Encyclopædia Universalis, le portail de la connaissance ARBRE La distinction entre arbre et herbe remonte à une antiquité éloignée. Théophraste (vers 300 av. J.-C.) en avait déjà fait la base de sa classification des végétaux, non sans quelque raison à en croire d'actuels botanistes. On sait que Hutchinson (1938) n'a pas hésité à scinder plusieurs ordres, établis traditionnellement d'après la structure florale, en groupes délimités d'après le port herbacé ou ligneux des plantes qui les composent. En réalité, une définition précise de l'« arbre » est difficile à donner ; cette notion, prise au sens commun, recouvre un certain nombre de concepts voisins mais non identiques. Dans sa classification des types biologiques, Raunkiaer (1905) emploie comme critère « bourgeons à plus de 25 centimètres de la terre » pour regrouper certains végétaux en la catégorie des Phanérophytes. Bien entendu, ce groupe comprend essentiellement les arbres, mais aussi quelques plantes herbacées de grande taille (bananiers, bambous, Cactacées...) et les lianes. Inversement, des végétaux ligneux de faible taille, comme les saules nains qui rampent à la surface du sol, n'entrent pas dans cette catégorie. Au contraire, les forestiers, comme Aubréville (1965), distinguent « la grande classe des herbacées s'opposant, au propre et au figuré, à celle des végétaux ligneux ». Le critère retenu est ici autant la taille que la structure, herbacée ou ligneuse. Cette difficulté de délimiter convenablement l'arbre et le phanérophyte se manifeste pleinement dans le cas de ce qu' Emberger a appelé les « Phanérophytes scapeux ». Il s'agit de plantes des montagnes tropicales appartenant aux familles évoluées des Lobéliacées et des Composées. Vivaces, elles édifient un pseudo-tronc entouré des bases persistantes des feuilles et portent à leur sommet une énorme inflorescence. Sont-ce des plantes herbacées géantes ou des arbres véritables ? Les avis des botanistes sont partagés sur ce point. 1. L'arbre adulte • Son aspect Souvent, même lorsqu'il est défeuillé, on peut reconnaître un arbre à son port. Ce caractère physionomique tient à plusieurs causes : taille et forme du tronc, angles que forment les branches entre elles, importance relative des rameaux... Notons qu'il ne se manifeste bien que lorsque l'arbre est relativement isolé. En forêt, par la suite de phénomènes de compétition, les troncs sont généralement plus allongés et les branches plus réduites. L'axe primaire des plantes ligneuses, ou tronc, peut être réduit en hauteur, comme chez l'aubépine, alors que ses branches latérales ont une grande extension ; c'est ce que nous nommerons la forme « buisson ». Il peut être bien développé – forme « arbre » –, restant individualisé jusqu'au sommet de l'arbre (résineux) ou disparaissant apparemment au-dessus des premières branches qui deviennent aussi grosses que lui (pommier, etc.). On a parlé, dans le premier cas, de tronc excurrent et, dans le second, de tronc déliquescent. Les branches, elles, forment la ramure, la cime, ou le houppier comme disent les forestiers, et portent rameaux et ramilles. Certains ports sont cependant typiques. Lorsque le tronc porte à son sommet une couronne de grandes feuilles, sans branches latérales, on parle d'arbre monocaule (papayer). Si les feuilles ne tombent que par cassure de leur base (et non par une zone d'abcission), il restera sur le tronc une gaine formée par l'extrême base de ces feuilles (certains palmiers) ; un tel tronc est nommé stipe. Remarquons, sans pouvoir le développer ici, que la monocaulie est souvent considérée, à la suite des travaux de Corner, comme primitive. Formes arborescentes Formes arborescentes (d'après Corner). Généralement le tronc est ramifié. Cette disposition est l'effet de deux phénomènes différents : le tronc peut cesser brusquement de croître au profit de bourgeons axillaires