I. Introduction Générale
1. Contexte de la santé maternelle et néonatale en Mauritanie
Le niveau de mortalité maternelle, infantile et néonatale est particulièrement préoccupant en Afrique
Sub-saharienne. En effet, alors que 20% seulement des naissances dans le monde surviennent en
Afrique Sub-saharienne, 45% des décès des enfants de moins de cinq ans y sont recensés. Par ailleurs,
alors que dans les pays développés, le risque à la naissance pour une femme de mourir pendant une
grossesse reste très élevé (Hogan et al, 2010).
La Croix-Rouge française (CRF) a pu constater dans certains des pays où elle intervient des taux
inquiétants de mortalité maternelle et infantile : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad. Ces pays ont la
particularité aussi d’être dans des contextes socio-politiques difficiles, avec des ressources limitées et
des compétences techniques peu nombreuses, dans le domaine de la santé.
En ce qui concerne la République Islamique de Mauritanie, la situation de la santé de la mère et du
nouveau-né reste préoccupante avec un ratio de Mortalité Maternelle à 550 décès pour 100 000
naissances vivantes et un taux de mortalité néonatal à 43 pour 1000. Le taux de mortalité infantile
(avant 1 an) s’élève à 77 pour mille, alors que la probabilité de mourir avant cinq ans est de 122 pour
mille (taux de mortalité infanto-juvénile). Les probabilités de décès des nourrissons et des enfants de
moins de cinq ans sont plus élevées dans le milieu rural (respectivement 80 pour mille et 127 pour
mille) que dans le milieu urbain (respectivement 72 pour mille et 114 pour mille). La mortalité
néonatale représente plus de la moitié de décès attribuables à la première année de vie. Les causes
sont intimement liées à la qualité de la prise en charge de l’accouchement, des soins administrés au
nouveau-né. Il s’agit principalement des asphyxies néonatales, des infections néonatales et des petits
poids de naissance » (Ministère de la Santé, 2009). Les deux principales causes de décès maternels
sont l’hémorragie de l’ante et du post partum et la pré éclampsie/ éclampsie.
Ces taux inquiétants sont liés à des pratiques et des comportements d’utilisation des services de santé
maternelle et néonatale dérisoires (Multiple Indicators Cluster Survey MICS, 2007).Sur 100
naissances, environ 75 ont fait l’objet, au moins une fois, de consultations prénatales dispensées par un
personnel qualifié de santé. Le taux de couverture des soins prénataux est plus élevé dans le milieu
urbain (88%) que dans la zone rurale (66%). Pour près de huit grossesses sur dix (81%), les femmes
enceintes qui ont accouché ont reçu des soins prénataux au moins une fois pendant la grossesse.
En ce qui concerne les accouchements, environ cinq sur dix (48%) au cours des deux dernières années
se sont déroulés dans une formation sanitaire, alors que 61% des mères ont bénéficié de l’assistance
d’un personnel qualifié.
Les accouchements assistés par un personnel qualifié de la santé sont plus fréquents à Nouakchott (94
%) que dans les autres wilayas. Le taux global de prévalence contraceptive est de 10,3% dont 8%
concernent les méthodes modernes. Celle-ci est plus pratiquée par les femmes mariées des centres
urbains (14%) que celles qui résident dans les zones rurales (3%).La prévalence de la mutilation
génitale chez les femmes de 15-49 ans est de 72%. Le pourcentage des femmes qui ont subi une
excision est plus élevé en milieu rural (84%) qu’en milieu urbain (60%).
Enfin, les données issues du programme national de santé de la reproduction montrent des disparités
régionales très importantes notamment entre la capitale et les régions, certaines régions comme celle
du Gorgol ont des indicateurs très bas.
2. Actions de l’État pour améliorer la santé maternelle et néo-natale
Faisant suite à ces constats d’une faible utilisation des services de santé, un effort a été fait par
l’Étatdepuis 2008 concernant les activités liées à la santé maternelle et néo-natale. De nombreux
documents (institutionnels, normes et guides pratiques) ont été élaborés et diffusés dans les formations
sanitaires ; cette diffusion s’est accompagnée d’un renforcement des capacités des personnels de santé
concernés. Ces activités ont été menées avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population
(FNUAP) et de l’Agence Espagnole de Coopération Internationale (AECI) et, dans une moindre
mesure, de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l’UNICEF.