Intoxications graves par médicaments et/ou substances illicites

Intoxications graves
par médicaments
et/ou substances illicites
admises en réanimation :
spécificités pédiatriques
Olivier Brissaud
1
*, Laurent Chevret
2
*, Isabelle Claudet
3
*
1
Unité de réanimation pédiatrique, Hôpital des Enfants, place Amélie Raba Léon,
33076 Bordeaux Cedex
2
Unité de réanimation pédiatrique, Hôpital Bicêtre, 78 rue du Général Leclerc
94270 Le Kremlin Bicêtre
3
POSU pédiatrique, Hôpital des Enfants, 330 avenue de Grande Bretagne,
31059 Toulouse Cedex 9
Les intoxications aiguës chez lenfant nécessitant une prise en charge en Unité
de Réanimation Pédiatrique (URP) restent rares. Le caracre « dynamique » de
lintoxication, avec la possibilité dune symptomatologie différée ou retardée
explique limportance dune surveillance (généralement < à 12 heures). Une
intoxication grave en pédiatrie est définie par la nécessité dune surveillance
en URP du fait de la quantité potentiellement létale de la substance absorbée et/
ou des manifestations cliniques. Nous développons les spécificités pédiatriques
des intoxications graves par médicaments et substances illicites dun point de
vue épidémiologique, définition, toxidromes, prise en charge symptomatique et
spécifique (techniques et antidotes). Nous avons exclu les intoxications involon-
taires iatrogènes. Nous nabordons pas laspect psychiatrique. Nous évoquons
deux nouvelles substances : la méthadone et lecstasy.
Mots clés : intoxication médicamenteuse, substances illicites, paracétamol
Épidémiologie
Il nexiste pas de registre français
exhaustif de recueil des intoxications
médicamenteuses chez lenfant.
La distribution de ces intoxications se
fait selon deux pics de fréquence,
36 mois et 14 ans, correspondant res-
pectivement à deux mécanismes [1-
4] : ingestion accidentelle (prédomi-
nance masculine) et volontaire
(prédominance féminine). Volontaire,
lintoxication est volontiers polymédi-
camenteuse [2]. Les principaux médi-
caments responsables dintoxications
graves sont ceux ayant une action
sur le système nerveux central
(sédatifs, hypnotiques, anticonvulsi-
vants, antidépresseurs, morphiniques,
etc.) [2]. Seules 0,5 à 2 % des intoxi-
cations médicamenteuses nécessitent
une prise en charge en Unité de Réa-
nimation Pédiatrique (URP) [2-4].
La mortalité est faible (< 2 %), et aug-
mente avec lâge [1-3, 5, 6]. Les médi-
caments le plus souvent reliés à la
survenue dun décès sont les anti-
dépresseurs tricycliques, les anti-
convulsivants (barbituriques, val-
m
t
p
Tirés à part : O. Brissaud
doi: 10.1684/mtp.2008.0185
* Les auteurs ont participé à la rédaction de
larticle à part égale.
mt pédiatrie, vol. 11, n° 6, novembre-décembre 2008
Dossier
331
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
proate de sodium, etc.), les analgésiques (paracétamol,
aspirine) et les médicaments à base de fer [1-3, 5-8].
Nous ne détaillerons pas la prise en charge symptoma-
tique, psychologique. Nous prendrons deux exemples
dintoxication chez lenfant : la méthadone et lecstasy.
Définition
Une intoxication médicamenteuse grave est définie
par la nécessité dune surveillance de lenfant en URP
du fait de la sévérité des symptômes observés (coma,
détresse respiratoire, instabilité hémodynamique) et/ou
de la quantité potentiellement létale absorbée [2].
Critères dadmission en réanimation
Les trois principaux critères dadmission en réanima-
tion sont :
une défaillance cardiocirculatoire et/ou respira-
toire ;
une défaillance neurologique ;
la nécessité dune surveillance du fait de la dange-
rosité potentielle du ou des toxiques.
On redoutera lingestion de produits potentiellement
létaux à faible dose chez lenfant : inhibiteurs calciques,
clonidine, tricycliques, opiacés, salicylés, sulfamides
hypoglycémiants, agents psychotropes [9].
