Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) chez l’enfant et l’adolescent : rôle de la pédopsychiatrie Professeur Jean-Philippe Raynaud, SUPEA 1 2 Reconnaissance du TDAH Associe à des degrés divers : Déficit de l’attention Impulsivité Hyperactivité Entraînant une altération cliniquement significative du fonctionnement social, scolaire et de la qualité de vie 3 Quels vont être les effets de cette recommandation ? Des polémiques sur l’existence du trouble Des débats sur les aspects théoriques, les approches thérapeutiques Un meilleur repérage /dépistage par les médecins de 1er recours Une augmentation de la prévalence Une augmentation des demandes de soins 4 Le concept de TDAH, basé sur des modèles neuro développementaux, est reconnu sur le plan international En France il persiste des discussions : – Sur son origine purement neurobiologique : pour la psychanalyse, l’hyperactivité représente une expression symptomatique réactionnelle à des conflits internes – Sur sa valeur d'entité clinique à part entière : certains auteurs considèrent les comportements hyperkinétiques et inattentifs comme des symptômes pouvant révéler divers contextes pathologiques ou des problématiques relationnelles 5 Rôle de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent dans le TDAH Des « spécialistes ayant acquis une compétence dans le diagnostic et la prise en charge du TDAH » Diagnostics différentiels Diagnostics associés Complications ou surmorbidités Approche pluridimensionnelle/pluriprofessionnelle Co-coordination du parcours de soins 6 Principaux diagnostics associés (comorbidités) ou différentiels Troubles des apprentissages (dyslexie, dysgraphie, dyscalculie, dyspraxie, etc.) Troubles du comportement (troubles oppositionnels, trouble des conduites, etc.) Comportement à risque (abus de substances psychoactives, mise en danger, etc.) Troubles de l’usage de substances Troubles du spectre autistique Déficience intellectuelle, précocité intellectuelle Troubles anxieux, dépression Troubles bipolaires Troubles du sommeil, etc. 7 Enquête transversale nationale, menée en France du 4 novembre 2013 au 31 janvier 2014 auprès des médecins prenant en charge des patients atteints de TDAH et des patients eux-mêmes. Auto-questionnaire patient, remis par le médecin au patient ou à ses parents, complété en ligne ou sur papier. 8 Résultats 599 questionnaires 553 questionnaires ont pu être analysés Age moyen : 13,9 ans (médiane = 11,5 ans) 11,8% (n=65) ont ≤ 7 ans, 22,9% (n=125) 8-9 ans 1ers signes d’alerte observés en moyenne à 5,6 ans (médiane = 5 ans) 1 Les + fréquents : - 1troubles du comportement Unité Universitaire de(74%) Psychiatrie Enfants et Adolesce - troubles de l’attention (72%) Paris ; 4 Unité de Pédopsychiatrie, CHU - agitation (62,46%) - difficultés scolaires (59,1%) 9 Olivier Bonnot , H Un diagnostic tardif L’âge moyen lors du diagnostic de TDAH est de 11 ans (médiane = 8 ans) Ce diagnostic est posé 6,3 ans en moyenne après les premiers signes Avant que le diagnostic de TDAH ne soit posé, les familles traversent en moyenne 3,6 étapes de prise en charge, chacune durant 14,5 mois (18,5 mois pour la 1ère) 10 1er professionnel de santé rencontré 11 Le spécialiste Après un bilan initial ayant conduit à évoquer un diagnostic de TDAH, orienter l’enfant et vers un médecin spécialiste ayant une bonne connaissance du trouble et de son traitement Médecin psychiatre, pédopsychiatre, pédiatre, neuropédiatre ou neurologue L’orientation choisie tient compte de l’organisation des soins dans la région où exerce le médecin de 1er recours et du réseau dont il dispose Missions du spécialiste : approfondir l’évaluation, poser le diagnostic de TDAH et proposer la prise en charge la plus adaptée à l’enfant 12 Un diagnostic clinique Il n’y a pas, actuellement, d’examen complémentaire spécifique du TDAH On peut bien sur enrichir le diagnostic et l’évaluation par des explorations psychologiques, neuropsychologiques, en psychomotricité, etc. 13 Plusieurs axes d’intervention : Prise en charge des symptômes du TDAH Prise en charge des comorbidités Information et soutien de l’enfant et de sa famille Conseils pour guider la famille et l’école dans l’approche éducative (en favorisant la mise en place d’aménagements pédagogiques appropriés) 14 Pour une prise en charge précoce Quelles que soient les modalités de prise en charge, celle-ci est d’autant plus efficace qu’elle est précoce Une prise en charge précoce a une action préventive sur certaines comorbidités : – troubles des conduites – usages de substances psychoactives, etc. 15 Association des ≠ modalités de prise en charge L’intérêt d’une approche multimodale a été démontré Combinaison de thérapies non médicamenteuses, d’interventions éducatives, d’interventions psychosociales et de traitement pharmacologique Approche + efficace pour traiter l'ensemble des symptômes et agir sur leur impact dans les ≠ domaines de la vie du patient Elle permet une prise en charge adaptée aux besoins de chaque enfant et de son entourage 16 Prise en charge non médicamenteuse Mesures psychologiques, éducatives et sociales Le choix de ces mesures est à ajuster en fonction de leurs conditions d’accessibilité Certaines modalités ne sont pas disponibles sur tout le territoire Certaines ne sont pas prises en charge financièrement par la collectivité approches cognitivocomportementales approches psychodynamiques Approches systémiques Approches psychoéducatives 17 Approches cognitivo-comportementales Thérapies cognitivo comportementales (TCC) Programme d'entraînement aux habiletés