sous-jacents ; ce phénomène à répétition aboutit à une structure en « petits bouquets » (Anthocleista). Ou bien le tronc peut cesser pour un temps de fonctionner alors que se forment des rameaux latéraux, puis reprendre son activité ; on obtient dans ce cas un arbre « à étages ». Le plus souvent, la ramification aérienne ne manifeste pas de structure très nette. Il est cependant souvent possible de distinguer deux types de rameaux. Les uns s'allongent beaucoup ; les autres, tout en croissant chaque année, ne le font que par des entre-nœuds très courts, ne se ramifient pas, et peuvent se transformer en certains cas en une épine (aubépine, Gleditsia). Le port d'un arbre tient également aux proportions relatives du tronc et de la cime. Certaines Bombacacées (baobabs, Chorisia) ont un tronc énorme par rapport au houppier qui peut se réduire à quelques branches (Cavanillesia, Adenium), ce qui a fait surnommer ces arbres arbres-bouteilles. La forme de la cime, elle-même, est souvent caractéristique, arrondie (chêne) ou élancée (peuplier d'Italie). Notons le port des « arbres pleureurs », à longs rameaux souples (saule de Babylone), ou à rameaux rigides arqués vers le bas (Sophora). Baobab Adansonia L. (baobab) est un genre de la famille des Bombacaceae qui regroupe une dizaine d'espèces d'arbres adaptés à la sécheresse originaires de Madagascar, d'Afrique et d'Australie, vivant parfois deux mille ans, à gros tronc et grandes fleurs bisexuées pendantes. Il faut signaler un trait morphologique qui se rencontre essentiellement dans les arbres tropicaux, la formation d'organes latéraux de support. Ce sont des racines aériennes issues des branches (figuier banyan), ou les racines émises par le tronc (« racines échasses ») des Uapaca. Ce peut être aussi des épaississements localisés de la base du tronc qui jouent le rôle de contreforts, de taille quelquefois considérable (Mora excelsa). Les racines superficielles se développent parfois de façon fortement asymétrique, leur partie supérieure sortant du sol et donnant des « racines palettes », qui consolident l'arbre (Piptadenia africana). Chez certaines fougères arborescentes (Cyathéacées), on remarque des échasses latérales qui s'enfoncent dans le sol, puis donnent naissance à de nouveaux individus. F. Hallé a pu montrer (1966) que ces formations sont des tiges d'un caractère très particulier, comparables aux stolons de quelques plantes herbacées. Certains arbres tropicaux possèdent également des excroissances radiculaires qui sortent du sol (Avicennia) ou des coudes aériens formés par les racines (Bruguiera) : les pneumatophores. Leur rôle, mal connu, est peut-être d'aider à la respiration des racines, les arbres en question poussant dans des milieux vaseux asphyxiques. La taille, autre caractéristique importante, ne correspond pas toujours à la hauteur au-dessus du sol : un pied unique de myrtilles peut couvrir une superficie de plusieurs dizaines de mètres carrés bien que sa hauteur ne dépasse pas 60 centimètres. Dans de moindres proportions, une telle différence est la règle générale dans la forme « buisson ». Les arbres les plus hauts (Eucalyptus regnans, Sequoia gigantea) peuvent atteindre de 110 à 120 mètres, la hauteur de 170 mètres attribuée parfois au premier relevant d'un mythe. En Europe, les sapins et les chênes peuvent, de façon exceptionnelle, s'élever entre 40 et 50 mètres ; c'est la taille moyenne des arbres de la forêt tropicale (strate supérieure). • Sa biologie Les arbres peuvent atteindre un âge fort avancé. On sait que les séquoias vivent couramment plus de 5 000 ans. Dans nos pays, on attribue à un if, planté à Krombach (Allemagne), quelque 2 000 ans. Généralement la vie d'un arbre est plus courte, de 150 à 200 ans pour le hêtre, de 300 à 350 pour le chêne rouvre ou le sapin, une centaine d'années seulement pour le bouleau ou le tremble. Bouleau