évidence de relation reproductible entre naissance hivernale et âge de début
des troubles (Torrey et coll., 1997a).
Ilaétésuggéréque ces variations saisonnières des naissances étaient artéfac-
tuelles, et étaient liées àl’effet dit «âge d’incidence ». Selon Lewis (1989), qui
aétéle plus ardent défenseur de l’hypothèse artéfactuelle, la mise en évidence
d’un excès de naissances hivernales est liée au fait que la schizophrénie est une
pathologie dont l’incidence croît avec l’âge. Si l’on collecte àun moment
donnéles dates de naissance de patients schizophrènes, les patients nésen
janvier sont donc plus nombreux que ceux nésendécembre du simple fait que
les premiers sont plus âgés que les seconds. Cet artéfact permettrait de rendre
compte selon Lewis du fait que les variations saisonnières des naissances sont
plus marquées dans des cohortes de schizophrènes jeunes. Il est toutefois
actuellement admis que, si l’effet «âge d’incidence »peut contribuer àaccen-
tuer les différences entre les distributions saisonnières des naissances des sujets
schizophrènes par rapport aux sujets de la population générale, ces différences
ne peuvent être réduites àun artéfact. L’effet «âge d’incidence »peut être
aisément contrôlépar une technique simple, dite «test de déplacement », qui
consiste àdéplacer le début de l’année civile de janvier àjuillet. Les études
ayant appliquécette technique ont confirmél’existence d’un excès de naissan-
ces hivernales chez les schizophrènes (Torrey et coll., 1997a).
Variations saisonnières des naissances et densitéde population
Plusieurs études ont rapportél’existence d’une association entre naissance
hivernale et densitéde population dans le lieu de naissance. La première étude
aétéconduite au Danemark (Machón et coll., 1983), sur une cohorte de
207 enfants àhaut risque génétique pour la schizophrénie (au moins un des
parents schizophrène) et de 104 enfants àfaible risque (pas d’antécédents
familiaux de schizophrénie). Prèsd’un quart (23 %) des enfants de parents
schizophrènes nésàCopenhague en hiver ont développéune schizophrénie,
contre 8 % si la naissance a eu lieu lors d’une autre période. Pour les enfants à
risque nésàla campagne, 6 % des enfants nés en dehors de la période
hivernale sont devenus schizophrènes, et aucun des 16 enfants nés en hiver.
Ce taux est de 9 % pour l’ensemble des enfants àhaut risque, quel que soit le
lieu de naissance et la saison de naissance, et de 1 % des enfants n’ayant pas
d’antécédents familiaux de schizophrénie. Cette première étude avait pour
limite principale de porter sur une population trèsspécifique de schizophrènes,
la majoritédes patients n’ayant pas d’antécédents familiaux. L’extrapolation
de ces résultats àdes schizophrènes indemnes de vulnérabilitégénétique était
donc difficile, et ce d’autant que les effectifs étaient faibles.
D’autres études européennes portant sur des groupes moins sélectionnés ont
obtenu des résultats comparables. L’association entre saison et lieu de nais-
sance a étéexplorée chez 6 553 patients schizophrènes nés en Angleterre et au
Pays de Galles, et 18 305 sujets témoins présentant des troubles psychiatriques
non psychotiques (Takei et coll., 1992). Un diagnostic de schizophrénie est
Troubles mentaux − Dépistage et prévention chez l’enfant et l’adolescent
100