Présentation des objectifs environnementaux dans les projets de construction et de réhabilitation dans la ville de Clichy-la-Garenne (92) 2 Introduction : Les enjeux environnementaux : changements climatiques, pollutions de l’air, des sols, de l’eau, épuisement des ressources y compris énergétiques, perte de la biodiversité,... deviennent chaque jour plus évidents. Ces enjeux environnementaux sont indissociables des questions économiques pour la société dans son ensemble et pour chacun, et des questions sociales puisque ce sont les ménages les plus modestes qui en subiront les plus lourdes conséquences. Or l’acte d’aménager et de construire impacte fortement l’environnement. En France, le secteur du bâtiment consomme près de la moitié des ressources naturelles, 46% de l’énergie et produit 50% des déchets et 25% des gaz à effet de serre (GES), on mesure donc l’importance d’une politique urbaine qui prenne en compte ces questions. La tâche est difficile puisqu’il faut requestionner ensemble nos pratiques. Le diagnostic présenté ici a été entrepris à l’initiative du service de l’urbanisme de la ville de Clichy assisté par méandre, atelier d’architecture, urbanisme et environnement. Ce document est une action d’étape après une année de travail pour informer sur les questions environnementales liées à la construction et à l’urbanisation. La démarche environnementale est en continuité avec l’histoire de l’architecture et de l’urbanisme ancienne et moderne. Elle oblige à modifier des habitudes technologiques relativement récentes (prises depuis 50 ans), nos réglementations, nos façons de concevoir, de construire et d’exploiter les bâtiments. Elle appelle à réunir les cultures sensibles et techniques comme l’architecture et l’ingénierie, à associer les différentes phases de la vie d’un bâtiment : programmation, conception, construction, exploitation et déconstruction. La démarche environnementale entreprise par le service de l’urbanisme a abouti à définir 4 objectifs pour les bâtiments à Clichy. et de réfléchir à la manière d’atténuer les faiblesses de la ville et d’utiliser ses atouts dans les futurs projets de construction et de réhabilitation. Il se divise en deux grandes parties : A- Diagnostic du territoire, contexte naturel et incidence du comportement de l’homme. B- Les 4 objectifs choisis par la ville : • qualité environnementale et architecturale des bâtiments «conception bioclimatique» • efficacité énergétique • bâtiment & Santé • ressources : eau, énergie, déchets, matériaux,... Pour chacun de ces objectifs, sont présentées les préconisations spatiales et techniques ainsi que les bénéfices attendus. Ce document ne donne pas de solutions toutes faites mais voudrait donner envie aux lecteurs d’aller plus loin, en s’informant et en agissant concrètement à Clichy. Le document ci-après a pour but de préciser les caractéristiques de Clichy 3 Diagnostic du territoire : • Contexte naturel • Incidence du comportement de l’homme Objectif 1 : Qualité environnementale et architecturale des bâtiments «conception bioclimatique». Objectif 2 : Efficacité énergétique. Objectif 3 : Bâtiment & Santé. Objectif 4 : Ressources : eau, énergie, déchets, matériaux,... Diagnostic du territoire : • contexte naturel • incidence du comportement de l’homme 5 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Les températures : l’effet de cloche Comme toute l’agglomération parisienne, Clichy bénéficie d’un climat peu contraignant, caractérisé par une faible amplitude thermique, des étés chauds et des hivers doux. Le confort d’hiver n’est donc pas difficile à atteindre. La rue de Paris, exemple de forte minéralité. Températures moyennes à Clichy pour une année de référence. Source : PLU de Clichy. Par contre, l’été, les températures naturelles sont augmentées par l’effet de masse thermique de la ville dense et minérale. Les températures relevées à Clichy sont ainsi supérieures à celles relevées dans la station météo du Bourget. Une attention particulière doit donc être portée au confort d’été dans les bâtiments. L’entrée de Clichy vue depuis le périphérique : une ville minérale très dense. 6 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme L’ensoleillement : les effets de masque L’hiver, l’angle du soleil est très bas : 18° à midi. La hauteur du soleil est maximale au solstice d’été et minimale au solstice d’hiver. La densité de la ville accentue le contraste d’ensoleillement hiver/été : dans une ville dense comme Clichy, les bâtiments génèrent des masques, surtout en hiver. Lorsque le soleil est bas, les bâtiments projettent des ombres sur le sol et sur les façades des bâtiments voisins. Ces masques empêchent le soleil de pénétrer à l’intérieur des bâtiments. Courbes solaires en projection cylindrique en région parisienne. Source : traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatique La rue Morice, plongée dans l’ombre du fait des masques des bâtiments. 7 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Les vents : de forts ‘’couloirs à vent’’ La situation géographique de la ville favorise les vents d’Ouest et plus particulièrement les vents de Sud-ouest qui sont des vents forts. Boulevard Jean Jaurès, couloir à vent. Voie rapide, quai Éric Tabarly, le long de la Seine. L’alignement d’arbres entre le lit de la Seine et la voie rapide crée un écran qui génère un couloir à vent. Le trafic automobile important renforce cet effet. Direction des vents dominants illustration des couloirs à vent. à Clichy La direction et la force des vents sont des éléments importants à prendre en compte dans la fabrication de l’espace urbain. Les vents peuvent en effet constituer des atouts lorsqu’ils sont utilisés pour optimiser l’aération et la ventilation naturelle des bâtiments mais ils peuvent aussi être une source d’inconfort, pour les piétons notamment, lorsqu’ils sont insuffisamment pris en compte dans le tracé d’une voie. avec Le tracé des voies, l’implantation de certains bâtiments favorisent les effets de ‘’couloirs à vent’’ sur certains axes, notamment le long de la Seine, du périphérique ou le long d’axes traversants comme la rue Martre et le boulevard Jean Jaurès. Rue Martre, couloir à vent. 8 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme La pluviométrie La pluviométrie est répartie de façon relativement uniforme sur l’ensemble de l’année, avec un minimum en août et un maximum en octobre. La rue de Paris sous la pluie : l’eau de pluie s’évacue difficilement. Niveaux de précipitations pour la période 1974-2003 à clichy ?????? Graphique réalisé d’après les données du PLU. Le territoire de Clichy est très fortement imperméabilisé, ce qui limite l’infiltration des eaux dans le sol. De ce fait, les eaux pluviales stagnent longtemps sur le sol avant d’être majoritairement rejetées dans les réseaux d’assainissement. Cette faible infiltration des eaux pluviales pose deux problèmes : d’une part elle limite fortement la recharge des nappes phréatiques et d’autre part elle peut être source de disfonctionnement du réseau d’assainissement. En cas de pluie importante, le réseau d’assainissement est surchargé ce qui entraine des déversements très importants d’eau non traitée directement dans la Seine. Parking avenue Claude Debussy : flaques d’eau qui demeurent longtemps après la fin de la pluie. 9 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Eau et assainissement Grâce à sa proximité avec la capitale, Clichy a bénéficié rapidement de toutes les avancées en matière de distribution d’eau et d’assainissement. d’Assainissement Parisienne). l’Agglomération Une trop forte imperméabilisation peut être source de disfonctionnement du réseau. En cas de pluie importante, le réseau d’assainissement est surchargé ce qui entraine des déversements très importants d’eau non traitée directement dans la Seine. L’eau potable distribuée à Clichy provient de l’usine de Neuilly-sur-Marne qui traite les eaux de la Marne. L’exploitation du réseau est confiée à la Compagnie Générale des Eaux. Le réseau d’assainissement de Clichy est un réseau unitaire, c’est-à-dire qu’il collecte ensemble les eaux usées et les eaux pluviales. Par temps sec, les effluents sont traités à la station d’épuration d’Achères après avoir transité par les émissaires du SIAAP (Syndicat Interdépartemental de Le saviez-vous ? Clichy est un nœud important du système d’assainissement parisien. De nombreux émissaires arrivent jusqu’à l’usine de Clichy pour y subir un premier traitement. Les capacités de l’usine sont limitées : à chaque gros orage, de gros volumes d’eau non traitée sont déversés dans la Seine, à la hauteur de Clichy. Une Directive Cadre Européenne impose de cesser ces déversements. Un bassin de stockage souterrain de 220 000 m3 va donc être construit. L’usine du SIAAP à Clichy. 