Le Moniteur d`Issoire 1938-03-23 page 01

65e Année — N° 12
23
Mars 1938
HEBDOMADAIRE
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LE DEUXIÈME CABINET BLUM DEVANT LES CHAMBRES
Le nouveau Cabinet s'est présenté jeudi dernier, à 15 heures 30, devant les Chambres.
La déclaration ministérielle a été lue à la Chambre des Députés par le Président du
Conseil, que l'on voit sur notre cliché, et au Sénat par M. Daladier, ministre de la
Défense Nationale, vice-président du Conseil.
Performances lériennes
DU COLONEL BIS.E.O AU COMMANDANT ROSSI
par le Général PUJO
Ancien Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air
' Le 24 janvier 1938, à 6 h. 25, le
Colonel Biseo, le capitaine Mos-
catelli et le lieutenant Mussolini
i s'envolaient sur 3 Savoïa-Mar-
1 chetti de Rome vers Rio-de Janeiro,
avecT'intention. de,: franchir en
deux étapes cette distance de:
9 850 kilomètres. Le sjir même,
ils atterrissaient à Dakar à 17 h. 15,
après avoir survolé le désert à une
altitude de 4.500 mètres et parcou-
ru, malgré les vents de sable ren-
contrés, 4,500 kilomètres à 417 km.
à l'heure. Dès le lendemain, ils
reprenaient leur vol à 8 h. 10 et,
gagnant rapidement l'altitude de
3.800 mètres, deux d'entr'eux
atteignaient Rio-de-Janeiro à
21 h. 45, le capitaine Moscatelli
ayant dû s'arrêter à Natal après
avoir traversé l'Atlantique avec
deux moteurs par suite d'une
panne survenue au 3°, peu après
le départ. Cette étape de 5.350 kilo-
mètres avait été parcourue à la
vitesse horaire de 393 kilomètres,
Le groupe du colonel Biseo
avait ainsi magnifiquement atteint
son but : donner une nouvelle
preuve de la valeur de l'aviation
italienne ; montrer, en même
temps, la possibilité d'une liaison
aérienne entre l'Italie débordante
de population et' d'activité et le
vaste continent de l'Amérique du
Sud, qui s'ouvre avec ses immen-
ses ressources aux grands courants
économiques du monde.
Ces résultats méritent d'être
médités. Après son brillant succès
dans la course Istres-Damas-Pa-
ris, le- matériel de série italien,
qui est déjà en service dans un
grand nombre d'escadrilles de
bombardement, vient de confirmer
sa valeur et ses qualités : autono-
mie de vol de plus de 4.000 kilo-
mètres, vitesse horaire supérieure
à-400 kilomètres, plafond dépas-
sant 5.000 mètres à pleine charge,
endurance permettant d'etfectuer
sans incident irrémédiable un vol
de 24 heures presque consécutives
(la panne survenue à l'un des mo-
teurs^ ne doit; pas 'être considérée
comme telle, puisqu'elle n'a pas
interrompu la mission de l'appa
reil). Sans doute, les S 79 lancés
au dessus du Sahara et de l'Atlan-
tique ont été l'objet de soins par-
ticuliers ; des modifications de
détail ont pu augmenter leur puis-
sance ; le poids supplémentaire
d'essence emporté ne remplaçait
pas complètement celui des armes
et des bombes absentes ; mais,
même en amputant des perfor-
mances du voyage des réductions
justifiées, il n'en reste pas moins
que les escadres équipés avec un
tel matériel pourraient facilement
atteindre des objectifs fixés à
1.500 kilomètres, franchir les mers,
les plus hautes chaînes de monta-
gnes et faire peser ainsi la menace
de leur intervention sur tout le
territoire des nations • voisines.
Paris, Bordeaux, Londres, Berlin,
Bucarest se trouveraient dans leur
rayon d'action. Aucun point du
bassin méditerranéen ne serait
hors de leur portée. On aperçoit
sans difficulté les. conséquences
de cette situation : la possibilité
de faire converger avec une gran-
de rapidité l'ensemble des escadres
italiennes sur n'importe quel point
de l'Europe occidentale, de l'Afri-
que du Nord ou du Proche-Orient
et la nécessité qui s'ensuit, en se
qui nous concerne, d'étendre
notre dispositif de protection
aérienne nonv seulement à tout le
territoire métropolitain, mais en-
core à celui de nos possessions
méditerranéennes.
Au point de vue des liaisons
commerciales, les performances
accomplies par le groupe du colo-
nel Biseo montrent qu'en .organi-
sant à Dakar une relève immédiate
du courrier, le trajet Europe-Rio-
de-Janeiro peut être accompli en
24 heures. Quelles perspectives
pour un avenir prochain !
En face de ces réussites ita-
liennes, comment l'aviation fran-
çaise se présente-t elle ?
Quelques jours après le magni-
fique voyage du colonel Biseo, un
de nos plus grands pilotes, le
commandant Rossi battait, sur
l'Amiot 370, à la vitesse horaire de
437 kilomètres, le record de 2.000
kilomètres avec 2.000 kgs de char-
ge utile. Lorsqu'il sera équipé
avec les moteurs prévus pour lui,
cet avion pourra faire mieux en-
core et dépasser sûrement 500
kilomètres à l'heure.
