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Patrick Bouvet non plus et conscients de tous les clichés que cela peut véhiculer au théâtre, nous
nous nourrirons donc - avec distance et humour - d’images, de références éventuelles (Marina
Abramovic, Matthew Barney, La Ribot…) pour mieux comprendre cet archétype de femme moderne
que représente la performeuse.
Ces trois récits de femmes aux prises avec leur être et leur corps ne s’alterneront pas comme trois
monologues, mais « dialogueront » entre eux. Le dispositif sera frontal et assez simple : un espace
pour chaque femme, mais qui constituera une sorte d’à plat à première vue, (comme une double
page de magazine), pour le public qui sera directement confronté à ces femmes puisqu’il n’y aura
pas de quatrième mur. Ceci permettra donc au spectateur d’avoir une vision linéaire (un monologue,
un espace sur lequel focaliser) mais également une vision parallèle qui mettra en relation chaque
femme l’une par rapport à l’autre. Nous chercherons, par exemple, comment l’actrice peut être dans
une action corporelle liée à son parcours pendant que la lectrice de magazines se livre, afin de
trouver ce dialogue des corps et des mots sans pour autant se priver de mettre également du corps
dans les mots.
Ainsi les thèmes inhérents à chaque femme seront développés et exploités au plateau de façon à
créer du lien avec les autres discours, à inventer du jeu dans un espace défini et isolé pour chacune,
mais permettant une polyphonie de gestes, une sorte de hors-champ mais à vue pour celle qui ne
parle pas, mettant en relief le discours de l’autre, cherchant à lui faire écho.
Nous envisagerons les corps des comédiennes comme un seul corps musical, par un travail gestuel
de réponses possible entre elles, de motifs repris, de postures communes mais réalisées dans des
temps différents ou bien encore de répétitions. Nous pensons qu’il peut être intéressant de travailler
sur une forme qui suit celle de l’écriture dans ce qu’elle explore de la contamination : d’une phrase à
l’autre, d’un motif à l’autre, d’un corps à l’autre et donc d’une femme à l’autre.
Nous poserons alors comme point de départ les questions suivantes : qu’est-ce qui se répond d’un
archétype de femme à l’autre ? Quelles similitudes entre ces femmes ? Ont-elles des aspirations
communes dictées par la société moderne ? Quel est leur lien à leur identité propre ? Se construit-on
à partir des autres ? Peut-on prendre un modèle pour exister ? C’est là encore l’idée du cliché, des
phrases toutes faites et extérieures qu’elles reprennent à leur compte pour tenter de se les approprier
et de devenir quelqu’un, soi-même ou une autre prise pour modèle. À partir de la construction
musicale de la langue de Patrick Bouvet nous souhaiterions de surcroît composer un contrepoint
musical qui serait joué sur des objets quotidiens – journaux, accessoires de maquillage, accessoires
sportifs, costumes… - faisant partie de l’environnement sonore réaliste de chacune des trois femmes
de façon à déterminer des espaces sonores différents qui ensuite pourraient coexister, voire
s’affronter. Chaque monde essaierait ainsi de cohabiter jusqu’à un éventuel « chaos sonore »
évoquant la multiplicité des informations, des voix médiatiques ou des slogans, impression que le