Agrégation interne de mathématiques RK
Thème : Zn
1 Description des sous-groupes de Zn
Soit Gun groupe abélien, dont la loi est notée additivement, isomorphe à Zn. Si φ:ZnGest un
isomorphisme, alors, en posant ei=φ(0,...,0,1,0,...,0) (où le 1est à la iième place), φest de la
forme :
φ:ZnG
(x1, x2, . . . , xn)7→ x1e1+x2e2+. . . +xnen
Une famille telle famille (e1, e2, . . . , en)est appelée base G.
Deux bases éventuelles ont même longueur : si (e1, e2, . . . , en)et (f1, f2, . . . , fm)sont deux bases de
G, alors il existe A= (ai,j )i,j Mn,m(Z)et B= (bi,j )i,j Mm,n(Z)telles que :
j[[1, m]], fj=
n
X
i=1
ai,j eiet i[[1, n]], ei=
m
X
k=1
bk,ifk
Il vient, pour tout j[[1, m]],fj=
n
X
i=1
ai,j
m
X
k=1
bk,ifk=
m
X
k=1 n
X
i=1
bk,iai,j !fk, d’où BA =Im. De la
même façon, AB =Inet l’on a m= Tr(BA) = Tr(AB) = n.
Si un groupe abélien Gadmet une base de longueur n, c’est-à-dire est isomorphe à Zn, l’entier nest
donc déterminé de manière unique. On dit que Gest un groupe abélien libre de rang n.
Proposition 1 Si Hest un sous-groupe de Zn, alors Hest un groupe abélien libre de rang r6n.
Preuve : par récurrence sur n.
n= 1 : Un sous-groupe de Zsont de la forme aZ, donc isomorphe à {0}ou Z. Il est donc libre de rang
r= 0 ou 1.
Supposons n > 1et le résultat vrai au rang n1. Soit Hun sous-groupe de Zn. Notons p:ZnZ
l’application définie par p(x1, x2, . . . , xn) = x1. L’ensemble p(H)est un sous-groupe de Z. Si p(H) =
{0}alors H⊂ {0} × Zn1et l’hypothèse de récurrence permet de conclure. Sinon, p(H)est de la
forme aZ, où aN. Soit f1Htel que p(f1) = a. On a, pour tout xH, l’existence de kZ
tel que p(x) = k.a =k.p(f1)d’où p(xk.f1) = 0 et xk.f1({0} × Zn1)H. Ceci montre
H=Zf1({0} × Zn1)H(la somme est clairement directe puisque Zf1({0} ∩ Zn1) = {0})
et l’hypothèse de récurrence permet de conclure.
Théorème 1 Soient Gun groupe abélien libre de rang net Hun sous-groupe de G, de rang r6n. Il
existe une base (e1, e2, . . . , en)de Get a1, a2, . . . , arN\ {0}vérifiant ai|ai+1 pour tout i[[1, r 1]]
et tels que (a1e1, a2e2, . . . , arer)soit une base de H.
1
Preuve : Commençons par faire le constat suivant. Si (e1, e2, . . . , en)est une base d’un groupe abélien
G, on conserve une base en considérant la famille obtenue en procédant à l’une des opérations élé-
mentaires suivantes :
Remplacement de eipar ei, opération codée ei← −ei.
Échange des deux vecteurs de la base, opération codée eiej.
Remplacement de eipar ei+bej, où bZ(et j6=i), opération codée eiei+bej.
Soient maintenant Hun sous-groupe de G, une base (e1, e2, . . . , en)et une base (f1, f2, . . . , fr)de H.
Notons AMn,r(Z)la matrice des coordonnées des fjrelativement à la base (ei)i. La modification
de (ei)ipar l’une des transformations élémentaires mentionnées ci-dessus se traduit sur la matrice A
par une opération élémentaire sur ses lignes. Plus précisément,
ei← −eicorrespond à Li← −Li
eiejcorrespond à LiLj
eiei+bejcorrespond à LjLjbLi
De la même façon, une opération élémentaire sur les vecteurs de la base (f1, f2, . . . , fr)se traduit par
une opération élémentaire sur les colonnes de A:
fi← −ficorrespond à Ci← −Ci
fifjcorrespond à CiCj.
fifi+bfjcorrespond à CiCi+bCj
Le théorème sera donc prouvé dès lors qu’on aura montré que par une succession d’opération élémen-
taires sur les lignes et colonnes de A, on peut aboutir à une matrice de la forme
a1...
ar
0. . . 0
.
