Démarches diagnostiques dans un système de santé en évolution

Éditorial
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marches diagnostiques
dans un système de santé
en évolution
Dr DAGMAR M HALLER Prs JOHANNA SOMMER et NICOLAS SENN
Le médecin de famille « chef d’orchestre » doit
savoir choisir les bons instruments. Mais les-
quels prioriser lorsqu’il s’agit de jouer des
partitions qui n’ont pas encore été compo-
sées ? Face aux défis d’un système de santé en
constante évolution, il appartient aux insti-
tuts de médecine de famille d’identifier les
enjeux de l’avenir afin d’y préparer au mieux
la génération future de médecins.
Cependant, et nous nous en réjouissons, cer-
tains fondements de notre métier demeurent
solides. Le raisonnement clinique,
par exemple, reste un élément
central de notre activité profes-
sionnelle, même si une meilleure
compréhension de ses mécanis mes
et les outils à disposition sont de
précieux atouts pour nous aider
à mieux l’enseigner. Mieux com-
prendre les mécanismes qui sou-
tiennent le raisonnement clinique
peut en effet permettre d’améliorer la prise
en charge des patients. Notamment, la façon
dont nous appréhendons subjectivement ou
objectivement les probabilités de maladies peut
influencer fortement nos décisions cliniques.
Les scores cliniques en sont une illustration :
comment les seuils sont-ils définis ? Qui décide
au final de retenir, ou au contraire d’exclure
un diagnostic ? Autant de questions qui sont à
explorer si nous voulons réconcilier une
approche probabiliste un peu théorique (les
scores) et notre capacité à faire confiance à
notre sens clinique dans les prises de déci-
sions, forcément un peu subjective et dépen-
dante du patient en face de nous.
Au rayon des bouleversements, saurons-nous
nous préparer à l’abandon du stéthoscope ? Si
de passionnantes perspectives peuvent déjà
être entrevues avec l’arrivée d’ultrasons mi-
niaturisés venant modifier notablement notre
pratique, qui d’entre nous n’aura pas un pin-
cement au cœur en imaginant ce symbole de
notre profession qu’est le stéthoscope rejoindre
bientôt les collections des musées ? Certes,
nous n’en sommes pas encore là et le futur se
dessinera possiblement plus dans une com-
plémentarité de l’un et de l’autre. En même
temps, les technologies dont nous allons bé-
néficier vont décupler nos possibilités diag-
nostiques au cabinet et contribueront à atti-
rer la nouvelle génération de médecins vers
notre spécialité.
Parmi les outils du futur (déjà devenu présent
pour certains !) figure également l’interpro-
fessionnalité. Nous nous devons de répondre
aux interrogations que soulève encore la pra-
tique interprofessionnelle dans notre pays afin
de nous préparer, ainsi que les étudiants, à la
mise en place chez nous de con-
cepts qui ont déjà fait leurs preuves
ailleurs. Certains ont déjà pris les
devants, à l’instar de nos collègues
qui ont développé un cours à option
pour les étudiants en médecine
et ceux des filières infirmière et
diététique de la Haute école de
santé de Genève. Là encore, le
travail en réseau et en collabora-
tion correspondra mieux à une nouvelle géné-
ration de professionnels de santé, élevés dans
le partage des tâches et bénéficiant de l’enri-
chissement de nos activités par le partenariat.
Il est important que ces réflexions au sujet de
la pratique de notre métier et de son rôle dans
un système de santé en évolution soient soli-
dement ancrées dans les expériences et l’évi-
dence acquise, en Suisse comme ailleurs. En
effet, si traditionnellement nous avons appris
que notre métier était basé avant tout sur nos
connaissances et nos compétences cliniques,
cela n’est plus suffisant de nos jours. Nous
devons également apprendre à ausculter l’évo-
lution et l’organisation de notre système de
santé afin d’adapter les soins de manière op-
timale pour nos patients !
Les instituts de médecine de famille se doivent
de participer à cette composition du futur
système de santé, en réfléchissant à des solu-
tions constructives qui permettront de pro-
poser des modèles de soins innovants, inté-
grant des nouvelles technologies, favorisant
ainsi une pratique correspondant à l’évolu-
tion des générations de soignants qui nous
soigneront demain.
Articles publiés
sous la direction de
NICOLAS SENN
Institut universitaire
de médecine de
famille
Université de
Lausanne, Lausanne
JOHANNA SOMMER
DAGMAR M. HALLER
Unité des internistes
généralistes et
pédiatres
Faculté de médecine
Université de
Genève, Genève
AU RAYON
DES BOULEVER
SEMENTS
SAURONSNOUS
NOUS PRÉPARER
À LABANDON DU
STÉTHOSCOPE?
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