la 12e année, les bourgeons axillaires du scion terminal se développent vigoureusement, les plus près du sommet
étant les plus longs. Ce phénomène se reproduira tous les ans sur l'axe principal de la plante et sur ses rameaux
latéraux, construisant le système de branches d'ordre croissant.
Les branches latérales n'ont pas exactement la même structure que la pousse terminale. Cette dernière manifeste une
symétrie radiale : elle est circulaire en section transversale, et ses appendices, feuilles et rameaux, sont de taille
égale. Au contraire, les pousses latérales ont une symétrie bilatérale qui se traduit par la section transversale
elliptique du rameau, et une différence de taille des feuilles, des bourgeons axillaires et des rameaux latéraux, selon
que ces organes sont sur la face supérieure ou la face inférieure ; celle-ci étant toujours favorisée, il y a hypotonie.
Cette hypotonie se montre nettement en période de repos végétatif, les bourgeons de la face regardant le sol sont les
plus gros, et, au printemps, ce sont eux qui s'ouvriront les premiers.
En bref, la forme « arbre » (non monocaule) est caractérisée par son hypotonie et son acrotonie (dominance du
bourgeon apical sur les bourgeons latéraux).
La forme « buisson »
Dès la première année, les bourgeons axillaires sont volumineux et fortement développés.
La deuxième année, tandis que le rameau terminal continue à s'allonger en formant sur ses côtés d'autres productions
latérales, ces bourgeons se développent d'autant plus qu'ils sont plus loin du sommet du rameau principal. C'est donc
à la base de la plante que la ramification est la plus active ; il y a basitonie. Ce processus se répétera chaque année
sur chaque rameau.
En réalité, dans un assez grand nombre d'espèces, et notamment dans les « arbres » fruitiers européens, il y a une
combinaison de basitonie et d'acrotonie. La jeune plante est basitone, mais rapidement la plupart de ses rameaux
latéraux abandonnent leur port oblique et se redressent, acquièrent à leur sommet un pouvoir de ramification certain.
C'est alors la région médiane qui est dépourvue de bourgeons capables de croissance ; il y a mésotonie. On conçoit
que la « taille » des rameaux inférieurs (gourmands) favorise la pousse des rameaux supérieurs.
D'autre part, les rameaux latéraux et ceux qu'ils engendreront, de même, montrent une structure dorsiventrale, par
leur section transversale et la taille de leurs appendices. Contrairement à ce que l'on avait dans la forme « arbre »,
c'est la face supérieure qui est dominante, qui porte les appendices les plus gros et les plus aptes à se développer.
Cette constatation est à la base de la technique horticole de l'arcure.
D'une façon générale, la ramification s'effectuant de manière différente dans la forme « arbre » et dans la forme
« buisson », elle se caractérise pourtant par l'asymétrie de ses rameaux latéraux et de leurs productions. Cette
bilatéralité, si elle existe dans quelques plantes herbacées, n'y est pas commune.
• Anatomie du développement
L'important accroissement en épaisseur qui aboutit à la formation du tronc et des branches résulte de phénomènes
anatomiques qui compliquent la structure primaire de la plantule, mais selon des modalités diverses.
Chez les Dicotylédones, il apparaît deux couches génératrices concentriques. Le cambium externe produit une
couche de liège centrifuge interrompue seulement par les lenticelles. Parfois, au cours des années, ce cambium ne
fait que fournir de nouvelles couches de liège (hêtre, orme), mais, généralement, il cesse de fonctionner après un an
ou deux et il est relayé en profondeur par de nouvelles assises génératrices. Cette subérification qui va
s'approfondissant forme une enveloppe externe de tissus morts : le rhytidome.
Simultanément, un second cambium, l'assise génératrice libéro-ligneuse, plus interne, forme du bois centripède et du
liber secondaire. Sans insister ici sur la structure parfois complexe de ces tissus, disons que le nombre de couches
du liber secondaire varie suivant les conditions écologiques, l'âge et l'espèce de l'arbre. Classiquement, on affirme
que, chaque année, il se produit une couche de bois secondaire. En réalité, les études récentes (Bunning, Allary
notamment) ont montré que chaque « flush » formait, par activation du cambium, un anneau de bois. C'est ainsi que,
chez le chêne, les pousses de la Saint-Jean provoquent la formation d'un anneau surnuméraire. Dans les arbres
tropicaux à croissance rythmique, comme l'hévéa, quatre ou cinq couches peuvent se superposer chaque année.
Les couches les plus internes du bois s'enrichissent en matières colorantes, en tannins et en éléments minéraux,
perdent leur eau et leur amidon, deviennent plus denses ; c'est ce que l'on appelle le cœur, par opposition à l'aubier,
bois plus superficiel. Remarquons que cette transformation est peu visible chez quelques arbres tempérés (bouleau,
érable) et la plupart des arbres tropicaux.
Chez les Monocotylédones, les phénomènes de la croissance en épaisseur sont fort différents. L'épaississement du
tronc correspond à la juxtaposition de faisceaux libéro-ligneux nouveaux à ceux qui se sont formés antérieurement.