.
..
.
.
0. . . 0
où les aisont comme dans l’énoncé. L’algorithme suivant permet d’aboutir à une matrice de ce type :
Étape 1 : Choisir un couple (i, j)tel que Ai,j soit non nul. Le placer en position (1,1) (à l’aide des
opérations CjC1puis LiL1).
Étape 2 : Pour chaque j[[2, r]], effectuer l’opération CjCjqC1, où qest le quotient dans la
division euclidienne de A1,j par A1,1.
S’il existe j[[2, r]] tel que A1,j 6= 0, opérer CjC1et recommencer l’étape 2.
Noter qu’à chaque itération de cette boucle à l’exception de la dernière, |A1,1|diminue strictement.
Lorsque cette boucle s’achève, la première ligne est nulle à l’exception de A1,1.
Étape 3 : Pour chaque i[[2, n]], effectuer l’opération LiLiqL1, où qest le quotient dans la
division euclidienne de Ai,1par A1,1.
S’il existe i[[2, n]] tel que Ai,16= 0, opérer LiL1et recommencer l’étape 3.
Noter qu’à chaque itération de cette boucle à l’exception de la dernière, |A1,1|diminue strictement.
Lorsque cette boucle s’achève, la première ligne et la première colonne sont nulles à l’exception de
A1,1.
2
Étape 4 : S’il existe un couple (i, j)[[2, n]] ×[[2, r]] tel que Ai,j ne soit pas multiple de A1,1, alors faire
LiLjet retourner à l’étape 2. Sinon, fin de l’algorithme.
On voit aisément que cet algorithme s’achève. Lorsque tel est le cas, la matrice Aest de la forme
a101,r1
0n1,1A0!, où A0Mn1,r1(Z)et tous les coefficients de A0sont des multiples de a1.
Il suffit ensuite d’appliquer de manière récursive de cet algorithme à la matrice A0pour achever la
preuve.
Remarque : on peut prouver l’unicité de la suite a1, a2, . . . , ar, qui sont appelés les facteurs invariants
de H.
2 Applications
Soit Gun groupe abélien libre de rang n. Soit Hun sous-groupe de Get rson rang. Alors Hest
d’indice fini dans Gsi et seulement si r=n. Lorsque tel est le cas on a, en notant Bune base de Get
Cune base de H:
[G:H] = det
B(C)
Soit Gun groupe abélien fini. Soit e1, . . . , enune famille génératrice finie de G. L’application
ZnG
(x1, x2, . . . , xn)7→ x1e1+x2e2+. . . +xnen
est un morphisme surjectif. Son noyau est un sous-groupe Hde Znet l’on a G'Zn/H. Puisque G
est fini, Hest d’indice fini dans Znet son rang vaut n. Il existe donc une base (e1, e2, . . . , en)de Znet
a1, . . . , anN,ai|ai+1, tels que (a1e1, a2e2, . . . , anen)soit une base de H. Il vient
G'Z/a1Z×Z/a2Z×. . . ×Z/anZ
(quitte à éliminer les premiers facteurs, on peut supposer ai>2).
Soit zZ[i]\{0}(anneau des entiers de Gauss). L’idéal (z) = zZ[i]est en particulier un sous-groupe
de Z[i]. On voit aisément que (z, iz)en est une base. L’indice de (z)dans Z[i]vaut donc det
(1,i)(z, iz) =
N(z)(où l’on note N(z) = |z|2, qu’on appelle classiquement la norme de z). En particulier, si zest
un élément premier de Z[i], alors Z[i]/(z)est un corps et le théorème de Lagrange dans le groupe
multiplicatif des inversibles conduit à l’énoncé suivant, équivalent dans Z[i]du petit théorème de
Fermat :
wZ[i],pgcd(w, z) = 1 =wN(z)11 [z]
En particulier, si pNest un entier premier (dans Z) vérifiant p3 [4] alors pest premier dans Z[i]
et
wZ[i], p 6 |w=wp211 [p]
3 Généralisation
Tout ceci reste vrai en remplaçant Zpar un anneau euclidien A, modulo l’introduction de la structure
de A-module. La structure de A-module est une structure similaire à celle d’espace vectoriel, les
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scalaires étant pris dans A. C’est donc un ensemble Mmuni de deux lois + : M×MMet
.:A×MMvérifiant (avec les quantificateurs adéquats) :
(A, +) est un groupe abélien,
a.(x+y) = a.x +a.y
(a+b).x =a.x +b.x
a.(b.x)=(ab).x
1A.x =x
Un instant de réflexion convainc qu’un groupe abélien n’est pas autre chose qu’un Z-module. On passe
de la structure de groupe abélien (dont on note additivement la loi) à la structure de Z-module en
posant kZ, k.x = (x+x+. . . +x)(kfois) ou k.x =(xx. . . x)(kfois) selon le signe
de ket on passe de la structure de Z-module à la structure de groupe abélien en « oubliant » la loi ..
