N. Corréard, et al.S160
domaine une perturbation de mémoire de travail spatiale
et la reconnaissance spatiale.
En revanche, d’autres études n’ont pas retrouvé ce type
de perturbation du fonctionnement neurocognitif dans la
manie. En effet, il n’a pas été retrouvé de différence signi-
À cative entre des patients présentant un épisode thymique
maniaque ou dépressif et des sujets contrôles sains pour
la Á exibilité spontanée [28,29,24]. Chaves et al. n’ont pas
trouvé de corrélation signiÀ cative entre les symptômes
de manie et les capacités d’apprentissage et de mémoire
verbale [13]. La méta- analyse de Martinez- Aran et al. montre
des performances signiÀ cativement moins bonnes pour le
fonctionnement exécutif et l’apprentissage et la mémoire
verbale en normothymie, dans les épisodes dépressifs, la
manie et l’hypomanie par rapport à des sujets contrôles sains
alors même que ces différentes phases ne se différencient
pas entre elles pour ces mêmes fonctions [10]. Il semble
donc que la perturbation soit liée à la maladie et non à
l’état thymique. Une étude longitudinale récente de Depp
et al. ne met pas en évidence de lien entre les symptômes
thymiques et les capacités neurocognitives sur une période
de six mois [11].
Les résultats contradictoires retrouvés en fonction des
études laissent penser que l’étiologie des déÀ cits neuroco-
gnitifs dans les troubles bipolaires est multifactorielle et
complexe. Certains facteurs, comme par exemple la diversité
des outils utilisés pour évaluer les déÀ cits neuropsycholo-
giques et les symptômes thymiques, ou la présence actuelle
et/ou les antécédents de symptômes psychotiques et d’abus
de substance, ou encore l’effet des traitements, semblent
impliqués dans les difÀ cultés à répliquer les résultats.
Les difÀ cultés des études cognitives menées durant les
phases aigües du trouble bipolaire sont dues en partie aux
symptômes thymiques. En effet, il est difÀ cile de faire la part
entre les déÀ cits dus à la présence d’un épisode thymique
majeur ou à l’amplitude des symptômes qui s’expriment.
Dans ce cadre, il semble plus pertinent d’évaluer les déÀ cits
cognitifs persistants malgré une amélioration clinique et qui
corrèlent avec des symptômes résiduels.
Liens d’intérêts
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt pour cet
article.
Références
[1] Bearden CE, Hoffman KM, Cannon TD. The neuropsychology
and neuroanatomy of bipolar affective disorder: a critical
review. Bipolar Disord 2001;3:106-50. Discussion 151-3.
[2] Burdick KE, Goldberg JF, Harrow M. Neurocognition as a stable
endophenotype in bipolar disorder and schizophrenia. J Ner
Ment Dis 2006;194:255-60.
[3] Torres IJ, Boudreau VG, Yatham LN. Neuropsychological func-
tioning in euthymic bipolar disorder: a meta- analysis. Acta
Psychiatr Scand 2007;434:17-26.
symptômes dépressifs sont intenses et nombreux, moins les
performances sont bonnes [13].
Les capacités de Á exibilité réactive (capacité à déplacer
le focus attentionnel d’une classe de stimuli à une autre)
semblent également affectées dans la mesure où les perfor-
mances, dans la dépression bipolaire, sont signiÀ cativement
inférieures à celles retrouvées en normothymie ou chez des
sujets contrôles sains [20].
Au cours des épisodes de manie, un plus grand nombre
de fonctions exécutives semblent être touchées.
Tout d’abord, comme dans la dépression bipolaire,
les capacités de Á exibilité réactive sont signiÀ cativement
inférieures à celles retrouvées en normothymie ou chez
des sujets contrôles sains [20]. Les capacités de Á exibilité
spontanée sont, quant à elle, signiÀ cativement moins bonnes
que dans la dépression bipolaire et en normothymie [25].
De plus, les capacités de planiÀ cation, de résolution de
problème et de formation de concepts sont signiÀ cativement
inférieures à celles de sujets contrôle sains [26,22,27]. Le
processus d’inhibition est aussi signiÀ cativement moins
efÀ cient que dans la dépression bipolaire, en normothymie
ou bien chez des sujets contrôles sains [20,25].
Une étude qui compare les capacités de résolution de
problème, de Á exibilité et d’inhibition dans la manie et
les épisodes mixtes, montre que les performances dans ces
domaines sont signiÀ cativement moins bonnes au cours de
la manie que lors des épisodes mixtes [27].
Conclusion
Les résultats d’un certain nombre d’études sont en faveur
de l’existence de perturbations du fonctionnement neuroco-
gnitif spéciÀ quement liées aux états thymiques des troubles
bipolaires.
L’attention soutenue semble affectée de façon plus
importante dans la manie mixte que dans la manie pure.
La manie pure semble, quant à elle, caractérisée par un
pattern de réponse impulsif. En ce qui concerne le fonc-
tionnement exécutif, les perturbations observées semblent
toucher l’ensemble des fonctions exécutives et semblent
signiÀ cativement plus importantes dans les états mixtes que
dans la manie pure. Les éléments issus de ces études laissent
penser que la manie pure et la manie mixte auraient des
proÀ ls cognitifs différents et que ceux- ci permettraient de
contribuer à faire la distinction entre les deux. Même s’il
existe peu d’études qui examinent les différences dans le
fonctionnement neurocognitif dans les états mixtes et la
manie, les résultats semblent en faveur de proÀ ls neuroco-
gnitifs différents ce qui laisse penser qu’il peut s’agir d’états
affectifs distincts même s’ils partagent des caractéristiques
communes. Les domaines de l’apprentissage et de la mémoire
verbale et spatiale sont également affectés dans la manie. Si
les études ne spéciÀ ent pas la nature des perturbations pour
le domaine verbal, elles semblent montrer, pour le second