10 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Le risque d’inondation Située en bordure de la Seine dans sa limite nord-ouest, la commune de Clichy est confrontée à un risque important d’inondation. Lors de la grande crue de 1910, 70 hectares ont été submergés, soit 20% du territoire de Clichy. Plusieurs facteurs se conjuguent pour accroître le risque d’inondation à Clichy : la topographie de la ville, la présence d’une nappe phréatique dont le toit se situe à 6 m de profondeur dans certains secteurs. Certains éléments directement liés à l’urbanisme contribuent aussi à augmenter le risque d’inondation, parmi lesquels l’imperméabilisation des sols la forte minéralité ou l’existence d’un réseau unitaire d’assainissement. Le risque d’inondation est géré dans le cadre du plan de prévention aux risques d’inondation des Hauts-de-Seine approuvé le 9 janvier 2004. L’existence de ce risque nécessite cependant des actions de prévention visant à réduire les rejets d’eau pluviale en débit et en volume dans le système d’assainissement. Cela passe notamment par le développement des espaces de pleine terre. Le risque d’inondation mène aussi à réfléchir aux choix des matériaux de construction dans les zones en front de Seine et à l’utilisation des sous-sols dans la construction. Plan de prévention des risques d’inondation de la Seine. Source : Service Urbanisme de la Ville de Clichy. 11 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Une ville compacte et hétérogène Clichy est une ville dense et compacte. Cette compacité du territoire et des bâtiments est un atout énergétique important car elle favorise les économies de transport, de construction réseaux et la réduction des déperditions de chaleur. Vue aérienne de Clichy montrant une ville dense, compacte et minérale. Cependant, héritière d’une histoire complexe, Clichy présente un paysage urbain hétérogène entre quartiers anciens, zones d’urbanisation récente et friches industrielles. A chacun de ces espaces correspondent différentes typologies de bâti qui présentent une variée de gabarits, de hauteurs et de matériaux constructifs. On distingue ainsi : Les immeubles bas (R+1, R+2) de type villageois, très denses et souvent dégradés - Les immeubles populaires plus hauts (R+3 ou 4) en moellons calcaires et mortier plâtre ; - Un tissu haussmannien le long des principaux axes de circulation ; - L’architecture industrielle de la fin du XIXème – début du XXème siècle, caractérisée par l’usage de la brique et de structures métalliques ; Les HBM (habitations bon marché) en briques et béton de l’entre deux guerres qui peuvent rassembler une centaine de logements ; - Les immeubles Art Nouveau et Art Déco caractérisés par l’utilisation de la brique et le mélange des matériaux ; - Les constructions du mouvement moderne telles que l’hôpital Beaujon ou la Maison du Peuple ; - Et enfin les Grands Ensembles. Les différences de hauteur et de gabarit ménagent des vues et des espaces de respiration dans le tissu urbain. Ces typologies de bâtis présentent des caractéristiques de densité, de confort et de salubrité très différentes. Le degré de luminosité naturelle notamment varie fortement selon les types d’immeubles ainsi que les performances énergétiques et thermiques. Immeuble populaire Immeuble haussmannien Ces caractéristiques sont des éléments importants à prendre en compte dans les programmes de réhabilitation et de rénovation. 12 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Transport et déplacements : une ville favorable aux transports en commun et aux déplacements doux. Grâce à sa proximité avec Paris, Clichy bénéficie d’une importante desserte de transport en commun : - Une station de métro - Une station de RER - Un réseau de bus bien développé. Station Vélib’ sous le périphérique, station conjointe avec le XVIIème arrondissement de Paris. La superficie réduite de la ville et sa planéité sont d’autre part très favorables aux modes de déplacements doux, vélo et marche. On estime en effet qu’il faut 10 min pour traverser Clichy à vélo, 24 min pour la traverser à pied et entre 10 et 60 min en voiture, selon la circulation. Il existe actuellement 2 pistes cyclables à Clichy et d’autres aménagements sont projetés pour encourager l’usage du vélo, notamment à la faveur de l’arrivée de Vélib’ à Clichy : 13 stations Vélib’ sont installées sur la commune depuis juin 2009. Malgré ces atouts, Clichy connaît une importante circulation automobile, majoritairement concentrée sur la rue Martre et sur le boulevard Jean Jaurès, deux voies qui constituent des axes majeurs de transit vers Paris et vers la grande banlieue. L’importance de ce trafic routier génère de fortes nuisances : bruit, pollution atmosphérique, … 13 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Le bruit routier, source de nuisance Le bruit est l’une des préoccupations majeures des franciliens, tout particulièrement le bruit routier qui est à l’origine de la plus grande part des nuisances sonores. Les voies de transit majeures entre Paris et la grande banlieue qui traversent Clichy (périphérique, rue Martre, boulevard Jean Jaurès, …) engendrent un bruit routier très important, particulièrement à proximité des feux rouges. L’exposition au bruit routier doit être prise en compte dans l’aménagement de la ville car il peut avoir des conséquences jusque dans l’utilisation faites par les Clichois de leurs espaces privés ainsi que l’illustre la photo ci-dessous. Très exposés au bruit routier car donnant sur la rue Martre, ces balcons sont peu utilisés par les habitants de l’immeuble. Superposition des cartes de classement acoustique des voies de transport terrestre et des trafics moyens journaliers annuels qui met en évidence la corrélation entre densité du trafic et nuisance sonore. Source : Département des Hauts-de-Seine. Immeuble rue Martre. 14 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme La pollution de l’air, un problème de santé publique La qualité de l’air extérieur est une préoccupation majeure des franciliens qui déclarent à 58% ressentir les effets de la pollution atmosphérique sur leur propre santé (INPES, Baromètre santé environnement 2007). Les sources de pollution de l’air les plus importantes sont le trafic routier et les activités industrielles mais le secteur tertiaire et les logements contribuent aussi à la pollution de l’air (chauffage, …), comme le montre le graphique ci-contre. L’importance du trafic routier en Île-de-France, et notamment à Clichy qui se situe sur un axe de circulation majeur, génère de la pollution atmosphérique. L’agglomération parisienne, située en plaine, bénéficie la majeure partie du temps d’un climat océanique venteux ou pluvieux favorable à la dispersion de la pollution. Cependant, certaines situations météorologiques (anticyclones, absence de vent) bloquent les polluants sur place et peuvent conduire à des niveaux de pollution importants. Même à faible niveau, la pollution atmosphérique a des répercussions néfastes sur l’environnement et sur la santé humaine. Les polluants sont des gaz ou des particules irritants et agressifs qui peuvent être à l’origine d’infections respiratoires, de crises d’asthme, d’irritations oculaires et même avoir des effets morbides (effets cancérigènes, maladies cardio-vasculaires). Source : Airparif, http://www.airparif.asso.fr/emissions/emissions_communes.php?ninsee=92024 NOx : oxydes d’azotes CO : monoxyde de carbone SO2 : dioxyde de soufre CO2 : dioxyde de carbone COVNM : composés organiques volatils PM : particules en suspension 15 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme La végétation, régulateur des excès urbains Clichy est une ville densément peuplée et minérale. La végétation est pourtant présente à travers les parcs et les alignements d’arbres le long des voies. Il existe aussi des cœurs d’îlots végétalisés dont la présence n’est pas toujours perceptible depuis l’espace public. La sauvegarde et le développement de ces espaces végétalisés constituent un enjeu majeur pour le développement durable de Clichy. La végétation correspond d’abord à une aspiration des habitants : les espaces plantés sont des lieux de respiration et de détente, ils ont aussi une qualité esthétique. La végétation est aussi un élément essentiel pour le maintien de la biodiversité en ville. Enfin, la végétation participe de façon importante à la qualité urbaine en faisant office de régulateur des excès urbains. Elle apporte de l’ombre et de la fraicheur en été, elle participe à l’amélioration de la qualité de l’air en fixant les poussières et en absorbant une part du CO2 tandis que les espaces plantés en pleine terre favorisent l’infiltration des eaux pluviales dans le sol, permettant la recharge des nappes phréatiques et le soulagement des réseaux d’assainissement. Une cour végétalisée. Clichy présente un fort potentiel de végétalisation d’espaces actuellement bitumés, notamment en cœur d’îlots. De même, la