blanc d'Europe Betula verrucosa Ehrh., le bouleau blanc d'Europe (famille des Betulaceae), est un arbre de 15 à 30 m d'origine européenne à écorce blanche et lisse, craquelée à la base du tronc. Ses feuilles (diurétiques), bourgeons, écorce fraîche (dépurative) et sève sont utilisés en phytothérapie. Cette longévité est hors de proportion avec celle des plantes herbacées (mis à part les Cactacées et certaines Liliales) vivaces ne subsistant que par la production, chaque année, de nouveaux individus (stolons à multiplication végétative, bulbilles). D'après Mac Gregor Skene (1955), le pin a ses premières fleurs à 15 ans, le hêtre et le chêne à 40 ans, le sapin à 60 ans. Selon de nombreux botanistes, une telle lenteur dans la reproduction sexuée des arbres a pour conséquence une grande lenteur dans l'évolution des plantes ligneuses. Pour eux, les arbres actuels représenteraient des formes végétales ancestrales par rapport aux plantes herbacées : il y a eu en effet soixante fois plus de générations, et donc de possibilités de mutations ou changements chromosomiques dans la lignée d'une plante annuelle que dans celle d'un sapin. Si la floraison est annuelle, il n'en est pas de même pour le rythme de feuillaison et de défoliation. Dans la généralité des arbres « feuillus » de nos régions, les feuilles tombent chaque année, avec les froids pré-hivernaux. Il en est de même pour les arbres de la forêt semi-décidue ou décidue des régions tropicales, mais, dans ce cas, la défoliation est causée par le manque d'eau, notamment par la diminution de la vapeur d'eau atmosphérique. Cependant, certains arbres ont des feuilles marcescentes qui sèchent et persistent assez avant en hiver (chêne) ; d'autres, des feuilles persistantes (conifères, arbres tropicaux de la forêt dense). En réalité, ces dernières ne durent pas plus de deux ou trois saisons, et seule leur chute échelonnée dans le temps donne l'illusion contraire. Toutes les feuilles ne tombent pas de la même manière. Les mégaphylles (Corner) laissent souvent une importante base foliaire qui protégera le tronc en se desséchant. Dans d'autres cas (saules de Laponie), c'est le rameau de l'année tout entier qui tombe aux premières gelées. Ce phénomène est souvent qualifié de décurtation. Les cycles végétatifs, s'ils sont commandés en grande partie par les conditions du milieu externe, n'en dépendent pas entièrement. En effet, il peut se surajouter, surtout dans les régions tropicales, un rythme endogène : Faidherbia albida est une légumineuse qui porte fleurs et feuilles en saison sèche. Ce phénomène n'affecte dans certains cas que des rameaux privilégiés. Il est banal de voir sur le même arbre des rameaux défeuillés, d'autres en pleine floraison, d'autres encore portant des feuilles. Il n'en est jamais ainsi chez les arbres à rameaux équivalents qui présentent souvent une impressionnante simultanéité biologique ; tous leurs rameaux latéraux suivent les mêmes phases au même moment. Un autre phénomène d'origine endogène se manifeste encore de façon spectaculaire : la ramification rythmique (« flush » des auteurs anglo-saxons). Il s'agit d'une périodicité dans l'émission des productions latérales (feuilles, rameaux) et dans l'élongation de l'axe principal. L'aspect même des productions latérales peut varier ; c'est ainsi qu'à une croissance ralentie de la branche correspondra la formation de feuilles réduites à des écailles, à une croissance vigoureuse de l'axe, la formation de feuilles bien développées. Ce phénomène, encore assez mal connu surtout quant à son déterminisme (lié également à des rythmes trophiques et à des rythmes auxiniques, semble-t-il), peut être rapproché de la formation périodique de bourgeons chez les arbres des régions tempérées. 