Phlebologie3/2008
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Gachet, Spini
Avant propos
Pourquoiétablir un référentiel?
Longtemps,lachirurgie aété le pilierdu
traitement desvarices saphènesmaisl’essor
destraitements endovasculairesavecno-
tamment l’utilisation de mousses fibrosan-
tes aprofondémentchangé la donne en
phlébologie. Face àcebouleversementdes
pratiques, il nous est apparu indispensable
d’élaborerunréférentiel, définissantunca-
dre médical scientifiqueimposant une vali-
dation parles instances de tutelles:HAS,
AFSSAPSetuniversité puis médico-admi-
nistratif :CNAM, …Danslemêmeordre
d’idée, il nous aégalement semblénécessai-
re de donner,par l’élaboration d’un consen-
sus, un cadre médico-légalopposable aux
instances judiciairesetjuridiques :Ordre
desmédecins,associationsdemalades, as-
sureurs,etc.Ilfournira, pour les confrères
désireux de se formeràla méthode,undo-
cument de référenceissu de l’expérience cu-
muléedes auteursetdes données scientifi-
ques actualisées. Enfin, il permettra d’étab-
lir desréférentiels d’évaluation desprati-
quesprofessionnelles (EPP).
Méthodologie
Ce guide de bonnes pratiquesest le fruit du
travail collectif d’un groupe de médecins
vasculairespratiquant la phlébologie,issus
majoritairement du club moussedelarégi-
on Rhône-Alpes qui en est donc le pro-
moteur. Ce consensusaété conçusur le mo-
de formalisé selon les critèresdel’HAS (1).
Il est basé surdenombreuxétudes et travaux
internationaux qui démontrent l’efficacité
et la sécurité de ce traitement (2–22). Il aété
soumisàdes lecteurs :universitaires, chirur-
giens vasculaires, médecins généralistes,
patients réunis en associationsetréactualisé
selon l’évolution de la technique et lesrésul-
tats desétudes scientifiques en cours. Il aété
réalisésanssourcedefinancementextérieu-
re.Les membres du groupe de pilotage ont
participé bénévolement àcetravail et décla-
rent ne pasavoir de lienfinancieravecles
industriesdudomaine.
Glossairedes abréviations
●
GVS, grande veine saphène.
●
PVS, petite veine saphène.
●
TVP, thromboseveineuseprofonde.
●
HBPM, héparine de bas-poids molécu-
laire.
●
AVK, anti-vitamine K.
CEAP,classification clinique,étiologi-
que, anatomique et physiopathologique
de la maladie veineuse.
●
CHIVA, cure conservatriceethémody-
namique de l'insuffisance veineuseen
ambulatoire.
●
IPS, index de pressions systoliques.
●
G, gauge.
●
F, french.
●
AINS, anti-inflammatoirenon stéroïdien
Historique (23)
Lespremièresinjections sclérosantes sem-
blentavoir étéréalisées àLyonpar Pravaz
dans les années 1840. En 1939, MacAus-
land prélèvel’écume d’un flacondemor-
rhuate secouéetl’injecte:c’est l’ancêtre de
la mousse. En 1946 Reiner sclérose une va-
ricepour la premièrefois avec un détergent,
le tetradecylsulfatedesodium.Cette même
année, Orbach décrivaitl’air-block, techni-
que visant àséparer le liquide sclérosant du
sang veineux pardel’air.Danscette péri-
ode, Tournay établit le schémafrançaisde
traitement desreflux de haut en bas.Apartir
desannées 80, le Döpplercontinu, l’écho-
graphie en modeB,l’écho-Döpplernoir et
blancpuis couleur révolutionnentl’explora-
tion desvarices dans un premier temps puis
le traitement dans un deuxième avec l’intro-
duction de la sclérose échoguidée parVin et
Knight en 88. En 86, Grigg confectionne
de la mousse en connectant2seringuesavec
une tubulure. Dansles années 90 Cabrera,
Monfreux,Tessari…développent et popu-
larisent les procéduresendoveineuses àla
mousse. Le conceptcommel’utilisation cli-
nique de la sclérose àlamousse ne sont donc
pasrécents.
Mode d’actionetintérêtsdela
mousse
Elle est confectionnée avec des détergents
ou tensio-actifs quivont dissoudreles phos-
pholipides de la paroi veineuse. Contraire-
mentauliquide sclérosantqui se dilue, im-
posant des injections étagées avec de fortes
concentrations, la mousse reste pure car elle
ne se mélange pas au sang et chasselacolon-
ne sanguine puisadhèreàlaparoi veineuse
en provoquant un spasmeintense. Il devient
donc possible de traiter l'intégralité d'une va-
rice en une seuleinjectionetavecune faible
concentration. Desvalves veineuses peuvent
redevenir compétentes lorsquel'hémodyna-
mique locale redevientnormale par suppres-
sion des effets siphons et surpressions lors
du traitement. Cestronçons redevenusconti-
nentsnesont donc plus àtraiter.
1/ La formation
Le maniement de la mousseest délicat et né-
cessite la connaissance de l’anatomie, de la
pratique de l’écho-Doppler(thrombose, re-
flux, cartographie, repérage desartérioles,
échomarquage,etc.),des indicationsetcon-
tre-indicationsdutraitement, du matérielà
utiliser,des conditions de sécurité àre-
specter,des méthodesdeconfection de la
mousse, desdifférentesprocéduresd’in-
jection,des contrôles àdistance, de la ges-
tion descomplications et de l’élaboration
descomptes-rendus (24).
Prérequis :maîtrisedel’écho-Doppleret
de la sclérothérapie,participation àdes ate-
liers de pratique, compagnonnage.
Comment acquériraujourd’hui cette for-
mation ?
●
la formation universitaire :capacité na-
tionaled’angiologie,DESCdemédecine
vasculaire,éventuellement complété par
un DIUdephlébologie.
●
le compagnonnage nécessitant de lister
lesmédecins expérimentésetdisposés à
accueillirles confrèresdésirant se for-
merouseperfectionner.
●
la fréquentation desateliers permet d’ap-
préhenderlatechnique et d’établirdes
contacts pour se perfectionnerensuite.