CLINIQUE EL MANAR-TUNIS DIABETE INSIPIDE ET CANCER DU SEIN H. SAADAOUI UNITE D’IMAGERIE MEDICALE CLINIQUE EL MANAR-TUNIS S. KAMDOURIDIS SERVICE DE RADIOLOGIE HOPITAL SAINT PIERRE-BRUXELLES OBJECTIF • Attirer l’attention sur le fait que l’installation récente et rapide d’un diabète insipide chez des patientes traitées pour cancer du sein doit faire évoquer une métastase de la loge hypophysaire. MATERIELS ET METHODES 14 patientes traitées pour néoplasies mammaires qui consultent pour divers motifs, l’attention a été attirée chez trois d’entre elles par l’apparition récente rapidement évolutive à distance du traitement initial d’un diabète insipide clinico-biologique isolé. Une exploration tomodensitométrique et par résonance nucléaire magnétique sont réalisées. CAS 1 EPITHELIOMA GLANDULAIRE DU SEIN • • Tableau clinique : diabète insipide Délai apparition syndrome polyuro polydipsique – consultation : 10 jours. • Diagnostic primitif – apparition diabète insipide : 7 ans. • Autres métastases : hépatiques et osseuses. CAS 1 IRM coupe coronale. a) Infiltration du clivus, du plancher de la selle turcique et rehaussement méningé. CAS 1 b) Aspect épaissi infiltré de la tige pituitaire qui se rehausse . CAS 2 CARCINOME GALACTOPHORIQUE • • Tableau clinique d’un diabète insipide. Délai apparition syndrome polyuropolydipsique – consultation : 2 semaines. • Diagnostic primitif – apparition du diabète insipide : 2 ans. • Autres métastases : (-) . CAS 2 IRM coupe axiale séquence T1 avant et après injection de contraste. a) Épaississement de la tige pituitaire. CAS 2 b) Rehaussement de la tige pituitaire épaissie. CAS 3 • Epitélioma glandulaire . • Tableau clinique de diabète insipide. • Délai syndrome polyuro-polydipsique date de consultation : 2 semaines. • Délai diagnostic primitif : apparition de diabète insipide 19 ans. • Autres métastases : mandibulaire. CAS 3 IRM coupes axiales séquence T1 injectée. Épaississement et rehaussement de la tige pituitaire. CAS 3 Épaississement et rehaussement de la tige pituitaire. ADH L’hormone anti diuritique (ADH) est un polypeptide produit dans les noyaux supra optiques et para ventriculaires de l’hypothalamus, elle est transférée vers la posthypophyse à travers les axones de l’infundibulum. VASCULARISATION La prédilection des métastases au niveau de la posthypophyse est attribuée à sa vascularisation artérielle systémique via les artères hypophysaires, par contre l’antéhypophyse ne reçoit pas d’affluant artériel direct. Le sang artériel lui vient de l’infundibulum et de la posthypophyse par l’intermédiaire des vaisseaux portes et gagne le système veineux après la traversée de l’antéhypophyse. Le diabète insipide central résulte de l’interruption de ce mécanisme qui peut être secondaire à un traumatisme crânien, à une infiltration tumorale : hystiocytose, sarcoïdose, wegener, tumeur primitive ou secondaire, apoplexie pituitaire, nécrose du post partum, amyloïdose, tuberculose… Les tumeurs à développement rapide, tel que les métastases, détruisent rapidement la posthypophyse et envahissent l’infundibulum avant la formation d’un lobe ectopique d’où le diabète insipide. L’interruption de la tige pituitaire dans le cadre d’un traumatisme ou d’un adénome hypophysaire serait responsable de l’apparition d’un lobe ectopique au niveau de la partie proximale de l’interruption. Voie de dissémination - A travers les vaisseaux portes et à partir de métastases hypothalamohypophysaires ou infundibulaires. - Extension à partir d’une localisation juxtasellaire ou de la base du crâne. - Extension à partir d’une infiltration tumorale méningée. Le cancer du sein chez la femme et le cancer du poumon chez l’homme sont les cancers qui donnent le plus de métastase hypophysaire. La glande pituitaire est rarement le site de métastase. Chez les patientes porteuses de cancer du sein, l’incidence est relativement plus élevée. Les métastases hypophysaires du cancer du sein sont plus souvent de découverte autopsique 15% (1). Les métastases hypophysaires du cancer du sein sont de l’ordre de 6 à 8% des cas elles sont généralement asymptomatique, 7% des cas présentent un tableau clinique. La survenue d’un diabète insipide dans le cadre d’un cancer du sein est estimée à 0.95%, ce risque augmente si la maladie est d’emblée métastatique (3). CLINIQUE Diabète insipide : syndrome polyuropolydipsique Associé parfois à une asthénie, des troubles visuels, céphalées, ophtalmoplégie selon le degré de l’envahissement tumoral. L’histoire clinique est importante pour le diagnostique des métastases hypophysaire : - Age du patient. - Histoire de la maladie. - Symptomatologie clinique et sa progression dans le temps. Le tableau clinique est dominé par le diabète insipide d’apparition récente rapidement évolutive reflétant la prédominance des métastases au niveau du lobe postérieur de l’hypophyse. L’intervalle entre le diagnostique du cancer et l’apparition d’un diabète insipide dans le cadre d’une métastase hypophysaire est de 29 mois (2). Diagnostic radiologique diagnostique précoce à l’IRM Masse ISO T1, ISO T2 au parenchyme hypophysaire prenant le contraste envahissant l’hypothalamus et l’infundibulum dans 44% des cas et le sinus caverneux dans 56% des cas. - Évolution rapide : elle respecte dans un premier temps le diaphragme sellaire. - Prise de contraste proximale infundibulaire. - Destruction rapide des structures osseuses de la selle turcique. Dans certains cas il existe un épaississement tumoral isolé de la tige pituitaire qui se rehausse après injection de contraste. CONCLUSION Le diabète insipide peut être la manifestation isolée d’une localisation secondaire principalement d’un cancer du sein chez la femme. CONCLUSION L’apparition d’un diabète insipide récent à évolution rapide même à distance du diagnostic de la néoplasie primitive doit attirer l’attention sur la possibilité d’une atteinte métastatique de l’axe pituitaire. CONCLUSION Le diagnostic radiologique repose sur l’exploration par résonance nucléaire magnétique, le scanner évalue l’étendue des lésions osseuses. REFERENCES 1- De la Monte SM : Endocrine organe métastase from breast carcinoma. Am j pathol 1984 ; 114 : 131-6. 2- Yap HY : Diabètes insipidus and breast cancer. Arch Intern Med 1979 ; 139 : 1009 -11 3- Houck WA : clinical futures of tumor metastasis to the pituitary. Cancer 1970 ; 26 : 656 – 9. 4- John Komninos : Tumor metastatic to the pituitary gland. The journal of clinical endocrinology and metabolism 2004 ; Vol 89, N2 : 574 – 580. 5- Roessmanm U : Metastatic lesions in the sella turciqua and pituitary gland. Cancer 1970 ; 26 : 656 – 659. CLINIQUE DE TUNIS