2. Développement et structure • Morphologie du développement On connaît le mode de ramification des plantes herbacées dont les bourgeons axillaires se développent, assurant la ramification de l'herbe. Celle des végétaux ligneux est beaucoup plus complexe et aboutit à la création des silhouettes caractéristiques que nous avons décrites. La forme « arbre » Les arbres monocaules sont édifiés par le fonctionnement d'un méristème unique, généralement de grande taille (les bourgeons axillaires étant constamment inhibés), qui fonctionne régulièrement pendant la vie de l'arbre. Après une assez longue durée (plusieurs dizaines d'années parfois), il se transforme brusquement en une inflorescence terminale unique qui préludera généralement à la mort de l'arbre (Corypha par exemple). Parfois, cependant, cette transformation permettra le développement de bourgeons axillaires qui assureront la survie de l'arbre. Ce relais peut être pris par des bourgeons proches du sommet, comme chez Jatropha multifida (ramification sympodiale), ou par les bourgeons les plus basaux (cas des palmiers Raphia, Korthalsia, Plectocomia). Les arbres monocaules à inflorescences latérales diffèrent des arbres ramifiés par la nature uniquement inflorescentielle des bourgeons axillaires. Pour les arbres ramifiés, la morphogenèse suit des voies plus complexes. Pendant les premières années de son existence, la plante croît vigoureusement par son bourgeon apical, les bourgeons axillaires restant totalement inhibés. On a un état monocaule transitoire qui permet la formation d'un tronc, caractéristique de ce type biologique. Dans un stade ultérieur, les derniers bourgeons axillaires parus prennent un faible développement. Cependant, ils n'ont pas une vigueur suffisante pour édifier de véritables rameaux latéraux et ne tardent pas à tomber. Entre la 5e et la 12e année, les bourgeons axillaires du scion terminal se développent vigoureusement, les plus près du sommet étant les plus longs. Ce phénomène se reproduira tous les ans sur l'axe principal de la plante et sur ses rameaux latéraux, construisant le système de branches d'ordre croissant. Les branches latérales n'ont pas exactement la même structure que la pousse terminale. Cette dernière manifeste une symétrie radiale : elle est circulaire en section transversale, et ses appendices, feuilles et rameaux, sont de taille égale. Au contraire, les pousses latérales ont une symétrie bilatérale qui se traduit par la section transversale elliptique du rameau, et une différence de taille des feuilles, des bourgeons axillaires et des rameaux latéraux, selon que ces organes sont sur la face supérieure ou la face inférieure ; celle-ci étant toujours favorisée, il y a hypotonie. Cette hypotonie se montre nettement en période de repos végétatif, les bourgeons de la face regardant le sol sont les plus gros, et, au printemps, ce sont eux qui s'ouvriront les premiers. En bref, la forme « arbre » (non monocaule) est caractérisée par son hypotonie et son acrotonie (dominance du bourgeon apical sur les bourgeons latéraux). La forme « buisson » Dès la première année, les bourgeons axillaires sont volumineux et fortement développés. La deuxième année, tandis que le rameau terminal continue à s'allonger en formant sur ses côtés d'autres productions latérales, ces bourgeons se développent d'autant plus qu'ils sont plus loin du sommet du rameau principal. C'est donc à la base de la plante que la ramification est la plus active ; il y a basitonie. Ce processus se répétera chaque année sur chaque rameau. En réalité, dans un assez grand nombre d'espèces, et notamment dans les « arbres » fruitiers européens, il y a une combinaison de basitonie et d'acrotonie. La jeune plante est basitone, mais rapidement la plupart de ses rameaux latéraux abandonnent leur port oblique et se redressent, acquièrent à leur sommet un pouvoir de ramification certain. C'est alors la région médiane qui est dépourvue de bourgeons capables de croissance ; il y a