Cet appareil n'est pas le seul
dont notre technique puisse «'enor-
gueillir : dans la catégorie des
avions militaires, il existe un Livré,
un Potez, un Bloch, un Morane, un
Hanriot qui réalisent des perfor-
mances soutenant la comparaison
avec les meilleur.! matériels étran-
gers. Parmi lès avions commer-
-ciaux, le Dewoitine, le Bloch, le
Latécoère, le Cams égalent leurs
concurrents sur les lignes inter-
nationales.
Mais, tandis que les Savoïa, les
Caproni, les Bréda en Italie, les
Messerschmift, les Junkers, les
Heinkel, les Dorffier en Allemagne
équipent déjà les escadrilles en
grande série, nos avions modernes
sont encore à l'état de prototypes,
d'exemplaires isolés ; il faudra de
longs mois avant que leur fabrica-
tion soit organisée et qu'ils soient
livrés aux escadres.
Notre infériorité actuelle est
uniquement faite de ce retard.
Celui-ci est maintenant connu du
pays, qui s'est alarmé. Connu
aussi, avec ses causes, du gouver-
nement qui, il faut l'espérer, saura
y apporter rapidement le remède
qui s'impose.Général PUJO.
Kaers-Billiet ont gagné les Six Jours de Paris
Les Belges Kaers-Biiliet ont remporté les Six Jours de Paris, couvrant 3.402 kilo-
mètres en Piô heures de course. L'équipe française Ignat-Biot a pris la deuxième place
devant les hollandais Pijnenburg-Walls.
EN FRANCE
Comment a été formé le second
Cabinet Blum
Dès que M. Léon Blum commen-
ça ses négociations en vue de for-
mer un ministère de " Rassemble-
ment national ", les plus vives
objections se firent jour visant la
présence éventuelle des communis-
tes au gouvernement. Au groupe
du parti radical, réuni, suivant les
prescriptions de la motion Cadillac,
avec les sénateurs et les membres
du bureau du. Comité exécutif, le
président Caillaux insista sur les
difficultés extérieures que ne man-
querait pas de créer l'arrivée au
pouvoir des représentants de l'ex-
trême-gàuche. M.Jean Mistler dé-
clara que la participation commu-
niste au gouvernement conduirait
ce dernier à pratiquer une politi-
que extérieure d'esbroufe, dans le
même temps qu'elle affaiblirait la
puissance de la France à l'intérieur.
Au rebours, il nous faut être pru-
dents au dehors, refaire nos allian-
ces tout en renforçant nos-moyens
défensifs.
Cette opposition s'étant égale-
ment manifestée dans les groupes,
de la minorité, auxquels M. Léon
Blum fit personnellement appel, au
cours d'une réunion plénière con-
voquée à sa demande, le leader
socialiste renonça à l'idée de for-
mer un gouvernement de " Ras-
semblement national" pour se ra-
battre sur une formule rappelant
celle du gouvernement par lui
constitué en 1936.
— Bien que nous n'àyions pas
toujours obtenu des socialistes le
concours que nous avions nous-
mêmes accordé, déclara M. Edouard
Daladier à la réunion " Cadillac",
j'estime qu'il faut faire un gouver-
nement et que nous devons dire
oui, simplement oui ".
Mais l'avenir est réservé par ce'
paragraphe de l'ordre du jour voté
à l'issue de cette réunion et "ainsi
conçu :
" H (le parti radical) persiste à
penser qu'en raison des périls ex-
térieurs et des difficultés intérieu-
res, l'union sincère et loyale et
sans réserve de tous les Français
est indispensable au salut de la
Patrie ".
A L'ETRANGER
Les Grandes Manœuvres Na-
vales Américaines dans le
Pacifique. .
Les grandes manœuvres navales
américaines ont commencé dans
le Pacifique. 160 unités avec leurs
équipages au grand complet y
de? ÏFOûpe? )lllen)ai)(le? ei)
participent. -
On annonce que pour la pre-
mière fois aucun journaliste ou pho-
tographe n'y a été admis.
Le Ministre de l'Intérieur An-
glais a demandé des Volon-
taires pour la Défense Passive.
Samuel Hoare, Ministre de l'In-
térieur a demandé un million de
volontaires pour assurer la protec-
tion de la population civile en cas
d'attaque aérienne. Des milliers
d'Anglais se sont présentés dans
les bureaux de recrutement, et les
femmes sont aussi nombreuses que
les. hommes.
M. Buerckel organise le Plébiscite
A leur entrée dans Sdlzbourg, les troupes Allemandes sont accueillies avec enthou-
siasme par les nazis d'Autriche. • .A . .'
Une récente photographie de M. Bue»-•
ckel, chargé par le chancelier Hitler d'or-'
ganiser le plébiscite autrichien. On se
rappelle que-M. Buerckel a- déjà organisé
le plébiscite de la Sarrè.
Les Journaux Tchécoslovaques
soulignent la Force, le Calme
et la Fermeté de leur Gouver-
nement. *
Le « Pravo Lidu » après avoir-
envisagé les événements d'Autri-
che, fait remarquer la force.de la
Tchécoslovaquie. On ne saurait
déclare-t-il, l'attaquer à un point
sensible qui ne fût pas muni des -
moyeps les plus moderneset les, ,.
plus perfectionnés. Derrière les >
forteresses de ce genre et avec les
armes spéciales que nous avons,
en abondance à notre disposition, -
nous sommes au moins deux fois
et parfois même trois fois plus
forts que ne le représente la force
numérique de notre armée. Nous
n'avons donc, au point de vue
militaire, aucune raison de nous :
décourager..;
:
l