végétalisation des murs et des toitures est un élément de qualité environnementale et de confort qui pourrait être développé dans la ville. Parc Roger Salengro 16 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Contexte social et offre de logement En liaison avec le développement industriel, la population de Clichy fut longtemps majoritairement ouvrière, puis la mutation économique et urbaine a entraîné une diversification des habitants, fortement marquée depuis une vingtaine d’années par l’installation de catégories de population plus aisées. Malgré ces mutations, la population clichoise se compose encore en majorité (55%) d’employés et d’ouvriers et reste en moyenne plus modeste que celle du reste des Hauts-de-Seine ou de l’agglomération parisienne dans son ensemble : alors que la part des ménages imposables est de 73% en Île-de-France, elle n’est que de 64% à Clichy (données du PLU). L’offre de logements, reflet des différentes étapes de construction et de reconstruction de la ville, est variée mais Clichy doit affronter deux problèmes majeurs : - dans leur grande majorité les logements clichois sont anciens (52% ont été construits avant 1948), donc pour la plupart mal isolés et très coûteux en énergie ; - Clichy comporte aussi un parc de logements dégradés, voire insalubres qui peuvent en plus connaitre des situations de suroccupation. L’ampleur limitée de la mutation sociale s’explique en partie par la politique volontariste de la ville qui a notamment favorisé la construction de logements sociaux. La satisfaction des besoins en matière de logement des catégories modestes reste aujourd’hui une priorité de la ville dans un contexte de pénurie de logements et de prix élevés de l’immobilier. La Ville mène depuis des années une politique de résorption de cet habitat insalubre à travers la mise en place d’OPAH (Opérations Programmées d’Amélioration de l’Habitat) successives. L’enjeu sanitaire et social de ces opérations se double aujourd’hui d’un enjeu environnemental de réduction des très fortes consommations énergétiques de ces immeubles qui sont de véritables ‘’passoires thermiques’’. La réduction des consommations énergétiques doit aussi permettre la baisse du coût des charges pour les résidents. Ensemble de logements sociaux à Clichy. Immeuble rue Bonnet 17 Contexte naturel et incidence du comportement de l’Homme Conclusion Le diagnostic du territoire de Clichy-la-Garenne permet de mettre en valeur les particularités de la ville et les enjeux majeurs qui en découlent dans la perspective d’un développement urbain s’inscrivant dans une démarche environnementale. Les particularités les plus saillantes de Clichy tiennent d’une part à sa position au sein de l’agglomération parisienne et d’autre part à son contexte social. En tant que ville de la première couronne parisienne, Clichy doit faire face aux contraintes imposées par un milieu urbain très dense : manque de place et très importante minéralité qui ont souvent exclu la végétation et les espaces libres ; circulation intense générant de fortes nuisances (bruit, pollutions, …). Pourtant, le diagnostic révèle que ces contraintes sont aussi porteuses d’atouts : la densité urbaine améliore le bilan énergétique des bâtiments (compacité, mitoyenneté), elle favorise l’utilisation des transports en commun, la marche et le vélo et s’avère énergétiquement intéressante en termes d’économies des réseaux. Ce diagnostic du territoire de Clichy a permis de cibler 4 axes d’action, 4 objectifs pour répondre à ces enjeux de qualité urbaine, de maîtrise des dépenses des ménages clichois et de santé : Encourager la conception bioclimatique pour optimiser la qualité environnementale et architecturale des bâtiments ; Promouvoir l’efficacité énergétique pour diminuer les charges des ménages clichois ; Prendre en compte les questions de confort et de santé dans la conception des bâtiments ; Économiser et préserver les ressources naturelles par de meilleurs usages de ces ressources dans les bâtiments. D’un point de vue social, Clichy doit relever le défi du maintien des catégories populaires en cœur d’agglomération dans un contexte où les prix de l’immobilier sont très élevés. Ce maintien passe par une offre de logements de qualité et meilleur marché possible. Face à ces exigences, la Ville poursuit et renforce ses actions de résorption de l’habitat insalubre. 18 Objectif 1 : Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique 19 • Objectif 1 : Qualité environnementale et architecturale des bâtiments, conception bioclimatique. Mettre en place une isolation performante Il s’agit de trouver le meilleur compromis entre qualité environnementale, qualité architecturale, économies d’énergie et confort des occupants. Introduction : l’architecture bioclimatique L’architecture bioclimatique est issue d’une longue tradition constructive dont les principes ont été redécouverts à l’occasion de la première crise pétrolière. L’architecture bioclimatique recherche un équilibre entre la conception et la construction de l’habitat, son milieu (climat, environnement, ...) et les modes et rythmes de vie des habitants. L’architecture bioclimatique est fondée sur un choix judicieux de la forme du bâtiment, de son implantation, de la disposition des espaces et de l’orientation en fonction des particularités du site : climat, vents dominants, qualité du sol, topographie, ensoleillement et vues. L’architecture bioclimatique repose sur un ensemble préconisations : • Concilier la trame urbaine et la trame climatique • Favoriser les bâtiments compacts • Agir sur l’orientation des bâtiments • Favoriser l’éclairage naturel • Favoriser la ventilation naturelle de 20 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Concilier la trame urbaine et la trame climatique Les principes de la conception bioclimatique influent sur l’urbanisme. Les nouveaux éco-quartiers sont dessinés suivant une trame urbaine qui tient compte des conditions locales : reliefs, vents, ensoleillement, végétation, ressources, économie des sols et de l’énergie,... Facteurs influençant les performances bioclimatiques d’un site. Préconisations : Dans des villes existantes, il faudra conjuguer la trame urbaine et la trame climatique surtout dans le cadre de l’aménagement des nouvelles ZAC ou d’une réhabilitation lourde avec redéfinition des espaces. Les principaux mécanismes critiques de l’écoulement du vent. Source : traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatique. 21 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Préconisations : Favoriser les bâtiments compacts • Comme le montrent les illustrations ci-dessous, la forme d’un bâtiment a un impact direct sur les déperditions thermiques qui sont proportionnelles à la surface d’échange du bâtiment avec l’extérieur. • Privilégier la compacité des bâtiments et la compacité urbaine pour limiter les déperditions énergétiques liées au chauffage et les dépenses liées au transport (réseaux, énergie, voirie). Travailler sur la continuité de l’isolation de l’enveloppe pour éviter les déperditions dues aux ponts thermiques. Atteindre les objectifs de performance énergétique encouragés par le PLU (THPE) par des moyens passifs tels que la compacité des bâtiments est plus durable que la mise en place de technologies qui requièrent entretien, maintenance, remplacement et consommation d’énergie. Impacts de la compacité d’un bâtiment sur ses échanges avec l’extérieur. Source : Traité de construction durable. 22 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Agir sur l’orientation des bâtiments L’implantation et l’orientation des bâtiments déterminent les apports solaires et l’éclairement, influencent fortement les déperditions thermiques et les possibilités de ventilation naturelle et conditionnent les vues dont pourront jouir les occupants. Les photos ci-dessous présentent un exemple d’une bonne orientation et d’une bonne conception d’un immeuble. Les photos montrent les deux façades nord et sud d’un même immeuble. L’agencement des logements tient compte de l’orientation du bâtiment : au nord de simples fenêtres, au sud, plus exposé au soleil, des balcons qui sont manifestement très investis par les occupants. Préconisations : • • • Implantation des bâtiments en fonction de la course du soleil ; Vérification de l’impact de cette implantation sur les bâtiments voisins et sur les espaces extérieurs afin de tenir compte des effets de masque (ombres portées). Les masques sont plus pénalisants l’hiver, lorsque le soleil est bas ; Privilégier les logements traversants en double exposition pour maximiser les apports solaires et la ventilation naturelle, ou l’exposition sud avec un système d’occultation solaire pour le confort d’été. Le saviez-vous? La course du soleil varie au cours de l’année : • en temps : plus longue l’été que l’hiver. • en hauteur : plus haute l’été