relation entre divorce et dépression àl’adolescence, Palosaari et coll. (1996)
ont identifié l’estime de soi et les relations parents-enfant : dans cette étude
menée dans une cohorte finlandaise, une estime de soi faible à16 ans était un
précurseur d’une symptomatologie dépressive chez le jeune adulte, quelle que
soit la situation familiale et le sexe. Les filles ayant une faible estime de soi et
une relation distante avec leur père étaient aussi celles chez qui un impact à
long terme du divorce parental était le plus probable.
Les problèmes financiers des parents divorcésouséparésélevant seuls leurs
enfants joueraient également un rôle important, par effet direct ou indirect via
une dépression ou un manque de disponibilitéparentale (Aseltine, 1996).
L’auteur montre dans son étude menée pendant trois ans auprès de 1 208 ado-
lescents âgésde14à17 ans que les enfants dont les parents se sont remariés
sont significativement moins dépressifs que ceux dont les parents sont restés
célibataires. Ce résultat s’explique probablement par le fait que les familles
monoparentales doivent faire face àun stress plus aigu et àdes difficultés
financières et relationnelles plus importantes que les familles recomposées
(Aseltine, 1996).
Les facteurs familiaux postérieurs au divorce ont également fait l’objet d’étu-
des. Les relations entre la fréquence des contacts avec le père et l’adaptation
psychosociale des enfants sont variables. Si les études les plus anciennes ne
mettent en évidence aucune influence de ce facteur, des travaux plus récents,
tenant compte du degréde conflit persistant aprèslaséparation, montrent des
résultats plus nuancés : des contacts fréquents avec le père sont associésàun
impact positif dans les familles peu conflictuelles, alors que l’inverse est
constaté(chez les garçons, mais pas chez les filles) dans les familles chez
lesquelles persiste une mésentente importante (Amato et Rezac, 1994). Par
ailleurs, la qualitédes relations et un rôle parental actif (surveillance des
devoirs, étayage affectif, éducation...) de la part du père sont plus fortement
associés au bien-être psychologique des enfants que la fréquence des contacts
en soi, ce qui implique que les pères divorcés ne devraient pas se cantonner
aux seules activités de loisir avec leurs enfants (Amato et Gilbreth, 1999).
L’influence du mode de garde sur le bien-être des enfants varie selon le degré
de conflit familial persistant aprèslaséparation des parents. L’autoritéparen-
tale conjointe n’est associéeàune adaptation positive que dans les familles
peu conflictuelles ; si le degréde mésentente est élevé,l’enfant présente alors
un risque plus important de difficultés psychosociales, surtout s’il s’agit d’une
fille. De façon générale, les dissensions persistant aprèslaséparation des
parents ont un impact délétère, surtout si l’enfant est impliquépar l’un ou
l’autre des parents dans des conflits de loyauté(Kelly, 2000).
L’impact àlong terme du divorce sur les troubles de l’humeur semble donc
indirect, liéàla discorde conjugale plus qu’à la séparation en elle-même, et en
relation avec des trajectoires développementales déviantes. Lorsque les fac-
teurs de confusion sont contrôlés, l’odds ratio associéàla relation entre
troubles de l’humeur internalisés et externalisésàl’adolescence et séparation
Facteurs de risque familiaux
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ANALYSE