L’AUTO-TROMPERIE FONCTIONNELLE
Joséphine Mukamusoni, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)
OBJECTIFS
Objectif général : Le but de l’intervention est de travailler sur « le sentir »
et non sur la pensée du client. Le sentir ici n’est pas l’émotion en-soi, mais
les sensations. Il s’agit de pouvoir, grâce à une communication non
ordinaire et fascinante, amener le patient à découvrir lui-même, à travers
ses sensations et perception quelque chose de différent dans sa réalité.
Objectifs spécifiques :
Mettre au point des stratagèmes thérapeutiques basés sur des
critères de logiques non ordinaires, qui peuvent être reproductibles,
transmissibles et aussi prédictibles.
Amener le client à ressentir différemment et non à penser
différemment. Le changement de perception fera changer
successivement les réactions, les comportements puis les
cognitions.
MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE D’INTERVENTION
Les doubles messages contradictoires et permanents perturbent la
communication du client avec son environnement et incitent le client à se
replier sur lui-même. Il est coupé avec la réalité et se crée son monde à
lui. La mise en place des stratégies d’intervention nécessite d’aller au-delà
de la logique ordinaire. Dans la logique ordinaire, pour notre client coupé
avec le monde, être en contradiction avec une règle, vivre l’incohérence des
idées n’est rien d’exceptionnel. Seule l’application de la logique non
ordinaire aura un pouvoir incroyable dans cette constitution des
pathologies que dans leur déconstruction. Le client qui est coupé avec la
réalité présente des sensations fondamentales comme la peur, le plaisir,
la colère et la douleur. À partir de ces quatre sensations se développent
différentes émotions, qui vont par la suite se généraliser rapidement.
Devant quelqu’un qui a une pathologie basée sur la sensation de peur, de
plaisir, de colère, de douleur qu’il n’arrive pas à contrôler, la formule
générale d’intervention consiste à appliquer :
Une logique ordinaire d’abord qui nous conduit à vouloir lui
enseigner un mode logique de contrôle de cette sensation suivant
notre entendement.
Une logique non ordinaire ensuite pour l’amener à changer ses
modes de réaction.
D’une façon plus spécifique, à partir des quatre sensations, on procède
comme suit :
Catégories
de sensation
Logique ordinaire
Logique non ordinaire
peur
Tendance à vouloir
contrôler la peur
faire en sorte que la personne
oriente son attention sur
quelque chose d’autre que la
tentative de contrôler sa peur.
Le plaisir
Tendance à lui
enseigner un mode de
contrôle de cette pulsion
de plaisir
Essayer d’obtenir un contrôle
qui sans cela serait impossible.
La colère
Tendance à réprimer la
colère. Plus je la réprime
plus elle monte
éviter de la réprimer : je dois
l’exprimer, tout en la
canalisant.
La douleur
Tendance à vouloir
l’éviter. Mais nous la
maintenons vivante à
force de l’éviter
Affronter la douleur
Illustration :
L’intervenant fait nommer la situation de peur, de colère, de
douleur, de plaisir.
Ils dessinent deux cercles qui illustrent ce que le monde du client et
l’entourage du client
Il demande au client de se placer dans le cercle et de dire ce qu’il fait
lorsque la situation se produit (logique ordinaire)
L’intervenant commence par affirmer cette situation puis il annonce
alors le contraire
Il demande au client s’il veut rester dans ce cercle ou s’il veut
chercher une autre façon d’affronter le problème (logique non
ordinaire)
Si le client accepte, il va dans l’autre cercle et cherche comment
affronter la situation de colère, de peur, de plaisir, de douleur.
Et ensuite il fait en sorte que la personne assume cette logique de la
contradiction.
Exemple : le client arrive en thérapie avec l’idée que l’entourage l’espionne
lorsqu’il se déshabille`.Il a tenté de déménager, de construire des murs,
mais ils ont aussi changé de stratégies en installant des caméras.
Stratégie de contrôle : aller installer des phares et de les allumer chaque
fois avant de se déshabiller. C’est une façon de contrôler la peur :
logique ordinaire
Après avoir appliqué cette stratégie, le client se rend compte que les
caméras ne sont plus allumées. Il décide de canaliser son attention sur
autre chose que sur les caméras des voisins : logique non ordinaire
Finalement, il avoue qu’il avait inventé ça et décider de ne plus y croire. Il
change de comportement, il demande pardon à l’entourage.
MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Les émotions se développent à partir de quatre sensations
fondamentales : la peur, la plaisir, la colère, la douleur. Ce qui produit
des réactions
La logique de la contradiction : je peux constater et dire au client que
lorsqu’il est confronté à une situation qu’il redoute, il tente de l’éviter.
Ce faisant, la personne se sent sauvée. Dans un premier temps, elle se
sent très bien, mais dans un second temps, cela l’amène à se sentir
incapable.
Pour réduire les effets secondaires, il faut utiliser les stratégies et
tactiques au début et à la fin pour favoriser l’autocorrection
Il ne faut pas utiliser une manipulation directe qui augmente la
résistance au changement.
Il faut utiliser des stratagèmes subtils : un langage persuasif, un
langage qui fascine et non pas un langage qui met sous pression, de
sorte que le patient arrive à changer comme si cela provenait d’un
processus de découverte personnelle et non comme si c’était le résultat
d’une pression exercée par la thérapie.
En utilisant une logique non ordinaire, la thérapie n’est plus directive
comme elle l’était dans les premières formes de thérapie stratégiques.
Lorsque, j’utilise une logique non ordinaire, je dois être capable
d’induire chez le patient une autotromperie fonctionnelle qui va se
substituer à l’autotromperie dysfonctionnelle antérieure.
Cette contre-stratégie est utilisée dans l’objectif de pouvoir, grâce à une
communication non ordinaire et fascinante, amener le patient à
percevoir la réalité. Ceci pour montrer que certains schémas logiques
suivis par les patients les poussent à retomber dans les crises
désespérées.
PHASE DU PROCESSUS
Compréhension
MOTS-CLÉS
Communication
Perception
Réaction
Réalité
Sensation
SOURCES D’INSPIRATION ET RÉFÉRENCES
Wittezaele, J.-J. et coll. (2008). La double contrainte. L’influence des
paradoxes de Bateson en sciences humaines. Bruxelles : de Boeck. p 219-
236.
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