que l’hiver. • en azimut : plus ample l’été que l’hiver. En conséquence, comme le montre le schéma ci-après, la puissance solaire reçue par les différentes façades varie : • la façade sud reçoit plus de soleil l’hiver que l’été, elle sera donc la meilleur pour une conception bioclimatique ; • les façades est et ouest reçoivent beaucoup moins de soleil l’hiver que l’été, elles seront donc systématiquement équipées de protections mobiles extérieures ; • On évitera les vitrages horizontaux ou inclinés vers le ciel. Façade sur rue Klock Puissance solaire reçue en kw en mode hiver ou été, selon l’état de la façade, surface horizontale ou verticale, orientée au sud ou à l’ouest. Source : Traité de construction durable. Façade nord impasse Barbier 23 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Favoriser l’éclairage naturel La lumière naturelle est la plus économe des lumières. Pour apporter cette lumière, permettre la vue sur l’extérieur et capter la chaleur du soleil, on recherchera de grandes surfaces vitrées. Mais ces surfaces vitrées génèrent aussi des déperditions thermiques importantes (3 à 4 fois supérieures à une partie pleine), des surchauffes en été ainsi qu’un éblouissement si l’éclairage direct est trop fort. La difficulté consiste donc à trouver un équilibre satisfaisant pour le confort des usagers en offrant un bilan énergétique acceptable. Le saviez-vous ? La lumière naturelle est aussi un facteur d’hygiène et de santé : elle participe à la production de mélatonine, de vitamine D et à l’équilibre psychologique Différents types de protections solaires coexistent à Clichy : Préconisations : Volets bois • • Concevoir des bâtiments dans lesquels tous les locaux sont éclairés naturellement, même les cages d’escalier, les halls, les circulations, … Prévoir, dans les constructions neuves comme dans la réhabilitation, des protections solaires extérieures pour bénéficier de la lumière naturelle et se protéger des surchauffes l’été. Volets métal Stores extérieurs Volets PVC Stores extérieurs à projection 24 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Favoriser la ventilation naturelle Le vent est une source naturelle de rafraîchissement qui contribue à une économie énergétique. Il est aussi un facteur important de déperditions de chaleur hiver comme été. Préconisations : • • Profiter des directions des vents dominants et des couloirs à vent pour orienter les nouvelles constructions de manière à privilégier la ventilation naturelle et réduire le plus possible l’utilisation de la climatisation; Privilégier les logements traversants avec une préférence pour la double exposition nord/sud pour un bon confort hiver comme été. L’épaisseur des bâtiments peut constituer une limite à la possibilité de créer une ventilation naturelle. La possibilité de mettre en place une ventilation naturelle doit cependant être étudiée et favorisée lors des projets de construction et de réhabilitation. La ventilation naturelle est toujours due à une différence de pression, causée par le vent ou par un écart de température. Source : Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques. Le saviez-vous ? L’été, une surventilation nocturne permet de rafraîchir les locaux. La climatisation est néfaste pour l’environnement, elle consomme beaucoup d’énergie. Les calories extraites sont, par la suite, rejetées aux abords du bâtiment climatisé et entraînent une augmentation de la température dans la ville. Pour un appartement de 45 m², lors d’un été normal, la consommation d’électricité induite par la climatisation augmente de 20 à 25%. En cas de canicule, la demande nationale cumulée entraîne des dysfonctionnements des centrales nucléaires et la réactivation de centrales thermiques anciennes très polluantes. Il est possible d’atteindre un bon confort d’été par des dispositions architecturales passives, c’est à dire en tirant parti des caractéristiques climatiques et sans consommer d’énergie. 25 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Préconisations : Construire avec des matériaux isolants. Mettre en place une isolation performante La consommation énergétique d’un ménage dépend des habitudes du ménage mais également de l’isolation du bâtiment. En effet, les déperditions thermiques au travers de l’enveloppe constituent la première source de refroidissement des édifices. Le saviez-vous ? Comme le savent les habitants des «chambres de bonne», la toiture est la plus pénalisante «hiver comme été». Elle sera donc la première «façade» à être isolée en cas de réhabilitation ou à l’occasion de travaux d’étanchéité ou de couverture. Importance de l’isolation de l’enveloppe dans la lutte des émissions de CO2 et dans la réduction des consommations d’énergie. Source : Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques Deux types d’isolation sont possibles : L’isolation par l’intérieur, la plus répandue aujourd’hui en France est la plus économique à mettre en œuvre. Elle n’empêche cependant pas les ponts thermiques par lesquels la chaleur s’échappe. L’isolation par l’intérieur consomme de la surface habitable mais aujourd’hui des recherches sont en cours pour fabriquer des isolants minces et efficaces. L’isolation par l’extérieur évite les ponts thermiques et permet d’avoir de la masse thermique à l’intérieur, très intéressante pour le confort d’été si elle est associée à un rafraîchissement nocturne par ventilation naturelle. L’isolation par l’extérieur facilite l’intervention en site occupé et peut être effectuée à l’occasion d’un ravalement pour les façades n’ayant pas d’intérêt architectural. Déperditions dues aux ponts thermiques à la liaison plancher intermédiaire/mur extérieur avec différents systèmes constructifs. Source : La conception bioclimatique. Isolation par l’extérieur. Immeuble de bureaux sur l’ancien îlot BIC, façade nord, rue H. Barbusse. Détail de la pose de l’isolant et du parement en briques. 26 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Protéger les cœurs d’îlots Les cœurs d’îlot sont des espaces protégés des nuisances sonores, visuelles, olfactives de la ville dense. Ce sont des espaces de repos pour les habitants, à l’écart du stress des activités. Qu’ils soient privatif ou public, complètement fermés ou avec un accès de l’extérieur, l’intérêt des cœurs d’îlot végétalisés est grand en premier lieu pour les riverains et aussi pour tous les clichois. Traditionnellement en pleine terre, souvent plantés, ils sont des réserves de biodiversité et d’infiltration d’eaux pluviales. Ils améliorent le confort d’été. La tendance de la 2ème moitié du 20ème siècle de créer des niveaux de parking sous terrain sur toute la surface de la parcelle doit être requestionnée dans le cadre d’une conception bioclimatique de la ville. La ville de Clichy renferme un potentiel important de cœurs d’îlots bitumés qui peuvent être transformés en espace de pleine terre quand le sous-sol n’est pas bâti (ex : parking,...). Préconisations : • • Cœur d’îlot rue de Neuilly. • pleine terre qui sont actuellement bitumés. Favoriser la végétalisation des murs et des toitures pour augmenter l’inertie des bâtiments en protégeant les parois du rayonnement solaire. Jardin Jacques Brel en cœur d’îlot, rue de Paris. Conserver un maximum de pleine terre sur les parcelles dans les nouveaux projets de construction. Le PLU de Clichy impose un pourcentage minimum de pleine terre sur les parcelles qui font l’objet d’un projet de construction. Restaurer, lorsque cela est possible, les cœurs d’îlots en 27 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Bénéfices : des économies d’énergie en hiver et en été L’énergie la plus écologique est celle que l’on n’a pas consommée. Les dispositifs passifs de Qualité Environnementale du Bâti (QEB) présentés précédemment permettent de réaliser des économies d’énergie en hiver comme en été. Au plan national, réaliser des économies d’énergie, cela évite de construire des centrales électriques supplémentaires, ainsi que les problèmes en cas de pic de demande. Au plan local, les économies d’énergie bénéficient aux habitants, le budget énergie des ménages étant de plus en plus important avec l’augmentation du prix du pétrole. Les ménages modestes sont les premiers confrontés à la précarité énergétique. Évolution du prix du pétrole depuis 1970. Source : inflation.free.fr Le saviez-vous ? La «précarité énergétique» n’a pas de définition officielle en Europe. Le Comité de Liaison Énergies Renouvelables (CLER) propose de définir la précarité énergétique comme une «incapacité à assurer une température adéquate dans son logement en raison de faibles revenus du ménage et de mauvaises performances énergétiques du logement» Trois facteurs inter-agissent : • faibles revenus des ménages •mauvaise qualité énergétique du logement • coût de l’énergie Les conséquences sont : • impacts sur la santé physique liés au froid et à l’humidité, à la qualité de l’air • impacts sur la santé physique lié au mal être • dégradation des logements • endettement • émissions de GES Immeuble de bureaux, route du Port de Gennevilliers sans protection solaire extérieure. Il y a donc un risque d’apports solaires gênants et de surchauffe en été. Immeuble de bureaux, rue Martre sans protection solaire extérieure ni ouvrant. Il s’agit sans doute d’un bâtiment climatisé. 