Gestion de patrimoine | 3
suffisamment pour rendre une
récession inévitable. La Fed a répété
qu’elle ferait preuve de « patience »
avant d’adopter de nouvelles hausses de
taux. Par ailleurs, les banques devraient
en principe être davantage enclines
à prêter, vu le creusement marqué de
l’écart entre les taux d’intérêt à court et
à long terme survenu très récemment.
Selon des études, l’élection aux
États-Unis a entraîné un solide
regain de confiance des chefs de la
direction, des propriétaires de petites
et de moyennes entreprises et des
consommateurs, ce qui laisse entrevoir
un début d’année 2017 dans un climat
de fort optimisme. La situation du
consommateur américain, qui est
très important (70 % du PIB), est très
confortable, car le taux de chômage
et les demandes d’assurance-emploi
touchent ou avoisinent des creux de
45 ans, les salaires montent et des
économies colossales de 8 billions de
dollars dorment dans des comptes
bancaires. Il en ressort que ce niveau de
confiance élevé est justifié.
Les perspectives pour
semblent solides
Il convient de préciser que les mesures
de stimulation budgétaire proposées
par le nouveau gouvernement,
soit des baisses d’impôt pour les
consommateurs et les entreprises,
ainsi que la hausse des dépenses
publiques d’infrastructures, n’auront
pas beaucoup d’effets directs sur la
croissance en 2017. Nos collègues des
États-Unis nous assurent qu’aucun
nouveau budget ne sera déposé au
Congrès avant avril ou mai. Il serait
étonnant que des lois soient adoptées
et ratifiées avant l’été. Il faudra donc
attendre plus tard durant l’année pour
voir les contribuables profiter de ces
sommes et les travaux commencer.
Ces initiatives éperonneront davantage
la croissance en 2018 en y ajoutant,
selon les estimations, environ 0,75 point
de pourcentage. Ce chiffre tient même
compte de la probabilité que l’ampleur
du train de mesures final soit de 50 %
inférieure, ou plus, à celle évoquée
depuis le jour de l’élection.
Toutefois, ce nouvel élan donné à une
économie déjà aux prises avec un
marché du travail tendu et une montée
des salaires pourrait inciter la Fed à
accélérer le rythme des hausses de taux
en 2018, mettant en péril la trajectoire
économique de 2019 et de 2020.
Pour l’heure, tout va bien. La
progression de l’économie américaine
devrait continuer au moins jusqu’en
2018 et ouvrir la voie à une reprise de la
croissance des bénéfices aux États-Unis.
Notre équipe responsable de la stratégie
sur actions américaines prévoit que les
bénéfices des sociétés du S&P 500, qui
ont passé trois années consécutives
à 118 $ l’action, prendront 8 % pour
s’établir à 128 $ cette année et à 140 $
en 2018. Cette hausse devrait suffire à
produire chaque année des rendements
globaux d’au moins 10 %, dividendes
compris.
Incertitude sur le plan
du libre-échange
Les choses se corsent lorsque nous
mettons de côté la situation des
États-Unis pour nous pencher sur
celle du reste du monde. Le nouveau
gouvernement a indiqué sa volonté
de revoir les relations et les accords
commerciaux, notamment l’ALENA.
Durant la campagne électorale,
l’attention était tournée vers la Chine et
le Mexique, deux pays qui enregistrent
un fort excédent commercial avec les
États-Unis et qui ont été accusés par
le prochain gouvernement de voler
des emplois au secteur manufacturier
américain, notamment en dépréciant
délibérément leur devise.
Il est certes possible de débattre du
bien-fondé de ces arguments, et
d’autres concernant l’immigration,
mais probablement pas en ce moment
avec la nouvelle administration qui
sera en place à Washington. Le Canada
entretient pour sa part une relation
commerciale très importante et plutôt
équilibrée avec les États-Unis. On
ne note également pas de transfert
unidirectionnel visible d’emplois des
États-Unis au Canada. Toutefois, dans
un monde où prédominent les attitudes
populistes portant sur ce qui est juste
et injuste, et les mesures à prendre à cet
égard, il n’est sans doute pas judicieux
de tenir pour acquis que notre pays
bénéficiera d’une exception en raison
de la longue amitié qui nous unit
aux États-Unis.
Cela dit, nous aimons les perspectives
des actions canadiennes, notamment
en raison de la stabilisation apparente,
voire l’amélioration, de l’important
secteur de l’énergie. Il s’agit de bonnes
nouvelles pour la finance, un secteur
poids lourd, tout comme la hausse des
taux d’intérêt à long terme survenue
au cours des derniers mois. Nous
continuons de recommander aux
investisseurs canadiens de détenir
des placements considérables
dans le marché américain, où des
secteurs moins bien représentés
dans l’indice canadien (notamment
la technologie, les soins de santé, de
nombreux groupes de consommation
et les produits industriels) offrent
de précieux avantages sur le plan
de la diversification ainsi que de
nouvelles occasions.
Jim Allworth est coprésident du Comité des Services-
conseils en gestion mondiale de portefeuille de RBC.
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