mésotonie. On conçoit que la « taille » des rameaux inférieurs (gourmands) favorise la pousse des rameaux supérieurs. D'autre part, les rameaux latéraux et ceux qu'ils engendreront, de même, montrent une structure dorsiventrale, par leur section transversale et la taille de leurs appendices. Contrairement à ce que l'on avait dans la forme « arbre », c'est la face supérieure qui est dominante, qui porte les appendices les plus gros et les plus aptes à se développer. Cette constatation est à la base de la technique horticole de l'arcure. D'une façon générale, la ramification s'effectuant de manière différente dans la forme « arbre » et dans la forme « buisson », elle se caractérise pourtant par l'asymétrie de ses rameaux latéraux et de leurs productions. Cette bilatéralité, si elle existe dans quelques plantes herbacées, n'y est pas commune. • Anatomie du développement L'important accroissement en épaisseur qui aboutit à la formation du tronc et des branches résulte de phénomènes anatomiques qui compliquent la structure primaire de la plantule, mais selon des modalités diverses. Chez les Dicotylédones, il apparaît deux couches génératrices concentriques. Le cambium externe produit une couche de liège centrifuge interrompue seulement par les lenticelles. Parfois, au cours des années, ce cambium ne fait que fournir de nouvelles couches de liège (hêtre, orme), mais, généralement, il cesse de fonctionner après un an ou deux et il est relayé en profondeur par de nouvelles assises génératrices. Cette subérification qui va s'approfondissant forme une enveloppe externe de tissus morts : le rhytidome. Simultanément, un second cambium, l'assise génératrice libéro-ligneuse, plus interne, forme du bois centripède et du liber secondaire. Sans insister ici sur la structure parfois complexe de ces tissus, disons que le nombre de couches du liber secondaire varie suivant les conditions écologiques, l'âge et l'espèce de l'arbre. Classiquement, on affirme que, chaque année, il se produit une couche de bois secondaire. En réalité, les études récentes (Bunning, Allary notamment) ont montré que chaque « flush » formait, par activation du cambium, un anneau de bois. C'est ainsi que, chez le chêne, les pousses de la Saint-Jean provoquent la formation d'un anneau surnuméraire. Dans les arbres tropicaux à croissance rythmique, comme l'hévéa, quatre ou cinq couches peuvent se superposer chaque année. Les couches les plus internes du bois s'enrichissent en matières colorantes, en tannins et en éléments minéraux, perdent leur eau et leur amidon, deviennent plus denses ; c'est ce que l'on appelle le cœur, par opposition à l'aubier, bois plus superficiel. Remarquons que cette transformation est peu visible chez quelques arbres tempérés (bouleau, érable) et la plupart des arbres tropicaux. Chez les Monocotylédones, les phénomènes de la croissance en épaisseur sont fort différents. L'épaississement du tronc correspond à la juxtaposition de faisceaux libéro-ligneux nouveaux à ceux qui se sont formés antérieurement. Ces faisceaux s'entrelacent de façon complexe, différente selon que l'apex caulinaire est saillant ou déprimé. Cependant, certaines manifestent une faible activité cambiale au niveau des faisceaux (cambium intrafasciculaire). Chez quelques Liliales (Dracaena, Testudinaria), il existe une zone, juste à l'extérieur du cylindre central, où se différencient de très nombreux faisceaux plus ou moins concentriques. Des botanistes (Lindinger) y ont reconnu une périodicité de fonctionnement comparable à celle des cambiums des Dicotylédones. Chez les Fougères, enfin (certaines Cyathéacées atteignent 20 mètres de hauteur), le tronc a une structure extrêmement confuse, édifiée à partir d'une anatomie dictyostélique. Les traces vasculaires descendant des frondes sont nombreuses et entremêlées. Il s'y ajoute un important réseau de faisceaux intramédullaires, faisceaux apparaissant quand la jeune fougère possède une dizaine de feuilles. De nombreuses racines adventives courent à la surface du tronc et le consolident. 