Empreinte génomique parentale et maladie endocrinienne Empreinte génomique et pseudohypoparathyroïdie Genomic imprinting and pseudohypoparathyroidism M.L. Kottler*, N. Richard, G. Abéguilé* points FORTS ▲ Le locus GNAS1 est un locus complexe soumis à une empreinte génomique dont l’originalité est d’être “tissu-spécifique”, car limitée au TCP pour ce qui concerne le gène GNAS1. ▲ Une mutation “perte de fonction” dans la partie codante de GNAS1 est associée à un phénotype PHP1a avec résistance multihormonale si cette lésion est située sur l’allèle d’origine maternelle. ▲ Un défaut d'expression de GNAS1 est associé à un phénotype PHP1b. Il serait dû à une absence de méthylation de l’exon 1A du fait d’une lésion dans le centre d'empreinte situé dans le gène de la syntaxine 16, 200 kb en amont. ▲ L’hétéroplasie progressive osseuse est une nouvelle entité clinique grave associée à une mutation située sur l’allèle d’origine paternelle. Mots-clés : Ostéodystrophie héréditaire d’Albright (OHA) - Pseudohypoparathyroïdie (PHP) - Pseudo-pseudohypoparathyroïdie (PPHP) Hétéroplasie progressive osseuse (POH). Keywords: Guanine - Nucleotide-binding protein - Alpha Stimulating (GNAS1). L Ostéodystrophie héréditaire d’Albright et pseudohypoparathyroïdie * Laboratoire de génétique moléculaire, département génétique et reproduction, CHU de Caen. L’ostéodystrophie héréditaire d’Albright (OHA) est un syndrome transmis sur le mode autosomique dominant, caractérisé dans sa forme typique par une petite taille, une obésité, un faciès lunaire, une brachymétacarpie prédominant sur le quatrième métacarpe, des ossifications sous-cutanées et un retard mental de gravité variable. S’y associent des signes cliniques d’hypoparathyroïdie, celle-ci étant le plus souvent révélée par une a pseudohypoparathyroïdie est une maladie rare dont la fréquence est largement sousestimée, car son diagnostic est difficile du fait de signes cliniques pléiotropes. Depuis 1990, date de l’identification des lésions génétiques associées, d’énormes progrès ont été faits dans la compréhension de son mode de transmission et de ses mécanismes physiopathologiques, la génétique et le développement de modèles animaux ayant apporté les outils essentiels à cette compréhension. 16 Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 1, janvier/février 2006 hypocalcémie. En 1969, Chase, Melson et Aurbach ont montré que l’injection d’extrait de parathyroïde ne corrigeait pas l’hypocalcémie, n’élevait pas l’excrétion du phosphore et n’entraînait pas d’augmentation de l’excrétion urinaire d’AMP cyclique. La mise en place d’un dosage efficace de la PTH a permis de montrer que ces patients avaient des taux très élevés de PTH, d’où le terme de pseudohypoparathyroïdie (PHP). Dès lors, les signes biologiques suggéraient comme base physiopathologique l’existence d’un défaut du complexe hormone/récepteur/ adénylate-cyclase. Ce complexe est formé de trois composants intimement liés à la membrane : le récepteur de l’hormone, un effecteur enzymatique, l’adénylatecyclase, qui produit un second messager intracellulaire, l’AMPc, et la protéine G, régulant la liaison du GTP. La PTH se lie à un récepteur membranaire couplé aux protéines G (figure 1). La protéine G est un complexe hétérotrimérique composé des trois sous-unités, α, ß, γ, la sous-unité α jouant un rôle clé dans la liaison au récepteur et dans l’activation de l’effecteur. Cependant, il a également été observé que la résistance hormonale n’était pas limitée à la PTH, car les sujets atteints présentent aussi une résistance à la TSH et, le plus souvent, à un niveau infraclinique à l’ACTH et à la calcitonine. L’existence d’une résistance à la GH, qui pourrait être responsable de la petite taille et de l’obésité, reste encore controversée. Tout comme la PTH, ces hormones agissent via la protéine Gαs pour stimuler l’adénylate-cyclase et produire de Ligand Récepteur membranaire Milieu extracellulaire Effecteur enzymatique GTP GDP + Milieu intracellulaire Second messager* * : AMPc Figure 