28 Objectif 1 Qualité environnementale et architecturale des bâtiments : conception bioclimatique. Bénéfices : Qualité de vie, hygiène et santé. L’architecture bioclimatique est un garant de la qualité de vie avec un confort thermique, visuel, acoustique accru. La conception bioclimatique est une approche holistique qui ne se limite pas à la question énergétique. L’architecture bioclimatique garantit aux habitants un accès à la lumière naturelle et à une bonne qualité de l’air intérieur qui sont facteurs de santé. Les économies d’énergies sont réalisées sans sacrifier les questions de confort, d’hygiène et de santé. La santé est un bénéfice pour les Clichois mais aussi une économie pour la société (sécurité sociale, entreprises,...) 29 Objectif 2 : Efficacité énergétique 30 Objectif 2 : L’efficacité énergétique Introduction Qu’est-ce que l’efficacité énergétique ? Pour un bâtiment, l’efficacité énergétique désigne la capacité de ce bâtiment à offrir un bon niveau de confort à ses occupants tout en consommant peu d’énergie. Selon Robert Kaltenbrunner, architecte et directeur du département de la construction à l’office du bâtiment et de l’aménagement du territoire de Berlin, « il n’existe pas de style propre à la construction économe en énergie. Celle-ci ne réclame pas d’esthétique particulière, ni même de règle générale, juste une attitude respectueuse de l’environnement (du moins qui ne le pollue pas). » Selon le contexte, différentes solutions peuvent être envisagées pour parvenir à l’efficacité énergétique : - Conception bioclimatique des bâtiments - Conception de bâtiments passifs - Conception de bâtiments Basse Consommation (BBC) - Réhabilitation ambitieuse - … Au delà des performances techniques propres au bâtiment, une démarche d’efficacité énergétique suppose aussi une sensibilisation des usagers du bâtiment à la problématique des économies d’énergie et aux éco-gestes. En effet, l’usage du bâtiment par ses occupants a des impacts très forts sur la consommation énergétique. Un mauvais usage peut réduire de façon importante la performance énergétique propre au bâtiment. L’efficacité énergétique a pour objectif de contribuer à l’équilibre énergétique national et de permettre les économies de charge pour les ménages les plus modestes. 31 Objectif 2 : L’efficacité énergétique Conception de bâtiments passifs La notion de bâtiments passifs désigne « des constructions garantissant un climat intérieur confortable aussi bien en été qu’en hiver, sans système de chauffage traditionnel » (définition du Passivhaus Institut, www.passiv.de/08_fra/ph_france.pdf) Une construction passive est une construction qui est pratiquement autonome pour ses besoins en chauffage, le chauffage étant justement le poste le plus consommateur d’énergie dans un logement. Le chauffage d’un bâtiment passif repose essentiellement sur une bonne isolation, sur les apports solaires et sur des apports internes dus aux habitants, aux machines. La consommation énergétique d’un bâtiment passif est très faible comparée aux bâtiments traditionnels. Un bâtiment est dit passif lorsqu’il consomme moins de 50 kWh/m².an. Comparaison des profils annuels de consommation énergétique (Q) et du nombre de jours de chauffe (JC) pour différents types de maisons. Source : Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques. Les clefs du bâtiment passif : - Une isolation thermique renforcée ; - Des fenêtres de grande qualité ; - La suppression des ponts thermiques ; - Une excellente étanchéité à l’air ; - Une ventilation double flux avec récupération de chaleur ; - Une captation optimale, mais passive, de l’énergie solaire et des calories du sol ; - L’installation d’appareils ménagers économes en énergie. Un immeuble passif à Wiesbaden, Allemagne. Source : Passivhaus Institut, http://www.passivhausprojekte.de/projekte.php?detail =539. 32 Objectif 2 : L’efficacité énergétique Un objectif BBC pour constructions neuves l’altitude du site. (Méthode de calcul de l’association Effinergie dans l’encadré). les Le niveau de performance exigé par le label BBC (bâtiment basse consommation énergétique) reprend les valeurs définies par le référentiel de l’association EFFINERGIE®, à savoir un objectif de consommation maximale pour les constructions résidentielles neuves fixé à 50 kWhep/m²/an, pour le chauffage, le rafraîchissement, la ventilation, l’eau chaude sanitaire, les auxiliaires de chauffage et l’éclairage, calculé selon la méthode de la RT 2005. Diagnostic de performance énergétique (DPE). Source : association Effinergie. Cette valeur limite de consommation d’énergie est pondérée par un coefficient en fonction de la zone climatique et de Les consommations pour les bâtiments résidentiels sont à moduler en fonction des régions. Elles s’expriment sous la forme : 50 x (a+b) pour le neuf et 80 x (a+b) pour la rénovation. Coefficient a pour les différentes zones climatiques françaises Coefficient b selon l’altitude Altitude 400 m : coefficient b = 0 Altitude entre 400 et 800 m : coefficient b = 0,1 Altitude > 800 m : coefficient b = 0,2 Par ailleurs, le coefficient de transformation en énergie primaire de l’énergie bois pour le calcul des consommations conventionnelles d’énergie primaire est pris, par convention, égal à 0,6. Pour mémoire, le coefficient de transformation pour le fioul et le gaz est 1kWh d’énergie finale = 1kWh d’énergie primaire et pour l’électricité 1kWh d’énergie finale = 2,58 kWh d’énergie primaire. Pour les constructions neuves en tertiaire, la consommation conventionnelle d’énergie primaire du bâtiment doit être inférieure ou égale à 50 % de la consommation conventionnelle de référence définie dans la RT2005 : C< 50%Cref. En complément, le label EFFINERGIE pose les exigences suivantes : • une vérification in situ sera systématiquement réalisée sur l’opération ; • une mesure de perméabilité à l’air du bâtiment sera réalisée par un organisme agréé ; • la consommation annuelle en kWh énergie finale/m² pour chaque usage devra être affichée ; • les besoins couverts par une énergie renouvelable pour chaque usage seront également affichés. Dans une nouvelle construction l’implantation judicieuse est l’une des taches les plus importantes de l’architecte. Elle détermine l’éclairement, les apports solaires, les déperditions, les possibilités d’aération,... 33 Objectif 2 : L’efficacité énergétique Engager des réhabilitations ambitieuses La Ville de Clichy comprend un parc immobilier majoritairement construit avant 1975, soit avant la mise en place de la première réglementation thermique qui a imposé des performances thermiques minimales pour la construction de logements. Les logements les plus anciens sont généralement aussi ceux qui présentent les performances énergétiques les plus médiocres. D’une façon générale, plus de la moitié des logements clichois (67%) présentent des performances énergétiques évaluées par le système des étiquettes énergie entre D et G. La réhabilitation de ces constitue un important d’économies d’énergie. logements gisement Préconisations : La Ville doit viser des projets de réhabilitation ambitieuse qui devront se soucier des questions de l’isolation par l’extérieur, de la réorganisation des espaces intérieurs suivant l’orientation, des modes de chauffage et de rafraîchissement,... Ademe,...), la TVA à 5,5 % constituent des aides financières appréciables. En effet si l’on effectue des travaux de rénovation trop timides du point de vue énergétiques aujourd’hui, l’occasion de les refaire ne se présentera pas avant 20 à 30 ans. Rappelons que cette ambition n’est pas un luxe car ce sont les plus démunis qui sont les plus touchés par la précarité énergétique. Ces réhabilitations amélioreront la qualité de vie des habitants, créeront des emplois locaux et permettront des économies à l’exploitation. Les nouvelles réglementations pour les bâtiments existants, notamment le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE), obligatoire pour la vente comme pour la location, incitent et obligent de plus en plus les propriétaires à améliorer énergétiquement leur patrimoine. Les crédits d’impôts, les prêts à taux zéro, les différentes subventions (Anah, Région, Exemple de réhabilitation à Saint-Martin-d’Hère (Isère) : les façades ont été isolées par l’extérieur et des serres ont été installées à la place des balcons au sud et à l’est. Ces serres permettent de stocker la chaleur en hiver. Elles sont non étanches à l’air pour permettre une meilleure circulation de l’air préchauffé ou refroidi, selon la saison. Source : Opac 38. 