100
rements naturels ou d’origine anthropique. Ainsi, le
Montchié (autres orthographes : Montchier, Montcheix.
fig. 1) était jusqu’à présent décrit comme un cône strom-
bolien à cratères multiples et à magma basaltique sensu
lato (Boivin et al., 2009). Or, de nouvelles observations
conduisent à remettre en question ce schéma. Dans un
premier temps, nous avons caractérisé une formation
pyroclastique inconnue auparavant, découverte dans une
petite carrière située à l’ouest du puy de Dôme (site de
Terrenoire, fig. 1, 2 et 3), puis la recherche systématique
de la même formation (dénommée TN) en différents
lieux a conduit à l’hypothèse qu’elle a eu le Montchié
pour origine. L’article qui suit développe ces études et en
commente les résultats.
2 - LA FORMATION DE TERRENOIRE (TN)
2.1 - LA COUPE ÉPONYME
C’est dans la coupe de Terrenoire que la formation
éponyme est la plus développée (fig. 3). De plus, elle s’y
insère dans une séquence téphrostratigraphique incluant
plusieurs téphras distincts. Les autres coupes connues
sont qualitativement moins riches ou bien elles ne sont
pas ouvertes sur toute la hauteur de la formation.
La succession des unités, depuis la base de la coupe,
est la suivante :
– sédiment sablo-argileux fin, emballant des blocs
de trachy-basalte (hawaïte). La partie terminale de ce
niveau (sur quelques centimètres d’épaisseur) contient
de rares micro-restes charbonneux. Ce sont des brin-
dilles d’angiospermes monocotylédones et des formes
fongiques non déterminables (Manon Cabanis, com.
pers.). Une mesure 14C (AMS) sur de tels micro-char-
bons a conduit au résultat suivant : 12 070 ± 220 BP
(ANNUA-31428, Gif 50024), ce qui correspond à
un âge dans l’intervalle 14,9-13,5 ka [l’âge conven-
tionnel a été corrigé avec le logiciel RenDate de Lanos
et Dufresne (2012), utilisant la courbe IntCal09 de
Reimer et al. (2009)]. L’âge est compté à partir de
2012 et l’intervalle de confiance est de 95 %, comme
pour toutes les datations citées dans cet article). Pour
simplifier l’expression de l’âge – car la distribution
des probabilités n’est pas gaussienne – il peut être
ramené à un âge médian, soit : 14,2 ± 0,7 ka. Le sédi-
ment proche de la surface contient aussi des frag-
ments millimétriques de lave trachytique pouvant être
rapportée au puy Clierzou ou à l’Aumône (cf. fig. 1).
Les trachytes de ces dômes, non datés, ne sont pas
distinguables l’un de l’autre actuellement ;
– formation de cendres et lapilli fortement litée,
avec certaines couches biseautées. La nature des lapilli
(morphologie, chimie et paragénèse) permet de les
rapporter au puy de Côme (Miallier et al., 2008), âgé de
13,7 ± 0,9 ka (Miallier et al., 2012) ;
– formation TN. Sa base est constituée de lapilli
centimétriques lithiques (accidentels et accessoires) et
polylithologiques (socle, scories rouges, basalte) et de
lave juvénile moyennement à très vésiculée. Le haut de
la séquence montre des lits réguliers alternés de lapilli
pluri-millimétriques, globalement de même compo-
sition que ceux de la base, avec des variations dans
la granulométrie et dans les proportions des divers
constituants ;
– sol actuel, dont la base contient quelques rares lapilli
d’un trachyte à amphibole attribuable au Vasset (9,2 ±
0,4 ka) ou au Kilian (9,4 ± 0,2 ka), volcans ayant une aire
de dispersion commune et dont les laves sont indiscer-
nables l’une de l’autre (Michon, 1995 ; Miallier et al.,
2012).
2.2 - RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET DESCRIP-
TION DES PRODUITS DE LA FORMATION DE
TERRENOIRE
La partie supérieure de la formation observée à Terre-
noire, d’aspect visuel assez caractéristique, a été repérée
en différents secteurs du centre de la chaîne des Puys
(fig. 2), mais l’identification de chaque dépôt n’a été
validée qu’après analyse.
La granulométrie de TN est monomodale, très légè-
rement dissymétrique (fig. 4 et tab. 1). Les lapilli
comprennent les éléments caractéristiques suivants :
Fig. 1 : Carte générale de situation.
Encadré : environnement géologique du puy de Montchié, d’après
Boivin et al. (2009). 1/ cône basaltique (puy des Grosmanaux) ; 2/ cônes
trachy-basaltiques (puy Salomon, au nord, et Montchié, au centre) ;
3/ cône trachy-andésitique (puy de Laschamp) ; 4/ coulée de basalte ;
5/ coulée de trachy-basalte ; 6/ dépôts pyroclastiques indifférenciés.
Fig. 1: Situation map. Inset: geological setting of puy Montchié
volcano, after Boivin et al. (2009). 1/ basaltic cone (puy des Grosma-
naux); 2/ trachy-basaltic cones (puy Salomon, north, and puy Montchié
in the center); 3/ trachy-andesitic cone (puy de Laschamp); 4/ basalt
flow; 5/ trachy-basalt flow; 6/ varied pyroclastic deposits.
1304-043 - Mep 2-2013BaT.indd 100 22/05/13 15:44