Toxidromes
Les divers toxidromes nont pas de spécificité pédia-
trique (tableau 1) [10].
Place des analyses toxicologiques
La prise en charge dune intoxication repose sur lap-
proche clinique (anamnèse, examen clinique, individua-
lisation de toxidromes) qui oriente les examens complé-
mentaires. Il ny a pas de spécificité pédiatrique propre
aux analyses toxicologiques.
Épuration des toxiques
Les particularités pédiatriques sont liées aux posolo-
gies employées.
Décontamination digestive des toxiques
Les méthodes sont les vomissements provoqués, le
lavage gastrique, ladministration en dose unique de char-
bon de bois activé, le lavage intestinal et les accélérateurs
du transit.
Sirop dipéca
Lémétine, un des principes actifs du sirop dipéca [11,
12], a une action irritante sur la muqueuse gastrique et
une action centrale (alcaloïdes). Presque 85 % des
patients vomissent 25 à 30 minutes après ladministration
dune dose unique de sirop dipéca. Aucune étude cli-
nique publiée ne permet daffirmer linfluence favorable
de ladministration du sirop dipéca sur le devenir cli-
nique la fréquence dhospitalisation ou la durée de séjour
des patients intoxiqués. Son emploi, non recommandé,
doit être abandonné.
Lavage gastrique
Le recours au lavage gastrique systématique doit être
proscrit et son indication discutée au cas par cas, selon les
substances ingérées et le délai par rapport au moment din-
Tableau 1. Principaux toxidromes en pédiatrie (daprès [10])
Toxidromes Signes associés Toxiques possibles
Syndrome sympathicomimétique Fièvre, flush, tachycardie, HTA, mydriase, sueurs Antitussif, décongestionnant
Amphétamines, cocaïne
Ecstasy, théophylline
Syndrome
anticholinergique
Mydriase, tremblements, dysarthrie, confusion
Sécheresse des muqueuses, rétention durine,
constipation, tachycardie sinusale, convulsions
Vasodilatation capillaire
ADT, antiparkinsonniens
Antihistaminiques, atropine et solanacées (Datura)
Antispasmodique, phénothiazines
Cycloentolate collyre
Syndrome
parasympathicomimétique
Myosis, diarrhée, incontinence urinaire, hypersalivation,
sueurs, faiblesse musculaire, fasciculations, parésie ou
paralysie
Antimyasthénique (pyridostigmine)
Acidose métabolique Tachypnée
Respiration de Kussmaül
Salicylés, fer, antidiabétiques
ADT
Ataxie aiguë et nystagmus Antihistaminiques
AE (carbamazépine, phénytoïne)
Pipérazine, diphénylhydantoïne
Barbituriques, bromures
Vomissements incoercibles Aspirine, théophylline, fer
HTA : hypertension artérielle ; ADT : antidépresseurs tricycliques, AE : antiépileptiques.
mt pédiatrie, vol. 11, n° 6, novembre-décembre 2008
Intoxications graves par médicaments et/ou substances illicites
332
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
gestion [10, 11, 13]. Il est recommandé pour des substances
sur lesquelles le charbon activé naurait pas ou peu deffet
(fer, lithium), lors dintoxications exposant à un risque vital
et doit seffectuer précocement, dans la première heure.
Les complications sont : inhalation, hypoxie, troubles du
rythme cardiaque, laryngospasme, perforation digestive,
troubles métaboliques avec des risques en particulier sur
la natrémie (intoxication à leau). Des contre-indications
existent : absence de protection des voies aériennes, inges-
tions dacide fort, de produits alcalins, dhydrocarbones, et
patients ayant des risques dhémorragie digestive. En pra-
tique, les volumes préconisés jusquà obtention dun
liquide clair, sont : chez lenfant : 50 à 100 mL de liquide
isotonique par cycle (total 2 à 5 litres) ; chez ladolescent :
250 à 350 mL par cycle (total 10 à 15 litres).
