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respectivement 95/195 = 49 % pour la VPP, et
900/905 = 99 % pour la VPN.
Interprétation du test en fonction de la probabilité clinique
Face à son patient, le médecin peut utiliser cette pro-
priété des valeurs prédictives. Il est démontré qu’avec
l’histoire et l’examen clinique, le médecin, de façon intui-
tive, estime correctement la probabilité que son patient
soit atteint d’une maladie donnée. C’est la probabilité
clinique ; on l’appelle encore probabilité pré-test. Il existe
une corrélation évidente entre la probabilité clinique éva-
luée par le médecin et la prévalence réelle de la maladie
dans un groupe de patients qui aurait les mêmes caracté-
ristiques. Ainsi, un test positif aura une valeur prédictive
plus importante chez un patient ayant une probabilité
clinique forte que chez un patient ayant une probabilité
clinique faible. À l’inverse, la valeur prédictive négative
sera plus faible chez un patient ayant une forte probabilité
que chez un patient ayant une probabilité clinique faible.
Cette notion doit être parfaitement intégrée dans le raison-
nement diagnostique. Elle est par exemple indispensable à
l’interprétation d’une scintigraphie pulmonaire chez un
patient suspect d’embolie. Une scintigraphie de forte pro-
babilité correspond réellement à une embolie pulmonaire
chez 56 % des patients qui ont une probabilité clinique
faible, et chez 98 % des patients qui ont une probabilité
clinique forte [2]. Cet exemple illustre la nécessité d’inté-
grer la probabilité clinique dans l’interprétation du résultat
d’un examen complémentaire et donc la nécessité de
poursuivre ou non, en fonction de la probabilité clinique,
les examens devant le même résultat – positif ou négatif –
de l’examen réalisé. Le problème majeur ici est l’évalua-
tion de la probabilité clinique, qui devrait être reproduc-
tible d’un examinateur à l’autre. La mise au point de scores
de prédiction clinique peut aider à l’évaluation de la
probabilité clinique de façon plus fiable, y compris par les
médecins juniors.
Les rapports de vraisemblance (likelihood ratios)
(encadré 3)
Pour simplifier le calcul de la valeur prédictive positive
dans une population où la prévalence est connue ou pour
un groupe de probabilité clinique donné (le niveau de
probabilité clinique correspondant à la prévalence de la
maladie dans ce groupe), chaque test peut être efficace-
ment résumé par le rapport de vraisemblance qui combine
l’information contenue dans les indices de sensibilité et de
spécificité. Il correspond au rapport de la fréquence d’un
résultat donné chez les patients présentant l’événement
sur la fréquence de ce même résultat chez les patients ne
présentant pas l’événement. Simplement, le rapport de
vraisemblance indique combien de fois supplémentaires
(ou en moins) les patients avec l’événement auront un
résultat donné comparés aux patients ne présentant pas
l’événement.
Ainsi, dans le cas d’un examen avec un résultat dicho-
tomique, positif ou négatif, on calcule deux rapports de
vraisemblance :
•Un rapport de vraisemblance associé à un test posi-
tif : le rapport de vraisemblance positif ou RV+.Ilse
calcule en faisant le rapport de la sensibilité sur (1 –
Spécificité). Il indique dans quelle mesure un test positif
augmente la probabilité qu’un patient soit malade. Plus le
rapport de vraisemblance positif est élevé, plus la proba-
bilité que le patient soit atteint de la maladie augmente si
le test est positif. Généralement, un RV+ >10 est considéré
comme fiable. Une méta-analyse récente dans ce
domaine montre par exemple que le RV+ du scanner
spiralé est de 24,1 dans le diagnostic de l’EP alors qu’il est
de seulement 5,0 pour l’échocardiographie [3].
•
Un rapport de vraisemblance associé à un test néga-
tif : le rapport de vraisemblance négatif ou RV–. Il se calcule
en faisant le rapport de (1 – Sensibilité) sur la spécificité. Il
indique dans quelle mesure un résultat négatif diminue la
probabilité qu’un patient soit indemne. Plus le rapport de
vraisemblance négatif est élevé, plus la probabilité qu’un
patient soit atteint de la maladie est diminuée si le test est
négatif. Généralement, un RV– < 0,1 indique un résultat
négatif fiable. Par exemple, dans la méta-analyse précitée,
le RV– est de 0,05 en cas de scintigraphie négative alors
qu’il est de 0,67 en cas d’écho-Doppler veineux négatif des
membres inférieurs [3].
Le rapport de vraisemblance n’est pas affecté par la
prévalence de la maladie dans la population considérée,
puisqu’il ne dépend que de la sensibilité et de la spécifi-
cité. Le rapport de vraisemblance aide à extrapoler les
performances d’un test à un groupe de patients différents
de la population dans laquelle il a été étudié. Le théorème
de Bayes permet de calculer la probabilité post-test, c’est-
à-dire la probabilité d’avoir la maladie en fonction du
résultat de l’examen diagnostique et de la probabilité
pré-test de maladie. Pour ce faire, il faut en fait se servir de
l’odds pré-test et du rapport de vraisemblance pour obte-
nir un odds post-test, l’odds étant tout simplement la cote
(probabilité divisée par 1 – probabilité) (encadré 4). Pour
éviter ces calculs, il est possible de se servir du nomo-
gramme de Fagan (figure 1) qui utilise le même calcul par
le théorème de Bayes et qui permet d’obtenir directement
sur une échelle visuelle la probabilité post-test à partir de
la probabilité pré-test et le rapport de vraisemblance. Par
Encadré 3. Rapports de vraisemblance
Rapport de
vraisemblance positif
(RV+)
RV+ =Sensibilité
1−Spécificité
Rapport de
vraisemblance négatif
(RV-)
RV– =1−Sensibilité
Spécificité
Méthodologie
mt, vol. 11, n° 5, septembre-octobre 2005
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