34 Objectif 2 : L’efficacité énergétique Sensibiliser les usagers Si la conception d’un bâtiment, le choix des matériaux et des installations techniques, la qualité de leur mise en œuvre sont déterminants pour qu’un bâtiment atteigne de bonnes performances énergétiques, le comportement des usagers a un impact au moins égal sur la réduction des consommations d’énergie pour un coût nul. Il paraît en effet contradictoire et inefficace de réaliser une isolation performante et d’installer un système de chauffage économe dans un bâtiment si les fenêtres restent ouvertes toutes la journée. • • voiture, on peut apprendre à habiter économiquement son logement : éteindre les appareils en veille, décongeler les aliments à l’avance, utiliser des ampoules basses consommation, ne pas chauffer les logements au dessus de 19°C, … sont autant de gestes simples et efficaces pour économiser l’énergie ; Réguler les systèmes de chauffage, de ventilation et la lumière selon la présence dans le logement, l’activité, le moment de la journée ; Mettre en place des compteurs visibles par les occupants, afin que chacun puisse mesurer sa consommation d’énergie. La sensibilisation des occupants à la problématique des économies d’énergie et la diffusion des éco-gestes constituent des axes majeurs d’une politique d’efficacité énergétique. Préconisations : • Diffuser les éco-gestes : de la même manière que l’on a appris à conduire économiquement sa Le saviez-vous ? Connaissez-vous les activités et les appareils les plus consommateurs d’énergie dans votre logement ? La consommation des appareils électriques hors chauffage et eau chaude. Source : direction de l’urbanisme. Un exemple de campagne de sensibilisation et de diffusion des éco-gestes. Source : Eure Habitat, www.eure-habitat.fr. 35 Objectif 2 : L’efficacité énergétique Bénéfices La protection de l’environnement Quelque soit le mode de production de l’électricité, énergie nucléaire, fossile ou renouvelable, il y a toujours un impact environnemental. Même avec les énergies renouvelables puisqu’il faut construire des barrages, fabriquer des capteurs solaires ou des éoliennes. L’énergie la plus écologique est celle que l’on ne consomme pas. En diminuant les consommations énergétiques des bâtiments, l’efficacité énergétique contribue donc à protéger notre environnement. Des économies de charges et un élément de lutte contre la précarité énergétique Avec l’augmentation du coût des énergies fossiles, les charges du logement prennent de plus en plus d’importance dans le budget des ménages, particulièrement pour les ménages les plus modestes. Les constructions et réhabilitations qui visent l’efficacité énergétique constituent donc une action de prévention contre la précarité énergétique. Une contribution à l’équilibre énergétique national D’un point de vue national, l’efficacité énergétique permet de stabiliser voire de baisser la consommation d’énergie. Cela permet d’éviter des programmes de construction de nouvelles centrales électriques et diminue la dépendance énergétique de la France à l’égard d’autres pays. L’efficacité énergétique concourt aussi au bon fonctionnement du réseau électrique national. En effet les pics de demande liés à l’inadaptation des bâtiments à des conditions météorologiques même banales (froid hivernal, chaleur estivale) mettent en péril le système de production électrique. 36 Objectif 3 : Bâtiment & Santé 37 Objectif 3 : Bâtiment et santé Introduction : Environnement et Santé Conformes à la philosophie du développement durable fondée sur la complémentarité des trois axes d’actions environnementaux, économiques et sociaux, les objectifs environnementaux retenus par la Ville de Clichy doivent servir des enjeux sociaux, de bien-être et de qualité urbaine. En effet, ainsi que le souligne l’OMS, « Bonne santé et bienêtre exigent un environnement propre et harmonieux dans lequel tous les facteurs physiques, psychologiques, sociaux et esthétiques tiennent leur juste place. L’environnement devrait être traité comme une ressource aux fins de l’amélioration des conditions de vie et du bien-être. »1 Les Français sont aujourd’hui de plus en plus sensibles aux aspects environnementaux et ils sont notamment préoccupés par les causes environnementales des risques sanitaires. Selon le baromètre santé environnement 2007 publié par l’INPES, près de 35% des personnes interrogées craignent de développer des maladies (cancer, troubles 1 OMS, La Charte européenne et son commentaire, Copenhague 1990 du sommeil, maladies respiratoires, …) liées à leur environnement. En région parisienne, les citoyens sont plus particulièrement inquiets de développer des maladies respiratoires ou des troubles de l’anxiété. L’étude sur la santé des franciliens effectuée par l’Observatoire Régional de Santé d’Île-de-France2 confirme la pertinence de ce ressenti. Pollution atmosphérique et bruit sont en Île-deFrance deux sources environnementales majeures de risques sanitaires. L’Observatoire souligne que les effets de la pollution atmosphérique s’exercent surtout sur les appareils respiratoires et circulatoires « en dehors même de toute période de pics de pollution » et que les enfants sont particulièrement touchés par les effets de cette pollution. Cette étude souligne d’autre part les multiples effets, tant physiques que psychologiques, du bruit sur la santé des franciliens. A Clichy, les observations menées en 2008 dans le cadre des ateliers Santé-Ville confirment l’importance des préoccupations liées à la santé. Les clichois se perçoivent généralement comme en moins bonne santé que les autres habitants de l’Île-de-France. Le logement ressort parfois source d’insatisfaction. comme une Ces quelques données illustrent la nécessité de prendre en considération la qualité environnementale des projets urbains et architecturaux. En effet, les risques sanitaires liés à des facteurs internes au lieu de travail et au logement sont en général mal perçus par les Français, à l’exception des risques liés au bruit. Pourtant, contrairement à une opinion fréquemment répandue, l’air intérieur de nos logements et des bâtiments dans lesquels nous travaillons contient différents polluants, souvent en quantité plus importante qu’à l’extérieur. La conception bioclimatique des projets est une approche holistique qui apporte des réponses à ces préoccupations. Elle garantit aux habitants un accès à la lumière naturelle et une bonne qualité de l’air intérieur, un confort thermique et acoustique accru, facteurs d’une bonne qualité de vie et de santé. Les économies d’énergie sont aussi au cœur de la démarche bioclimatique. Réalisées sans sacrifier les questions de confort, d’hygiène et de santé, les économies d’énergies sont à Clichy au service d’enjeux sociaux car elles doivent notamment permettre d’agir sur le montant des factures d’énergie des Clichois. 2 Observatoire Régional de la Santé d’Île-de-France, La santé des franciliens, http://www.ors-idf.org/sante_idf.asp 38 Objectif 3 : Bâtiment et santé Assurer la qualité de l’air intérieur Contrairement aux idées reçues, l’air est plus pollué à l’intérieur des bâtiments qu’à l’extérieur. Or c’est dans les bâtiments que nous passons la majeure partie de notre temps. Les polluants de l’air intérieur sont très nombreux (800 substances chimiques et agents biologiques répertoriés). Ils proviennent de différentes sources : • La présence humaine et animale : rejet de CO2 par respiration, poussières, … • Les activités : cuisson, lavage, fumée de cigarette, chauffage, … • Les matériaux utilisés dans la construction et la mise en œuvre du logement, du mobilier, des appareils, … Les effets de ces polluants sur la santé des habitants sont variés : intoxication (monoxyde de carbone), infections respiratoires, cancers du poumon et de la plèvre, allergies, sensation de malaise, d’inconfort, d’étouffement, gène olfactive, irritation des yeux, du nez, de la gorge. Le saviez-vous ? Chaque hiver des intoxications au monoxyde de carbone dues au remplacement des anciennes fenêtres par des fenêtres plus étanches, au calfeutrement des bouches de ventilation, au mauvais entretien des appareils de chauffage provoquent la mort d’une centaine de personnes. Le monoxyde de Carbone est la première cause de mort toxique accidentelle. Préconisations : Il faut assurer une très bonne ventilation au logement. Une bonne ventilation, qu’elle soit naturelle ou mécanique, doit balayer l’espace et assurer un renouvellement d’air minimal pendant l’occupation du logement pour évacuer les polluants et l’humidité. bâtiments de mieux en mieux isolés et de plus en plus étanches. Cette évolution doit s’accompagner d’une meilleure maîtrise de la ventilation pour assurer un renouvellement d’air