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L’édito.
L’édito.
Sandrine Rol
Rédactrice en Chef d’Accomex
Sandrine Rol
Rédactrice en chef d’Accomex
vec plus de 17 millions de km², la Russie constitue le plus vaste État au monde.
Elle affiche une population de 142 millions d'habitants, un taux d'urbanisation de
73 % et appartient au "club" des grandes économies émergentes qui enregistrent
des rythmes de croissance supérieurs à 5 % l'an depuis le début de la décennie. À ce
stade, qualifier la Russie de "géant" est donc tout à fait approprié…
Il serait cependant plus opportun de parler d'un "géant aux pieds d'argile", comme le
sont, plus ou moins, les BRIC et autres marchés prometteurs, tant l'émergence est un
chemin long et difficile... La Russie n'a évidemment pas échappé à la crise financière
mondiale : la chute de la Bourse, celle du rouble, les interventions répétées des pouvoirs
publics pour soutenir le secteur financier en sont les premières illustrations ; viendront
ensuite les corrections de l'activité économique.
Mais la Russie s'est tout particulièrement distinguée en cette année 2008 : des
élections présidentielles du printemps à la crise géorgienne de cet été, en passant par
l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi sur l'investissement étranger dans les secteurs
"stratégiques", on ne peut pas dire que le géant russe ait soigné son image sur la scène
internationale… Une image déjà écornée par un retour marqué de l'interventionnisme de
l'État, un système administratif inefficient, un manque de garanties juridiques, etc.
Et pourtant, le marché russe dispose de nombreux atouts, que l'on ne saurait résumer à sa
proximité géographique ou à sa puissance énergétique. L'essor des flux d'investissements
directs en Russie en est une illustration incontestable : selon la CNUCED, ils sont
passés de 12,8 milliards de dollars en 2005 à 52,4 milliards en 2007 ! Sans doute
convient-il alors de dépasser les tensions politico-économiques du moment, d'analyser
les avancées déjà réalisées et de préférer un projet de long terme.
La volonté des autorités russes de (re)faire de la Russie un acteur puissant sur la scène
mondiale passe, en effet, par une stratégie de modernisation de l'économie : ouverture
et libéralisation, sécurisation du monde des affaires, reconstruction de pans entiers de
l'industrie, appel aux compétences et aux technologies étrangères représentent dès lors
de véritables opportunités pour les entreprises françaises qui sauront s'armer de
patience et se faire accompagner.
La solution est peut-être là : profiter de l'élan insufflé par les dirigeants russes désireux
de redonner une place de choix à leur pays dans le concert des "grandes" nations et
inscrire son projet de développement en Russie dans la durée.
A
“Qu'ils sont pauvres, ceux qui n'ont pas de patience !”
W. Shakespeare, Hamlet