Charbon activé
Le charbon de bois activé [10-14] peut adsorber une
grande variété de médicaments et substances toxiques et
pourrait contribuer à une réduction de leur biodisponibi-
lité. Certains produits sont non adsorbés : acides et bases
fortes, alcools et glycols, cyanures, fers et métaux et sels
ionisés : lithium, chlorure de sodium, de potassium, cal-
cium, magnésium, chlorates. En administration unique, le
charbon activé est recommandé dans lheure qui suit lin-
gestion de toxique mais il nexiste pas de preuve formelle
de lamélioration du pronostic des patients traités par
administration de charbon activé, même dans ces condi-
tions. La dose préconisée est 1 g/kg en dessous dun an
puis 25 à 50 g entre un et douze ans et 25 à 100 g chez
ladolescent et ladulte. Les contre-indications sont :
trouble de conscience, antécédents digestifs, risque de
survenue dune pneumopathie dinhalation. Les complica-
tions comprennent : vomissements (fréquents), la pneu-
mopathie dinhalation (redoutable), de rares cas dabra-
sion cornéenne par contact direct du produit.
Laxatifs
Les laxatifs ne sont pas recommandés par lAmerican
Academy of Clinical Toxicology et lEuropean Association
of Poisons Centers and Clinical Toxicologists dans la prise
en charge des intoxications [11, 15]. Ils sont supposés dimi-
nuer labsorption digestive des substances (vidange accélé-
rée). Les laxatifs le plus souvent utilisés sont les sels de
magnésium et de sodium et le sorbitol (en association ou
non avec le charbon activé). Aucune étude ne permet de
conclure à lamélioration du pronostic chez les patients
intoxiqués bénéficiant de ce traitement. En cas dutilisation,
une seule dose est de rigueur pour minimiser leurs effets
secondaires. Il faut éviter de les administrer en dessous de
lâge dun an. Les doses chez les enfants sont les suivantes :
sulfate de magnésium : 250 mg/kg (max 30 g), citrate de
magnésium 10 % : 4 mL/kg (maximum 250 mL), sorbitol à
35 % : 4,3 mL/kg ou 0,5 à 2 g/kg (maximum 50 g).
Les contre indications sont liléus paralytique, les syndro-
mes occlusifs intestinaux, lhypovolémie, les désordres
métaboliques préexistants, linsuffisance rénale (sels de
magsium) et lingestion de produits caustiques. Les com-
plications sont les vomissements, les nausées, les coliques,
lhypotension transitoire, la déshydratation, lhypernatrémie
et lhypermagnésémie.
Lavage intestinal
Il sagit dadministrer sur une courte durée une grande
quantité dune solution osmotique (polyéthylène glycol)
par sonde nasogastrique jusquà obtention de selles clai-
res [11, 16]. Il nexiste pas de preuve formelle assurant du
bénéfice du lavage intestinal dans lamélioration du pro-
nostic chez les patients intoxiqués. Les indications se limi-
tent aux substances à résorption retardée ou à enrobage
entérique (au moins deux heures après leur ingestion) ou
des substances pour lesquelles le charbon activé naurait
pas defficacité (sels de métaux par exemple). Lutilisation
de cette technique a été proposée pour lélimination des
toxiques transportés in corpore (héroïne, cocaïne).
Les posologies recommandées sont : enfant de 9 mois à
6 ans : 500 mL/h ; enfants de 6-12 ans : 1 000 mL/h ; au-
delà : 1 500-2 000 mL/h.
Épuration des toxiques
Charbon activé à doses multiples
La justification de ladministration de doses multiples
réside dans la possibilité théorique dinterrompre le cycle
entéro-entérique ou entéro-hépatique ou entéro-gastrique
de certaines substances, ou dadsorber des substances
présentes tardivement dans le tube digestif : carbamazé-
pine, phénobarbital, dapsone, quinine, théophylline,
digoxine et digitoxine, phénylbutazone, phénytoïne, sota-
lol, piroxicam pour lesquelles on envisagerait des métho-
des dépuration extrarénales [10, 11, 13, 17]. La posologie
est de 10 à 25 g chez lenfant, suivie de 0,5 g/kg/4 heures.
Contre-indications absolues : absence de protection des
voies aériennes, troubles de la conscience, locclusion
intestinale, pathologie constitutive du tube digestif. Com-
plications : pneumopathie dinhalation, constipation,
occlusion intestinale, vomissements.
