34 DOSSIER L’état de stress post-traumatique >> DOSSIER Un état anxieux réactionnel Infos ... Des traumatismes divers On reconnaît en France des états de stress posttraumatiques apparentés qui trouvent leur origine dans un traumatique autre qu’un événement hors du commun provoquant une impression de mort imminente : il peut s’agir d’une situation de perte, d’abandon ou de remise en question de l’intégrité physique et/ou psychique (blessure narcissique, vécu de harcèlement moral). On désigne sous l’appellation d’état de stress post-traumatique l’ensemble des conséquences psychopathologiques invalidantes qui persistent chez certaines personnes ayant été confrontées, en tant que victimes ou témoins, à un événement traumatisant violent et soudain. L’accent est mis sur l’importance déterminante de son repérage précoce. S achant que certaines modalités évolutives sont marquées par une souffrance psychique intense avec la résistance thérapeutique, et la forte comorbidité avec la dépression, il est de première importance de repérer ce syndrome et d’opérer des soins de première ligne spécialisés. Réactions pathogènes Les personnes exposées au vécu direct d’un événement pouvant entraîner la mort (l’impression de la personne qu’elle ou quelqu’un à côté d’elle va mourir ou être gravement blessé) sont les victimes d’attentats, de guerres, de prises d’otages, de catastrophes naturelles, de viols ou autres agressions physiques, d’accidents de la voie publique. Selon les données épidémiologiques anglo-saxonnes, la prévalence du trouble de stress post-traumatique (TSPT) est d’environ 9 % sur la vie entière de la population totale. Citons les chiffres d’une cohorte française concernant les victimes d’un attentat, qui ont présenté un TSPT à 6 mois dans 30 à 40 % des cas, ou ceux observés après la catastrophe AZF à Toulouse : 43 % des adultes admis aux urgences ont été touchés par cette pathologie. Le stress intense entraîne, certes, des réactions adaptatives, mais aussi des réactions pathogènes pour certains sujets plus vulnérables avec un risque de développer des séquelles après un événement traumatique ou de récupération plus difficile. Cette incapacité à “digérer” et à intégrer les émotions pénibles associées à l’horreur, l’effroi et l’im- Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005 puissance peut signer une fragilité de l’individu, en rapport avec une rencontre antérieure avec un événement traumatique, notamment dans l’enfance, et la présence de troubles psychiques ou de conditions de vie difficiles. À noter que les personnes qui ont vécu un état de dépersonnalisation aiguë pendant le traumatisme sont davantage exposées au stress post-traumatique. Les symptômes de TSPT apparaissent en général dans les semaines qui suivent le psychotraumatisme, mais il arrive qu’ils aient un début tardif, plusieurs mois et même plusieurs années après. On comprend dès lors qu’il faut être très attentif, dans les premiers jours qui suivent l’événement traumatique, aux indicateurs cliniques d’une possible chronicité. Certes, le vécu de l’événement traumatique n’est anodin pour personne, mais le diagnostic de TSPT n’est évoqué que lorsque la vie du patient ne peut plus continuer de façon normale. Le syndrome de reviviscence Dans le DSM IV, la principale manifestation est le syndrome de reviviscence : les souvenirs répétitifs et intrusifs qui provoquent un sentiment de détresse et d’anxiété, les cauchemars de répétition traumatique, des impressions brutales que l’événement va se reproduire. Sont présents également des conduites d’évitement persistantes, des stimulus associés au traumatisme, avec une restriction des affects, le repli ou des choix existentiels brutaux, associés à des signes traduisant une hyperactivation neurovégétative (troubles du sommeil, réactions du sursaut exa- gérées, hypervigilance, irritabilité, difficulté de concentration). La dépression est reconnue comme la complication la plus fréquente (dans 20 % à 60 % des cas après une catastrophe), avec une forte culpabilité d’avoir survécu ou de ne pas avoir pu sauver les autres personnes exposées. D’autres diagnostics comorbides sont possibles : l’abus de toxiques et de tranquillisants, voire des troubles paniques ou phobiques. Des avis variables La prise en charge immédiate, le “débriefing”, améliore le stress aigu ; cependant, la question de son efficacité préventive reste posée. En tout cas, le soutien psychologique favorisant l’expression verbale du récit et des émotions perçues demeure une aide précieuse pour le patient, tout comme la gestion de l’anxiété par des méthodes de relaxation. En ce qui concerne les troubles psychotraumatiques constitués, leur évolution est variable : selon la littérature, près de 50 % des sujets ont une rémission complète à 6 mois. Les sujets qui ne présentent pas de rémission dans l’année ont un mauvais pronostic et nécessitent une prise en charge spécialisée de longue durée. À côté des psychothérapies qui se basent sur l’appropriation de l’expérience vécue, les antidépresseurs sérotoninergiques sont considérés comme un traitement de choix en première intention. Le traitement précoce est susceptible de réduire le handicap psychosocial et le risque du reviviscence et de flash-back. LC