3. Écologie La répartition des arbres en altitude et en latitude est étroitement liée au climat. Dans les régions chaudes tropicales et subtropicales, les arbres poussent partout où la sécheresse de l'air et du sol ne les en empêche pas (bordures des déserts chauds). Les arbres des savanes et des caatingas se sont adaptés à ce milieu relativement sec ; ils possèdent un rhytidome très épais, des feuilles épaisses souvent recouvertes de cire, ou charnues, et leur tronc tortueux contraste avec le port élancé des arbres de la forêt dense. D'autres possèdent de véritables réserves d'eau dans leur tronc (arbres-bouteilles). Sur les montagnes et dans les régions froides du globe, c'est la température qui limite l'aire des arbres. De taille généralement faible, ils ont souvent de petites feuilles enroulées sur elles-mêmes (Éricacées). Une corrélation nette existe entre les limites altitudinales et latitudinales des arbres. Dans les régions tropicales, la forêt peut atteindre 4 000 m (Ruwenzori, Himalaya) ; dans les Alpes, elle ne dépasse guère 2 200 m ; dans les Carpates du Nord, 1 550 m ; et dans le centre de la Suède, 1 000 m. On sait que tout au Nord (Labrador, Laponie), même au niveau de la mer, elle cède la place à la toundra arctique. L'influence de la taille des massifs est également certaine ; plus la montagne est haute, plus la limite supérieure des arbres l'est. Ce phénomène se voit bien en Suisse : la forêt des Préalpes (Santis, Pilate) hautes de 2 000 à 2 500 m ne dépasse pas 1 650 m ; celle des Alpes (Valais, Bernina), qui culminent à plus de 4 000 m, atteint 2 500 m. Arbre-bouteille Arbres de certaines régions tropicales sèches (nord-est du Brésil, sud-est de Madagascar.) de la famille des Bombacaceae, les arbres-bouteilles ont le tronc bombé car il renferme une grande quantité d'eau destinée à résister à la sécheresse. Toutes les familles ou espèces ligneuses ne sont pas également adaptées aux mêmes climats. Les aires des Palmiers (tropicaux), de Fagus et de .othofagus (tempérés) et d'Alnus viridis (boréal) le montrent bien. On remarquera que l'aulne vert se situe dans les Alpes à une altitude plus élevée que le hêtre, de même son aire générale est plus nordique. D'autre part, les forêts se comportent tout autrement que de simples juxtapositions d'arbres. Leur feuillage crée un microclimat à périodicité régulière, tant par leur ombre que par l'intense évaporation due à sa formidable surface. Quand il tombe, formant la litière, il restitue au sol une quantité importante des éléments qu'y avait puisés l'arbre pour assurer sa croissance et il apporte des ions nouveaux grâce à l'assimilation chlorophyllienne. Les arbres isolés, cependant, constituent une micro-formation qui n'est pas sans importance pour leurs voisins. Qu'un arbre vienne à s'installer dans un défrichement, il ne tarde pas à être entouré de tout un cortège de plantes de sous-bois, croissant grâce à son microclimat. C'est à un phénomène de cet ordre qu'est due la savane « à boqueteaux » de certaines régions tropicales, chaque bosquet ayant un arbre comme origine. Les ensembles qui accompagnent les arbres comprennent aussi de nombreuses espèces épiphytes, parasites ou saprophytes. Les épiphytes y sont beaucoup plus rares que dans la forêt, à moins qu'ils ne soient aptes à supporter une sécheresse relative et une luminosité plus forte (Broméliacées). Les Cryptogames ne sont pas les mêmes. Dans une hêtraie humide de nos régions, on rencontrera sur le tronc des arbres peu de lichens (Sticta, .ephromium) et de nombreuses mousses et hépatiques (Isothecium, Orthotrichum, Tetraphis, Phagiochila, Radula, Metzgeria) ; des hêtres isolés porteront d'autres genres (Evernia, Xanthoria, Ramalina, Thuidium, .eckera, Barbula, Amblystegium, Lophocolea, Madotheca). Signalons également que les arbres abritent toute une faune qui leur est propre. Sans parler des oiseaux, des adaptations précises permettent cet habitat à des mammifères (le rongeur Anomalurus à queue prenante ; l'écureuil volant, Sciuropterus), à des batraciens dont les têtards se développent dans l'eau retenue par des bases foliaires (Leptodactylus) et à des reptiles nombreux. Une infinité d'insectes y trouvent même le gîte et le couvert ; les xylophages, dans nos régions, sont des Coléoptères (bostryches, cérambides) ou des Hyménoptères (Sirex), les phytophages, des chenilles de Lépidoptères ou des Coléoptères (orcheste, galéruque). Beaucoup de larves de Diptères et d'Hémiptères se développent dans des galles sur des feuilles ou des tiges. Au niveau de la litière, le rôle des animaux n'est pas moins important (rhizopodes, lombricides), allié à celui des champignons, souvent mycorhiziens. Il ne diffère guère, si ce n'est par son ampleur, pour un arbre isolé et pour une forêt. Gérard CUSSET Thématique Classification thématique de cet article : Sciences de la vie » Botanique » Biologie végétale » Anatomie végétale Sciences de la vie » Botanique » Végétation » Biogéographie végétale ou phytogéographie Sciences de la vie » Botanique » Biologie végétale » Biologie du développement végétal Sciences de la vie » Botanique » Végétation Autres références « ARBRE » est également traité dans : AUL!AIES Auteur : Marcel BOUR.ÉRIAS Il existe une quinzaine d'espèces d'aulnes. Ce sont des *arbres ou arbustes des régions froides de l'Ancien et du Nouveau Monde, surtout de l'hémisphère Nord. Les peuplements denses de ces végétaux, ou aulnaies, occupent les sols humides ou frais, calcaires ou non. Les aulnaies forment des forêts plus ou… Lire la suite BOIS Auteurs : Marie Elisabeth BORREDO., Édouard BOUREAU, Xavier DÉGLISE, Carlos VACA-GARCIA … certaines plantes primitives comme les algues. En tant que matériau, le bois provient du tronc des* plantes arborescentes gymnospermes et angiospermes dicotylédones, qui renouvellent chaque année leur tissu conducteur lignifié. Sur la coupe transversale du tronc, on peut observer, sous l'écorce, les « formations secondaires » en couches… Lire la suite BOULEAU Auteur : Pierre LIEUTAGHI … *Réunis autrefois sous le nom de « bouleau blanc » (Betula alba), le bouleau verruqueux (B. verrucosa Ehrh.) et le bouleau pubescent (B. pubescens Ehrh.), deux bétulacées, ont les mêmes emplois médicinaux : feuilles, jeunes pousses, jeune écorce et sève sont utilisées. Une résine, la bétuline (qui donne à l'écorce sa… Lire la suite CHÊ!AIES Auteur : Marcel BOUR.ÉRIAS Dans le chapitre "Principaux chênes d'Europe" : … La flore européenne compte environ 27 espèces de *Chênes, particulièrement nombreux à la périphérie du bassin méditerranéen. En France, sont particulièrement répandus le pédonculé (Quercus pedunculata = Q. robur), le sessile (Q. sessiliflora = Q. petraea), le pubescent (Q. pubescens), l'yeuse ou chêne… Lire la suite DE!DROCLIMATOLOGIE Auteur : Françoise SERRE-BACHET … *Dans les régions à climat saisonnier contrasté, les espèces ligneuses pérennes, dont les arbres, génèrent annuellement une couche de bois « anneau » ou « cerne » de croissance qui participe à leur accroissement en diamètre. L'épaisseur d'un cerne est la résultante d'un ensemble de facteurs intrinsèques (spécifiques et géométriques) et extrinsèques… Lire la suite Afficher la liste complète (33 références) Médias Médias de cet article dans l'Encyclopædia Universalis : Bibliographie E. A. MENNINGER, Flowering Trees of the World, New York, 1962 J. P ARKING , « The Durian Theory. A Criticism », in Phytomorph., 3. 1953 C. C. RAUNKIAER, Types biologiques pour la géographie botanique, Copenhague, 1905 R. SCHNELL, La Forêt dense, Paris, 1950.