Diurèse alcaline [11, 18]
Elle consiste à augmenter la clairance de certains toxi-
ques par alcalinisation veineuse (sérum bicarbonaté) et
obtenir un pH urinaire > 7,5 (jusquà 8,5). Elle sapplique
aux intoxications aux salicylés, phénobarbital, chlorpro-
pamide et méthotrexate. Dans cette dernière intoxication,
ladministration de doses répétées de charbon activé est
plus efficace que la diurèse alcaline. La complication est
essentiellement lhypokaliémie.
Épuration extrarénale : hémodialyse, hémodiafiltration,
hémoperfusion, échanges plasmatiques,
exsanguino-transfusion, système MARS
Toutes ces méthodes font lobjet de cas rapportés en
pédiatrie et sont des alternatives aux autres modes de
mt pédiatrie, vol. 11, n° 6, novembre-décembre 2008 333
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
décontamination [10, 11, 19]. Elles méritent une argu-
mentation solide, interdisciplinaire. Les études cliniques
concernent surtout ladulte. Ces techniques sont accepta-
bles si la clairance corporelle totale est augmentée dau
moins 30 %.
Lhémodialyse
Elle est basée sur le principe de la diffusion, à travers
une membrane semi-perméable, de substances de faible
poids moléculaire et hydrosolubles, avec un petit volume
de distribution (< 2 L/kg), faiblement liées aux protéines,
et dont la clairance totale spontanée est basse. Les études
cliniques (adultes) rapportent un intérêt dans des intoxica-
tions par le lithium, lacide acétylsalicylique, le valproate
de sodium, procaïnamide, les bromures, la metformine, la
vancomycine et les borates. Il convient aussi de considé-
rer lhémodialyse dans le traitement des complications
métaboliques aiguës des intoxications. Cette méthode
expose à certaines complications liées à labord vascu-
laire, la circulation extracorporelle et à lanticoagulation.
Hémo(dia)filtration continue
Lhémofiltration est basée sur le principe de la filtra-
tion par un gradient de pression, à travers une membrane
semi-perméable deau plasmatiqueet de molécules dis-
soutes de poids moléculaire inférieur à 50 000 daltons.
Lhémodiafiltration associe aussi les principes de lhémo-
dialyse. Lhémofiltration a été utilisée au cours dintoxica-
tions par le fer (en combinaison avec le desféral), la digo-
xine, la vancomycine, la diphénhydramine mais sans
preuve defficacité. Elle a été utilisée dans les intoxica-
tions aux aminoglycosides et à la théophylline. Lhémo-
diafiltration continue a été utilisée dans quelques cas din-
toxication par lacide valproïque. Lhémodiafiltration
continue peut être une alternative à lhémodialyse pour
lintoxication au lithium lorsque cette dernière nest pas
disponible ou en cas dinstabilité hémodynamique.
Les complications sont identiques à celles de lhémodia-
lyse.
Hémoperfusion
Elle consiste à faire passer le sang sur une colonne
adsorbante, le plus souvent du charbon activé. Laffinité
de liaison du toxique sur le charbon activé doit être supé-
rieure à celle pour les protéines plasmatiques ou pour les
cellules sanguines. Les toxiques doivent avoir une solubi-
lité pauvre dans leau (exemples : carbamazépine, barbi-
turiques, théophylline). Lhémoperfusion peut être une
alternative thérapeutique en cas dimpossibilité dadmi-
nistration orale de charbon activé ou dinefficacité traite-
ment symptomatique. Une complication fréquemment
retrouvée est une thrombopénie. Les autres complications
sont en rapport avec la technique employée (voies vei-
neuses, circulation extracorporelle).
Molecular Adsorbent Recirculating System (MARS)
Le MARS associe les principes de la dialyse rénale et
ceux dune dialyse « hépatique » permettant lélimination
de substances hydrosolubles et de substances fortement
liées à lalbumine. Cette technique a surtout été utilisée
chez lenfant dans les intoxications aux champignons.