1. Protéine G et transduction du signal d’un récepteur à sept domaines transmembranaires. Les protéines G sont formées de trois sous-unités : , , . Après liaison à son ligand, le récepteur active la sous-unité (Gs), qui fixe le GTP et active un effecteur enzymatique. Gs : Guanine Nucleotide-binding protein Alpha Stimulating Effecteur enzymatique : adénylate-cyclase. l’AMPc, comme second messager. En 1980, Levine et al. ont mis au point une technique de mesure de l’activité Gs dans les érythrocytes et ont montré que les patients avaient un taux significativement plus bas (d’environ 50 %) que celui des patients normaux. En 1990, des mutations “perte de fonction” ont été identifiées à l’état hétérozygote dans le gène GNAS1 qui code pour la sous-unité alpha des protéines G. Ces mutations réduisent de 50 % le niveau de la protéine Gαs et son activité intracellulaire, comme cela est démontré dans les érythrocytes des patients. Cependant, l’haplo-insuffisance n’explique pas à elle seule le phénotype. Gαs est une protéine ubiquitaire qui intervient dans l’action cellulaire d’un certain nombre d’hormones et de neurotransmetteurs. Or, c’est essentiellement la signalisation de la PTH et de la TSH qui est préférentiellement affectée, la réponse à l’isoprénaline, le glucagon, la vasopressine restant intacte. Pour expliquer ce phénomène, il faut donc envisager un mécanisme qui abolit spécifiquement l’action biolo- gique de Gαs au niveau de certains tissus cibles, en l’occurrence le rein. Les différentes formes de pseudohypoparathyroïdie La PHP est définie par des signes d’hypoparathyroïdie et par une concentration plasmatique très élevée de PTH. Elle s’intègre dans deux tableaux cliniques particuliers en fonction, d’une part, de l’existence ou non du syndrome dysmorphique OHA et, d’autre part, du niveau d’activité de la protéine Gαs : – la PHP1a, (OMIM 103580) associe OHA, baisse de l’activité Gαs et signes de résistance multihormonale, en particulier à la TSH ; – la PHP1b (OMIM 603233) est caractérisée par une unique résistance rénale à la PTH, sans autre manifestation clinique, et l’activité Gαs est normale. Comme nous allons le discuter, ces deux formes, qui se transmettent sur le mode autosomique dominant, sont associées au même locus, mais mettent en jeu des mécanismes différents. Aspects génétiques de la PHP1a Le gène GNAS1 est localisé sur le chromosome 20 en position q13. Il est formé de 13 exons. Les études de ségrégation familiale ont montré une transmission de type autosomique dominant. Pendant longtemps, la notion de pénétrance incomplète ou de “saut de génération” a été évoquée pour expliquer l’absence apparente d’expression phénotypique de certains sujets porteurs obligatoires de la lésion génétique. De plus, certains patients présentent un syndrome ostéodystrophique caractéristique isolé avec baisse de l’activité Gαs, mais sans résistance hormonale. Le diagnostic alors posé est celui de pseudopseudohypoparathyroïdie (PPHP). Les études génétiques ont montré l’existence d’une ségrégation intrafamiliale de PHP1a et de PPHP. En approfondissant ces études, on a pu mettre en évidence une transmission très particulière de ces anomalies : les patients ayant une OHA et qui héritent de leur mère la mutation du gène GNAS développent une résistance multihormonale, principalement à la PTH et à la TSH (tableau clinique de PHP1a), alors que les patients qui héritent la mutation de leur père développent uniquement une PPHP. Cependant, dans de très rares cas, certains patients qui ont une mutation de Gαs sur l’allèle paternel développent aussi une forme d’ossification ectopique particulièrement sévère décrite sous le nom d’hétéroplasie progressive osseuse. La physiopathologie de ce syndrome reste peu claire. Elle serait liée à une expression inappropriée d’un facteur de transcription spécifique des ostéoblastes Cbra1/ RUNX2. Ce phénotype ne sera pas étudié dans cet article. Ces observations permettent de conclure que la présence d’un allèle maternel normal prévient la résistance