suffisant pour la santé des habitants. Schéma de ventilation mécanique d’un logement. Source : www.batissor.com L’entretien des conduits et des bouches d’aération est un élément indispensable d’une bonne ventilation. Les bouches d’aération ne doivent jamais être bouchées. Schéma de ventilation naturelle d’un logement. Exemple de modules d’entrée d’air. La nécessité de réduire les consommations d’énergie et les émissions de GES nous amène à rénover et à construire des 39 Objectif 3 : Bâtiment et santé Choisir des matériaux sains et respectueux de l’environnement Les matériaux de construction, de revêtement des sols, les peintures peuvent être à l’origine de pollution de l’air intérieur des bâtiments par le dégagement de composés chimiques ou de poussières. Certains matériaux, les plastiques par exemple, ont un impact très négatif sur l’environnement car leur production est source d’une grande consommation d’énergie et de pollution. Les matériaux naturels comme le bois doivent faire l’objet d’une exploitation raisonnable et être issu le plus possible de filières locales afin de ne pas générer une importante pollution liée à leur transport. • Choisir des matériaux qui bénéficient d’une certification environnementale. Le saviez-vous ? Il existe aujourd’hui plusieurs certifications environnementales nationales ou européennes. Pour le bois par exemple les certifications PEFC ou FSC assurent que le bois est issu d’une forêt gérée de façon durable. Le label NF Environnement ou l’Eco label Européen qui s’appliquent à de nombreux produits comme les peintures, … garantissent une qualité d’usage du produit et une limitation des impacts du produit sur l’environnement tout au long de son cycle de vie. Préconisations : • • Limiter la présence de particules inertes (métaux lourds, poussières, fibres) par le choix des matériaux, notamment des isolants, et leur mise en œuvre ; Limiter les émissions de composants chimiques par le choix des traitements, colles, peintures et finitions ; Mettre en place des chantiers propres La préoccupation de la santé par rapport aux matériaux et à leur mise en œuvre doit aussi s’appliquer aux artisans et ouvriers du bâtiment et aux riverains des chantiers. A Clichy, milieu urbain dense, on veillera à limiter les nuisances de chantier : poussières, bruits, salissures. Organisation d’un chantier propre, respectueux de l’environnement. Source : Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques. Labels NF Environnement et Eco label européen. Source : Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de l’Aménagement du territoire. 40 Objectif 3 : Bâtiment et santé difficile de quantifier des dépenses qui ont été évitées par une action préventive efficace. Les bénéfices La prise en compte de la question de la santé dans les bâtiments n’est pas une préoccupation nouvelle. Lutte contre la tuberculose, éradication de l’habitat insalubre, interdiction d’utiliser certains produits ou matériaux et campagne de travaux pour les déposer (plomb, amiante, ...) sont depuis longtemps des préoccupations des pouvoirs publics. Les avantages de ce type de démarche concernent en premier lieu le bien être et la santé des occupants que ce soit dans les logements ou les locaux d’activités. Il en découle aussi des économies de dépenses de santé pour les ménages, pour la sécurité sociale, pour les entreprises, pour les collectivités, pour l’État, aujourd’hui et sur le long terme. Les coûts de l’asthme dépassent, en France, ceux de la tuberculose et du sida réunis. La concentration de nombreux allergènes et de substances irritantes peut être substantiellement réduite dans les bâtiments par l’éviction de leurs sources d’émission, le contrôle de l’humidité, le choix des matériaux, de mobilier et de produits d’entretien faiblement émissifs, un bon renouvellement de l’air. Ces améliorations diminueraient les symptômes allergiques de 8 à 25 % et engendreraient un gain social annuel de 1 à 4 milliards de dollars. Ce qui est nouveau dans les objectifs d’une démarche de Développement Durable, c’est de faire de la prévention sanitaire en prenant en compte les questions de confort et de santé dans la conception et la construction des bâtiments. Les coûts d’une catastrophe sanitaire avérée peuvent être évalués, mais il est Le saviez- vous ? Schéma présentant les facteurs déclenchant de l’asthme au quotidien. 41 Objectif 4 : Économiser les ressources : eau, énergie, déchets, matériaux,... 42 Objectif 4 : Économiser les ressources. Introduction «Une ressource naturelle est un bien, une substance ou un objet présent dans la nature, et exploité pour les besoins d’une société humaine. Ce peut être de la matière organique fossile comme le pétrole, le charbon, le gaz naturel. Il peut s’agir aussi d’une source d’énergie : énergie solaire, énergie éolienne. Ainsi les surfaces de sol disponibles, la qualité de l’eau ou de l’air, l’aspect des paysages, la biodiversité,... constituent d’autres aspects des ressources naturelles. La fragilité et la limite de certaines ressources caractérisent les ressources non renouvelables (ex : le pétrole), par opposition aux ressources renouvelables (ex : la biomasse) qui ne sont pas pour autant inépuisables» D’après la définition de l’encyclopédie Wikipédia Quand on parle de ressources, on parle surtout de préservation des ressources comme l’eau, l’énergie,... grâce à : • L’infiltration et la récupération des eaux pluviales ; • La réhabilitation énergétique des bâtiments ; • La réduction et le tri des déchets ; • Le développement des pistes cyclables et des liaisons piétonnes. Toutes ces mesures sont adaptées à la ville de Clichy et ont pour objectif la préservation de ces ressources. Depuis les années 1970, cette notion évolue et tend à s’élargir aux ressources utiles à tout écosystème, et à tous les secteurs socio-économiques. 43 Objectif 4 : Économiser les ressources. Favoriser l’infiltration et la récupération des eaux pluviales L’eau potable que nous consommons provient principalement du traitement des eaux de rivière et des nappes phréatiques. La quantité d’eau douce naturellement potable est insignifiante sur la planète. Il est donc indispensable de préserver cette ressource en favorisant la recharge des nappes et des rivières et en économisant l’eau potable grâce à l’utilisation des eaux pluviales pour de nombreux usages qui ne nécessitent pas d’eau potable (arrosage, nettoyage des espaces publics ou privés, sanitaires…). Les espaces de pleine terre permettent à l’eau de s’infiltrer directement sur place et d’alimenter la nappe phréatique en évitant les inondations et la saturation des stations d’épuration les jours d’orage. La ville de Clichy bénéficie d’une pluviosité uniformément répartie sur l’ensemble de l’année, ce qui facilite la réutilisation des eaux pluviales. Préconisations : • • • • Les surfaces de pleine terre sont à préserver dans les nouvelles constructions et dans l’aménagement de nouveaux espaces urbains, notamment dans les nouvelles ZAC. Les parkings enterrés sont à limiter et ne doivent pas occuper la totalité de l’espace de la parcelle. Des aménagements tels que les terrasses, les toitures ou les murs végétalisés sont à favoriser. Des dispositifs de récupération des eaux de pluies doivent être développés. En milieu urbain dense il serait intéressant d’implanter des cuves ou des citernes dans les sous-sols qui seront reliées d’une part aux descentes des eaux pluviales et d’autre part à un réseau de circulation d’eau interne, distinct du réseau d’eau potable. Places de stationnement intermittentes engazonnées. Schéma d’un système de récupération des eaux pluviales. Source : Ekopedia. 44 Objectif 4 : Économiser les ressources. Réhabiliter les bâtiments existants D’après les statistiques, d’ici 2030, le parc de logement français sera composé à 80% de logements déjà existants aujourd’hui. Ces bâtiments, pour la plupart, ne répondent pas aux exigences de la réglementation environnementale actuelle et répondront encore moins aux nouvelles exigences du Grenelle. Mais contrairement à l’idée que l’on pourrait avoir, détruire ces bâtiments pour en reconstruire de nouveaux plus performants serait moins avantageux que de les réhabiliter. Par rapport à une construction neuve, une réhabilitation ambitieuse permet de réaliser des économies de matériaux et de transport, elle génère moins de déchets, et constitue aussi l’occasion de redéfinir les espaces extérieurs et intérieurs afin de se conformer, dans la mesure du possible, à une trame climatique et d’utiliser au mieux tous les atouts du site pour viser l’efficacité énergétique du bâtiment grâce à des moyens passifs. Travaux de réhabilitation. La mise en place d’un échafaudage, lors d’un ravalement de façade par exemple, doit être l’occasion d’étudier et de mettre en œuvre des solutions d’amélioration des performances thermiques de l’enveloppe du bâtiment. 