Elle mérite des études complémentaires pour sassurer
de son efficacité
Lexsanguino-transfusion Plasmaphérèse
Ces méthodes consistent à échanger la totalité ou une
partie du contenu du secteur vasculaire. Les seules indi-
cations seraient des intoxications par des toxiques dont
lespace de diffusion est limité au secteur vasculaire ou
extracellulaire (méthémoglobinémie, hémolyses toxiques
aux chlorates de sodium, de potassium et dérivés de lani-
line). En fait, ces méthodes ne permettent pas de retirer
des quantités appréciables de toxique et nont donc
aucune indication.
Antidotes
Les spécificités pédiatriques sont liées aux posologies
et/ou à lâge (tableau 2).
N acétylcystéine (NAC) [20-23]
Le risque dhépatotoxicité chez lenfant âgé de 1 à
5 ans est plus faible que celui de ladulte du fait de la
prépondérance du mécanisme de sulfonoconjugaison
dans le métabolisme du paracétamol, de la fréquence
dutilisation de la galénique liquide de concentration
plus faible en paracétamol et du caractère très souvent
accidentel de lintoxication à cet âge.
En labsence de malnutrition ou de prise concomitante
de médicaments inducteurs enzymatiques, il est recom-
mandé de considérer, dans ce groupe dâge, une dose
toxique plus élevée (dose supposée ou avérée ingé-
rée > 200 mg/kg et paracétamolémie à H2 post-
ingestion > 225 mg/L (pic plasmatique plus précoce des
formes liquides) [20].
Les protocoles dadministration et indications de la
NAC chez lenfant sont résumés figure 1. En cas dinges-
tion de doses multiples sur 24 heures, la NAC est indiquée
si la dose ingérée cumulative est > à 150 mg/kg chez len-
fant > 6 ans et > à 200 mg/kg chez les enfants < 6 ans.
Alors le nomogramme ne doit pas être utilisé car il sous-
estime le risque hépatotoxique.
Flumazenil (Anexate
®
) [24, 25]
Les indications et précautions sont semblables à
ladulte. La posologie chez lenfant est de 10 mcg/kg en
intraveineuse (IV) lent, puis de 10 mcg/kg/h en perfusion
continue si besoin.
mt pédiatrie, vol. 11, n° 6, novembre-décembre 2008
Intoxications graves par médicaments et/ou substances illicites
334
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Glucagon (Glucagen
®
) [26-29]
Chez lenfant, le glucagon est proposé comme anti-
dote des intoxications par bêtabloquants, inhibiteurs cal-
ciques ou sulfamides hypoglycémiants dans un cadre
décisionnel bien défini.
La majorité des intoxications accidentelles par bêta-
bloquants chez lenfant est asymptomatique. Lhypogly-
cémie symptomatique répond habituellement à linjection
de glucosé par voie orale ou IV. Le recours au glucagon
est indiqué en cas dhypoglycémie réfractaire et/ou de
dépression myocardique (intoxication massive volontaire
le plus souvent) en complément damines pressives.
La posologie recommandée du Glucagen
®
est :
en cas dhypoglycémie réfractaire isolée :
poids < 20 kg : 0,5 mg par voie sous-cutanée (SC),
IV ou intramusculaire (IM),
poids > 20 kg : 1 mg par voie SC, IV ou IM.
en cas de dépression myocardique :
chez le nouveau né : 0,3 mg/kg/4 heures IV/IM/SC
(sans dépasser 1 mg/dose),
chez lenfant : 0,025 mg à 0,1 mg/kg IV/IM/SC (sans
dépasser 1 mg par injection) puis 0,025 mg/kg/h en IV
pendant 5 à 12 heures selon lévolution clinique.
Dans les intoxications par inhibiteurs calciques, en cas
de dépression myocardique, le glucagon peut être utilisé
associé aux amines pressives (posologie : cf. bêtabloquants).
Lors dune intoxication par sulfamides hypoglycé-
miants chez lenfant, lutilisation du glucagon nest
recommandée quaprès échec dun traitement avec perfu-
sion de sérum glucosé hypertonique titré pour obtenir une
glycémie supérieure à 0,6 g/L et octréotide IV
(Sandostatine
®
) si disponible. Linefficacité du glucagon
après trois injections doit faire rejeter cette option (déplé-
tion du stock en glycogène hépatique).