hormonale, l’allèle paternel ayant un rôle restreint, Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 1, janvier/février 2006 et maladie endocrinienne Empreinte génomique parentale 17 Empreinte génomique parentale et maladie endocrinienne voire nul. Ce résultat est compatible avec une empreinte génomique du gène GNAS1. Cette hypothèse est renforcée par le fait que la région 20q13 est synthénique de la partie distale du chromosome 2 de la souris, région soumise à empreinte. Les souris qui ont une disomie d’origine paternelle (pas d’allèle maternel) sont de petite taille, présentent une obésité et sont hyperactives, alors que celles qui ont une disomie d’origine maternelle expriment un phénotype métabolique opposé. Elles sont inactives, de faible poids et ne tètent pas. Les souris porteuses d’une lésion de l’exon 2 du gène GNAS1, soit sur l’allèle maternel, soit sur l’allèle paternel, ont un phénotype semblable à celui des souris présentant une disomie uniparentale, soit paternelle, soit maternelle. Ces observations conduisent à l’hypothèse que seul l’allèle maternel est exprimé (figure 2). Le gène GNAS1 est soumis à une empreinte tissu-spécifique Dans l’hypothèse d’une empreinte parentale, si un seul allèle, en l’occurrence l’allèle maternel, était exprimé, on devrait, en cas de lésion sur cet allèle, observer une résistance beaucoup plus complète, multihormonale. D’autre part, on retrouve toujours la persistance d’une certaine activité Gs dans les érythrocytes, ce qui témoigne de l’expression de l’allèle paternel normal. Ces deux résultats sont contradictoires. Pour expliquer la résistance exclusive à la PTH (et à la TSH), il faut donc que l’expression de l’allèle paternel normal soit abolie uniquement dans le rein (et la thyroïde). L’empreinte parentale n’est donc pas ubiquitaire mais confinée à un nombre limité de cellules et de tissus : en d’autres 18 Allèle Allèle Allèle Allèle paternel maternel paternel maternel Allèle Allèle Allèle Allèle paternel maternel paternel maternel X Bi-allélique Mono-allélique 50 % + 50 % Ex. : expression de l’allèle maternel Mutation de l’allèle maternel : perte d’expression X Mutation de l’allèle paternel : expression conservée Figure 2. Incidence sur l’expression phénotypique de mutations “perte de fonction” d’un gène soumis à empreinte (expression mono-allélique). termes, le gène est habituellement transcrit à partir des deux allèles dans la majorité des cellules, mais dans certains tissus (en particulier, au niveau rénal), il n’est transcrit qu’à partir d’un seul allèle, en l’occurrence l’allèle maternel. La démonstration d’une empreinte parentale tissu-spécifique a été apportée par l’utilisation de modèles animaux. Chez la souris, des études effectuées par RT-PCR permettent de suivre la ségrégation des allèles grâce à la présence d’une simple variation de longueur de la séquence du gène. Elles ont montré que le gène GNAS était exprimé de façon bi-allélique dans la majorité des tissus (cerveau, foie, poumon). Les chercheurs se sont ensuite intéressés au tissu rénal, cible principale des effets biologiques de la PTH. En utilisant un modèle de souris dont le gène GNAS a été inactivé (souris KO pour le gène GNAS), Yu et al. (1998) ont montré, par d’élégantes analyses immunohistochimiques, que la protéine Gαs était exprimée uniquement à partir de l’allèle maternel dans les tubules contournés proximaux (TCP) alors que, dans la médullaire, l’expression était bi-allélique (figure 3). En cas de lésion de l’allèle maternel, la protéine n’est plus synthétisée dans Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 1, janvier/février 2006 +/+ +/- +/+ +/- +/+ -/+ +/+ -/+ CTX IM +/+ : souris normale +/- : mutation sur l’allèle d’origine paternelle -/+ : mutation sur l’allèle d’origine maternelle CTX : cortex – IM : médullaire Figure 3. L’empreinte de GNAS1 est tissuspécifique. Identification par immunohistochimie de la protéine Gαs au niveau du rein (d’après Yu et al., 1998). le TCP. L’empreinte génomique est donc tissu-spécifique. Des