45 Objectif 4 : Économiser les ressources. Le saviez-vous ? Réduire et trier les déchets 430 kg c’est le poids des ordures ménagères rejetées par chaque français en 1 an (Un américain rejette 900 kg et un sénégalais moins de 170 kg). « Est un déchet tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, produit que son détenteur destine à l’abandon.» (Article 1 de la loi du 15 juillet 1975). Nous générons, au quotidien, une multitude et une grande diversité d’objets auxquels s’applique cette définition. Ces déchets sont classés par catégories, lesquelles peuvent varier en fonction de leur nature, de leur provenance ou encore de leur caractère plus ou moins toxique. Le meilleur déchet est évidemment celui qu’on ne produit pas; mais la réalité est qu’il n’y a pas de vie sans déchets. Le tri et la valorisation énergétique sont des alternatives à la quantité importante de déchets que nous produisons. D’ailleurs, la ville de Clichy utilise l’incinération des déchets urbains pour alimenter son réseau de chaleur urbaine 650 millions de tonnes c’est la masse globale des déchets produits en France chaque année. Les commerçants français distribuent 18 milliards de sacs plastique par an. Cela correspond à 72 000 tonnes de déchets. Exemple de tri des déchets ménagers. En région parisienne, les déchets du BTP représentent une part plus importante que les déchets ménagers, d’où l’intérêt de mettre en œuvre les principes de construction durable, de privilégier la réhabilitation sur la démolition / reconstruction quand cela est pertinent. En 2004, plus de 6 millions de tonnes d’emballage ont été recyclées et plus de 60% ont bénéficié d’une valorisation énergétique dans les usines d’incinération. Déchets recyclés : Papier carton : 26% Verre : 4% Plastique : 1% Métaux : 3.5% Autre : 34.5% 46 Objectif 4 : Économiser les ressources. • prévoir dans les bâtiments d’habitation et d’activités des locaux sécurisés et faciles d’accès pour les vélos. Développer les pistes cyclables et les liaisons piétonnes La configuration topographique de la ville avec un dénivelé de 10 m entre le périphérique et la Seine, la compacité du territoire sont des atouts pour le développement des circulations douces (piétons, vélos, transport en commun). L’augmentation du coût de l’énergie sera une incitation supplémentaire à préférer ces modes de déplacements plutôt que la voiture individuelle. Les avantages sont nombreux : • économie d’énergie, donc d’argent. • limitation des émissions de polluants • limitation de la pollution sonore • exercice physique facteur de santé •diminution du stress lié aux embouteillages et à la recherche de place de parking • fiabilité du temps de parcours • limitation de l’espace urbain nécessaire • qualité de l’air • limitation des salissures des façades Préconisations : • développer des continuités pédestres et cyclables ; • supprimer les points noirs dangereux ; • créer des aires de stationnement vélos sécurisés aux abords immédiats des stations de métro et RER francilien, des bâtiments publics, des commerces,... Tableau comparatif des niveaux de pollution subis par les automobilistes et par les cyclistes. Source : document de la Commission Européenne, Villes cyclables, villes d’avenir. 47 Objectif 4 : Économiser les ressources. Bénéfices Aujourd’hui pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous avons conscience de la finitude de notre planète, de ses ressources et de sa capacité limitée à absorber notre production de déchets et de pollutions. De nombreuses actions locales concrètes sont prises en faveur de l’économie des ressources, de la réduction des déchets et des émissions en polluants. Les bénéfices nombreux. de ces actions sont Dans le domaine de l’eau : La récupération et l’infiltration des eaux de pluie, les économies d’eau potable permettent de recharger les nappes phréatiques, de prévenir les risques d’inondation, de limiter les extensions ou constructions des stations d’épuration. Dans le domaine de l’énergie : Dans le domaine de l’air : Les économies d’énergie dans les bâtiments et dans les transports permettent d’éviter la construction de nouvelles centrales de production d’énergie, de limiter le transport de l’énergie, de limiter la dépendance aux pays fournisseurs de matière première énergétique, de limiter les dépenses financières pour les consommations d’énergie des collectivités et des ménages. Les économies d’énergies, les réductions des déchets ont pour conséquence une réduction de la pollution atmosphérique, donc une meilleure qualité de l’air et une réduction des bruits donc un meilleur confort acoustique. La qualité de l’air et le confort acoustique sont des performances difficiles à atteindre en milieu urbain dense, il importe donc de mettre en œuvre tous les moyens qui y concourent. Ces économies d’énergie sont le fruit d’une bonne conception et d’une bonne construction des bâtiments et de la ville mais aussi d’une exploitation réfléchie : limiter la température intérieure à 19°C, éteindre les luminaires et appareils, utiliser l’escalier pour les étages bas, marcher ou aller en vélo pour les trajets courts, … Ces mesures sont aussi l’occasion d’exercices physiques quotidiens, facteur de santé (lutte contre l’obésité, les risques cardio-vasculaire, le diabète,...) Terre et matériaux : La tendance actuelle, après des années de dilapidation inconsidérée des ressources, est aux 3 R : Réduire, Réutiliser, Recycler. La réduction des déchets et une utilisation parcimonieuse des matières premières, notamment par le BTP, permettent de limiter les décharges, de protéger les paysages, de réserver les matières premières pour des usages pertinents, de laisser aux générations à venir une nature vivante et des réserves pour leurs propres besoins. 48 Conclusion d’entreprendre des travaux d’amélioration énergétiques sur leur bâtiment. des performances Les thématiques abordées dans ce document et les solutions proposées sont déjà très nombreuses et pourtant nous regrettons de ne pas avoir explicité tel ou tel aspect d’un problème, de ne pas avoir présenté telle ou telle solution technique. L’objet de ce document est trop vaste et trop complexe pour permettre l’exhaustivité. De plus, dans le domaine environnemental, les questions évoluent et les progrès vont très vite. Le diagnostic territorial de la Ville de Clichy a cependant permis de mettre en évidence des priorités. Ce sont ces priorités qui guident la définition des objectifs environnementaux que se fixe la Ville et donc les thématiques abordées dans ce document. Ce document est une première étape dans la réalisation de la démarche environnementale menée par Clichy. La Ville rédige ainsi un cahier de préconisations à l’usage des acteurs de la construction afin de rendre publics ses choix en matière de construction et de réhabilitation. Afin de permettre aux acteurs du secteur désireux d’intervenir sur le territoire de Clichy de prendre en compte ces préconisations le plus en amont possible dans leurs projets, la Ville leur propose aussi de mettre en place une méthodologie de projet commune. Le présent diagnostic environnemental a mis en lumière l’énorme potentiel d’économies d’énergie que représente le parc de logements existant, particulièrement le parc le plus ancien. Clichy va donc mener un travail spécifique sur la réhabilitation, en lien avec les dispositifs engagés (Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat, Résorption de l’Habitat Insalubre, Convention EHI). Cette démarche d’approfondissement de la connaissance des performances thermiques du parc résidentiel clichois permettra à la Ville de mieux accompagner particuliers et bailleurs désireux Le parc Mozart 49 Bibliographie : • Daniel Bernstein : Traité de construction durable; principes et détails de construction, Éditions du Moniteur, Paris, 2007. • Dominique Gauzin Müller, L’architecture écologique. 29 exemples européens, Éditions du Moniteur, Paris, 2001. • Roberto Gonzalo et Karl J. Habermann, Architecture et efficacité énergétique. Principes de conception et de construction, Birkhäuser, Bâle, 2006. • Alain Liébard, André De Herde : Traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques; concevoir, édifier et aménager avec le développement durable, Édition Observ’ER, décembre 2007. • Samuel Courgey, Jean Pierre Olivia : La conception bioclimatique, édition terre vivante, France, 2006. • Nathalie Régnier, Yves Mahévas : Clichy La Garenne, Une ville entre histoire et modernité, SEMERCLI, février 2006. • Ville de Grenoble : Guide de la qualité environnementale dans l’architecture et l’urbanisme, mai 2006. • L’observateur des énergies renouvelables : Systèmes Solaires, les lauréats du 10ème concours «habitat solaire, habitat d’aujourd’hui», septembre/octobre 2006. De nombreux sites internet ont été consultés pour différentes informations. 50 51