parentales" (PEHP) Groupes d’affirmation de soi Groupes de gestion de l’impulsivité Remédiations cognitives et métacognitives 18 Approches psychodynamiques Les consultations thérapeutiques Les psychothérapies psychodynamiques individuelles Les psychothérapies psychodynamiques familiales Les groupes thérapeutiques 19 Approches psycho-éducatives Destinées à l’enfant et à sa famille Informations sur le TDAH, ses impacts et comment « fonctionner » avec ce trouble La compréhension et la reconnaissance de ses difficultés permettent à l’enfant – de se sentir mieux compris – de soutenir son estime de soi et sa motivation – d'améliorer les relations intra familiales et sociales 20 Approches systémiques Interventions ne se limitant pas au sujet mais s’élargissant aux systèmes dans lesquels il vit et interagit Thérapies familiales qui permettent de : Soutenir la famille (parents et fratrie) Développer une approche psycho-éducative pour apaiser les sentiments de culpabilité des parents Identifier avec les parents les réponses mises en œuvre Soutenir les approches efficaces, les réévaluer périodiquement Renforcer les compétences des parentales et les encourager à développer leur confiance en leurs capacités à aider l’enfant Apaiser et conforter la relation parents-enfant 21 Intérêt des thérapies alternatives A ce jour, pas de données scientifiques validant en tant que thérapies alternatives ou complémentaires dans le TDAH les méthodes à base : - de plantes (phytothérapie) - d’agents nutritionnels (Oméga 3, Oméga 6, magnésium marin, etc.) - ou de régime sans colorants 22 Mesures d’accompagnement scolaire En cas de difficultés scolaires Mettre en place un lien entre l’enseignant, les personnels de santé de l'Éducation nationale, la famille et les soignants Initier des aménagements pédagogiques adaptés aux difficultés de l’enfant 23 Et bien sur… le médecin de 1ère ligne Bon calage de départ Information sur les mesures prises et les perspectives Définir les rôles de chacun Et lien régulier 24 Prise en charge médicamenteuse En France, le méthylphénidate est le seul traitement pharmacologique disponible et indiqué pour le TDAH Ritaline et Ritaline LP, Concerta LP, Quasym LP Efficace à court terme sur les symptômes du TDAH Attention, hyperactivité, impulsivité Aide à la prise en charge des troubles cognitifs Déficits attentionnels Déficit des fonctions exécutives incluant mémoire de travail, planification 25 Le méthylphénidate Effet favorable sur le retentissement secondaire Troubles des apprentissages Relation sociale Estime de soi Comportement d’opposition Traitement symptomatique et non curatif D’autant + efficace qu’il est initié avant l’adolescence 26 27 Formes galéniques disponibles en France 28 Indications TDAH chez l’enfant de 6 ans et + lorsque les mesures psychologiques, éducatives, sociales et familiales seules sont insuffisantes Le méthylphénidate n'est pas indiqué chez tous les enfants présentant un TDAH Evaluation rigoureuse - de la sévérité, - de la chronicité des symptômes - et de leur impact sur le fonctionnement scolaire, familial et social En tenant compte de l’âge de l'enfant 29 Modalités de prescription en France Le méthylphénidate fait partie de la famille des psychostimulants Sympathomimétique indirect d’action centrale qui augmente la concentration des monoamines (dopamine et noradrénaline) dans la fente synaptique Prescription initiale par un spécialiste exerçant dans un établissement de santé public ou privé : pédopsychiatre, neurologue, neuropédiatre, psychiatre, pédiatre, médecin des centres du sommeil 30 Modalités de prescription en France Liste des stupéfiants Ordonnance sécurisée Durée maximale de 28 jours non renouvelable Délivré par le pharmacien désigné, sur présentation de l’ordonnance initiale ou d’une nouvelle ordonnance accompagnée de l’ordonnance initiale hospitalière datant de moins de 1 an Une nouvelle prescription peut être rédigée tous les 28 jours par le médecin traitant (ou un autre MG) Depuis décembre 2012, en cas de nécessité, elle peut comporter une modification de la posologie ou de la durée 31 du traitement Modalités de prescription en France La prescription doit être revue, et adaptée si besoin, au minimum une fois par an par le spécialiste Débuter avec la dose la plus faible possible (0,3 mg/kg/j) et d’adapter progressivement la posologie Posologie quotidienne maximale recommandée : 60 mg/j Eviter l'administration l'après-midi ou le soir En cas d’absence d’amélioration après 1 mois, le traitement doit être interrompu 32 Bilan pré-thérapeutique pratiqué par le spécialiste Dépistage des pathologies psychiatriques en cours ou passées – anamnèse psychiatrique détaillée – ATCD familiaux pour identifier toute contre indication ou des troubles susceptibles de s’aggraver Evaluation de l’état cardio-vasculaire et des ATCD à la recherche d’une cardiopathie, d’anomalies vasculaires ou de troubles cérébro-vasculaires – y compris ATCD familiaux de mort subite cardiaque ou inexpliquée ou d'arythmie maligne pour éliminer toute contre-indication Evaluation du sommeil 33 Pour conclure La recommandation va entrainer un afflux de demandes Les psychiatres et les équipes doivent se saisir de la question du TDAH et du diagnostic différentiel Les CMP et CMPP offrent un maillage territorial Leurs équipes pluri professionnelles – Ont des compétences – Ont des atouts – Peuvent les compléter (formations, neuropsychologues) – Peuvent mettre en place de nouvelles approches pour répondre de façon plus précoce 34 – Peuvent développer des réseaux sur les bassins