4 THÉORÈMES DE COMPARAISON POUR LES VARIÉTÉS ANALYTIQUES RIGIDES
Le raffinement de la conjecture de Tate est alors le suivant. Soit Xun K-schéma propre et
lisse. Alors pour tout n∈N, on a un isomorphisme de comparaison :
Hn
´et(XK,Qp)⊗QpBdR
∼
→Hn
dR(X/K)⊗KBdR
BdR-linéaire, GK-équivariant et compatible aux filtrations (la cohomologie de de Rham étant bien
sûr munie de la filtration de Hodge) ; en d’autres termes, la représentation V= Hn
´et(XK,Qp) est
de de Rham, et DdR(V) = Hn
dR(X/K) (comme K-espaces vectoriels filtrés). L’isomorphisme de
comparaison de Hodge-Tate est alors le gradué de αdR(V).
Cette conjecture (appelée CdR) a été prouvée par plusieurs auteurs, en particulier par Faltings
et Tsuji. Elle admet divers raffinements (les conjectures Ccris et Cst, introduction de coefficients,
versions relatives, etc).
2. Survol des résultats de [8]
Dans le reste du texte, Kdésigne un corps de valuation complet, extension de Qp, et K+⊂K
un sous-anneau de valuation ouvert et borné. Dans [8], Schloze prouve, entre autres, la conjecture
CdR pour les espaces adiques :
Théorème 3. (Scholze,[8, Theorem 8.4]) Supposons Kde valuation discrète. Soient Xun
espace adique propre et lisse sur Spa(K, OK)et V= Hn
´et(XK,Qp). Alors Vest de de Rham, et
DdR(V)∼
=Hn
dR(X/K). En particulier, Vest de Hodge-Tate et la suite spectrale Hodge vers de
Rham
Hi(X, Ωj
X/K )⇒Hi+j
dR (X/K)
dégènere.
Remarque.(1) Cela répond donc à la question de Tate.
(2) Scholze démontre en fait une version relative avec coefficients de ce resultat ([8, Theorem
8.8], cf théorèmes 25 &26).
Pour démontrer ce théorème, il prouve les résultats intermédiaires suivants (qui sont fonda-
mentaux en eux mêmes).
Théorème 4. (Scholze,[8, Theorem 5.1] 17)Supposons Kalgébriquement clos. Si Xest propre
et lisse 18, et Lun système local en Fp-vectoriels sur X´et, alors Hi(X´et,L)est un Fp-espace
vectoriel de dimension finie, nul si i > 2 dim(X).
Théorème 5. (Scholze,[8, Theorem 4.9]) Supposons Kalgébriquement clos. Si Xest affinoïde
connexe, x∈X(K)et Lun système local de p-torsion, l’application naturelle
Hi
cont(π1(X, x),Lx)→Hi(X´et,L)
est un isomorphisme 19 (Xest localement un K(π, 1)).
Remarque.Dans les travaux de Faltings, dans le cadre algébrique, ce résultat était prouvé sous
des hypothèses de « petitesse » de X, qui n’apparaissent pas ici.
La stratégie, commune à la plupart des preuves (plus ou moins explicitement), consiste à
utiliser une version relative (i.e. faisceautisée) des anneaux de périodes. Une des difficultés
majeures réside dans les passages à la limite. Dans la cas présent, c’est crucial dans la mesure où,
contrairement au cas cristallin ou semi-stable, l’anneau BdR se prête modérément 20 au dévissage
pour la topologie p-adique. L’un des apports fondamentaux de [8] est la définition du site pro-
étale, qui est le bon cadre (pour les calculs locaux, la globalisation et les passages à la limite).
17. La preuve de ce théorème, inspirée par celle, due à Kiehl, de la finitude de la cohomologie cohérente des
variétés analytiques rigides propres, utilise la suite d’Artin-Schreier.
18. En fait, grâce à la résolution des singularités pour les espaces adiques propres, l’hypothèse de lissité est
superflue (cf [9, Theorem 3.17]).
19. La preuve de ce théorème, qui utilise elle aussi la suite d’Artin-Schreier, repose essentiellement sur [7].
20. Comme dit Andreatta, c’est une limite inductive d’une limite projective de limites inductives...