Les théorèmes concernant les sous-groupes de Znpeuvent être regardés comme des théorèmes concer-
nant les sous-Z-modules de Znet sont transposables ainsi que leur démonstration, en théorèmes
décrivant les sous-modules de An,Aeuclidien (et même Aprincipal mais la preuve doit alors être
revisitée).
Dans ce qui suit Aest donc un anneau euclidien.
Un A-module sera dit libre de rang ns’il est isomorphe à An, c’est-à-dire s’il admet une base de
longueur n(deux bases ont nécessairement même longueur – preuve identique au cas A=Zsi Aest
de caractéristique nulle).
Proposition 2 Si Mest un sous-module de An, alors Mest un module libre de rang r6n.
Théorème 2 Soient Mun A-module libre de rang net Nun sous-module de M, de rang r6n. Il existe
une base (e1, e2, . . . , en)de Met a1, a2, . . . , arA\ {0}vérifiant ai|ai+1 pour tout i[[1, r 1]] et tels
que (a1e1, a2e2, . . . , arer)soit une base de H.
Et comme pour les groupes fini, on déduit que tout A-module admettant une famille génératrice finie
(on dit de type fini) est isomorphe à un module de la forme
A/(a1)×. . . , A/(ar)×As
a1, a2, . . . , arA\ {0}et vérifient ai|ai+1 pour tout i[[1, r 1]].
Une application très classique de ce résultat est la suivante. On considère un K-espace vectoriel Ede
dimension finie et uL(E). On munit Ed’une structure de K[X]-module en posant
PK[X],xE, P.x =P(u)(x)
Si on se rappelle qu’un endomorphisme uest dit cyclique s’il existe aEtel que a, u(a), . . . , un1(a)
soit une base de E, on vérifie que dire que uest cyclique équivaut à dire que le K[X]-module associé
Eest monogène (les endomorphismes cycliques et les groupes cycliques sont donc des concepts très
voisins).
N’importe quelle famille génératrice de l’espace vectoriel Eest aussi une famille génératrice du K[X]-
module E. Comme l’espace vectoriel Eest de dimension finie, Eest isomorphe en tant que K[X]-
module à
K[X]/(P1)×...,K[X]/(Pr)
P1, P2, . . . , PrK[X]\ {0}et vérifient Pi|Pi+1 pour tout i[[1, r 1]]. Les Pisont appelés les
invariants de similitude de u. Notons φ:K[X]/(P1)×...,K[X]/(Pr)Eun isomorphisme et posons
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Fi=φ({0} × . . . × {0} × K[X]/(Pi)× {0} × . . . × {0}), alors E=
r
M
i=1
Fi,Fiest stable par u. De plus,
uopère sur Fiexactement comme la multiplication par Xdans K[X]modulo Pi:
u(φ(0,...,0,[Q]Pi,0,...,0)) = X.(φ(0,...,0,[Q]Pi,0,...,0))
=φ(X.(0,...,0,[Q]Pi,0,...,0))
=φ(0,...,0,[XQ]Pi,0,...,0)
Or l’application [Q]Pi7→ [XQ]Piest un endomorphisme cyclique de K[X]/(Pi). On a donc prouvé que
Ese décompose en somme directe de sous-espaces stables par Fisur lesquels uinduit des endomor-
phismes cycliques (théorème de Frobenius).
Remarque : pour plus de détails sur les invariants de similitude, on pourra lire le document de Gregory
Vial à l’adresse http ://www.bretagne.ens-cachan.fr/math/people/gregory.vial/files/cplts/ivs.pdf.
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