travaux ultérieurs ont montré que Gαs était aussi uniquement exprimée à partir de l’allèle maternel dans la thyroïde et dans l’hypophyse, ce qui explique l’hypothyroïdie associée à la PHP1a. En résumé, lorsqu’une mutation siège sur l’allèle maternel, il n’y a pas d’activité Gs (avec ses conséquences de résistance hormonale), et ce uniquement dans les tissus (cellules) où le gène a une expression mono-allélique. Dans les autres tissus, la persistance de 50 % de l’activité Gs, qui a pour origine l’allèle paternel, permet le maintien d’un niveau d’AMP cyclique suffisant pour induire des réponses physiologiques. Le gène GNAS1 fait partie d’un locus complexe Le gène GNAS1 fait partie d’un locus complexe (ou locus GNAS) qui s’étend sur plus de 200 kb et comprend plusieurs gènes générant des produits multiples. Les ARN messagers transcrits se caractérisent par un exon 1 spécifique qui se raccorde, par un mécanisme d’épissage alternatif, aux exons 2-13 de GNAS1. Chaque exon 1 dépend d’un promoteur spécifique situé en amont. Ainsi, on peut positionner trois gènes (figure 4). Le gène le plus en amont génère un transcrit pour une protéine chromogranine-like ou NESP55 dont la région codante est entièrement contenue dans l’exon 1 spécifique, la séquence correspondant aux exons 2 à 13 communs avec la Gαs n’étant pas traduite. Le deuxième gène génère un transcrit codant pour une isoforme de la protéine Gαs, appelée extralarge (XLαs), car elle se différencie de la protéine Gαs par une extrémité N-terminale plus grande. XLαs a une distribution tissulaire limitée au niveau de l’hypophyse, du cerveau, de l’axe surrénal, du cœur et des îlots pancréatiques. Bien que les fonctions biologiques du produit de ces deux gènes n’aient pas été clairement établies, il semble que la déficience en NESP55 et XLαs ait peu d’effet chez l’homme, alors que la déficience en XLαs induit un phénotype sévère chez la souris. De plus, les mutations situées sur l’exon 1 de GNAS1, qui maintiennent donc la fonctionnalité de XLαs, induisent un phénotype similaire à celui observé lorsque existent des mutations sur les autres exons. Le promoteur de GNAS1 et son exon 1 spécifique se situent 35 kb en aval du promoteur de XLαs. Compliquant encore le locus, on a identifié deux autres transcrits qui ne sont pas traduits : entre NESP55 et XLαs, un transcrit antisens appelé nespa chez la souris ; entre le transcrit XLαs et Gαs (2,5 kb en amont de Gαs), un transcrit appelé exon 1A (ou A/B selon les auteurs). A NESP55 XLs 1A 1 2 13 GNAS1 nespa B 1 2-3 . . . . . . . 13 Gs Exon 1A XLs NESP55 Figure 4. Organisation des gènes au locus GNAS1. A : Il existe quatre transcrits différant par leur exon 1 spécifique, qui se raccorde par un phénomène d’épissage à l’exon 2 du gène GNAS1 (B). L’expression de ces transcrits est mono-allélique. NESP55 est transcrit à partir de l’allèle d’origine maternelle, tout comme GNAS1. XLs et les transcrits nespa et exon 1A sont transcrits à partir de l’allèle paternel. Empreinte parentale au locus GNAS L’expression des gènes décrits au locus GNAS n’est pas bi-allélique. La région de leurs promoteurs présente une méthylation sélective d’un seul allèle (région méthylée différentiellement, ou DMR) au niveau d’îlots CpG, mécanisme rendant actuellement compte de l’empreinte parentale. Cette empreinte est établie durant la gamétogenèse et maintenue au cours du développement. NESP55 est uniquement exprimé sur l’allèle maternel ; son promoteur est méthylé sur l’allèle paternel. En revanche, XLαs est uniquement exprimé à partir de l’allèle paternel, et son promoteur est méthylé sur l’allèle maternel. Les transcrits exon 1A et nespa sont exprimés à partir de l’allèle paternel (figure 3), leurs promoteurs étant méthylés sur l’allèle maternel. De façon intéressante, les deux allèles du promoteur de Gαs ne sont pas méthylés, mais seul l’allèle maternel est cependant exprimé au niveau du TCP. et maladie endocrinienne Empreinte génomique parentale PHP1b : un défaut d’empreinte au locus GNAS Les patients présentant une PHP1b ont une résistance rénale à la PTH semblable à celle décrite dans les PHP1a, mais n’ont pas le phénotype OHA. L’expression de GNAS1 est normale dans les érythrocytes, éliminant la possibilité d’une mutation perte de fonction de GNAS1. La transmission de l’affection est autosomique dominante. Les études génétiques ont permis de rattacher au locus GNAS l’origine du déficit. Il existe une anomalie de méthylation qui touche essentiellement l’exon 1A. Comme nous l’avons vu, l’allèle maternel exon 1A est habituellement méthylé, et seul l’allèle d’origine paternelle est exprimé. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 1, janvier/février 2006 19 Empreinte génomique parentale et maladie endocrinienne 20 Chez les patients PHP1b, il existe une association entre la perte de méthylation de l’allèle maternel, l’expression bi-allélique de l’exon 1A et la perte d’expression de GNAS1. Ces observations suggèrent la mise en jeu d’un mécanisme d’inhibition. Ce mécanisme est confirmé chez la souris, puisque la délétion de l’exon 1A située sur l’allèle paternel entraîne une surexpression de la protéine Gαs dans TCP, alors qu’il n’y a pas d’effet si la délétion concerne l’allèle maternel. Deux questions se posent alors : pourquoi la région de l’exon 1A situé sur l’allèle maternel n’est-elle plus méthylée ? Comment l’exon 1A régule-t-il l’expression de GNAS1 ? Il existe un centre d’empreinte situé dans le gène de la syntaxine 16 Des microdélétions (2,5 à 3 kb) dans le gène de la syntaxine 16 (STX16), située 220 kb en amont du gène GNAS1, ont été identifiées chez les patients PHP1b. Ces délétions sont uniquement situées sur l’allèle maternel. Elles sont sans conséquence lorsque la lésion siège sur l’allèle paternel. Ainsi, cette région doit contenir un élément nécessaire pour établir ou maintenir la méthylation. C’est un centre d’empreinte qui fonctionne en cis, puisque sa délétion altère la méthylation de la région de l’exon 1A, située sur le même chromosome. Un tel mécanisme a déjà été décrit pour d’autres pathologies liées à l’empreinte telles que les syndromes de Prader-Willi/Angelman et Beckwith-Wiedemann. Mécanisme d’action L’hypothèse proposée par Weinstein (2005) fait intervenir deux éléments de régulation : une séquence cis (localisée sur l’ADN) et un facteur trans, qui se lierait sur cette séquence en fonction de son état de méthylation. Du fait de l’action inhibitrice globale, il est appelé répresseur. Le mécanisme proposé est le suivant : rappelons que l’exon 1A est méthylé sur l’allèle d’origine maternelle. Le facteur trans ne pourrait se lier que sur une séquence cis non méthylée, donc sur l’allèle paternel. Cette interaction aboutirait, selon un mécanisme encore inconnu, à l’inhibition de l’expression de GNAS1 d’origine paternelle. Ce facteur ne pourrait pas se lier à l’allèle maternel méthylé, et l’allèle GNAS1 d’origine maternelle serait exprimé. Ce facteur, qui ne serait synthétisé que par le tube contourné proximal rénal, reste cependant à identifier. Dans les autres tissus, le répresseur n’est pas exprimé. Il n’y a pas d’inhibition, et les deux allèles GNAS1 sont exprimés. Chez les patients présentant une PHP1b, l’exon 1A maternel n’est pas méthylé. Le répresseur peut donc se lier à la fois sur l’allèle paternel et sur l’allèle maternel, ce qui entraîne une inhibition de l’expression des deux allèles de GNAS1, une défi- Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 1, janvier/février 2006 cience en Gαs et une résistance à la PTH. Le répresseur n’étant pas synthétisé dans les autres tissus, ce défaut de méthylation n’a pas d’effet sur l’expression de Gαs dans les autres tissus. Références ■ Bastepe M et al. Positional dissociation between the genetic mutation responsible for pseudohypoparathyroidism type Ib and the associated methylation defect at exon A/B: evidence for a long-range regulatory element within the imprinted GNAS1 locus. Hum Mol Genet 2001;10(12): 1231-41. ■ Genevieve D et al. 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