2.0, et si elles
remettent en question leur organisation interne. Le temps de
réactivité des entreprises est encore souvent trop long. Il va
falloir fl uidifi er les circuits existants », ajoute-t-il. Lorsque les
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PHARMACEUTIQUES - DÉCEMBRE 2009
Demain, l’univers pharma Web sera fi able
ou ne sera pas
Pour le futur, les entreprises du médicament devront veiller, observer
l’évolution de leur communication sur le Web. Elles devront surtout
réagir instantanément aux bruits du Web 2.0, tout en parlant vrai.
Droit, éthique et réseaux sociaux
André Meillasoux (AFDIT1)
Quelles questions de droit se posent avec l’ar-
rivée en force de réseaux sociaux reliant entre
eux les professionnels de santé, les patients,
voire les professionnels et les patients ?
Deux problématiques majeures doivent se po-
ser lorsque nous abordons les réseaux sociaux,
quels qu’ils soient. D’une part, il faut veiller à
la confi dentialité des correspondances entre les
membres. D’autre part, se pose la question des
droits sur les contenus publiés. Si leur consul-
tation reste privée, tout va bien, mais si ces
contenus ont une autre vocation, il faut être
prudent.
Vous faites partie du comité éthique du réseau
de professionnels de santé Docatus. Quel est
votre rôle ?
Sur ce réseau peuvent être connectés à la
fois des médecins et étudiants en médecine,
des pharmaciens et étudiants en pharma-
cie. Les laboratoires devraient être pré-
sents un jour, à travers la publicité. Cela
fait déjà beaucoup de monde sur un même
réseau. Le comité regroupe des représen-
tants du conseil de l’ordre des médecins et
du conseil de l’ordre des pharmaciens, et
moi-même en tant que juriste spécialisé.
Nous sommes là pour rassurer, montrer
que des précautions ont été prises quant à
la confi dentialité et la protection des don-
nées personnelles, et aussi pour sensibiliser
les membres du réseau aux questions éthi-
ques. Au total, nous incitons surtout les
participants à l’autocontrôle et à l’autodis-
cipline, indispensables sur ce type de pla-
te-forme communautaire professionnelle.
Vous êtes aussi le nouveau président de
l’AFDIT. Pensez-vous qu’il faille protéger les
internautes qui se rendent sur ces réseaux ?
De manière générale, on ne peut pas protéger
les gens malgré eux. Notre rôle est de sensi-
biliser les utilisateurs, de les rendre vigilants
quant à leurs droits. La meilleure protection
pour l’internaute est d’être un citoyen averti.
En revanche, il y a un important travail de
prise de conscience pour les individus et de
mise en garde des organisations qui pour-
raient utiliser les données personnelles à
mauvais escient, volontairement ou non.
Propos recueillis
par Emilie Soulez Barselo
« LES INTERNAUTES UTILISENT
LE WEB AVEC UNE IDÉE TRÈS
PRÉCISE DE CE QU’ILS RECHER-
CHENT », ESTIME VINCENT
VARLET (PFIZER-WYETH).
Dossier e-santé
DR
(1) Association française de droit de l’informa-
tique et de la télécommunication – AFDIT.