20 PARTICIPER Septembre • Octobre • Novembre 2014
)Dossier(
parce que gouvernement et parlementaires
ont vu dans les Sociétés coopératives et
participatives des moyens de développer
l’emploi ; elles répondent en eet aux en-
jeux de transmission des PME, de maintien
et développement de l’activité sur les ter-
ritoires.» Le Cese (Conseil économique,
social et environnemental) se félicite
également de la reprise de plusieurs de
ses préconisations formulées dans ses
avis, notamment sur le droit d’informa-
tion des salariés dans les entreprises de
moins de 250 personnes, le dispositif
d’amorçage permettant aux salariés sou-
haitant reprendre leur entreprise sans
être forcément majoritaires dès le départ
ainsi que les dispositions visant à créer
de nouveaux instruments financiers.
« Démarche inclusive »
La loi comprend pas moins de 90 articles,
qui traitent autant de dispositions com-
munes à l’ESS que de mesures spéci-
fiques à chacune des grandes familles du
secteur (Scop, mutuelles, associations et
fondations). La première partie du texte
(10 premiers articles) définit l’économie
sociale et solidaire, dans une « démarche
inclusive» qui associe aux acteurs statu-
taires du secteur des sociétés commer-
ciales qui en respecteraient les valeurs et
principes : un but poursuivi autre que le
partage des bénéfices, une gouvernance
démocratique qui prévoit l’information et
la participation de toutes les parties pre-
nantes à l’activité de l’entreprise, la consti-
tution de réserves impartageables et d’un
fonds de développement. Les critères ain-
si définis conditionnent l’accès aux fonds
spécifiques dédiés à l’ESS, notamment
par la Banque publique d’investissement
(Bpifrance). La rédaction d’une charte des
bonnes pratiques (qui ne s’appliquera pas
aux coopératives déjà soumises à la révi-
sion), sera confiée au Conseil supérieur
de l’économie sociale et solidaire (CSESS,
voir plus bas). «Nous serons vigilants sur
son contenu et son application, arme
Patricia Lexcellent. Au même titre que les
coopératives sont soumises régulièrement
à la révision coopérative, il est important
de s’assurer de la régularité du contrôle du
respect des principes pour toutes les entre-
prises qui se revendiquent de l’ESS». Dans la
majorité présidentielle, on voit dans cette
démarche inclusive un moyen de déve-
lopper davantage le secteur.
Changer d’échelle
Au nombre des mesures importantes
pour le Mouvement Scop, on doit citer
la Scop d’amorçage, un outil facilitant
la transmission d’entreprises en bonne
santé à leurs salariés. Ce nouveau dis-
positif prévoit que les salariés puissent
être minoritaires au capital le temps
de réunir les fonds pour être majori-
taires (au moins 51 %), un délai qui
ne peut excéder 7 ans. Minoritaires
en capital, les salariés repreneurs n’en
doivent pas moins rester majoritaires
en droit de vote aux assemblées géné-
rales (65%). La loi précise que lorsque
les associés non salariés cèdent leurs
parts ou se les font rembourser par la
société, celles-ci peuvent être majo-
rées d’un « coût de détention provisoire
des titres », une disposition qui doit
Yves Blein, député SRC du Rhône,
rapporteur pour la Commission des
Aaires économiques du projet de loi
ESS
En tant que rapporteur, que diriez-
vous de la philosophie générale de ce
texte, vous semble-t-il répondre aux
enjeux du secteur ?
C’est la première fois sous la 5e Répu-
blique qu’un texte s’attache à définir l’en-
semble du périmètre de l’économie so-
ciale et solidaire. D’autres lois antérieures
régissaient les diérentes familles du sec-
teur, mais rien n’existait pour l’ensemble.
Aujourd’hui, on dispose d’une définition
française de l’ESS.
Autre point stratégique du texte : l’orga-
nisation de la représentation du secteur,
avec un Conseil supérieur de l’ESS, consul-
tatif, placé auprès du gouvernement,
comprenant des représentants du sec-
teur, des administrations, etc. Un conseil
voulu très ouvert qui sera interrogé sur
toute stratégie générale concernant l’ESS.
Et deux instances propres aux acteurs
du secteur : les chambres régionales de
l’ESS (Cress), interlocutrices demain des
conseils régionaux et des préfets, et une
Chambre française de l’ESS, interlocutrice
des pouvoirs publics, qui sera le haut-
parleur du secteur à l’échelle européenne.
Quels points vous semblent particuliè-
rement structurants pour le secteur?
Ce texte a une ambition économique
claire, avec des outils pour chacun des
métiers et des secteurs propres à leur dé-
veloppement. Au nombre de ceux-là, on
peut notamment parler des Scop d’amor-
çage, pour la création ou la reprise d’acti-
vités, quand les salariés ne disposent pas
des capitaux nécessaires. On peut encore
citer les groupements de coopératives, at-
tendus par les acteurs du mouvement, ou,
dans un autre domaine, les groupements
de mutuelles, pour pouvoir naviguer en
escadrille, être plus forts et proposer des
ores plus charpentées.
Quels points avez-vous particuliè-
rement soutenus et pour quelles
raisons?
Personnellement, j’ai tenu à défendre la
représentation du secteur et le champ as-
sociatif (formation des dirigeants, préci-
sion juridique de la notion de subvention,
etc.), parce que sur ces points-là, le texte
initial demandait à être musclé. Mais au-
Yves Blein