Tableau 2. Posologies des antidotes utilisées en pédiatrie
Toxiques Antidotes
Alpha2-adrénergiques
(solutions nasales, collyres oculaires
contenant dérivés de limidazoline)
[36-39]
Coma : naloxone (Narcan
®
)cf.tableau 3
HTA menaçante sans bradycardie : phentolamine (Regitine
®
) IV continu à la dose de 2,5 à 5 mcg/kg/min.
HTA menaçante avec bradycardie : nicardipine (Loxen
®
)1à4mcg/kg/minenIVcontinu.
Amphétamines [34, 35]
Convulsions : diazepam (Valium
®
)
0,5 mg/kg IVL ou IR (sans dépasser 10 mg/dose) puis 1 à 2 mcg/kg/min IV continue.
HTA menaçante : nicardipine (Loxen
®
):0,5à3mcg/kg/hIVcontinu.
Anticholinestérases [40, 41] Sulfate datropine 0,02 à 0,05 mg/kg (dose susceptible dêtre répétée toutes les 5 à 10 minutes ;
minimum de 0,1 mg/injection et un maximum de 0,5 mg/kg/j)
Antihistaminiques [24] Flumazénil (Anexate
®
) 10 mcg/kg IVL puis 10 mcg/kg/h si nécessaire
Benzodiapines [25] Flumazénil (Anexate
®
) 10 mcg/kg IVL puis 10 mcg/kg/h si nécessaire
Bêtabloquants [27]
Dépression myocardique : glucagon (Glucagen
®
)
0,025 mg/kg IM ou IV puis 0,025 mg/kg/h IV continue durant 5 à 12 h selon nécessité.
Hypoglycémie : glucagon (Glucagen
®
)
Poids < 25 kg : 0,5 mg sous cutané,
Poids > 25 kg : 1 mg sous cutané.
Troubles de conduction : isoprénaline (Isuprel
®
)
0,1 à 1 mcg/kg/min IV continue (titrage).
Cannabis [42]
Coma : flumazénil (Anexate
®
) 10 mcg/kg IVL puis 10 mcg/kg/h si besoin.
Clonidine [29, 43, 44] Naloxone (Narcan
®
)cf. tableau 3.
Digitaliques [45-47] Anticorps spécifiques (Digidot
®
) 80 mg/flacon : 80 mg neutralisent 1 mg de digoxine ou digitoxine.
Indications : Ingestion dose supérieure à 0,3 mg/kg, en cas de cardiopathie sous-jacente, de concentration sérique de
digoxine 6,4 nmol/L (5ng/mL),darythmie menaçante, dinstabilité hémodynamique, kaliémie 6mmol/L.
Fer et sels [48, 49] déféroxamine (Desféral
®
) 15 mg/kg/h IV, réduire la vitesse de perfusion au bout de 4-6 heures sans dépasser 3-6 g
au total ; 100 mg de déféroxamine lient environ 8 mg de fer.
Hypoglycémiants oraux [26, 28] Glucose IV (titration pour maintien de la glycémie > 0,6 g/L).
Hypoglycémie réfractaire : glucagon (Glucagen
®
)
Poids < 25 kg : 0,5 mg sous-cutané,
Poids > 25 kg : 1 mg sous-cutané.
Octréotide (Sandostatine
®
) (4-5 mcg/kg/j divisés en injections toutes les 6 heures, dose maximale 50 mcg
toutes les 6 heures).
Ibuprofène [50]
Convulsions : diazépam (Valium
®
) : 0,5 mg/kg IR ou IV (10 mg/dose).
Coma : naloxone (Narcan
®
)cf. tableau 3
Méthadone [32] Naloxone (Narcan
®
)cf. tableau 3
Méthémoglobinémiants [25] Bleu de méthylène 1-2 mg/kg en IV sur 10-15 min et à réter si besoin.
Opiacés [25] Naloxone (Narcan
®
)cf. tableau 3.
IVL : intraveineux lent ; IR : intrarectal ; IM : intramusculaire.
mt pédiatrie, vol. 11, n° 6, novembre-décembre 2008 335
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
1 / 9 100%

Intoxications graves par médicaments et/ou substances illicites

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !